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danseuse et chorégraphe argentine et suisse De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Noemi Lia Lapzeson (née le à Buenos Aires et morte le à Genève[2]) est une danseuse, chorégraphe et pédagogue argentine ayant vécu en Suisse.
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Elle fréquente d'abord la Juillard School de New York, puis est élève et danseuse dans la compagnie de Martha Graham. À Londres, elle est danseuse et enseignante à The Place, lieu qui réunit le London Contemporary Dance Theatre (en) et le London Contemporary Dance School (en). Installée à Genève à partir de 1980, elle y réalise des chorégraphies en solo, puis fonde la compagnie Vertical Danse. En 1986, elle est à l'origine de la création de l'Association pour la danse contemporaine[3].
Née en 1940, à Buenos Aires, de Cecilia Mossin Kotin (physicienne) et d'Elías Lapzeson (cofondateur de la cinémathèque argentine), Noemi Lapzeson se forme d'abord à la rythmique d'Émile-Jaques Dalcroze avec Lía Sirouyan (es). Elle est ensuite initiée à la danse moderne et à la composition chorégraphique par Ana Itelman (es)[4].
En 1954, Noemi Lapzeson crée sa première chorégraphie, qu'elle danse avec deux de ses camarades, Laura Yusem et Nora Muchnik, également élèves d'Ana Itelman. La pièce Las Tres Manolas, d'après Federico García Lorca, est ensuite intégrée au spectacle Esta ciudad de Buenos Aires, qu'Ana Itelman présente au Teatro nacional Cervantes (1955).
Après avoir achevé sa scolarité secondaire, Noemi Lapzeson part à seize ans pour New York. Elle fréquente la Juilliard School, suivant notamment les cours d'Alfredo Corvino (en), Antony Tudor, José Limón et Louis Horst, mais aussi l'enseignement de Alwin Nikolais et de Walter Nicks[4].
Dès 1958, intriguée par la force tragique de la danse de Martha Graham, elle suit les cours du Martha Graham Center of Contemporary Dance. En 1962, elle est engagée dans la compagnie de Martha Graham[4].
En 1965-66, elle danse dans des créations de Bertram Ross, l'un des principaux danseurs de la compagnie Graham (Triangle, Holy Holy et Untitled), puis dans de nombreuses pièces du répertoire de Martha Graham. En 1966, elle interprète son premier rôle de soliste dans Seraphic Dialogue (Joan the Martyr)[5]. En , dans Appalachian Spring elle est remarquée par le critique Clive Barnes (en) du New York Times comme « l'une des plus prometteuses parmi les jeunes danseuses » de la compagnie[6]. En , elle crée le rôle de la Jeune Héloïse dans A Time of Snow[7]. Entre autres pièces du répertoire de Martha Graham, Noemi Lapzeson danse aussi dans Cave of the Heart et Primitive Mysteries [8]
Dans un livre d'entretiens avec Marcela San Pedro, son élève et danseuse à Genève, Noemi Lapzeson explique que la technique de Martha Graham, qu'elle a elle-même transmise pendant ses années new-yorkaises, repose sur le principe «contraction and release», correspondant à deux moments de la respiration. Ces principes sont fondés sur l’observation des effets de la respiration dans le corps: le fait de se vider et de se remplir d’air. Se vider — contraction — pendant l’expiration, et se remplir — release — pendant l’inspiration. C’est pour moi le point central, génial, de toute la technique Graham : ce qui est important se trouve dans le rapport entre respiration et mouvement, au sein de l’ancrage profond du mouvement dans l’être [...] chaque mouvement, chaque forme, a son origine dans un fond. Il n’y a pas véritablement de «formes à copier», mais du «fond à rechercher». La forme ne sera jamais juste si elle n’a pas son origine dans une compréhension du fond.[9]
En 1969, Noemi Lapzeson rejoint, à Londres, Robert Cohan, ancien membre de la compagnie Graham, directeur du London Contemporary Dance School. Elle participe à la fondation du London Contemporary Dance Theatre (LCDT). Elle danse plusieurs créations de la compagnie et signe deux chorégraphies pour 2 ou 3 interprètes : Cantabile (1970) et One was the Other, co-réglée avec Robert North (1972), que la compagnie reprend à plusieurs occasions jusqu'en 1978. Au sein de l'école, elle enseigne également la danse et la technique Graham[4].
Forte de sa longue expérience professionnelle à New York et Londres, Noemi Lapzeson arrive à Genève en 1980. La notion de « danse contemporaine » y est encore peu connue, mais le petit milieu de la danse en Suisse romande connaît quelques frémissements depuis le début des années 1970, qui se traduisent par des questionnements sur l'usage du corps vivant dans l'art, sur les hiérarchies entre les disciplines artistiques, sur les sources du mouvement et sa projection dans l'espace, sur les formes d'expression. Des danseurs de ballet comme Peter Heubi et Philippe Dahlmann, créent des structures indépendantes pour chercher de nouvelles voies. Entre 1970 et 1973, la salle ERA (Études et Rencontres artistiques), accueille des « démonstrations » de « danse moderne » et de « danse-jazz ». Le Danse Theatre Experience de Susan Buirge y présente des créations, et Ze'eva Cohen y donne des stages à l'enseigne du Dance Theatre Workshop (DTW). La réceptivité des responsables de l'ERA aux formes d'avant-garde est largement bonifiée par la présence dans ses murs du Centre international de percussions dirigé par Pierre Métral. Dès 1977, c'est à la Salle Patiño que se concentre l'essentiel des accueils et de productions locales de danse contemporaine. Dès 1980, sous l'impulsion d'Oscar Araíz, le Ballet du Grand Théâtre organise des ateliers chorégraphiques à l'intention de ses interprètes professionnels. Certains d'entre eux volent de leurs propres ailes avant le milieu de la décennie, comme Jackie Planeix et Tom Crocker de la compagnie Blue Palm, ou Manon Hotte, qui initie des réalisations interdisciplinaires où la danse dialogue avec l'improvisation musicale et la scénographie. Dans tous les cas, il s'agit d'initiatives privées financées par des mécènes.
Pendant les premières années à Genève, Noemi Lapzeson donne des cours aux danseurs du Ballet du Grand Théâtre, enseigne à l'Institut Jaques-Dalcroze et à l'école de Beatriz Consuelo. Parmi ses premiers élèves, Philippe Saire, Fabienne Abramovich ou Laura Tanner, des artistes qui lanceront dans les années suivantes leurs propres compagnies, à Lausanne ou Genève.
Parallèlement, Noemi Lapzeson présente de premières performances en solo. « J'ai d'abord travaillé seule huit ou neuf ans. J'enseignais, je formais des danseurs. J'ai eu besoin du travail en solitaire pendant quelque temps. Et puis je cherchais aussi une autre forme de création, pas nécessairement avec des danseurs », raconte-t-elle plus tard au Journal de Genève. De ces premières années genevoises naissent des collaborations fructueuses avec les musiciens Eduardo Kohan et Igor Francesco, avec le comédien Carlo Brandt, et le photographe Jesus Moreno. Parmi ses premières performances, elle crée en 1981, à la Salle Patiño, There is another Shore, You Know, qu'elle recréera en 1994, à la Comédie de Genève, sous le titre de Trace. De nombreux artistes se sont succédé dans cette performance basée sur le dialogue périlleux entre une danseuse et un musicien. Après Noemi Lapzeson et Igor Francesco, Trace est reprise tour à tour par les danseuses Vanessa Mafé, Marcela San Pedro et Romina Pedroli, et les musiciens Pascal Auberson et Gabriel Scotti. Trace donne aussi lieu à un film de danse réalisé par Daniel Böhm, qui réunit Noemi Lapzeson, Romina Pedroli et Eduardo Kohan (2011)[10].
Je deviendrai Médée (1986) marque notamment le début d'une longue collaboration avec le compositeur genevois Jacques Demierre.
En 1986, Noemi Lapzeson fonde, avec Philippe Albera, l'Association pour la danse contemporaine (ADC)[11]. Jean-François Rohrbasser les rejoint l'année suivante. L'association a pour objectif de soutenir la création de pointe et la recherche. Ses réalisations et accueils sont accueillis sur le plateau de la Salle Patiño, mais l'ADC réclame un vrai plateau de 12 mètres sur 12 mètres (une demande toujours pendante), ainsi qu'un studio de danse, pour y expérimenter, accueillir des cours, des ateliers, des stages, des répétitions et des petites formes de spectacles (Studio du Grütli, 1987).
En 1989, fondation avec Diane Decker et Armand Deladoëy de la compagnie Vertical Danse[12], première compagnie de danse indépendante subventionnée par la ville de Genève.
Elle s'installe au studio du Grütli, où elle donne des cours dès 1987, jusqu'en 2014. Elle y développe sa propre pédagogie, basée sur du Graham et du yoga (développer).
En 2007, elle obtient le Prix quadriennal de la Ville de Genève[13].
Créations jusqu'à Variations Goldberg (2015)[14],[15],[16].
Lapzeson est enterrée au cimetière des Rois à Genève[17].
En 1999, Noemi Lapzeson obtient une bourse Guggenheim.
Elle est la première lauréate du Prix suisse de la danse en 2002 et obtient aussi le Prix quadriennal de la Ville de Genève dans la catégorie Arts de la scène en 2007. En 2017 elle obtient le Grand prix Suisse par l'Office Fédéral de la Culture[4].
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