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On qualifie de mur manteau, dans le langage du bâtiment et de la construction, les systèmes d’isolation thermique par l’extérieur (ITE) du volume habitable, en référence à leur principe de doublage des murs porteurs par une enveloppe – le manteau – placée sur la face extérieure des murs. Cette caractéristique les différencie des autres systèmes d’isolation thermique des bâtiments, en particulier du système, répandu sur le marché français, d’ITI (Isolation Thermique par l’Intérieur), dans lequel le système d’isolation est placé à l’intérieur du périmètre habitable, sur la face interne des murs extérieurs.
En France, l’expression « mur manteau » est moins répandue que la dénomination ITE, qui recouvre exactement le même principe d’isolation thermique. Il n’en est pas de même dans d’autres pays, par exemple en Italie, où la dénomination usuelle de l’Isolation Thermique par l’Extérieur est sistema a cappotto (littéralement ‘système à manteau’).
La dénomination « mur manteau » a le mérite d’être très évocatrice. Le « manteau » assure en effet :
Techniquement, il se caractérise par son principe de système : les composants sont conçus et choisis pour assurer conjointement compatibilité, pérennité et performance thermique.
Après de premières expérimentations dans les années 1930 avec des isolants en paille, le mur manteau, sous sa forme moderne, est apparu en Allemagne vers la fin des années 1950.
le système du mur manteau a été progressivement adopté à partir des années 1960, puis généralisé à partir de 1980 dans les pays à climat rigoureux de l’Europe centrale et de l’est, notamment en Allemagne (qui se prévaut d’avoir été le premier pays à utiliser à grande échelle le mur manteau / l’ITE), en Autriche, en Suisse et en Pologne.
La Pologne, en partie par suite du rattrapage de déficits importants au niveau de la qualité et de la performance thermique des constructions datant de l’ère socialiste, représente aujourd’hui le premier marché européen : elle a dépassé l’Allemagne en 2012.
Au départ, on utilisait une faible épaisseur (3 à 6 cm) de matériau isolant, généralement du polystyrène expansé blanc standard, tel qu'il est encore utilisé très souvent aujourd'hui, mais dans des épaisseurs nettement plus fortes (de plus en plus, elles ne sont pas inférieures à 12 cm). Il était fixé mécaniquement sur le bâti et associé à une finition traditionnelle de type enduit.
En matière d’isolants, on utilise aujourd’hui, au-delà du polystyrène standard ou graphité (ce dernier, de couleur gris sombre, offre des performances thermiques sensiblement améliorées) :
pour ne citer que les principaux matériaux utilisés en isolation thermique par l’extérieur. En France, un organisme associatif de certification, l’ACERMI[1], homologue les isolants adéquats.
Les isolants modernes sont dotés pour certains de performances thermiques remarquables : dans le cas de la mousse phénolique, 12 cm de mousse ont le même pouvoir isolant qu’un mur de béton épais de plus de 6 m.
Au stade expérimental, et dans le cadre de réalisations témoin pour l’instant peu nombreuses, on explore actuellement les possibilités de murs manteaux encore nettement plus performants, capables de réduire les déperditions thermiques dans des proportions spectaculaires, même par rapport aux ITE les plus efficaces en usage actuellement. Ils utilisent notamment des panneaux isolants sous vide (PIV) et des aérogels[2]. Pour l’heure, cependant, leur mise en œuvre demeure extrêmement complexe, et leur longévité comme leur résistance mécanique à long terme restent à valider. De plus, leur coût encore prohibitif exclut un amortissement réaliste de tels systèmes dans la pratique. À terme, cependant, il y a fort à penser que ces divers paramètres évolueront sensiblement – ouvrant ainsi à l’ITE / au mur manteau de nouvelles perspectives.
Les principaux avantages des murs manteaux sont :
Dans le contexte européen, la France a fait longtemps figure d’exception : le mur manteau y avait une part de marché très réduite, alors qu’elle est de longue date quasiment hégémonique dans les pays à climat rigoureux de l’Europe centrale et de l’est – et cela sur tous les types de bâtiments, à l'exception des bâtiments dont la nature (façades classées, en particulier) exclut toute intervention modifiant l'aspect de la façade.
Sous l’impulsion de la réglementation française récente (RT 2012 et à terme, RT 2020[6]), dictée par le souci de rattraper un fort retard en matière de performances énergétiques et thermiques des bâtiments par rapport à nombre de pays voisins, le mur manteau connait à présent un engouement important – notamment dans la rénovation et la réhabilitation des logements sociaux. Il gagne également en importance sur l’ensemble du parc immobilier – et tout particulièrement dans la construction neuve. Il le doit à sa capacité d’atteindre, sans complexité excessive en matière de composants et de mise en œuvre, un niveau de performance énergétique et thermique très élevé pour un coût acceptable.
La généralisation de la construction BBC (Bâtiment Basse Consommation[7]) s'impose dans la construction neuve – et de plus en plus en rénovation, avec le label BBC Rénovation[8]. Parallèlement, on note un intérêt croissant pour le mur manteau dans le cadre de la maison passive[9], une autre catégorie de construction aux impératifs de laquelle le principe de l’ITE offre une réponse adéquate. Ses performances sont en effet appréciables, puisque, pour atteindre le standard maison passive, développé à l'origine en Allemagne par le PassivHaus Institut[10] (et qui continue de gagner en popularité, dans l’intervalle, à l'étranger et notamment en France), la consommation en énergie à des fins de chauffage doit tendre vers zéro. Dans une maison passive, on considère en effet que les besoins en chauffage sont couverts par les apports internes (éclairage, appareils ménagers, métabolisme des occupants), en conjonction avec un système de ventilation double-flux qui récupère les calories sur l'air extrait.
Cela fait du mur manteau le système privilégié lorsqu’il s’agit d’atteindre les performances extrêmes prévues à terme par la réglementation française, qui vise le niveau BEPos (bâtiment à énergie positive, c’est-à-dire dont la production d’énergie – notamment solaire thermique et photovoltaïque et/ou par l’intermédiaire de pompes à chaleur – excède ses besoins propres) dans la construction neuve à l’horizon 2020.[réf. nécessaire]
À noter qu’à l'heure actuelle[Quand ?], le standard BEPos est encore très difficile à atteindre, car en exigeant la mise en place – au-delà d'un mur manteau – des équipements mentionnés plus haut, sans oublier le respect le plus strict des principes de la construction bioclimatique, il nécessite une approche très sophistiquée du projet et diverses interventions, y compris des prestations d'ingénierie complexes sur le plan du chauffage, de la ventilation et de la protection solaire[réf. nécessaire]. Ces exigences mettent le BEPos hors de portée, pour l’instant, d'un maître d'ouvrage privé disposant d'un budget conventionnel[réf. nécessaire]. Il existe néanmoins des maisons individuelles du type pilote, souvent réalisées à l'initiative d'un industriel de la profession. Par ailleurs, dans le domaine tertiaire et institutionnel, les premières réalisations de type BEPos ont commencé à apparaître en France. Dans de tels cas, ce mode de construction se justifie en partie par la valorisation de l'entreprise ou de l'institution en termes d'image et de communication.
Sur le plan esthétique, le mur manteau se décline dans un très grand nombre de variantes. Elles incluent aussi bien des finitions très classiques, quasi indiscernables des solutions traditionnelles (enduits talochés, finition à la chaux aérienne, enduits hydrauliques à base de ciment de type « crépi ») que des systèmes très contemporains de parements et de bardages mettant en œuvre des matériaux tels que la pierre naturelle ou reconstituée, le verre, le métal, les résines composites, la céramique, la terre cuite, le fibrociment, etc. Ils rendent le mur manteau parfaitement compatible avec le langage formel de l’architecture d’aujourd’hui, notamment dans le domaine des bâtiments tertiaires et des infrastructures collectives.
Parmi les projets traités en mur manteau / en ITE et conçus par des architectes de renom, on peut citer notamment
Au niveau technique, on distingue plus spécifiquement :
Pour tirer le meilleur parti possible des ressources esthétiques du mur manteau, et obtenir un rendu attractif dans la limite de contraintes budgétaires précises, la mixité des systèmes gagne du terrain. Elle consiste à panacher, au sein d’un même mur manteau, plusieurs procédés d’ITE. Le plus souvent, on agrémente ainsi une réalisation en ETICS en y ajoutant un jeu sur les matières et les contrastes, fréquemment obtenu par un traitement de certaines parties de la façade en bardage, vêtage ou vêture.
Un groupement de statut associatif (loi de 1901), le Groupement du Mur Manteau[12], regroupe les différents fabricants de la filière et se consacre à l’information des professionnels et des particuliers sur les possibilités offertes par le système du mur manteau, ou, pour utiliser la dénomination plus usuelle sur le marché français, par l’Isolation Thermique par l’Extérieur.
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