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homme d'État algérien De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Mohamed Boudiaf (en arabe : محمد بوضياف, en berbère : ⵎⵓⵃⴰⵎⴷ ⴱⵓⴹⵢⴰⴼ), né le à M'Sila et mort assassiné le à Annaba, est un homme d'État algérien. Il est président du Haut Comité d'État du au [3].
Fonctionnaire de profession, membre fondateur du Front de libération nationale (FLN), un des chefs de la guerre d'indépendance algérienne et membre du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), au poste de ministre d'État de 1958 à 1961 puis vice-président jusqu'en 1962, il entre en opposition contre les premiers régimes mis en place à l'indépendance de son pays, et s'exile durant près de 28 ans au Maroc. Rappelé en Algérie en 1992 en pleine crise politique marquée par la dissolution de l'APN, la proclamation de l'état d'urgence puis la démission du président Chadli Bendjedid le , il participe à la création d'un Haut Comité d'État de cinq membres dont il est élu président, en même temps qu'il est désigné comme chef de l'État le . Il est assassiné quelques mois plus tard lors d'une conférence des cadres à Annaba le .
Mohamed Boudiaf naît le à M'Sila[4] dans l'actuelle wilaya de M’sila en Algérie, alors départements français. Il est issu de la tribu des Ouled Madhi[5]. Une faction éponyme, les « Ouled Boudhiaf », est citée comme étant d'origine Athbedj et donc Hilalienne[6]. Après avoir effectué ses études à M'sila, il devient fonctionnaire dans l'administration[7]. Adjudant dans l'armée française en 1942 pendant la Seconde Guerre mondiale, il est commis au service des contributions à Djileli, puis est envoyé sur le front en Italie où il participa à la bataille de Monte Cassino, ainsi que Krim Belkacem qui était caporal, Larbi Ben M'Hidi qui était sergent et Rabah Bitat. Cependant ces hommes, qui servaient dans des divisions différentes, ne se connaissaient pas à cette époque. Après les massacres de Sétif de 1945, il s'engage dans les mouvements nationalistes algériens, et adhère au Parti du peuple algérien (PPA) de Messali Hadj, puis participe à la création de l’Organisation spéciale (OS), branche armée secrète du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD)[7]. Vers la fin de 1947, il en constitue une cellule pour le département de Constantine. L'OS est démantelée par la police française en 1950, et avec les autres membres dirigeants de l'organisation, il est jugé et condamné par contumace pour ses activités militantes. En 1952, il est muté en France par le MTLD où il milite au sein de la communauté immigrée algérienne.
Il rentre en Algérie en et crée, avec huit autres militants, qui devinrent les « chefs historiques du FLN »[8], avec pour objectif l'indépendance de l'Algérie par la lutte armée, le Comité révolutionnaire d'unité et d'action (CRUA) dont il est élu président lors de la réunion qui s'est tenue dans une modeste villa du Clos Salambier appartenant à Lyès Deriche[réf. nécessaire].
Après l'échec du CRUA, il fait partie, une nouvelle fois comme coordonnateur général, du « groupe des 22 », qui organise la préparation de la lutte armée désormais certaine[7]. Titulaire de la carte no 1 du Front de libération nationale (FLN), créé pour rassembler dans la lutte les différentes forces nationalistes, il est décidé comme date du déclenchement des « hostilités » le 1er novembre 1954 — date qui marque le début de la guerre d'Algérie.
À l'issue du Congrès de la Soummam, en il devient membre du Conseil national de la révolution algérienne (CNRA). Le , il est arrêté, avec d'autres chefs du FLN, par l'armée française à la suite du détournement de l’avion civil marocain qui le menait vers la Tunisie. Il dirige alors depuis sa prison la fédération de France du FLN et est nommé en 1958 ministre d’État du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), à sa création, puis vice-Président en 1961[7]. Il est libéré le après les accords d'Évian.
À l'indépendance en , il entre en désaccord avec Ben Bella, ce dernier étant soutenu par le commandement de l'Armée de libération nationale (ALN) de l'extérieur qui crée un bureau politique du FLN pour remplacer le GPRA[9]. Le , le bureau politique du FLN constitue la première assemblée nationale constituante algérienne et Mohamed Boudiaf fonde en opposition son propre parti, le Parti de la révolution socialiste (PRS). Le , il est arrêté sur le pont d'Hydra[10], puis séquestré à Tsabit[10] dans le Sud algérien où il entame une grève de la faim avec ses compagnons de cellule. Il sera détenu avec 3 autres prisonniers dont Mohand Akli Benyounes[10] durant plusieurs semaines avant d'être transféré vers Saïda[10], où il retrouvera Salah Boubnider en prison. Il réussit à faire passer une lettre à sa famille où il dénonce sa séquestration ; l'affaire est médiatisée[10]. Il est transféré une dernière fois près de Sidi Bel Abbès[10]. L'exil vers la Suisse lui est proposé mais il refuse[10]. Il prend position contre la nouvelle constitution et la politique du régime. Condamné à mort en 1964 par le régime Ben Bella, il quitte l'Algérie et rejoint la France puis le Maroc. Il œuvre au sein de son parti, et anime à partir de 1972 entre la France et le Maroc plusieurs conférences où il expose son projet politique pour l'Algérie, et anime la revue El Jarida[7]. Son livre Où va l'Algérie, livrant un témoignage lucide sur l'après-indépendance et la prise du pouvoir par les militaires[10], résume ses propositions politiques. En 1979, après la mort de Houari Boumédiène, il dissout le PRS et se consacrera à ses activités professionnelles en dirigeant à Kénitra au Maroc une briqueterie.
Dans le cadre des événements de janvier 1992 en Algérie, après la démission du président Chadli Bendjedid (au soir du ), il revient en Algérie le [11]. Alors que le FIS, parti islamiste, emporte une large majorité au 1er tour des élections législatives, Chadli Bendjedid, après avoir dissous l'Assemblée nationale et laissé un vide constitutionnel, démissionne sous la pression des janviéristes et le Haut conseil de sécurité (HCS) annule les élections. Mohamed Boudiaf est rappelé en Algérie pour devenir le président du Haut Comité d’État[12], en charge provisoire des pouvoirs de chef de l'État. Par son long exil, il apparaissait en effet paradoxalement comme un homme neuf, non impliqué dans les tribulations du régime algérien et donc susceptible de sortir le pays de l’impasse[9]. Souhaitant une Algérie démocratique tournée vers la modernité, il disait vouloir mettre fin à la corruption qui gangrenait l'État.
En , il lance un nouveau parti politique, le Rassemblement patriotique national[13]. Au même moment, il envisage de limoger le général Mohamed Mediène, le chef du gouvernement Sid Ahmed Ghozali et de lancer une purge anticorruption[14].
Le , Mohamed Boudiaf est assassiné au cours d'une conférence des cadres qu'il tenait dans la ville d'Annaba[15]. À onze heures du matin, le sous-lieutenant du Groupement d'intervention spécial (GIS), Lambarek Boumaarafi, ayant lancé une grenade pour faire diversion, tira sur le président à bout portant et le tua. L'évacuation du président prend du retard. Alors que l'ambulance présidentielle n'est pas disponible, il est évacué par une ambulance de la protection civile puis transféré dans l'ambulance présidentielle. De là, il est transporté par avion vers Alger. Alors que l'avion n'obtient pas d'autorisation d'atterrissage, il atterrit finalement à Boufarik. Le président meurt lors du trajet, et sa mort est annoncée à 13h[16].
Lors de ses funérailles, des participants conspuent les généraux janviéristes et les qualifient de « harkis », et s'en prennent aux véhicules de nombreux ministres[17].
La motivation de son assassinat est sujette à controverse, entre la piste d’une action isolée commise par un militaire ayant des sympathies islamistes et celle d’un complot plus vaste impliquant des généraux de l'armée[15]. Sans faire la lumière sur l'assassinat de Boudiaf, la commission d’enquête instituée par le gouvernement algérien écarte la thèse de l’« action isolée » d’un officier de l’armée ayant agi pour des motifs strictement religieux[18]. Nacer Boudiaf est convaincu que son père a été assassiné avec la bénédiction de François Mitterrand [réf. nécessaire], ce dernier ayant été accusé par l'ancien hebdomadaire Algérie-Actualité d'être derrière l'assassinat[19].
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