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femme de lettres française De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Marie-Catherine Le Jumel de Barneville, baronne d’Aulnoy, née à Barneville-la-Bertran vers et baptisée dans cette même paroisse le [1], et morte à Paris le , est une femme de lettres française.
Naissance | |
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Décès | |
Nom dans la langue maternelle |
Marie-Catherine d’Aulnoy |
Nom de naissance |
Marie-Catherine Le Jumel de Barneville |
Pseudonyme |
Madame D***, Madame D**** |
Nationalité | |
Activité | |
Enfant |
Marie-Anne d'Aulnoy (d) |
Membre de | |
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Mouvement | |
Genre artistique |
Elle est l’un des auteurs à l’origine du genre écrit du conte merveilleux. A la différence d’auteurs comme Charles Perrault, qui ont tâché de polir la matière littéraire qu’ils élaboraient, elle a insufflé un esprit subversif en usant d’allégories et de satires[2]. Son travail de création littéraire est souvent rapproché de celui de Jean de La Fontaine pour sa critique masquée de la cour et de la société française du XVIIe siècle.
Ses parents sont Claude Le Jumel et Judith Angélique Le Coustelier, petite-nièce de la savante Marie Bruneau des Loges[3],[4]. Marie-Catherine Le Jumel de Barneville appartient à la petite noblesse normande. Son père, allié aux grandes familles de la Normandie, avait longtemps servi dans les armées de Louis XIV et comptait au nombre de ses parents les d’Estouteville[3]. Comme il était d’usage à l’époque, sa famille arrange son mariage et le , âgée de 14 ans, elle épouse François de La Motte, baron d’Aulnoy en Brie, fils de Jean de La Motte de Lucière et de Clémence Badon[5]:9, valet de pied de César de Vendôme, « qui cherchait d’avoir de beaux hommes à son service[6]. » De plus de vingt ans son aîné[5]:9,[7], possédant une réputation de grand buveur et de coureur impénitent, la conduite de ce « triste personnage[8]:34-5 » et les voies par lesquelles il s’était élevé lui ayant fait perdre et consumer la plus grande partie de son bien, il fut réduit, pour subsister, à se faire contrôleur de la maison de S. A. Monseigneur le prince[9]. Elle aura quatre enfants de lui[10].
Trois ans plus tard, en 1669, décidée à se débarrasser d’un mari honni, Marie-Catherine, sa mère et trois complices (trois gentilshommes, dont l’un est probablement son amant et un autre celui de sa mère), profitent des soupçons de malversation qui accablent son mari pour monter une machination l’accusant ouvertement du crime de lèse-majesté[8]:34 passible de la peine de mort à l’époque. Arrêté le [11]:261 et enfermé à la Bastille, sur l’ordre de Colbert, il finira par être relâché[12].
Il n’aura d’ailleurs guère le loisir de profiter de sa liberté. A peine était-il sorti blanchi des calomnies avancées contre lui que Colbert le fit ramener à la Bastille jusqu’à ce qu’il s’acquitte[12] à restituer au Roi ce qu'il avait détourné, comme il en avait été condamné par les juges de Fouquet. Son ordre de mise en liberté définitive date du [12], tandis que les « amis » de sa femme sont condamnés à la décapitation pour calomnie. Le complot éventé, la baronne doit son salut à une fuite dans des circonstances rocambolesques, fuyant par un escalier dérobé et se réfugiant sous le catafalque d’une église[12].
Une chose est certaine : César de Vendôme, employeur et probable amant de Monsieur d'Aulnoy, est connu pour avoir passé une bonne partie de sa vie à cabaler[13],[14]. Cela ne suffit pas à innocenter Madame d'Aulnoy, mais si la thèse du complot est avérée, elle n'a pu manquer d'en tirer du grain à moudre. Contrainte à l’exil pour échapper à la condamnation qui la menaçait, elle aurait voyagé à travers l’Europe, notamment en Flandre en 1672-1673, puis en Angleterre en 1675.
De retour à Paris vers 1676-1677, elle gagne l’Espagne[15], en [8]:37 où sa mère, la comtesse de Gudanne, bénéficie des faveurs de Philippe IV et de Charles II[3],[9]. Elle y réside jusqu’à son retour en France en , après avoir gagné la reconnaissance de Louis XIV pour « services rendus à la cour »[16]. En 1682, Madame d'Aulnoy fait un nouveau séjour en Angleterre, avant de rentrer définitivement en France en 1685[11]:261, avec des renseignements qu’elle communique au gouvernement qui lui donne la permission de rentrer en France[12]:341. Le , François de La Motte dont elle vivait séparée depuis longtemps meurt, après avoir dissipé sa propre fortune et entamé celle de sa femme, et l’avoir au préalable, déshéritée[9]. Un billet de condoléances envoyé, à cette occasion, par Saint-Évremond, le , livre une indication sur la position de fortune qu’elle devait conserver :
« Ma consolation est que vous aurez toujours assez de bien pour vous passer de celui qu’il vous devait[17]. »
En 1690, la baronne d’Aulnoy s’installe à Paris dans le faubourg Saint-Germain[18], où, tout en menant une vie assez retirée[3], elle ouvre un salon littéraire, où se succèdent Antoinette Des Houlières et sa fille Antoinette-Thérèse, Henriette-Julie de Castelnau de Murat, Marie-Jeanne L'Héritier de Villandon, la princesse de Conti[11]:61, les dames de Bretonvilliers, et d’autres femmes à la renommée brillante[3],[19]. Contemporaine de Madame de La Fayette et de la marquise de Sévigné, liée d’amitié avec Saint-Évremond et avec plusieurs conteuses du siècle comme Henriette-Julie de Murat et Marie-Jeanne L’Héritier, Marie-Catherine d’Aulnoy publie, dès , ses premiers récits : les Mémoires sur la cour d’Espagne, l’Histoire d’Hippolyte, comte de Douglas ou la Relation du voyage d’Espagne (), les Mémoires des aventures de la cour de France (), les Mémoires secrets de plusieurs grands princes de la cour (). Ses écrits sont estimés, qu'il s'agisse de récits de voyages (réels ou inspirés, prenant l'apparence de longues lettres à une cousine curieuse) ou des contes qui ont assuré sa notoriété.
L’Île de la félicité est le premier conte de fées à être publié en France[20]. Inséré dans son roman Histoire d’Hypolite, comte de Duglas, il lance la mode des contes de fées[11]. Après le succès des Contes de ma mère l’Oye de Charles Perrault en , elle fait paraître les quatre volumes des Contes des fées, suivis des Contes nouveaux ou les Fées à la mode, respectivement parus en et , qui lui valent la célébrité, jusqu’à surpasser Perrault selon certains[11]. Comptant parmi les plus authentiques chefs-d’œuvre de la littérature féerique, ses contes allient romanesque et merveilleux[11] L’Oiseau bleu, La Belle aux cheveux d’or, Gracieuse et Percinet, Le Prince lutin, La Biche au bois, La Chatte blanche, Le Rameau d’or, Finette Cendron, Le Nain jaune, La Grenouille bienfaisante, reflètent l’évolution d’un genre emprunté aux traditions populaires en un genre littéraire destiné au lectorat adulte de la société galante. Construits comme des aventures romanesques, où se découvre aisément l’influence de la pastorale, du théâtre et du roman contemporains, ses contes mêlent excès de préciosité (notamment son goût prononcé, comme La Fontaine, pour les néologismes[11]) naturel désinvolte, réalisme et cruauté. Son vécu se manifeste également dans son écriture lorsqu’elle se sert de l’allégorie pour dénoncer sans ambages, l’épreuve du mariage forcé qu’elle a dû subir[11]:261.
Elle est également la septième femme admise à l’Académie des Ricovrati de Padoue, sous les surnoms « l’éloquente » et « Clio », la muse de l’Histoire. Un de ses éditeurs et biographes, Mathurin de Lescure, dit des deux portraits qui subsistent de cette conteuse, qu’ils laissent « l’image d’une sémillante et plantureuse beauté[21] ».
Dans la préface de son dernier roman, Le Comte de Warwick, le seul de ses livres à ne pas être publié de façon anonyme, Madame d'Aulnoy expliqua son choix :
« Mais on me donne tant de Livres que je n’ay point faits, & cela est si aisé en mettant un D avec des étoiles, que j’aime mieux convenir que le Comte de Warwick, est à moi, que de me laisser attribuer des Livres qui ne m’appartiennent point. »
Elle fit précéder cette déclaration d'une liste des livres qu’elle avait écrits auparavant :
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