enlumineur français De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Le Maître de Dunois est un maître anonyme peintre de miniatures et de panneaux actif entre 1435 et 1466 à Paris. Il doit son nom au premier manuscrit qui lui a été attribué, le Livre d'heures de Jean de Dunois (British Library). Il est aussi appelé « Principal associé du maître de Bedford ». Plusieurs enluminures de manuscrits ainsi que des panneaux peints lui sont attribués par les historiens de l'art. Selon François Avril, son véritable nom serait Jean Haincelin, peut-être le fils d'un autre miniaturiste, Haincelin de Haguenau.
Faits en bref Période d'activité, Nom de naissance ...
Le Maître de Dunois est repéré pour la première fois en tant que collaborateur d'un autre maître anonyme, le Maître de Bedford, l'un des artistes les plus en vue à Paris dans les années 1420-1430. Il collabore avec ce maître notamment aux Bréviaire de Salisbury ou aux Heures Sobieski dans les années 1420. Après le départ des Anglais de Paris en 1436, le maître de Dunois se tourne vers une nouvelle clientèle, l'entourage du roi Charles VII. C'est à cette époque qu'il réalise pour Jean de Dunois, compagnon de Jeanne d'Arc, un livre d'heures qui lui a donné son nom de convention ou encore des ouvrages pour les financiers du roi tels que les Jouvenel des Ursins ou Étienne Chevalier[1].
François Avril, conservateur à la Bibliothèque nationale de France, identifie le maître anonyme à Jean Haincelin. En effet, celui-ci travaille aussi pour de nombreux commanditaires proches de Charles VII exactement à la même époque, tels que le duc d'Orléans et l'amiral Prigent de Coëtivy. Les textes signalent qu'il réalise pour ce dernier une version de Lancelot et un Guiron le Courtois aujourd'hui disparus[2].
Sa carrière, très longue, s'achève dans les années 1460. Il collabore alors avec des artistes plus jeunes, tels que le Maître de Jean Rolin, plus au fait des nouveautés, alors que le vieux maître continue à recycler les modèles du Maître de Bedford[1].
Le Maître de Dunois reprend les mêmes types de personnages que son ancien chef d'atelier, le Maître de Bedford. Comme lui, il a connu l'art des primitifs flamands par le biais de dessins, comme Jan van Eyck ou Robert Campin. Il se montre plus ouvert que son maître à ces nouveautés: ses personnages présentent davantage de rondeurs, aux vêtements présentant des plis cassés. Les paysages présentent différents plans dégageant une perspective atmosphérique typique de la peinture flamande. La représentation de la trinité du retable des chanoines de Notre-Dame est une reprise du modèle issu de la peinture tournaisienne de l'entourage du Maître de Flémalle[3].
L'historienne de l'art américaine Eleanor Spencer isole pour la première fois son œuvre en 1965 et le désigne sous le nom de «Principal associé du maître de Bedford»[4]. C'est l'historienne de l'art française Nicole Reynaud qui propose de le renommer en 1993 Maître de Dunois, en référence à l'un des plus célèbres manuscrit qu'il peint[1]. C'est elle qui élargit son corpus à la peinture sur panneau en lui attribuant un retable du chapitre de Notre-Dame de Paris[5].
Manuscrits
Heures de Guillaume Jouvenel des Ursins, fin des années 1440, BNF, NAL 3226
Heures Hachette, en collaboration avec le Maître de la Légende dorée de Munich, vers 1430-1440, coll. part., passé en vente à Drouot, vente Millon, le (lot 147)[6]
Le Tiers Livre de Guiron, ajouts dans le livre vers 1450, BNF, Fr.356-357[2]
Un ancien livre d'heures à destination d'un membre de la famille Jouvenel des Ursins, aujourd'hui dépecé et connu par plusieurs miniatures: 4 au Victoria and Albert Museum, représentant des scènes de la vie de saint Étienne, saint Gilles, saint Julien et sainte Apollonie[16], une au Musée Marmottan-Monet, Paris, M-6190, représentant la Sainte Plaie du Christ[17] et 13 autres dans des collections privées.
Livres d'heures selon l'usage de Paris, 1440-1450, conservé à Paris, Bibliothèque nationale de France, Smaf 81-28[18]
Livre d'heures à l'usage de Paris, Petit Palais, Inv. Dutuit35
Livre de Lancelot du Lac, vers 1450 pour Prigent de Coëtivy, manuscrit démembré probablement au XVIesiècle, dont il subsiste 34 miniatures découpées, aujourd'hui dispersées dont une passée en vente chez Sotheby's le [19], une autre chez Christie's le [20], une passée par le libraire Les Enluminures[21], une autre chez le marchand d'art londonien Sam Fogg[22].
Le Jugement dernier, Musée des arts décoratifs de Paris
La Trinité aux chanoines de Notre-Dame de Paris, École nationale supérieure des beaux-arts
Bibliographie
François Avril et Nicole Reynaud, Les manuscrits à peintures en France, 1440-1520, BNF/Flammarion, , 439p. (ISBN978-2080121769), p.36-37
Philippe Lorentz, «La peinture à Paris au XVesiècle: un bilan (1904-2004)», dans Dominique Thiébaut, Primitifs français. Découvertes et redécouvertes: Exposition au musée du Louvre du 27 février au 17 mai 2004, Paris, RMN, , 192p. (ISBN2-7118-4771-3), p.86-107
Nicole Reynaud, «Les Heures du chancelier Guillaume Jouvenel des Ursins et la peinture parisienne autour de 1440», Revue de l'Art, no1, , p.23-35 (lire en ligne, consulté le )
Eleanor P. Spencer, «Gerson, Ciboule and the Bedford Master's shop (Bruxelles, KBR, ms. IV 111, part II)», Scriptorium, volume XIX 1965, n° 1, p. 104-108
Patricia Stirneman (dir.), L'Enluminure en France au temps de Jean Fouquet, Somogy édition d'art-Musée Condé, , 96p. (ISBN9782850566219), p.10-13 et 93