Militant du Parti communiste italien durant les années 1950, Mario Tronti fut, avec Raniero Panzieri, parmi les fondateurs de la revue Quaderni Rossi, de laquelle il se sépare en 1963 pour fonder la revue Classe Operaia(en), dont il fut le directeur[2]. Ce parcours le porta à s'éloigner du PCI et à animer l'expérience radicale de l'opéraïsme. Une telle expérience, qui sera considérée par beaucoup comme la matrice de la nouvelle gauche des années soixante, se caractérisait par le fait de mettre en débat les traditionnelles organisations du mouvement ouvrier (les syndicats et les partis), et de se lier, sans intermédiaire, à la classe en soi et aux luttes des usines[3].
Influencé philosophiquement par l'œuvre de Galvano Della Volpe(it), qui l'avait amené à s'éloigner de la pensée d'Antonio Gramsci. Tronti se dédia à la formulation d'une pensée politique qui, fondant la théorie à la pratique, rénovait le marxisme traditionnel et contribuait à rouvrir la voie révolutionnaire en Occident[3].
Face à l'irruption de la masse ouvrière dans les sociétés occidentales, l'operaïsme de Mario Tronti sut proposer une analyse moderne des relations de classe et mettre surtout l'accent sur le facteur subjectif, revendiquant le rôle politique central de la classe. Ses idées seront formalisées en 1966 lorsqu'il publie Operai e capitale, un livre qui fonde théoriquement l'opéraïsme qui donnera vie, dans les années suivantes, aux groupes de la Nouvelle gauche italienne, alors que lui fera le choix en cette même année de revenir au PCI pour y pratiquer l'entrisme. Il ne quittera plus le PCI et représentera la gauche, qui en sera issue, à deux reprises au Sénat.
Il a enseigné la philosophie morale puis la philosophie politique pendant 30 ans à l'université de Sienne[4].
Tra materialismo dialettico e filosofia della prassi. Gramsci e Labriola, in A. Caracciolo et G. Scalia (éd.), La città futura. Saggi sulla figura e il pensiero di Antonio Gramsci, Feltrinelli, Milan, 1959
(éd.), Scritti inediti di economia politica di Marx, Editori Riuniti, Rome, 1963
(en) Fabio Guidali, «Intellectuals at the factory gates: Early Italian operaismo from Raniero Panzieri to Mario Tronti», Labor History, vol.62, no4, , p.463 (DOI10.1080/0023656X.2021.1955095, S2CID237713870)
Alcaro M., Dellavolpismo e nuova sinistra, Dedalo, Bari, 1977;
Basso C., Gozzini C. et Sguazzino D. (éd.), Bibliografia delle opere e degli scritti di Mario Tronti, Dipartimento di Filosofia-Università degli Studi di Siena, Sienne, 2001;
Berardinelli A., Stili dell'estremismo. Critica del pensiero essenziale, Editori Riuniti, Rome, 2001;
Borio G., Pozzi F., Roggero G., Futuro anteriore: dai Quaderni rossi ai movimenti globali. Ricchezze e limiti dell'operaismo italiano, DeriveApprodi, Rome, 2002;
Leo R., «Per una storia di Classe Operaia», dans la revue Bailamme, no26, juin 2000;
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Preve C., La teoria in pezzi. La dissoluzione del paradigma teorico operaista, Dedalo, Bari, 1984;
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Wright S., A l'assaut du ciel. Histoire critique de l'opéraïsme, Genève/Paris, Entremonde, 2022.
La stratégie du refus, série de brochures très inspirée de Mario Tronti diffusées par le collectif Matériaux pour l’Intervention de 1971 à 1972, sur le site archives-autonomies.
Les ouvriers contre l'État - refus du travail, brochure diffusée par le groupe Matériaux pour l’Intervention qui résume le livre Ouvriers et capital de Mario Tronti, sur le site archives-autonomies