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écrivain français De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Manuel Devaldès, de son vrai nom Ernest-Edmond Lohy, né le à Évreux[1] et mort à l'Hôpital Necker le dans le 15e arrondissement de Paris[2], est un employé des chemins de fer, correcteur d'imprimerie, puis écrivain, individualiste libertaire[3], antimilitariste, pacifiste et néo-malthusien.
Manuel Devaldès | |
Nom de naissance | Ernest-Edmond Lohy |
---|---|
Naissance | Évreux |
Décès | (à 81 ans) Paris |
Première incarcération | décembre 1918 condamné en Angleterre six mois de prison pour désertion |
Origine | français |
Type de militance | insoumis écrivain |
Cause défendue | libertaire antimilitarisme pacifisme néomalthusianisme |
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En 1895, il est secrétaire au Journal des artistes[4].
De 1896 à 1898, il fonde et anime la Revue rouge où il définit l'art social et à laquelle participent Félix Fénéon, Paul Verlaine[5], Laurent Tailhade[4], Francis Norgelet[6].
Les rencontres avec Han Ryner et Paul Robin l'entrainent à s'intéresser aux problèmes de l’éducation et à la doctrine du néomalthusianisme. Il s'oriente vers l’individualisme libertaire : : « l’individualisme est nettement opposé à l’association obligatoire qu’impose l’État d’aujourd’hui [...], mais il accepte, que dis-je, sienne propre est l’association librement consentie entre individus. À l’association obligatoire, il oppose l’association libre [...]. La sagesse individualiste ne portera pas l’homme à répudier le principe d’association sous le prétexte que jusqu’à ce jour on en a dénaturé le sens, mais, au contraire, elle l’incitera à organiser son association de telle manière qu’elle soit sa chose et qu’il ne puisse être sacrifié au nom de cette chose à l’intérêt d’autrui »[7].
En 1913, il participe avec, notamment, André Colomer et Henri de Lacaze-Duthiers à la fondation de l’Action d’art[4].
Antimilitariste, en 1914, il choisit l'insoumission et s'en explique plus tard dans Les Raisons de mon insoumission : « La guerre de 1914-1918 n’était pas mon affaire. En effet, je ne possède rien. Qu’aurais-je été défendre ? La propriété de ceux qui possèdent ? Merci de la mission ! Je ne suis pas de la chair dont on fait les dupes. Réglez vos affaires autrement qu’avec ma peau, messieurs les capitalistes des divers syndicats que vous appelez patries. [...] La violence est justifiée à mes yeux dans le cas d’une défense réelle, lorsqu’il y a quelque chose à défendre, quelque chose qui en vaille la peine, et s’il n’est pas d’autre moyen de dénouer la situation. »[8]
Il se réfugie en Angleterre avec un passeport espagnol prêté par un ami. Il apprend l’anglais, exerce divers métiers et vit en ignorant tout de la guerre. En , il est dénoncé et arrêté. Condamné à six mois de prison, il est menacé d’extradition à la fin de sa peine et risque alors une condamnation, en France, à cinq ans de prison. Il fait jouer le fait qu’il est, depuis 1895, objecteur de conscience. Finalement, après sa libération, il est admis en Grande-Bretagne qui lui accorde ce statut[8] où il réside jusqu'en 1929.
En 1929, il rentre en France et reprend son métier de correcteur[9].
Il consacre alors la plus grande part de ses travaux au néomalthusianisme[7].
Il collabore à de nombreux journaux et revues libertaires, et est l’auteur de plusieurs livres ou brochures : La chair à canon (1908), Contes d’un rebelle (1925), La maternité consciente (1927) Anthologie des écrivains réfractaires (1927), Réflexions sur l'individualisme, (1936).
Il participe également aux journaux L’En-dehors et L'Unique animés par E. Armand.
Il contribue à l'Encyclopédie anarchiste, initiée par Sébastien Faure, publiée en quatre volumes, entre 1925 et 1934[10]
En 1946, il fonde le journal L’Homme et la vie.
Manuel Devaldès pense que « pour abolir la guerre, la limitation mondiale des naissances est nécessaire » et que « la course à la population, à la surpopulation plutôt, est aussi absurde que la course aux armements ». Il développe cette idée en 1925 dans La cause biologique et la prévention de la guerre : essai de pacifisme, petite brochure d'une trentaine de pages, et en 1933, Croître et multiplier, c'est la guerre, un ouvrage de 318 pages. Fidèle à sa démarche néo-malthusienne, il fait paraître en 1937, La guerre dans l'acte sexuel et Une guerre de surpopulation : les enseignements de la guerre italo-éthiopienne. Pour lui, c'est parce qu'un pays est surpeuplé (déséquilibre entre population et ressources) qu'il fait la guerre. Il invite tous ceux qui luttent contre la guerre à propager l'idée de la limitation mondiale des naissances comme première propagande à faire, puisque dans cette solution repose le salut de l'humanité[11].
Dans la Maternité consciente publié en 1927, on peut lire : « La guerre détruit les hommes les plus robustes, les mieux portants. Elle est donc éminemment dyagénique puisqu'elle assure ainsi la survivance des moins aptes, des faibles, des vieillards, des débiles mentaux ». Mais ce n'est pas seulement la guerre qui est dyagénique, car les bellicistes réclament une reproduction abondante qui ne peut se faire qu'au détriment de la qualité des individus. « Toute personne qui milite pour une amélioration de la race doit tenir compte que la guerre est dyagénique et que, pour l'éviter, l'équilibre entre la population et les vivres dans chaque pays est dispensable, mesure qui serait réalisée par la génération consciente, par la maternité consciente. Par cette dernière, chaque femme peut faire sa part de l'œuvre de pacification du monde. » Vers la fin de livre, il s'en prend aux « conceptions mystiques » de lutte contre la guerre, visant les partisans de l'insurrection qui ignorent les véritables moyens de prévention contre la guerre. Beaucoup lui reprochent d'exclure du coup d'autres formes de lutte contre la guerre, notamment l'objection de conscience[11].
Outre son apport aux idées néo-malthusiennes, Manuel Devaldès est l'auteur de biographies, d'études, de traductions, de critiques, d'essais, d'analyses et d'articles répandus depuis 1895 dans quantité de revues : L'Ère nouvelle, Le réveil de l'esclave, La revue des lettres et des arts, Les Humbles, L'École émancipée, L'Anthologie des écrivains réfractaires (1927), La Bibliothèque de l'Artistocratie, L'En-dehors, L'Unique où sa chronique "Haute École" était très suivie. Ses études sur Friedrich Nietzsche, Stendhal, Balzac, Shelley, Bertrand Russell sont éditées en simples fascicules et plaquettes[11].
Il écrit beaucoup de contes, genre littéraire qu'il préférait : Des cris sous la meule, Hurles de haine et d'amour, Chez les cruels, Chef-d'œuvre de Balthazar Maracone, Histoires tragiques, Contes d'un rebelle (1925). Romantique, mais surtout théoricien exigeant, écrivain soucieux de la forme et du déroulement logique de la pensée, il s'appuie le plus possible sur de patientes recherches, des documents dont il vérifie toujours l'authenticité[9].
Réflexions sur l'individualisme (1910) le fait classer parmi les anarchistes individualistes, mais il y fait preuve d'une pensée originale. Il s'efforce de définir et de défendre l'individualisme, suivant une logique un peu datée aujourd'hui (sur la propriété et sur la religion) mais qui marque bien sa perception du changement de la répartition des pouvoirs à son époque, des propriétaires terriens et de l'Église catholique à l'État. Il parle de d'État comme de la nouvelle Église, préconisant l'arrivée de l'État collectiviste[11].
Son texte débute par la distinction forte entre « individualisme libertaire » et « individualisme autoritaire » : « Alors que l'individualisme libertaire, l'individualisme réel, donne des armes aux faibles, non de manière que devenus forts ils oppriment à leur tour les individus demeurés plus faibles qu'eux, mais de telle façon qu'ils ne se laissent plus absorber par les plus forts, - le prétendu individualisme bourgeois ou autoritaire s'efforce uniquement de légitimer par d'ingénieux sophismes et une fausse interprétation des lois naturelles les actions de la violence et de la ruse triomphantes. »[12]
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