Madeleine Gilard, née le La Corogne (Espagne) et morte le à Paris 13e[1], est une romancière française, traductrice et adaptatrice de livres pour l'enfance et la jeunesse. Elle a été directrice littéraire des Éditions La Farandole de 1955 à 1980.
Fille d'un représentant commercial en vins et liqueurs issu d'une famille protestante du Sud-Ouest de la France[2], Madeleine Gilard naît et grandit en Espagne. Dans un de ses romans, Camille, paru en 1983, elle évoque sa ville de naissance[3] en puisant probablement dans ses souvenirs. Sa connaissance de la langue espagnole lui permettra de nombreuses traductions. Ayant fait ses études à la maison elle n'a aucun diplôme quand elle et sa famille rentrent en France, au début des années 1920. Elle apprend alors la sténodactylographie et devient secrétaire. Elle tient des emplois de journaliste et de traductrice dans une agence de presse jusqu'à la guerre. À sa connaissance de l'espagnol elle ajoute celle de la langue anglaise.
En 1946, elle publie un premier roman. Au début des années 1950, elle occupe un emploi de traductrice au Mouvement mondial pour la paix, à Prague. C'est sans doute par cette filière, où elle ajoute le russe à sa panoplie de traductrice, qu'elle doit d'être nommée en directrice littéraire d'une maison d'édition[4] qui vient d'être créée dans la mouvance du Parti communiste français: les Éditions La Farandole. La directrice administrative en est Paulette Michel[5], femme d'un homme d'influence des réseaux du communisme international, Jean Jérôme. Le créneau éditorial des Éditions La Farandole est la littérature d'enfance et de jeunesse, délaissée par le PCF depuis la fin des années 1930[6].
Que deux femmes dirigent une maison d'édition dans les années 1950-1960, vaut à Madeleine Gilard et Paulette Michel, une mention dans le Dictionnaire universel des créatrices: « Très peu de femmes occupent des postes de directeur dans l'édition. Paulette Michel et Madeleine Gilard qui animent les éditions La Farandole représentent un cas isolé. »[7]
Jusqu'en 1980, à La Farandole, elle tient un rôle essentiel dans cette petite structure éditoriale, reconnue par la profession, y publiant elle-même ses œuvres et collaborant à de nombreux ouvrages, pour toutes les tranches d'âge de l'enfance jusqu'à l'adolescence. Après sa retraite de La Farandole, elle publie encore plusieurs livres et obtient en 1983, pour l'ensemble de son œuvre, le Grand prix de la littérature enfantine de la ville de Paris, qui lui est remis par Jacques Chirac[8].
Créations aux éditions La Farandole
Victoire sur Arcadius, coll. « mille épisodes », 1956 (ill. Madeleine Gilard)
Marinette et l'éléphant, coll. « mille épisodes », 1957 (ill. Luc Hardy)
Le voyage de Pibale, coll. « mille images », 1958, (ill. Enrique Soto)
Christine et François, coll. « mille images », 1961, (ill. May Angeli)
Le Kalevala, (adaptation Madeleine Gilard), coll. « mille épisodes », 1961, (ill. Jacques Bourbon)
Le Paravent aux images, coll. « mille épisodes », 1962, (ill. May Angeli)
Colorin Coloré (contes d'Espagne), coll. « jour de fête », 1963, (ill. Mireille Miailhe)
Grison et Nicolas (adaptation) (trad. du polonais par Halina Pietrusienicz), coll. « mille couleurs », 1965 (ill. Z. Rychlicki)
Bernardo del Carpio, (trad. de l'espagnol Madeleine Gilard), coll. « mille épisodes », 1965
Le Bouton rouge, coll. « mille images », 1967, (ill. Bernadette Després)
Anne et le mini-club, coll. « mille épisodes », 1968, (ill. Bernadette Després)
Contes et images d'autrefois, coll « grand gala », 1968 (avec Rolande Causse)
Marco Polo, Le Livre des merveilles, coll. « grand gala », 1970 (avec Rolande Causse)
La Ville de neige, coll. « mille couleurs », 1970 (ill. Maria Mackiewicz)
Les perruches qui parlent (contes tadjiks traduits et adaptés du russe par Paulette Michel et Madeleine Gilard), coll. « grand gala », 1971
La Jeune fille au manchon (en France en 1763 sous Louis XV), coll. « prélude », 1972
Ali et son copain, coll. « mille images », 1974, (ill. Jean Garonnaire)
Jouets, feutrines et chiffons (de Tyler Mabs), adapté de l'anglais par Madeleine Gilard, 1974
Le Chemin secret de la Borie verte, coll. « LF roman », 1975
La Maison des marmottes, coll. « LF 8, 9, 10 », 1976 (ill. Anne Thiollier)
Sortilège maya, (avec Chloé Vulliamy), 1977
Pierre, la rivière et la nuit, coll. « mille épisodes », 1979, (ill. Silvia Maddoni)
Bruno chez les chats, coll. « LF 8, 9, 10 », 1980, (ill. Jacqueline Mathieu)
Camille: de la main de Camille, printemps 1830, coll « LF roman », 1983
Marie-Cécile Bouju, Lire en communiste. Les maisons d'éditions du Parti communiste français 1920-1968, Presses universitaires de Rennes, 2010, p. 247 et suiv.
Jean-Numa Ducange, Julien Hage, Jean-Yves Mollier, Le Parti communiste français et le livre. Écrire et diffuser le politique en France au XXe siècle (1920-1992), Éditions universitaires de Dijon, 2014.