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Après la guerre, la mémoire du camp de Rivesaltes est largement négligée en raison de l'absence d'internement politique et du manque d'attention portée à la déportation raciste qui y a eu lieu[1].
Cependant, l'annonce de la découverte de documents originaux relatifs aux déportés juifs du camp à la décharge de Perpignan en 1997 (qui se révélera fausse), suscite un regain d'intérêt quant à la mémoire de ce camp: Claude Delmas lance une pétition pour la création d'un mémorial, soutenue par des personnalités politiques et artistiques. Un collectif pour la création d'un mémorial dédié au camp de Rivesaltes est lancé afin de préserver la mémoire collective et de sensibiliser le public à l'histoire du camp de Rivesaltes, comme en témoigne la projection du film Le Journal de Rivesaltes en 1997 à Perpignan, basé sur le journal d'une infirmière du camp de Rivesaltes ayant sauvé des enfants juifs[1].
Si le collectif reçoit notamment le soutien politique de Simone Veil et du président du conseil général des Pyrénées-Orientales Christian Bourquin, il doit d'abord s'opposer à un projet d'épandage de boues sur le site historique[1].
Le Département acquiert pour cela un des îlots du camp, l'îlot F (42 hectares).
Considérant la dimension du projet, la région Languedoc-Roussillon est ensuite apparue comme l'échelon le plus pertinent pour le porter. Elle assure la maîtrise d'ouvrage du Mémorial depuis . Elle est la première région de France à porter un projet mémoriel, «parce que regarder le passé c'est construire l'avenir, parce que les souffrances de ces milliers d'hommes, de femmes et d'enfants devaient être connues de tous, parce qu'on ne peut admettre que l'on nettoie les lieux et la mémoire» (Christian Bourquin).
Après plusieurs années de négociation les travaux de construction du Mémorial du Camp de Rivesaltes ont débuté en . Son ouverture au public est réalisée en 2015 avec l'inauguration par Manuel Valls[3].
1978: Serge Klarsfeld publie la liste des déportés Juifs et des Juifs décédés du camp de Rivesaltes.
1993: parution du Journal de Rivesaltes 1941-42 écrit par Friedel Bohny-Reiter, une infirmière autrichienne travaillant pour le Secours suisse aux enfants (Croix-Rouge suisse). Publication également de Les Transferts de juifs du camp de Rivesaltes et de la région de Montpellier vers le camp de Drancy en vue de leur déportation -, par Serge Klarsfeld.
1995: le , c’est une stèle à la mémoire des Harkis qui est à son tour installée.
1997: alors que des menaces de destruction planent sur le camp, une pétition Pour la mémoire vivante du camp de Rivesaltes est signée par Simone Veil, Claude Simon, Edgar Morin… et de nombreux citoyens.
1998: tout juste élu président du conseil général des Pyrénées-Orientales, Christian Bourquin annule la décision de raser entièrement le site et commence la concertation autour du projet. Des contacts sont noués avec les associations représentant les communautés internées et les projets pédagogiques se multiplient.
2000: le site du camp de Rivesaltes est inscrit à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques par le ministère de la Culture. Une convention d’objectifs prévoyant la construction du mémorial est signée et une commission historique, qui représente toutes les associations, initiatives et personnes privées ayant participé à l’élaboration du projet, est créée. le conseil général des Pyrénées-Orientales vote l’approbation du projet du Mémorial à l’unanimité.
2002: historien, chercheur au CNRS, auteur d’une thèse d’État sur «les camps d’internement en France 1938-1946), Denis Peschanski est désigné comme président du conseil scientifique du Mémorial.
2003: une étude de préfiguration du Mémorial est présentée au conseil général des Pyrénées-Orientales et à la Commission historique.
2005: pour la première fois, à l’occasion des Journées européennes du Patrimoine, une partie du camp est ouverte au public (plus de 2000 visiteurs). Rudy Ricciotti remporte le concours d’architecte du Mémorial. En novembre, le conseil général des Pyrénées-Orientales fait l'acquisition de l’îlot F, qui représente 42 hectares. Robert Badinter accepte de parrainer le projet.
2006: les actions de préfiguration du Mémorial se multiplient. Un service éducatif se structure et l’Éducation Nationale met à disposition du projet deux professeurs détachés. Un inventaire photographique des îlots J, F et K est organisé, répertoriant tous les bâtiments et photographies aériennes (opération «Faire parler les murs» permettant de garder traces des graffitis, inscriptions, dessins...). L’architecte Rudy Riccioti lance son étude de conception.
À partir de 2007: en parallèle de la protection et de la mise en valeur du site, les études de conception (architecture et muséographie) et de la préfiguration du projet se poursuivent, tout comme les actions culturelles et pédagogiques.
2009: une stèle à la mémoire des Tsiganes est érigée le .
2010: le permis de construire du Mémorial est délivré le .
2011: réuni en séance plénière le , le conseil régional présidé par Christian Bourquin approuve à l’unanimité le transfert du projet de Mémorial du conseil général des Pyrénées-Orientales à la Région Languedoc-Roussillon[4]
2012: le programme de muséographie est remis au président de la région par Lydia Elhadad.
: inauguration du Mémorial du Camp de Rivesaltes présidé par Manuel Valls[3].
Principal camp d'internement du sud de la France en 1941 et 1942, puis principal camp de transit pour les familles de Harkisaprès l'indépendance de l'Algérie, le centre militaire de Rivesaltes occupe une place singulière et majeure dans l'histoire de la France contemporaine. Or, il n'existe à ce jour aucun lieu qui rende compte soit de l'internement pendant la Seconde Guerre mondiale, soit des Harkis. Le défi est de proposer aux diverses communautés directement concernées de connaître, aussi, l'histoire des autres, et d'aider tous les visiteurs à comprendre leur passé commun.
Le mémorial se veut un outil de mémoire et de sensibilisation politique, notamment face à des enjeux contemporains tels que les crises migratoires et l'extrémisme politique. Son objectif est de transformer la structure d'exclusion du camp en un lieu d'intégration et de «rappeler que les tragédies peuvent se reproduire et que les actes comptent»[1].
Ce lieu de dimension régionale, nationale et internationale aura différentes missions:
la recherche historique, la restitution et le partage de cette connaissance avec les publics, sous forme d’expositions temporaires, de publications, de colloques, de conférences, etc.
un travail pédagogique et éducatif afin de diffuser la connaissance et de susciter un questionnement sur les thématiques présentées et la relation entre histoire et mémoire(s): visites guidées, ateliers, documents pédagogiques, etc.
une approche sensible et différente grâce à l’art et à la culture qui permettent d’interroger l’histoire et la mémoire: expositions, résidences d'artistes, concerts, projections de films, etc.
Le visiteur se voit proposer un parcours à l’intérieur du mémorial, dans la salle d'exposition permanente, ainsi qu’un parcours en plein air dans le camp, au milieu des vestiges laissés en l’état et des baraques, consolidées ou reconstituées pour certaines.
Investissement culturel, mémoriel et pédagogique, ce bâtiment est également touristique et économique dans le sens où le Mémorial est un des outils de l'attractivité du territoire.
Un Conseil Scientifique pluridisciplinaire, présidé par Denis Peschanski (historien, chercheur au CNRS et président du conseil scientifique du Mémorial du Camp de Rivesaltes), est responsable du contenu historique et scientifique du Mémorial.
Après plusieurs années d'attente, les travaux de construction du Mémorial ont démarré en . L'ouverture du site s'est déroulé le , après l'aménagement des intérieurs et notamment l'installation de l'exposition permanente qui occupe une large partie de la surface du bâtiment. L'architecte Rudy Ricciotti a remporté le concours de maîtrise d’œuvre et a conçu le projet, en collaboration avec le cabinet audois Passelac & Roques, comme «une proposition très exacte entre site, territoire et mémoire».
Le projet architectural met l'accent sur l'intégration dans le paysage et la préservation de l'histoire du camp[1].
Quelques chiffres
D'une surface de 4 000 m2, le Mémorial est érigé au cœur de l'ancien îlot F du camp, au milieu des constructions existantes qui sont inscrites à l'inventaire supplémentaire des Monuments historiques et dont l’authenticité est préservée.
Le bâtiment, monolithe semi enterré, s’étend sur 200 mètres de long, 20 mètres de large et 4 mètres de haut. Le bâtiment repose dans la terre, son point le plus bas sera au niveau du sol et le point le plus haut, plus de 200 mètres plus loin, ne dépasse pas les baraques.
Il compte:
1 000 m2 dédiés à une exposition permanente,
400 m2 dédiés aux expositions temporaires,
un auditorium de 160 places,
des salles pédagogiques,
un centre de documentation,
un espace de restauration,
une boutique.
Vendredi , lors de sa séance plénière, le conseil régional Languedoc-Roussillon a approuvé la création du fonds de dotation du Mémorial du Camp de Rivesaltes. Les membres de son conseil d’administration ont également été nommés. Anne Lauvergeon assurera la présidence, Agnès Tixier assurera les fonctions de trésorière et Gérard Maurice assurera les fonctions de secrétaire. Le siège social du fonds de dotation se situe au 14 rue Pierre-Cartelet à Perpignan.
Ce nouvel outil juridique, ayant une structure plus souple que la fondation reconnue d'utilité publique, il est capable de s'adapter aux volontés des grands donateurs comme des particuliers. Les mécènes sont les partenaires du Mémorial.
Treize chibanis harkis, œuvres de Serge Vollin, textes de Fatima Besnaci-Lancou[6], du 30 juin 2020 au 31 janvier 2021.
Josep Bartoli, les couleurs de l'exil, du 23 septembre 2021 au 19 septembre 2022[7].
Gaétan Nocq, récits des camps, du 01 octobre 2022 au 29 janvier 2023[8].
Michael Kenna, une mémoire photographique, du 10 mars au 1er octobre 2023[9].
Anne Grynberg, «Les camps de la honte»: les internés juifs des camps français 1939-1944, La Découverte, Paris, 1999
Friedel Bonhny-Reiter, Journal de Rivesaltes 1941-1942, Zoé, édition poche, 2010
Anne Boitel, Le Camp de Rivesaltes 1941-1942: du centre d’hébergement au «Drancy de la zone libre», Presses universitaires de Perpignan/Mare Nostrum, Perpignan, 2001
Joël Mettay, L’Archipel du mépris, histoire du camp de Rivesaltes de 1939 à nos jours, éditions Trabucaire, Perpignan, 2001
Castanier I Palau, Femmes en exil, mères des camps – Elisabeth Eidenbenz et la maternité suisse d'Elne (1939–1944)', éditions Trabucaire, 2008
Josep Bartoli, La Retirada, Exode et exil des républicains d'Espagne, Actes sud, 2009
Serge Barba, De la frontière aux barbelés, éditions Trabucaire, Canet, 2009
Gregory Tuban, Les Séquestrés de Collioure, éditions Mare Nostrum, Perpignan, 2003
Serge Klarsfeld, Les Transferts de juifs du camp de Rivesaltes et de la région de Montpellier vers le centre de Drancy en vue de leur déportation –, Paris, 1993
Henri Parens, Retour à la vie, éditions Tallandier, Paris, 2010
Mechtild Gilzmer, Camps de femmes, éditions Autrement, Paris, 2000
Serge Klarsfeld, Adieu les enfants, éditions Mille et une nuits, 2005
Emmanuel Filhol, La Mémoire et l’oubli, L’internement des Tsiganes en France, 1940-1946, L’Harmattan, Paris, 2004
Denis Peschanski, Les Tsiganes en France: 1939–1946, CNRS Éditions, Paris, 1994
Raymond Gureme, Interdit aux nomades, Éditions Calmann-Levy, 2011
Fatima Besnaci-Lancou, Des vies-62 enfants de harkis racontent, préface de Boris Cyrulnik, Les éditions de l’Atelier, Paris, 2010
Fatima Besnaci-Lancou, Benoit Falaize et Gilles Manceron, Les harkis - Histoire, Mémoire et transmission, Les éditions de l’Atelier, Paris, 2010
Tom Charbit, Les Harkis, La Découverte, Paris, 2006
Fatima Besnaci-Lancou, Treize chibanis harkis, Les éditions Tirésias, Paris, 2006
Fatima Besnaci-Lancou, Nos mères paroles blessées - Une autre histoire de harkis, Les éditions Zelliges, Paris, 2006
Fatima Besnaci-Lancou et Abderahmen Moumen, Les Harkis, Le Cavalier bleu, collection Idées reçues Paris, 2008
Jean-Jacques Jordi et Mohand Hamoumou, Les Harkis, une mémoire enfouie, Autrement, Paris, 2003
Fatima Besnaci-Lancou et Gilles Manceron, Les Harkis dans la colonisation et ses suites, Les éditions de l'atelier, 2008
Les Temps modernes no666 sous la direction de Fatima Besnaci-Lancou, Les harkis, les mythes et les faits (1962-2012), Les éditions Gallimard, Paris, 2011-2012