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orateur et homme politique athénien De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Lycurgue (en grec ancien Λυκοῦργος / Lukoûrgos), est un orateur et homme politique grec, du parti nationaliste et anti-macédonien (vers 390 Athènes, 324 av. J.-C.). Réputé incorruptible et admirateur de l'idéal de Sparte, il dirige la politique athénienne en assumant la magistrature, nouvelle à l’époque, de la direction des finances et des travaux publics, de 338 à 326 av. J.-C., dans des circonstances troublées, où il se révèle selon Jules Humbert et Henri Berguin un administrateur d'une activité méthodique et d'une probité sévère[1]. Outre son importante action dans ces deux domaines, il est aussi à l'origine d'une réforme imposant une sorte de dépôt légal, sous forme d'une copie officielle conservée aux archives, des pièces des trois grands tragiques grecs[2] : il a permis ainsi d’empêcher les modifications abusives apportées au texte par les acteurs, et à ce titre, il peut être considéré comme le codificateur du canon tragique[3].
Issu d’une vieille famille aristocratique athénienne, les Etéοboutades[4], mais rallié à la démocratie, son père, Lykophron est un riche citoyen athénien, son grand-père, Lycurgue, est assassiné en -403 puis honoré de funérailles publiques. Son arrière-arrière-arrière-grand-père, Lycurgue (Lykourgos), est stratège en -476/5, le grand-père de ce même Lycurgue, un autre Lykourgos, contribua à l'exil de Pisistrate en -556.
De son épouse, Calisto, fille d'Habron et sœur de Callias, trésorier de l'armée athénienne en -338/7, on lui connait trois fils :
Lycurgue suit dans sa jeunesse les leçons de Platon, puis d’Isocrate. Bouleute, il ne prend pas part à la bataille de Chéronée, et ne joue un rôle dans la politique de la cité athénienne qu'après la défaite de Chéronée en 338 face aux troupes de Philippe II de Macédoine. Il est élu en 338 avant notre ère à un poste nouvellement créé de contrôleur des finances - il occupe cette fonction pendant douze ans. Il meurt vers 324 à Athènes.
Le trait particulier de la « période lycurguéenne » - de la bataille de Chéronée en 338 à sa mort - est la diversité et le fort contingent des actions politiques attestées dans la vie politique de la cité : un grand nombre de réformes, de constructions publiques, de mesures de consolidation des finances et de l’économie athénienne. Si l’on voit dans Lycurgue l’instigateur de tout ce mouvement, d’autres citoyens athéniens ont œuvré dans ce même sens.
En tant que trésorier, Lycurgue était chargé de remettre de l’ordre dans les finances d’Athènes, durement affectées par la guerre contre Philippe II de Macédoine. On estime généralement qu’il réussit à porter le montant annuel des revenus de l’État à 1 200 talents. C’est une somme considérable qui représente plus de deux fois et demi le montant annuel que recevait la cité au Ve siècle par les États membres de l’empire athénien. Il reste qu’on ne sait pas vraiment comment Lycurgue a augmenté à ce point les revenus de la cité[6]. Mais on peut penser que la reprise de l'activité minière et la remise en fonction d’anciennes galeries abandonnées ont apporté beaucoup à l’accroissement des revenus. La hausse des revenus s'explique aussi par les fermages supplémentaires venant du territoire récemment conquis d’Oropos, ainsi que par la confiscation des biens des citoyens condamnés (notamment lors des procès intentés par Lycurgue) ou encore par l’augmentation de certaines taxes commerciales comme celles qui taxaient les biens à l’importation et à l’exportation de 2 % de la valeur de la marchandise. Si les citoyens athéniens ne payaient pas d’impôt direct, les métèques payaient, eux, globalement 10 talents par an finançant ainsi les arsenaux et les chantiers navals. Lycurgue faisait également beaucoup appel aux souscriptions publiques ; l’accroissement des recettes correspond également à une diminution des dépenses publiques avec notamment la suppression des fonds du théôrique (allocations permettant aux plus pauvres d’assister aux fêtes officielles et aux représentations théâtrales).
Depuis Périclès, Athènes n'avait jamais connu une activité aussi étendue dans le domaine de la construction. C'est également la dernière fois qu'Athènes peut poursuivre des travaux de grande envergure seule. La muraille des fortifications est alors consolidée[7], le port élargi, un arsenal édifié. En , on inaugure le nouveau stade panathénaïque construit par Lycurgue. Celui-ci pourvoit également le théâtre de Dionysos d'un nouveau dispositif de gradins en pierre. Le lieu de réunion de l'assemblée, sur la Pnyx, voit ses travaux terminés sous Lycurgue en Un temple en l'honneur d'Apollon Patrôos est érigé sur l'agora. Enfin on peut noter la construction d'un portique de 50 m de long ornant le sanctuaire d'Asclépios ou encore le monument de Lysicrate.
La bonne gestion des finances par Lycurgue permet également à la cité de remettre sur pieds son armée et sa marine. Le nombre de navires de guerre croît alors d'année en année. La loi d'Épikratès concernant l'éphébie et permettant une meilleure préparation de la jeunesse athénienne à l'exercice militaire est également rendue possible par les finances saines de la cité. Enfin on peut noter la proposition en 335 de Lycurgue, de concert avec Aristonicos, d'envoyer une escadre combattre les pirates sous le commandement de Diotimos. Cette opération connut vraisemblablement un véritable succès puisque l'année suivante, Lycurgue proposa d'honorer Diotimos. La remise sur pied des finances athéniennes par Lycurgue après la défaite de Chéronée a permis la construction de nouveaux édifices publics, un embellissement de la cité et un rétablissement des forces terrestres et maritimes.
Certains historiens comme Patrice Brun remettent en cause cette vision de la période comme de celle d'une ère de Lycurgue ; si Lycurgue est pour beaucoup responsable du redressement financier d'Athènes après la défaite de Chéronée, il n'a dans ce sens pas agi seul : le fait que la figure de Lycurgue soit à ce point magnifiée peut s'expliquer, selon Patrice Brun, par le fait qu'il fallait mettre en avant une figure anti-macédonienne et patriote à la restauration de la démocratie en 307, après dix ans de domination macédonienne. Lycurgue convenait alors parfaitement et Stratoclès proposa alors un décret en faveur de Lycurgue. Le décret de Stratoclès de 307 av. J.-C.[8] fait presque disparaître une autre figure de la politique athénienne, Démade. Le patriotisme de Lycurgue est alors préféré à la subtilité de la politique de Démade à l'égard d'Antipatros. Les mérites de Démade sont en fait occultés et rangés au crédit de Lycurgue si bien qu'aujourd'hui encore on peut entendre parler d'ère lycurguéenne. Pourtant sans réduire l'action de Lycurgue dans le domaine de la finance, « il est impératif de ne pas faire de Lycurgue une sorte de grand organisateur ayant seul autorité et ayant couvert de sa seule volonté Athènes de constructions prestigieuses » selon Patrice Brun[9].
On conserve des fragments de plusieurs plaidoyers de Lycurgue ainsi qu'un de ses plaidoyers dans son intégralité, le Contre Léocrate[10]. Ce sont tous des plaidoyers prononcés dans des procès politiques, des γραφαί / graphè dont un grand nombre d’ εἰσαγγελία, / eisangélie, procédure de mise en accusation d'un magistrat devant l'assemblée, procédure exceptionnelle pour haute trahison, qui n'est normalement utilisée que lorsque l'on ne peut pas attendre la reddition de compte. On trouve en particulier :
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