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Loi fondamentale d'Israël De Wikipédia, l'encyclopédie libre
La loi Israël, État-nation du peuple juif, adoptée le par la Knesset, est l'une des lois fondamentales d'Israël.
Pays | Israël |
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Langue(s) officielle(s) | Hébreu |
Type | Loi fondamentale |
Législature | XXe |
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Gouvernement | Benyamin Netanyahou (4) |
Adoption |
Lire en ligne
Texte en hébreu publié par Wikisource
Texte anglais publié par la Knesset
Cette loi, à caractère constitutionnel, définit Israël comme « l’État-nation du peuple juif », précisant que « le droit d'exercer l'auto-détermination au sein de l'État d'Israël est réservé uniquement au peuple juif ».
Elle reprend par ailleurs des éléments déjà inclus dans la déclaration d’indépendance de 1948 ou dans les lois fondamentales précédentes telles que la loi de Jérusalem, place au niveau des lois fondamentales les symboles de l'État d'Israël tels que le drapeau ou l'hymne national.
L'opposition politique à ce texte de loi lui reproche principalement de discriminer les habitants de l’État d'Israël en fonction de leur appartenance religieuse, en privilégiant les droits des juifs par rapport aux non-juifs.
Selon Samy Cohen, directeur de recherche émérite à l'Institut d'études politiques de Paris, la loi trouve son inspiration dans le projet porté en 2011 par Avi Dichter, député du parti Kadima qui a fini par rejoindre le Likoud et qui définit l’État d’Israël comme le « foyer national du peuple juif qui réalise son aspiration à l’autodétermination conformément à son patrimoine culturel et historique[1] ».
Adoptée le par la Knesset (par 62 voix contre 55 et deux abstentions[2]) avec le soutien du premier ministre Benyamin Netanyahou (Likoud)[3], dans un contexte de concurrence idéologique avec son ministre de l’éducation Naftali Bennett du parti d’extrême droite Le Foyer juif[2], cette loi est définie comme une des Lois fondamentales faisant office de constitution d'Israël[4]. Elle regroupe des éléments déjà inclus dans la déclaration d’indépendance de 1948 ou d’autres lois (tels que le drapeau d'Israël, son hymne national, le calendrier hébraïque), mais contient d'autres éléments plus sensibles comme la définition de Jérusalem comme la capitale « complète et unifiée » d’Israël, le déclassement de la langue arabe[5] qui était jusqu'alors deuxième langue de l'État en faisant de l'hébreu la seule langue d’État et l'encouragement au titre de « valeur nationale » au développement de communautés juives[6].
Les articles sont rédigés en hébreu. Le porte-parole du parlement israélien en a publié une traduction en anglais par la Dr Susan Hattis Rolef[7].
En se fondant sur cette traduction, voici le texte en français :
Cette loi ne mentionne aucun article relatif aux habitants arabes du pays ni sur le caractère démocratique du gouvernement[2]. Elle dispose que la langue arabe ne dispose plus du statut de « langue d'État » comme cela l'était auparavant mais bénéficiera d'un « statut spécial » à déterminer par la loi, alors qu'une des conditions posées par l'Organisation des Nations unies en 1949 lors de l'admission d'Israël était justement ce précédent statut[2].
Avant son adoption, au début de juillet 2018, le président israélien Reuven Rivlin critique la clause affirmant que « l’État peut autoriser une communauté, y compris les fidèles d’une seule religion ou les membres d’une seule nationalité, à établir une implantation communautaire séparée » qui, selon lui, « permettra[it] pratiquement à toutes les communautés, sans aucune limitation ou sans équilibre, d’établir une communauté sans Mizrahim [Juifs moyen-orientaux], sans ultra-orthodoxes, sans Druzes, sans membres LGBT ». Bien que Rivlin soit contredit par Avi Dichter, cette clause est amendée avant le vote de la loi[8],[9].
Avant la promulgation de la loi, le président de l'État d'Israël, Reuven Rivlin avait fait part de ses réserves quant à cette loi[10].
La cheffe de l'opposition à la Knesset, Tzipi Livni (du parti Hatnuah), n’a pas d’objection au texte déclarant qu’Israël est « le foyer national du peuple juif ». Elle ajoute que pour assurer que la loi reflète pleinement les principes fondateurs de l’Israël moderne, elle doit également inclure l’engagement d’Israël à « l’égalité pour tous ses citoyens »[11]. L'ancien député Yohan Plesner accuse les députés du Likoud d’avoir cherché à créer un clivage entre « patriotes et non-patriotes » par le biais de la loi et de son soutien inégal au sein de la Knesset[11].
Cette loi se heurte aussi à l'opposition des Israéliens arabes ou druzes[12],[13]. Pour le vice-président de la Knesset Ahmed Tibi (du parti Ta'al), bien qu'il existât déjà « plus de cinquante dispositions législatives qui ne discriminaient que ses citoyens non juifs », la nouvelle loi fondamentale fonde « une théocratie qui a bâti un État comportant deux systèmes séparés : un pour la population privilégiée, les Juifs, et un pour les citoyens palestiniens arabes de seconde classe (...) Israël est officiellement devenu un régime d'apartheid fondé sur la suprématie juive[14] ». Le , plus de 50 000 personnes participent à une manifestation organisée par les leaders de la communauté druze qui affirment que cette loi « les réduit à des citoyens de seconde catégorie »[15]. Le , à l’initiative d’organisations représentant la minorité arabe, des milliers d’Arabes israéliens manifestent à Tel-Aviv[16].
Le , l'assemblée Assembly of Catholic Ordinaries of the Holy Land (sous couvert du Patriarcat latin de Jérusalem) a demandé au gouvernement d'abroger la loi : « Jérusalem et la Terre sainte forment un héritage commun que le chrétiens partagent avec les juifs, les musulmans, les druzes et les baha’is, un héritage que nous sommes appelés à protéger contre toute division et toute dissension interne[17] ».
Au , la Cour suprême a reçu trois pétitions lui demandant de rejeter la loi qui serait discriminatoire. La ministre de la justice, Ayelet Shaked prévient d’un « séisme » si la Cour Suprême y donnait suite car c'est la Knesset qui définit les lois fondamentales et que les juges doivent interpréter les lois en respect de ces lois fondamentales[18]. Une requête est déposée auprès de la Haute cour par les organisations arabes israéliennes[19].
À l'appel de cinquante deux députés de l'opposition, une session extraordinaire de la Knesset concernant cette loi a lieu le [20],[21] durant laquelle la cheffe de l'opposition a proposé d'adopter la Déclaration d’indépendance en tant que loi fondamentale en remplacement de la loi votée le [22].
Dans l'ensemble, la presse israélienne se montre réservée vis-à-vis de la loi, à l'exception d'Israel Hayom, quotidien gratuit généralement vu comme partisan de la politique de Benyamin Netanyahou[23].
Dans son éditorial, le quotidien français Le Monde y voit la promotion d'une « vision ethnicisante de la société ». Si dans sa version initiale[10], le texte permettait à une communauté homogène, juive, de ne pas accepter en son sein une personne extérieure, l’article modifié donne cependant une valeur constitutionnelle à l’établissement de municipalités peuplées uniquement de Juifs. Selon Le Monde, la Cour suprême d'Israël pourrait ainsi valider juridiquement des situations de discrimination contre des membres des minorités arabe ou druze[24].
Alors que la Déclaration d'indépendance du 14 mai 1948 précisait que l'État d'Israël assurerait « une complète égalité de droits sociaux et politiques à tous ses citoyens, sans distinction de croyance, de race ou de sexe » ainsi que « la pleine liberté de conscience, de culte, d'éducation et de culture », la nouvelle loi fondamentale réaffirme le caractère juif de l'État, sans rappeler son caractère démocratique et inquiète ceux qui y voient la légitimation future d'inégalités entre citoyens juifs et non-juifs[2]. Pour Samy Cohen, la Loi sur l'État-nation du peuple juif contredirait ainsi la Déclaration d’indépendance de 1948 et romprait « l’équilibre délicat qui s’était instauré autour de la définition de l’État juif et démocratique »[1].
Le président turc Recep Tayyip Erdoğan qualifie Israël d'État « le plus fasciste du monde »[23].
Aux États-Unis, Richard B. Spencer, meneur historique de l'alt-right, se félicite de la loi et estime qu'Israël montre le chemin à l'Europe contre « l’ordre social multiculturel »[23]. Inversement, The New York Times publie une tribune du président du Congrès juif mondial, Ronald Lauder où celui-ci déclare que la loi porte atteinte au sentiment d’égalité et d’appartenance des Druzes, des chrétiens et des musulmans citoyens d’Israël[25].
Le leader du parti travailliste britannique Jeremy Corbyn déclare que « la loi sur l’État-nation promue par le gouvernement de Nétanyahou discrimine la minorité palestinienne d’Israël. Je soutiens les milliers de citoyens arabes et juifs d'Israël qui manifestent ce week-end à Tel-Aviv pour des droits égaux »[26].
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