La ligue du Bien public[1] est une coalition de grands vassaux du roi de France, incluant notamment Charles de France, frère du roi, et Charles le Téméraire, fils aîné du duc de BourgognePhilippe le Bon, en vue de lutter contre la politique autoritaire de Louis XI. Le conflit qui débute en mars 1465, aboutit à une guerre de à .
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En 1461, LouisXI succède à CharlesVII. Il prend des mesures d'autorité qui réduisent les prérogatives de la haute noblesse. Notamment, le duc Jean II de Bourbon, favori de CharlesVII, disposant de beaucoup d'influence au Conseil du roi, perd cette prérogative au profit de conseillers roturiers ou de petite noblesse.
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Le est publié un manifeste dont les auteurs déclarent vouloir remédier au «désordonné et piteux gouvernement»[2]. La coalition projette d'installer à sa place un régent, qui serait le faible Charles de France (18 ans).
LouisXI, qui bénéficie du soutien efficace de Gaston IV de Grailly, comte de Foix et de Béarn, dispose d'une armée de 30 000 hommes. Dès le début des hostilités, en et , il marche contre le Bourbonnais, au centre du pays. Puis il entame une course vers la capitale, les armées bretonne et bourguignonne s’étant donné rendez-vous à Saint-Denis, début . Avant qu'elles ne puissent joindre leurs forces, le roi choisit d'affronter l'armée bourguignonne conduite par le comte de Charolais. Le choc se produit à Montlhéry, au sud de Paris, le . Les péripéties de la bataille sont confuses et son issue suffisamment indécise pour que les deux partis s'attribuent la victoire: le comte de Charolais, parce qu'il est resté maître du terrain, LouisXI, parce qu'il a fait reculer l'armée bourguignonne, avant de prudemment ordonner une retraite stratégique pendant la nuit et de ramener à Paris une armée «victorieuse» (bien que son oncle le comte du Maine ait fui le champ de bataille avec un tiers des troupes royales). Le roi peut ainsi raffermir son autorité chancelante dans la capitale.
Néanmoins, LouisXI sort globalement affaibli de l’affrontement, d'autant qu'il n'a pu empêcher la jonction, le , des armées bourguignonne et bretonne, bientôt rejointes par les comtes d’Armagnac et d’Albret et le duc de Lorraine.
Entré dans Paris le , LouisXI y organise la défense. Le siège est mis devant Paris par les féodaux. LouisXI sort de la ville le , rejoint Rouen d’où il rallie une partie du royaume et assemble des provisions, qu’il fait parvenir à Paris le , avec une armée puissante en renfort. Une trêve est signée le , n'empêchant pas les ligueurs de prendre Pontoise et Rouen. Les combattants des deux bords ne savent trop comment en finir. LouisXI feint de s'incliner.
LouisXI fait la paix avec les ligueurs à travers trois traités, qui permettent que, comme l'écrit Philippe de Commynes, «le bien public [soit] converti en bien particulier».
Traité de Conflans (5 octobre)
Le traité de Conflans est conclu avec le comte de Charolais et Charles de France.
Il rend au duc de Bourgogne, représenté par son fils le comte de Charolais, les villes de la Somme, avec le droit pour le roi de racheter ces villes aux héritiers de Bourgogne.
LouisXI ravage le château de Chaumont de Pierre d'Amboise pour punir le ralliement de la famille d'Amboise à la ligue du Bien public. Le roi pardonne quatre ans plus tard et fournit même une partie des fonds nécessaires à la reconstruction de Chaumont;
en , Charles de France, déjà aux prises avec le duc de Bretagne, ne peut faire face à LouisXI et perd la Normandie. Il s’enfuit à la cour de Bretagne;
Jacques d'Armagnac, duc de Nemours et comte de la Marche, s'était déjà vu accorder plusieurs fois un pardon complet de la part de LouisXI. En 1475, indigné d'une nouvelle trahison, ce dernier le fait assiéger et prendre dans son château de Carlat, transporter à la Bastille, juger et décapiter en place publique à Paris en 1477.
En 1468, Charles le Téméraire forme une nouvelle ligue avec Charles de France, Jean d’Alençon et FrançoisII de Bretagne et le soutien d'Édouard IV d'Angleterre. Mais LouisXI, fort du soutien des états généraux réunis à Tours en avril[3], réussit à séparer FrançoisII et Charles de France des ligueurs (traité d'Ancenis).
Ligue du Bien public, page 188 dans Histoire des Français de Théophile Lavallée, historien et professeur de statistique à l'école spéciale militaire de Saint-Cyr de 1832 à 1869.
«masquant leurs intérêts féodaux, que LouisXI veut abolir, sous un nom d'intérêt général»Jean Débordes, Les Mystères de l'Allier: histoires insolites, étranges, criminelles et extraordinaires, Éditions de Borée, , 467p. (lire en ligne), p.205.
Loïc Cazaux, «Une étude comparée sur la guerre civile au XVesiècle: les révoltes princières de la Praguerie, du Bien public et de la guerre folle», dans Olivia Carpi (dir.), Guerres et paix civiles de l'Antiquité à nos jours: les sociétés face à elles-mêmes, Villeneuve-d'Ascq, Presses universitaires du Septentrion, coll.«War Studies» (no1), , 332p. (ISBN978-2-7574-2355-4, DOI10.4000/books.septentrion.127752), p.75-88.
Réédition: Paul Murray Kendall (trad.de l'anglais par Éric Diacon), LouisXI: l'universelle araigne [«LouisXI: The Universal Spider»], Paris, Pluriel, coll.«Pluriel», , 702p., poche (ISBN978-2-8185-0428-4).
Jacques Krynen, «1465: LouisXI perd le pouvoir», dans Marie-Bernadette Bruguière (dir.), Prendre le pouvoir: force et légitimité, Presses de l'Université Toulouse Capitole, coll.«Études d'histoire du droit et des idées politiques» (no6), , 346p. (ISBN978-2-36170-179-6, lire en ligne), p.101-117.
Élodie Lecuppre-Desjardin, «Avant un an, il s'en repentira. L'argumentaire bourguignon déployé à la veille de la guerre du Bien public. Petite étude sur la prise de décision à la fin du Moyen Âge», Publications du Centre européen d'études bourguignonnes, vol.57 «Rencontres de Münster (-): Les cultures de la décision dans l'espace bourguignon: acteurs, conflits, représentations», , p.157-166 (DOI10.1484/J.PCEEB.4.2017032).
Michel Rimboud, «La paix du Bien public: démesure et marchandages (août-)», dans Philippe Contamine et Olivier Guyotjeannin (dir.), La guerre, la violence et les gens au Moyen Âge, vol.1: Guerre et violence, Paris, Éditions du CTHS, , 366p. (ISBN2-7355-0328-3), p.333-344.
Michel Rimboud, «Un épisode décisif de la guerre du Bien public: le passage de la Seine à Moret par les armées bourguignonne et bretonne, -», dans Patrick Gilli et Jacques Paviot (dir.), Hommes, cultures et sociétés à la fin du Moyen Âge: Liber discipulorum en l'honneur de Philippe Contamine, Paris, Presses de l'Université de Paris-Sorbonne, coll.«Cultures et civilisations médiévales» (no57), , 413p. (ISBN978-2-84050-845-8, présentation en ligne), p.293-306.