Remove ads
peinture de Jan van Eyck De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Les Époux Arnolfini est le nom donné à une peinture sur bois (82,2 × 60 cm) du peintre primitif flamand Jan van Eyck datant de 1434, conservée à la National Gallery de Londres.
Artiste | |
---|---|
Date |
1434 |
Civilisation | |
Type |
scène d'intérieur avec double portrait |
Technique |
huile sur panneau de chêne |
Dimensions (H × L) |
82,2 × 60 cm |
Mouvement | |
Propriétaire | |
No d’inventaire |
NG186 |
Localisation | |
Inscription |
Johannes de eyck fuit hic 1434 |
Peu de choses sont connues du tableau avant qu'il ne rejoigne la National Gallery de Londres.
« Un grand tableau qu'on appelle Hernoul-le-Fin avec sa femme qui fut donné à Madame par Don Diégo, les armes sont en la couverture dudit tableau. Fact du peintre Johannes[1],[N 1]. »
« Un autre tableau fort exquis qui se clot à deux feuillets, où il y a peint un homme et une femme, étant debout, touchant la main l'un de l'autre, fait de la main de Johannes, les armes et devise de feu Don Diego est dit deux feuillets. Nommé le personnage : Arnoult fini[3]. »
« Une image qui représente un homme et une jeune femme unissant leurs mains comme s'ils étaient en train de se faire une promesse de mariage. Il y a beaucoup de choses écrites et aussi ceci : « Promittas facito, quid enim promittere laedit ? Pollicitis dives quilibet esse potest »[7],[8]. »
« Une peinture sur bois avec deux portes qui se ferment, un cadre en bois doré et des vers d'Ovide inscrits sur le cadre de la peinture, qu montre une femme allemande enceinte, vêtue de vert, serrant la main d'un jeune homme ; ils semblent se marier de nuit, et les vers déclarent qu'ils se trompent l'un l'autre et les portes sont peintes en faux marbre[N 3] : prix, seize doublons[10]. »
Le tableau représenterait Giovanni Arnolfini[19], riche marchand toscan établi à Bruges (portant un pourpoint noir et une huque de velours violet doublée de fourrure), et son épouse Giovanna Cenami (portant une robe bleue, une huve blanche, un surcot vert bordé de fourrure grise[20]), un petit chien aux pieds, car le sujet exact du tableau est un sujet de discussion pour les historiens de l'art. Selon Erwin Panofsky, il s'agirait du mariage des deux personnages, célébré en privé, et dont Van Eyck serait le témoin (l'autre témoin étant l'homme dans le miroir) et le peintre. La main gauche de la femme, posée sur un ventre rebondi, annoncerait qu'elle est déjà enceinte (hypothèse spéculative car la taille de sa robe correspond à la mode de l'époque[21]), ce qui expliquerait le mariage en secret. Le tableau serait un document juridique attestant de ce mariage, d'où la signature grandiloquente au-dessus du miroir (calligraphiée en mauvais latin, il est écrit « Johannes de Eyck fuit hic 1434 »). Cependant, cette théorie est aujourd'hui assez controversée[22]. En effet, il fut établi en 1997 que les époux Arnolfini ne s'étaient mariés qu'en 1447 soit six ans après la mort de Van Eyck. Il n'en reste pas moins que cette peinture est considérée comme une des œuvres majeures de l'artiste. Il s'agit de l'un des plus anciens portraits non hagiographiques conservés. En outre, par son réalisme, la peinture livre de nombreux détails sur les conditions de vie matérielle de l'époque. Le tableau représente le couple en pied dans la chambre, l'homme tenant la main de la femme. La pose est hiératique et solennelle, ce qui se comprenait lorsque l'hypothèse du mariage avait cours ; certaines critiques y ont plutôt vu une marque d'ironie de la part du peintre.
Ce portrait est une peinture à l'huile sur panneau de bois de chêne. La peinture à l’huile utilise des pigments naturels, minéraux ou végétaux réduits en poudre, comme colorants, de l’huile de lin ou de l'huile d'œillette comme liant, de l'essence de térébenthine comme solvant ainsi que diverses autres résines naturelles assurant la pérennité du tableau[23]. Les avantages de la peinture à l’huile sont la souplesse et la résistance.
Les frères van Eyck utilisèrent la technique associant des résines transparentes, durables et souples, à l'huile. Jan démontre ici toute sa richesse, appliquant de grandes surfaces de couleurs vives, notamment les tentures et le dessus de lit ou le manteau vert de l’épouse. L’huile présente plusieurs avantages sur les techniques à l’eau comme la tempera utilisées jusque-là par les peintres. Transparente, elle permet un meilleur rendu de la profondeur et de la lumière; plus consistante, elle permet une finition plus minutieuse; séchant plus lentement, elle peut se travailler de façon plus méticuleuse.
La souplesse de la couche picturale autorisera par la suite le montage sur châssis (et non plus sur panneau) et donc des formats plus grands.
Une foule de formes symboliques entourent le couple. En voici quelques-unes et quelques interprétations possibles :
De plus, lorsque l'on regarde attentivement le miroir, on peut remarquer que, dans le reflet, les époux ne se tiennent pas la main et que le chien (qui est un symbole de fidélité) a disparu. Cela pourrait signifier que le couple est en réalité infidèle ; le reflet nous montrerait donc l'envers du décor.
L’œuvre est le fidèle reflet des caractéristiques stylistiques des primitifs flamands, mais surtout illustre parfaitement le style de son auteur. On notera particulièrement :
Il existe un portrait en buste de Giovanni Arnolfini peint en 1438 par van Eyck et conservé à la Gemäldegalerie de Berlin.
Giovanni, fils d'Arrigo Arnolfini, né à Lucques vers 1400, s’installa à Bruges vers 1421, les archives de Bruges contiennent la trace d’une grande vente de soie et chapeaux qu’il y effectua le . Vers 1423 il vendit au duc de Bourgogne une série de six tapisseries avec des scènes de Notre Dame pour un cadeau au pape. En 1431, il devint conseiller aulique de Philippe le Bon, puis chambellan et majordome de Charles le Téméraire. Il fut anobli en 1462. En 1446, il accorda un prêt au duc et celui-ci en contrepartie lui accorda la ferme des droits de douane sur les marchandises importées d’Angleterre par la suite renouvelée pour six années supplémentaires.
Il épousa Giovanna Cenami (morte en 1480[33]) d’une famille de banquiers de Lucques installée à Paris. Le tableau pourrait représenter les fiançailles ou le mariage et correspondre ainsi au principe du tableau de mariage.
Les Arnolfini habitaient à Paris, rue de la Verrerie, dans le quartier Saint-Jacques-la-Boucherie. Giovanni entretint des relations cordiales avec le Dauphin, futur Louis XI, qui s’assura la collaboration de Giovanni dès sa montée sur le trône. Louis XI nomma Giovanni conseiller et garde des finances de Normandie et accorda en 1465 la nationalité française à Giovanni, ce qui facilita les relations avec la République de Lucques, qui prêta d’importantes sommes au Roi. Il mourut le et fut enterré dans la chapelle des marchands lucquois à Bruges.
Sa femme et lui léguèrent tous leurs biens à Jean Cename, seigneur de Luzarches, leur neveu[34].
Une autre hypothèse est que le commanditaire est Giovanni di Nicolao Arnolfini, le cousin de Giovanni di Arigo Arnolfini. Homme endeuillé, il aurait fait réaliser le tableau en titre posthume à sa femme, ce qui expliquerait les couleurs du deuil en noir et violet : grand chapeau noir, pourpoint noir, huque de velours violet bordée et doublée de martre zibeline, chausses noires, fines bottines noires, anneau d'or serti d'une pierre noire au second doigt[35]. Selon l'historienne de l'art Margaret Koster, de nombreux détails suggèrent que le tableau est bien un hommage funèbre de Giovanni di Nicolao Arnolfini à feu son épouse Costanza Trenta morte en couches : les dix médaillons autour du miroir représentant les scènes de la Passion, ceux illustrant la mort de Jésus étant tournés vers la femme[36] ; l'unique chandelle, symbole de la vie, curieusement allumée en plein jour, alors que du côté de la femme, de fines coulures de cire figées sur le fût d'une des branches du chandelier attestent qu'une chandelle fut là ; la patenôtre aux 29 perles translucides[37], accrochée au mur, évoquant la récitation du chapelet par le mari priant pour le salut de l'âme de son épouse ; sur un montant du lit, le portrait de sainte Marguerite, patronne des femmes enceintes[38].
Par ailleurs, la pièce, les bougies, le lit et la fenêtre pourraient évoquer l'ambiance chaleureuse annonçant une future grossesse, cadre fréquent des scènes religieuses d’Annonciation[39].
Le tableau fait partie des « 105 œuvres décisives de la peinture occidentale » constituant le musée imaginaire de Michel Butor[40].
Seamless Wikipedia browsing. On steroids.
Every time you click a link to Wikipedia, Wiktionary or Wikiquote in your browser's search results, it will show the modern Wikiwand interface.
Wikiwand extension is a five stars, simple, with minimum permission required to keep your browsing private, safe and transparent.