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langue commune à des peuples ayant des langues différentes De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Une langue véhiculaire est une langue ou un dialecte servant systématiquement de moyen de communication entre des populations de langues ou dialectes maternels différents, tout particulièrement lorsqu'il s'agit d'une langue tierce, différente des deux langues natives. Elle se distingue de la langue vernaculaire, communément utilisée au sein d'une population, sachant qu'une langue peut être à la fois vernaculaire et véhiculaire : par exemple l'anglais au Royaume-Uni et à l'étranger.
Une langue véhiculaire peut être un pidgin, un créole, mais aussi des langues comme le français ou l'anglais, ou encore parfois une langue liturgique entre des communautés multilingues liées par une même religion.
Par métonymie, on emploie parfois les termes de « koinè » ou de « lingua franca »[1] pour parler des langues véhiculaires en général, même si ces dernières sont en fait des langues véhiculaires singulières.
Ces facteurs sont pluriels, à la fois d'ordre géopolitique, étatique, démographique, économique et linguistique, expliquant l'importance et la différenciation des taux de véhicularité.
Historiquement les grandes langues véhiculaires ont été diffusées par de grands empires qui imposent une langue dominante administrativement. Cette langue très souvent va minoriser, voire se substituer aux langues vernaculaires existantes : le grec et l'empire d'Alexandre le Grand, le latin et l'empire romain, le chinois, le hindi-ourdou, l'arabe. À partir des découvertes de l'imprimerie en Occident, puis de l'Amérique, le français, l'espagnol, le portugais, l'anglais, l'allemand, le russe vont se diffuser largement dans leurs empires respectifs. Ces neuf dernières langues vivantes font partie des douze premières langues parlées dans le monde. Les autres sont le japonais, l'indonésien et le bengali.
L'ONU et la grande majorité des organisations spécialisées rattachées reconnaissent six langues de travail : anglais, français, russe, chinois, espagnol, et arabe dans l'ordre chronologique de reconnaissance. Ce sont les langues de travail reconnues par la Société des Nations (français, anglais, espagnol), celles des vainqueurs de 1945 (russe, chinois), ou bien celles parlées dans un grand nombre d'États (arabe).
Dans les organisations macro-régionales aussi, quelques langues prédominent. Ainsi :
L'anglais a été jusqu'ici le principal bénéficiaire de la mondialisation économique et culturelle diffusé dès le XIXe siècle par l'Empire britannique et au XXe siècle principalement par la puissance hégémonique américaine. La technologie moderne a démultiplié son influence.
L'anglais est dominant dans les différents domaines clé de la communication internationale, économique (commerce, finance), politique, militaire, culturel, scientifique, éducatif, médiatique.
L'anglais est extrêmement présent dans le système éducatif de nombreux pays où la langue nationale est peu parlée, par exemple les pays baltes. Beaucoup de cours universitaires y sont donnés en anglais. Les formations supérieures des pays anglophones de naissance sont les plus recherchées.
De plus, d'après Robert Phillipson, « il y a une forte demande pour l'anglais, liée à son utilisation dans la publicité et par les médias vantant le succès, le pouvoir d'influence, le consumérisme et l'hédonisme. La mobilité géographique dans le travail, les liens internationaux toujours plus importants et les mariages interculturels renforcent un modèle de changement de langue vers les langues dominantes, particulièrement l'anglais »[2].
La communication en anglais est asymétrique, entre ceux pour qui il est la langue maternelle (6 % de la population mondiale) et ceux pour qui il est une langue étrangère ou une deuxième langue.
Les deux cents États reconnaissent 141 langues officielles à caractère national, dont environ vingt-cinq dépassent les cinquante millions de locuteurs. Dans la majorité des cas, une langue est privilégiée par chaque État. Plusieurs États diffusent une langue nationale unifiée en partie construite et simplifiée comme l'indonésien, le chinois mandarin. Un État peut reconnaître un statut égal à plusieurs langues, comme en Belgique ou en Suisse.
Les langues des minorités nationales peuvent avoir un statut relativement bien reconnu (comme en Afrique du Sud ou au Canada), ou non (Turquie). Dans beaucoup d'États, des langues minoritaires ne sont pas reconnues et elles ont souvent tendance à s'amenuiser, voire à disparaître.
Le statut des langues va influer sur leur transmission par l'éducation. Dans l'enseignement primaire et secondaire, il y aura souvent, comme en Afrique subsaharienne, l'enseignement d'une langue régionale, d'une langue nationale et d'une langue plurinationale.
Le poids démographique des langues est un facteur très important. Il dépend des expansions impériales et des politiques étatiques. La croissance démographique beaucoup plus rapide dans les pays en développement depuis 1950, du fait de la transition démographique haute et plus tardive est un facteur très important de dynamisme . Le poids de certaines langues s'est fortement accru depuis un siècle : espagnol et portugais en Amérique latine, chinois, hindi-ourdou, indonésien en Asie ; l'arabe en Afrique du Nord et en Asie Occidentale ; l'anglais, le français, le swahili, le haoussa, etc. en Afrique subsaharienne ont aussi fortement augmenté le nombre de leurs locuteurs.
La population urbaine du monde dépasse les 50 % depuis 2008 et approchera les deux tiers en 2050. La mobilité urbaine[3] s'accompagne de la diffusion des langues véhiculaires régionales, nationales et internationales. La maîtrise des langues véhiculaires favorise l'insertion économique et sociale.
Compte tenu des facteurs précédents, quelques langues, peu nombreuses, ont un taux élevé de véhicularité supérieur à 1, soit le ratio nombre de locuteurs langue seconde / nombre de locuteurs langue première. Ce taux est supérieur à 1 par exemple pour le français et l'anglais, mais aussi pour certaines langues africaines comme le swahili, ou encore pour l'indonésien.
Le français servit de langue véhiculaire pour l'aristocratie européenne du XVIIe siècle jusqu'à la fin du XIXe siècle (ainsi, les enfants des principales familles princières d'Europe étaient élevés en français et les aristocrates russes correspondaient fréquemment entre eux en français) et est toujours utilisé dans de très nombreux pays francophones d'Afrique et de l'océan Indien.
De plus, le français a été la langue de la diplomatie en Europe depuis les traités de Westphalie en 1648, où il a supplanté le latin, jusqu'à un condominium avec l'anglais lors du traité de Versailles (1919). En conséquence, le français est encore l'une des langues de travail des institutions internationales (telles que le Comité international olympique, l'Assemblée parlementaire de l'OTAN, l'Organisation mondiale de la santé, l'Organisation des Nations unies, le Bureau international du travail, l'Union postale universelle, la Fédération internationale d'escrime, l'Office européen des brevets, l'Office de l'Union européenne de la propriété intellectuelle), et est utilisé comme langue de travail de facto, avec l'allemand et l'anglais, de l'Union européenne.
On la trouve aussi dans des documents allant des passeports aux courriers postaux.
Le français était aussi la langue utilisée dans les villes cosmopolites éduquées de la moitié nord de l'Afrique comme Le Caire (Égypte) vers le tournant du siècle jusqu'à la Seconde Guerre mondiale. Le français est encore une langue véhiculaire dans beaucoup de pays d'Afrique de l'Ouest et d'Afrique centrale (où il jouit souvent du statut de langue officielle), une conséquence de l'époque coloniale de la France et de la Belgique. Ces pays africains, avec plusieurs autres pays de par le monde sont membres de la francophonie.
Le malais est la langue d'échange parlée dans les ports de l'archipel indonésien et de la péninsule Malaise depuis au moins le XVe siècle, époque du rayonnement du sultanat de Malacca sur la péninsule Malaise. C'est sans doute Antonio Pigafetta (1491-1534), marin et chroniqueur de Magellan, qui a rédigé le premier dictionnaire de cette langue. Il est possible que le malais, originaire de Sumatra, ait été une langue d'échange entre cette île et celle de Java à l'époque de la puissance de la cité-État de Sriwijaya (aujourd'hui la ville de Palembang dans le sud de Sumatra), car on a retrouvé dans le centre de Java des inscriptions en malais remontant au VIIe siècle apr. J.-C. Le colonisateur hollandais utilisait le malais pour s'adresser aux locaux. La jeunesse nationaliste, réunie en congrès en 1928, baptisera solennellement le malais « indonésien » et langue nationale de la future république d'Indonésie, en adoptant l'alphabet latin dès 1928. De nombreuses modifications du vocabulaire différencient ensuite les deux langues.
Le malais est également la langue nationale du sultanat de Brunei et de la Malaisie, et une des langues officielles de la république de Singapour (pourtant beaucoup moins véhiculaire là que le mandarin et l'anglais).
Le haoussa est une des principales langues commerciales d'Afrique de l'Ouest. Il est parlé par environ 50 millions de personnes, principalement au Nigeria (20 millions de locuteurs), au Niger (5 millions) ainsi qu'au Ghana, au Cameroun, au Tchad et au Soudan. Il est aussi parlé dans de nombreuses grandes villes de commerce.
Le haoussa est une langue officielle au Nigeria et une langue nationale au Niger.
Le kiswahili est une langue vernaculaire bantoue, originaire du sud du Kenya, qui s'est ensuite métissée à d'autres langues africaines et à l'arabe. Elle joue de nos jours un rôle important comme langue véhiculaire dans toute l'Afrique de l'Est. Le préfixe « ki- » signifie « langue » et « swahili » désigne la côte : le kiswahili est donc la « langue de la côte ».
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