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cadre de travail adapté à la recherche scientifique (lieu dotée d'équipements scientifiques, ou par extension la structure sociale associée) De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Un laboratoire de recherche ou une unité de recherche est une structure sociale constituée donnant un cadre de travail aux chercheurs. Il peut être affilié à une université, à un musée, ou à un organisme de recherche scientifique (en France, par exemple, un EPST comme le CNRS). Ce terme est employé sans impliquer nécessairement que des travaux de laboratoire y soient menés (il existe par exemple des laboratoires de recherche en mathématiques, en linguistique ou en sciences sociales).
Selon les pays et les organismes, un laboratoire peut aussi être dénommé centre, département ou unité de recherche[réf. nécessaire] et peut désigner des structures plus ou moins grandes. Cet article s'intéresse aux aspects communs des laboratoires, à savoir le cadre de travail mis en place dans la recherche scientifique.
Dans le cas de laboratoires de recherche et développement au sein d'une entreprise privée, le mode de fonctionnement et de prise de décision est très différent de celui décrit ici. Une entreprise privée, ou un autre acteur comme une association, peut cependant également comprendre un laboratoire de recherche du type de ceux décrit ici, généralement sous forme d'un institut ayant une certaine autonomie, et souvent en association avec une université ou un autre partenaire dont le métier principal est la recherche.
Le laboratoire de recherche est le cadre le plus immédiat de la vie scientifique, permettant à des chercheurs travaillant sur des problématiques voisines d'interagir. Le laboratoire ou des équipes constituées en son sein, organisent des séminaires scientifiques, des chercheurs extérieurs sont invités à venir présenter leurs travaux.
Il peut également abriter des dispositifs expérimentaux, gérer des ressources informatiques, et fournir un soutien administratif aux chercheurs.
Malgré la notion sous-jacente du laboratoire comme un espace confiné pour les experts[1], le terme est également appliqué aux espaces d'ateliers tels que les Living Labs, Fab Labs, ou les Hackerspaces, dans lesquels les gens se réunissent pour travailler sur des problèmes de société ou créer des prototypes, travailler en collaboration ou partager des ressources[2],[3],[4]. Ce développement s'inspire de nouvelles approches de Sciences participatives et s'appuie sur des méthodes de conception centrées sur l'utilisateur comme Innovation ouverte[5]. Dans ce cas, on parle de laboratoires ouverts[6]. Cependant, chercheurs comme Albrecht Fritzsche notent que le travail dans les laboratoires ouverts diverge considérablement du travail dans les laboratoires de recherche conventionnels[7]. Certains laboratoires ouverts ne doivent en aucun cas être pris au sérieux comme des laboratoires de recherche[8].
Les personnels travaillant dans un laboratoire diffèrent selon les types de laboratoires, et peuvent de multiples statuts et appartenance. Les personnels des établissements publics scientifiques et technologiques sont :
Selon les pays et les spécificités du laboratoire de recherche, certains types de personnels seront plus ou moins présents, voire absents de l'unité. Les chercheurs sont parfois regroupés en équipes de recherche internes aux laboratoires, avec un domaine de recherche plus spécifique.
Les modes de recrutement varient grandement selon les pays et le statut de la recrue. La principale source de complexité vient du fait que la plupart des personnels ne sont pas payés par l'unité de recherche elle-même, mais par des organismes extérieurs (universités, agences de financement de la recherche) qui, selon les cas, vont laisser plus ou moins de latitude à l'unité de recherche dans le recrutement.
À une extrême, une université peut recruter un enseignant-chercheur en se basant sur des considérations d'enseignement seulement, en particulier s'il se trouve que le laboratoire de recherche concernée par le recrutement n'est pas représenté dans la commission de recrutement. C'est notamment un cas possible en France. À une autre extrême, une agence de financement peut confier, sur la base d'un projet, une enveloppe financière correspondant à une ou plusieurs années de salaire à un chercheur, qui a alors la possibilité de recruter qui bon lui semble (dans le respect de règles imposées par l'organisme de tutelle du laboratoire de recherche, qui sera en définitive l'employeur effectif de la recrue). Ce système est commun dans les pays anglo-saxons. Tous les systèmes intermédiaires sont possibles, y compris le recrutement par une commission complètement extérieure au laboratoire et à l'organisme de la personne recrutée, comme cela se fait par exemple au CNRS en France ou pour les Research councils britanniques. Dans ce dernier cas cependant, le recrutement s'appuie sur un dossier préparé de façon coordonnée par le candidat et son unité d'affectation.
Défini par le ministère, le recrutement endogène (recrutement local ou interne) désigne le recrutement d'un candidat ayant obtenu son doctorat dans l'établissement pour un poste de maître de conférences, et d'un maître de conférences de l'établissement pour un poste de professeur des universités.
Il a été observé que les laboratoires ont tendance à recruter les gens qu'ils ont formés : 18 % chez les maîtres de conférences et 48 % chez les professeurs des universités en 2018[15]. Cette pratique est débattue au sein de la communauté scientifique. Pour certains, un recrutement endogène important peut limiter le brassage des idées apportées par des recrues externes au laboratoire[16],[17]. Pour d'autres, le recrutement endogène permet de bénéficier à long terme des compétences de docteurs brillants et assidus formés au sein de l'unité. Ils estiment que les petites structures pourraient être désavantagées en cas de limitation du recrutement endogène. Les meilleurs docteurs formés partiraient vers de plus grosses structures[18].
Pour tenter de donner naissance à une prise de conscience de ce problème, la société de mathématiques européenne soutient l'initiative suédoise de publier un indice de mobilité académique (AMI en anglais). L'AMI d'un établissement est la proportion de ses chercheurs et enseignants-chercheurs qui ont obtenu leur plus haut grade alors qu'ils travaillaient dans un autre établissement (par exemple, grade de docteur, ou de professeur)[19]. Certaines universités s'imposent des quotas limites de recrutements endogènes. À l'université Grenoble-Alpes, il était par exemple de 23 % en 2015 et des règles de mobilités ont été mises en place[20].
D'un autre côté cette mobilité internationale ou nationale forcée est porteuse d'effets induits pas toujours envisagés et pourtant très importants. Sur le plan intellectuel tout d'abord, le brassage mène également à une moyennisation épistémologique peu porteuse en sciences humaines. Au niveau personnel, l'injonction à la mobilité a de nombreuses conséquences sur l'organisation de la vie des chercheurs (difficulté à maintenir une relation affective à longue distance, difficulté d'être séparé de sa famille…).[Interprétation personnelle ?] La poursuite des inégalités hommes-femmes à l'université a lieu précisément au moment des post-doctorats, soit au moment où la mobilité devient la norme. Les femmes imposent moins souvent que les hommes les déménagements dans d'autres pays, et ainsi elles restent minoritaires au sein des professeurs d'université[21],[22].
Les laboratoires et structures de recherche peuvent obtenir des statuts labellisés à la suite d'évaluations par différents organismes.
En France, les laboratoires de recherche sont affiliés à un ou plusieurs établissements d'enseignement supérieur, appelés « tutelles », et/ou un organisme de recherche (EPST) comme le CNRS, l'INSERM, l'INRAE, l'CNES, etc. Au Royaume-Uni, ils peuvent dépendre d'un research council, tandis qu'aux États-Unis, il peut s'agir d'un national laboratory. Les établissements de tutelle sont en général les employeurs de la plus grande partie des personnels. Ils sont également les responsables légaux des unités, détiennent les comptes bancaires, sont généralement propriétaires ou gestionnaires des locaux, etc. Ils sont alors la seule entité disposant de la personnalité juridique, le laboratoire de recherche étant considéré comme un service partagé de ses établissements de tutelle. Ceci explique qu'ils disposent d'un fort pouvoir sur les laboratoires, ce qui est parfois perçu, à tort, comme une ingérence.
Du fait de l'importance des activités d'enseignements pour une partie des personnels, les laboratoires universitaires sont souvent liés à une faculté d'enseignement (par exemple, en France, la structure des UFR).
Les unités, structures et pôles peuvent être labellisés Laboratoire d'excellence (Labex).
Pour être évalués, les laboratoires doivent au préalable avoir été accrédités par la commission recherche de son établissement support (université, école supérieure, etc.). Ils obtiennent alors un identifiant qui permet de les répertorier dans les bases de données des ministères et organismes de tutelles. Cet identifiant est composé du sigle du label et d'un numéro d'identification, par exemple UR no 1905[23]. Ils peuvent s'appeler :
Les structures fédératives de recherche (SFR) sont des regroupements de laboratoires ayant des objectifs de développement de projets communs et de mutualisation des équipements. Elles doivent être validées par le ministère et peuvent ensuite être accréditées ou non par un organisme de recherche. Elles peuvent s'appeler[23] :
Les pôles désignent des regroupements de compétences dans des domaines scientifiques donnés. Ils sont de types et de terminologies variés et ont des degrés de reconnaissance très divers comme le montrent les quelques exemples ci-dessous[31] :
Le laboratoire de recherche gère les aspects financiers de la recherche, excepté les salaires de la plupart des personnels, qui sont versés directement par leur établissement d'affectation (université, CNRS, etc.).
Le coût des recherches peut être très différent selon les disciplines, depuis les mathématiques ou l'histoire, qui n'exigent que peu d'équipement jusqu'à la biologie, la chimie, ou certaines branches de la physique où les expériences et les équipements nécessaires peuvent être extrêmement coûteux.
Une autre source de dépense vient des frais de déplacement, pour des congrès scientifiques ou des invitations de chercheurs extérieurs.
Dans les pays développés, il existe depuis quelques décennies une tendance à l'association entre les laboratoires de recherche, l'industrie, et les universités, sur des territoires géographiques. Cette forme de développement a pris comme modèle la Silicon Valley en Californie.
On appelle ces partenariats des clusters, aux États-Unis, ou des pôles de compétitivité en France.
En France, plusieurs laboratoires du Commissariat à l'énergie atomique et du CNRS participent à des pôles de compétitivité, en fonction de leurs compétences.
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