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« Panenthéisme », (du grec Grec πᾶν (pân) « tout » ; ἐν (en) « dans » ; et θεός (theós) « Dieu » ; « tout est en Dieu »)[1] est un terme forgé par le philosophe allemand Karl Christian Friedrich Krause (Vorlesungen über das System der Philosophie, 1828) pour désigner sa propre doctrine théologique qui entendait servir de médiation entre panthéisme et théisme, et qui fut par la suite utilisé pour désigner toute tentative analogue[2],[1].

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Définition

Le panenthéisme est un système de croyance qui postule que le divin existe et interpénètre toutes les parties de la nature, mais que, dans le même temps, il se déploie au-delà d'elle. On distingue le panenthéisme du panthéisme qui tient que le divin est tout entier dans l'univers, sans lui être ni extérieur, ni supérieur[3],[1].

Dans le panenthéisme, l'univers et le divin ne sont pas ontologiquement équivalents. Dieu n'est pas considéré comme le créateur ou le démiurge, mais plutôt comme la force éternelle qui anime l'univers, celui-ci n'étant rien d'autre que la partie manifeste de Dieu[1]. L'univers existe à l'intérieur même de Dieu qui, à son tour, est diffusé en chaque partie du cosmos ou se trouve en lui[1]. Tandis que le panthéisme affirme que « Tout est Dieu » et que Dieu possède la même portée ou les mêmes limites spatiales ou séquentielles que le cosmos, le panenthéisme va plus loin en déclarant que Dieu est plus grand que l'univers et que ce dernier est contenu en Lui[1],[3] comme dans le concept de Tsimtsoum. Dieu est à la fois l'influence suprême qui agit sur l'univers, tout en étant le résultat de celui-ci[1]. Une bonne partie de la pensée hindoue est une expression de panenthéisme et de panthéisme[4],[5]. Le judaïsme hassidique relie l'idéal élitiste de renoncement ascétique à un panenthéisme transcendant paradoxal, par le biais de l'articulation intellectuelle entre les dimensions intérieures de la Kabbale et l'emphase populaire sur l'immanence panenthéiste de Dieu en toute chose et en tout acte de bonté[réf. nécessaire].

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Dans l'hindouisme

Le Brahman est un concept provenant à l'origine des Védas. C'est un principe divin panenthéiste puisqu'à la fois transcendant et immanent. Il est l'indescriptible, le neutre, l'inépuisable, l'omniscient, l'omniprésent, l'original, l'existence infinie, l'Absolu, l'Éternel, l'Être, et le principe ultime qui est sans commencement et sans fin, – dans l'univers entier[6].

Certains courants de l'hindouisme peuvent être considérés comme panenthéistes[7].

L'hindouisme est la religion qui a transmis une culture panenthéiste, de la préhistoire jusqu'à nos jours. Ce faisant, toute création est divine. Chaque chose dans la Nature est donc digne de culte : une plante (culte des arbres, dendrolâtrie), un animal (zoolâtrie, dont particulièrement la vache sacrée), une rivière (comme le Gange), une montagne, une pierre ou des fabrications humaines comme un pot représentant la Déesse-Mère, etc.[8]. Chaque chose peut être reconnue comme étant Dieu[8]. Ainsi, Mata Amritanandamayi explicite cette vision moniste du monde et des êtres en ces termes :

« En modelant l'argile, nous pouvons sculpter un âne, un cheval, une souris ou un lion. Le nom et la forme ont beau être différents, en réalité, ce n'est que de l'argile. Il faut abandonner notre habitude de percevoir l'univers au travers de noms et de formes diverses. En réalité, c'est le principe unique suprême qui s'est transformé pour prendre toutes ces formes. Tout est Dieu. Il n'existe rien qui ne soit Dieu. »

 Tout est en vous, paroles d'Amma, éditions Points, page 151 (ISBN 978-2-7578-5032-9).

D’ailleurs, dans les lieux de pèlerinages hindous ou simplement dans un endroit sauvage, etc., les divinités prennent une forme cultuelle simplement en leur sculptant une paire d’yeux et une paire de mains dans la roche brute : les yeux représentent les organes des sens, et les mains, les organes de l’action, deux symboles traduisant que la divinité est consciente, sensible et éveillée[8].

Pour les sages de l'Inde, l'Univers est le moyen à travers lequel le Divin se présente lui-même ; d’où le fait que – pour l’hindouisme – chaque élément de cet Univers peut servir de fenêtre exemplaire sur Dieu[8]. Dieu créa le monde par le biais de Brahmā, le maintient grâce à Vishnou, et le détruira en tant que Shiva, et tout cela cycliquement, infiniment. Selon une légende du Ganga Mahatmya, un jour, Shiva commença à chanter. Vishnou – tant ému par la mélodie produite par la voix de Shiva – se mit à fondre littéralement. Brahmâ déposa Vishnou, liquéfié, dans un pot qui se révélait être la Terre. Vishnou prit ainsi la forme du Gange, nourrissant la terre, et rendant ainsi la baignade dans les eaux du Gange pareille à une ablution au sein même de Dieu[8].

Le Brahman (l'Âme universelle, l'Absolu) est Tout, quoique tout ce qui compose les univers n'est pas Absolu ; par conséquent, l'immanence divine n'induit pas que tout se vaut, il y a une hiérarchie liée à la purification (pureté liée à l’Ahimsâ ou Non-violence universelle), permettant à l'âme individuelle, prisonnière du cycle des réincarnations (samsâra), de s'unir à l'Être suprême (Ishvara), qui est la Délivrance (Moksha) par dissolution de son ego (grâce aux divers yoga), en dépassant sa condition humaine, animale, ou végétale, source de souffrances, enfermée dans le Devenir/Temps. Mais ce panthéisme n'engendre pas un dogmatisme rigide sur les questions cultuelles ou métaphysiques, puisqu'il n'exclut ni le polythéisme (le Divin peut se révéler de différentes façons, il est Multiple), ni le monothéisme (le Divin est Un, voire aussi transcendant)[9] : par exemple, le philosophe hindou Madhva, fondateur de la doctrine du Dvaita, distinguait bien Dieu (reconnu en Vishnou uniquement), les âmes individuelles (des créatures) et le monde corporel, s'opposant ainsi à toute équivoque panthéiste.

Les philosophes qui affirment qu'il existe une réalité divine qui préside au destin du monde, considérant par conséquent que la nature et les conditions humaines sont une manifestation de Dieu, représentent le panthéisme acosmique « tout est en Dieu » ou panenthéisme (le divin est à la fois absolu et relatif). Dieu est considéré comme l'acteur divin qui joue simultanément les innombrables rôles des hommes, des animaux, des plantes, des étoiles et des forces naturelles.

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Dans les Amériques (Amérindiens)

Les peuples amérindiens d'Amérique du Nord, tels que les Cris, les Iroquois, les Hurons, les Navajos, etc. avaient et continuent d'avoir une conception largement panenthéiste de Dieu, considéré, à la fois, comme immanent à la Création et transcendant par rapport à elle[1]. Les auteurs amérindiens utilisèrent, pour traduire le mot Dieu, des expressions comme « le Grand Mystère » ou « L'Autre Sacré »[1]. L'une des exceptions pourrait être celle des Cherokees modernes qui semblent, d'une manière prédominante, monothéistes[10]. Cependant, dans les anciennes traditions cherokies, beaucoup soulignent des aspects à la fois panthéistes et panenthéistes, embrassant des traditions spirituelles diverses, sans exclusivité et sans contradiction, comme c'est le cas d'autres tribus d'Amérique la plupart des peuples amérindiens d'Amérique du Sud étaient largement panenthéistes, de même que l'étaient les anciens Asiatiques du Sud-Est ou les cultures africaines[1].

Si l'on en croit Charles C. Mann[11], seules les classes inférieures de la société aztèque étaient polythéistes. Les écrits des prêtres aztèques s'avèrent fortement panenthéistes et considèrent la mythologie commune comme une simplification symbolique, plus facile à saisir par les gens du commun. La métropole de Teotihuacán qui, en nahuatl, signifie « le lieu où les hommes deviennent des dieux » « n'était autre que l'endroit où le serpent apprenait miraculeusement à voler ; c'est-à-dire où l'individu atteignait la catégorie d'être céleste par l'élévation intérieure ». Cette cité « […] évoque le concept de la divinité humaine »[12]. Les aztèques avaient développé une école philosophique particulièrement importante, ayant produit beaucoup plus de textes que les Grecs eux-mêmes[11]. Le Teotl est le principe divin ou numineux fondamental régissant absolument tout l'univers[13],[14].

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En Europe

Voir aussi

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