Kong (Côte d'Ivoire)
sous-préfecture de Côte d'Ivoire De Wikipédia, l'encyclopédie libre
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Kong est une ville du nord-est de la Côte d’Ivoire, située à proximité du parc national de la Comoé. Cette ancienne ville marchande fut détruite par Samory Touré en 1897 puis reconstruite.
Kong | |||
La mosquée de Kong en 2002 | |||
Administration | |||
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Pays | Côte d'Ivoire | ||
District | District des Savanes | ||
Région | Tchologo | ||
Département | Kong | ||
Maire | Berte Aboudramane Tiemoko | ||
Géographie | |||
Coordonnées | 9° 09′ 02″ nord, 4° 36′ 37″ ouest | ||
Localisation | |||
Géolocalisation sur la carte : Côte d'Ivoire
Géolocalisation sur la carte : Côte d'Ivoire
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Kong émergea en tant que place commerciale lorsque les marchands du Mali commencèrent à faire du commerce sur le territoire peuplé par les Sénoufos. La zone entre Kong et Dabakala serait la zone originelle où les commerçants mandé firent venir les Dioulas, qui s'installèrent à partir du XIIe siècle.
L'explorateur français Louis-Gustave Binger écrit concernant la fondation de Kong : « [...] Kong aurait été fondée à la même époque que Djenné (1043-44). Ce n'est pas impossible, mais j'en doute fort, car dans aucune histoire arabe, il n'est fait mention de l'existence de cette ville, et les premiers voyageurs qui révèlent l'existence de montagnes à Kong et d'un pays portant ce nom sont : Mungo-Park et Bowdich. Barth, lui, parle de l'existence d'une ville de Kong »[1].
Les marchands dioula transformèrent Kong en un marché transfrontalier où l’on échangeait des marchandises du désert du nord, comme le sel et le textile, contre celles des forêts du sud (noix de cola, or, esclaves). Tandis que la prospérité de Kong croissait, ses premiers maîtres, du clan Traoré (Tarawéré), firent la synthèse des traditions dioula et sénoufo et étendirent leur autorité sur les régions avoisinantes.
En 1710, Sékou Oumar Ouattara (1665c-1745), un guerrier dioula, envahit la région et conquit la ville de Kong grâce à l'avantage procuré par sa cavalerie. Sous son autorité, la ville passa du statut de petite ville-Etat à celui de capitale du puissant empire de Kong, qui dominait une grande partie de la région.
Louis-Gustave Binger y entre le et y est accueilli très cordialement[2]. Il y rencontre le roi Karamokho-Oulé Ouattara et le chef de la ville, Diarawary Ouattara[3], ennemis de Samory.
Il décrit ainsi la cité : « La ville n'est pas bâtie régulièrement. Les ruelles sont tortueuses et étroites. Sur quelques petites places il y a un ficus, un dattier ou un bombax couronné de nids de cigognes ; çà et là, on trouve aussi des terrains vagues desquels on a extrait de la terre à bâtir... »[4]. La ville possède alors cinq mosquées ayant chacune deux minarets et Binger estime la population à 15 000 habitants. Les musulmans qu'il rencontre sont très tolérants[5] et le commerce très actifs. Il décrit aussi les mœurs, l'habillement des filles et des femmes, les divertissements, les usages, l'organisation policière, les coiffures, etc.[6], la religion et l'instruction[7].
Il quitte la ville le lundi avec une lettre de recommandation de Karamokho-Oulé[8].
Binger, lors de son voyage retour y revient le samedi . Il y rencontre alors Marcel Treich-Laplène : « L'émotion que je ressentis est difficile à décrire. Je tombai dans les bras de ce brave compatriote, qui, à peine remis d'un long séjour à la Côte de l'Or, s'était spontanément offert pour aller me ravitailler. Il m'apportait, en plus d'une lettre de ma mère, des nouvelles de quelques bons amis, qui me firent oublier toutes mes fatigues et privations »[9].
Binger quitte Kong le [10].
Au début de juin 1897, Samory Touré s'empare de la ville qu'il ravage puis franchit le Comoé pour Noumoukiédougou[11]. Kong est prise le 25 janvier 1898 par le lieutenant Demars et sa grosse centaine d'hommes (2e compagnie du régiment de tirailleurs Soudanais) qui y sont assiégés pendant 13 jours par 3000 sofas[11]. Les sofas sont finalement défaits grâce à l'arrivée des renforts (200 tirailleurs) du commandant Caudrelier[11]. La ville passe ainsi sous le contrôle colonial français[11].
Bien que la ville ne joua plus qu'un rôle très secondaire dans la région, la Mosquée du Vendredi de Kong survécut et la ville fut en grande partie reconstruite dans le style architectural sahélien[12].
Depuis trente ans, la famille de l'actuel président Ouattara domine sans partage la vie politique locale[13]. Aux législatives de 2016, un des frères du président, Téné Birahima Ouattara, a recueilli 99,76 % des suffrages. Lors de l'élection présidentielle, en 2015, seuls 15 bulletins sur 14 438 ne désignaient pas Alassane Ouattara[13].
Après Gaoussou Ouattara (1995-2013) et Téné Birahima Ouattara (2013-2018), le président a choisi de confier la mairie à Berté Abdrahamane Tiémoko, qui a gagné avec 99,75 % des voix[14],[13]. Natif de la ville et très proche du chef de l’État, il est le directeur de l’IPS-CGRAE, la caisse générale de retraite des fonctionnaires. Il est le premier maire à ne pas appartenir à la famille du président[13].
Kong a été érigée en chef-lieu de département[13].
Les trois quarts de ses habitants s’appellent Ouattara[13].
Dans le passé, Kong fut un carrefour commercial important dans les échanges d'or, de noix de cola, de bétail, de poisons séchés, de céréales et d'esclaves[15].
Au début du siècle dernier, les habitants ont refusé que le train des colons passe par Kong. Le chemin de fer a donc été construit à 90 km plus à l’ouest, à Ferkessédougou, qui a du coup pris le pas sur Kong. Celle-ci est désormais une ville marginalisée, une petite bourgade endormie de quelques milliers d’âmes[13].
Le lundi est le grand jour de marché à Kong[16] qui attire les habitants des villages environnants[17].
Dès le milieu des années 80, des Lobi, venus de l'extrême nord-est de la Côte d'Ivoire, se sont installés pour planter l'igname à quelques kilomètres de Kong. Les Dioulas l'ont accepté, tout comme, déjà auparavant, la venue des Palakas, planteurs de tabac. Toutefois, dix ans plus tard, les habitants de Kong sont largement minoritaires au sein de leur circonscription, les Lobi, à eux seuls, étant désormais cinq fois plus nombreux qu'eux[18].
A Kong, la religion islamique influe sur les fêtes et danses traditionnelles. 98% de la population est musulman[19].
Les danses à Kong : le Kouroubi, le Nayaou (danse que l’on rencontre dans toutes les cérémonies), le Sabé de Somana, le Djo de Sagara, le Frotomougou et la danse des Lobi, le « Bnan [20]».
Lors des grandes cérémonies, il y a aussi des masques sacrés qui sortent pendant la nuit et dont la vue est interdite aux femmes[15]. Les anciens, garants de la tradition, conservent encore jalousement cette pratique ainsi, outrepasser ces interdits conduit à l’infécondité.
La Détente est le seul maquis de la ville[13].
Pour aller à Kong, en provenance de Ferkessédougou, il a longtemps fallu deux bonnes heures sur une piste de latérite cahoteuse[13]. La route bitumée est désormais achevée.
Un projet de construction d'un aéroport a commencé à être officiellement évoqué en avril 2022. Selon les autorités, ce projet « permettra surtout de faciliter les opérations militaires dans le contexte de lutte contre le terrorisme que l’État a engagées dans cette partie du pays »[21].
Seules les deux mosquées soudanaises en pisé rappellent la grandeur passée de Kong[13]. Celles-ci, appelées la grande et la petite mosquée de Kong[22], ont été placées sur la liste du patrimoine mondial de l'humanité.
Kong fut l’une des grandes capitales de l’islam avec la construction des mosquées, des écoles coraniques et d’une grande Université islamique dont le seul vestige est un mur[23].
Un cimetière atypique, le « cimetière des Saints", se trouve dans la cour de la petite mosquée[24]. En effet, il a été construit pour accueillir les dépouilles des personnes pieuses ayant vécu à Kong.
Les vestiges de la case de Binger et aussi un espace qui lui est entièrement dédié sont dans la cour de la bibliothèque de Kong à proximité de la mairie[25].
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