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personnalité politique française De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Joseph-Jules-Julien Goujon ( à Épinal - à Paris 16e[1]), est un avocat, homme politique et auteur de pièce de théâtre français.
Julien Goujon | |
Gravure de Jean Légeron, La Cloche d'argent, | |
Fonctions | |
---|---|
Sénateur français | |
– (3 ans, 2 mois et 14 jours) |
|
Circonscription | Seine-Inférieure |
Successeur | Julien Rouland |
Député français | |
– (15 ans, 2 mois et 22 jours) |
|
Élection | 9 mars 1891 |
Réélection | 3 septembre 1893 22 mai 1898 27 avril 1902 |
Circonscription | Seine-Inférieure |
Législature | Ve, VIe, VIIe et VIIIe (Troisième République) |
Groupe politique | Républicains progressistes |
Prédécesseur | Lucien Dautresme |
Successeur | Isidore Maillé |
Conseiller général de la Seine-Inférieure | |
– (10 ans, 7 mois et 26 jours) |
|
Circonscription | Canton de Rouen-2 |
Prédécesseur | Émile Ferry |
Successeur | Jean Baudouin |
Conseiller général des Vosges | |
– (4 ans) |
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Circonscription | Canton de Xertigny |
Prédécesseur | Ambroise Doyen |
Successeur | Albert de Pruines |
Biographie | |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Épinal |
Date de décès | (à 57 ans) |
Lieu de décès | 16e arrondissement de Paris |
Nationalité | Française |
Résidence | Seine-Inférieure |
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Joseph Jules Goujon naît à Épinal le , fils de Joseph Jean Goujon, négociant, et de Sophie Doyen[2]. Julien sera son prénom d’appel, mais ne figure dans aucun des documents officiels le concernant. Pour une raison non élucidée, il quitte bientôt le département des Vosges pour venir s’installer à Rouen. Inscrit au lycée Corneille de Rouen, il poursuit des études supérieures de droit à Paris. Devenu avocat, il revient exercer à la cour d’appel de Rouen, dans le cadre de laquelle il mène durant de nombreuses années une brillante carrière, plaidant dans la plupart des grands procès criminels ou politiques qui s’y déroulent. On peut citer notamment l’affaire Pauline Delacroix, épouse Druaux (accusée en 1887 d’avoir empoisonné son mari et son beau-frère), innocentée après sept années de réclusion. À la suite d’un jugement favorable de la Cour de cassation, le , il obtient le renvoi devant les assises d’Amiens, qui accordent finalement à cette femme 40 000 francs de dommages et intérêts, une fortune pour l’époque. Dans l’affaire Émile Barbey, accusé du meurtre de sa servante Louise Bettencourt en 1904, il obtient une levée d’écrou et l’arrêt des poursuites contre son client[3]. Il publie aussi plusieurs ouvrages très spécialisés de jurisprudence, concernant les débits de boisson, le code rural, le code de commerce portugais (cf. Publications). Il continue à exercer son activité d’avocat durant toute sa carrière politique, et conserve un domicile rouennais au no 4 de la rue Neuve-Saint-Patrice. À Paris, il est domicilié au 26 rue de la Faisanderie.
Mandats à la Chambre des députés :
Sénateur du à son décès, le .
Le [4], il est élu conseiller général du département des Vosges, mais n’occupe que brièvement ce poste : il en démissionne en effet dès le mois d’. Il se lance véritablement en politique lorsqu’il se présente en 1891 devant les électeurs, à l’occasion d’une élection législative partielle dans la 2e circonscription de l’arrondissement de Rouen (incluant principalement la cité textile d’Elbeuf), à la suite de la démission de Lucien Dautresme, élu sénateur. Plusieurs candidats se trouvent en présence, dont Julien Goujon (passé du boulangisme à l’opportunisme) et David Dautresme, candidat radical, neveu de Lucien et directeur du Petit Rouennais. Au premier tour, le , Goujon arrive en tête avec 37 % des suffrages devant David Dautresme (28 %), Ernest Gahineau (19 %) et Lyonnais (8 %). Au second tour, le , Gahineau s’étant maintenu, Julien Goujon l’emporte avec 48 % des voix. Honni des socialistes, qui le surnomment « Julien l’Apostat » et lui reprochent d’être passé par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel « en commençant par le rouge… il est devenu rose, le voilà devenu blanc… et aujourd’hui recommandé par les gros industriels et même par le goupillon de M. le Cardinal Thomas »[5], il l’emporte à nouveau, avec beaucoup moins d’avance, le (au second tour) par 5 839 voix contre 5 229, toujours face à David Dautresme. En 1898, il ne peut faire campagne pour cause de maladie et fait distribuer gratuitement dans les cantons d’Elbeuf et de Grand-Couronne, les journaux qui le soutiennent : le Journal de Rouen, Le Nouvelliste de Rouen, la Croix de Rouen, Le Pèlerin, le Travailleur normand, l’Industriel elbeuvien, l’Indépendant (ancien Journal d’Elbeuf) et l’Avenir publié depuis quelques mois à Elbeuf en vue des élections ; l’Elbeuvien soutient au contraire les diverses candidatures républicaines. La campagne est marquée par une profusion d’affiches, de manifestes, circulaires etc. Au second tour, le , Julien Goujon est devancé à Elbeuf et Caudebec-lès-Elbeuf par Dautresme, mais l’emporte à nouveau sur le total des deux cantons, avec seulement 10 voix d’avance (6 475 contre 6 465), à la suite d’une campagne électorale acharnée où chaque camp accusa l’autre de fraude[6]. Il est réélu une dernière fois en 1902 par 7 506 voix contre 6 574 toujours face à David Dautresme. Inscrit au groupe des républicains progressistes, il s’oppose à la Chambre au Bloc des gauches. En 1906, il n’obtient au scrutin de ballottage que 6 754 voix contre 6 976 à son adversaire elbeuvien Isidore Maille (sur 13 785 votants). Tout au long de ces années, sa popularité dans la circonscription a donc progressivement décliné.
Julien Goujon, qui dispose également d’un domicile parisien, s’adonne très sérieusement à ses fonctions parlementaires, et dépose de très nombreuses propositions de lois (jusqu’à cinq par an en 1897 et 1898, cinq encore et deux projets de résolution en 1901). Il se préoccupe surtout des questions judiciaires et de législation industrielle et ouvrière. Il prend la parole dans la discussion du tarif général des douanes, du budget de la presse, des lois ouvrières (sécurité des travailleurs, réduction des heures de travail, travail des enfants et des femmes dans les manufactures). Lors de la séance du , il intervient par exemple longuement à la Chambre dans la discussion du projet de loi relatif aux responsabilités des accidents dont les ouvriers sont victimes dans leur travail, déjà adopté par le Sénat. Il fait l’éloge de la proposition de loi que Martin Nadaud, député ouvrier de la Creuse, avait déposé en 1880. « Elle était claire, elle était courte, elle était égale pour tous, elle était équitable (…) elle accordait à l'ouvrier victime d'un accident professionnel une réparation adéquate au préjudice qu'il avait éprouvé ; elle répondait enfin aux sentiments manifestés par les ouvriers dans leurs congrès (…) elle demandait le renversement de la preuve au profit de l'ouvrier, et, par voie de conséquence, la simplification de la procédure. » Pourtant, il est fréquemment chahuté par l’extrême gauche[7]. Il vote contre la loi sur le droit d'association. Il n'a pas pris part au vote sur la loi de séparation des Églises et de l’État, étant absent par congé, mais est intervenu à plusieurs reprises dans la discussion préalable à l’adoption de la loi du , observant que les sanctions relatives aux « écarts de parole ou d’écrit » qui seraient commis par des ministres d’un culte étaient plus lourdes que celles que fixait la loi sur le droit de réunion ou exposant la nécessité, pour un culte, de disposer de « moyens matériels » ; d’après lui, supprimer ces moyens permettant « de faire face aux dépenses » revenait en effet à supprimer le libre exercice promis[8].
Après sa défaite aux élections législatives de 1906, Julien Goujon parvient encore à se faire élire sénateur, le , au deuxième tour de scrutin, par 788 voix sur 1 469 votants. Un déséquilibré ayant tenté d'assassiner, en pleine séance au Palais-Bourbon, le président du Conseil, Aristide Briand, il propose la motion suivante : « Le Sénat indigné de l'attentat dirigé contre M. le président du Conseil et dont M. Mirman a été victime, leur adresse à tous deux l'expression de sa vive sympathie », approuvée à l’unanimité[9].
En 1895, Julien Goujon lance une discussion à la Chambre sur la question du théâtre lyrique[10]. Il s’intéresse également de près au budget des Beaux-Arts[11] et apparaît comme l’un des rares députés juristes véritablement spécialiste de la législation théâtrale. Parallèlement à ses activités d’avocat et de parlementaire, Julien Goujon est aussi, en effet, un homme de lettres. Il traduit brillamment, en vers français, une partie de l’œuvre du poète latin Juvénal. Mais il s’intéresse aussi beaucoup au théâtre – et l’on peut penser qu’il fréquenta assidûment les salles parisiennes pour se délasser des affaires politiques – publiant notamment une Histoire du théâtre en France ainsi qu’un Manuel à l’usage des directeurs. En 1875, il sollicite de Gustave Flaubert la permission de tirer une pièce de Madame Bovary. Flaubert lui répond par écrit : « Il m’est impossible, Monsieur, de vous accorder la permission que vous demandez, parce que j’ai plusieurs fois déjà refusé de laisser mettre Madame Bovary sur la scène. Je crois qu’il est impossible de tirer une pièce de mon roman. »[12] Julien Goujon écrit une autre pièce, jouée à Paris en 1879 : La fortune d'un autre. Il publie surtout plusieurs livrets d’opéra, dont Eros, créé à Rouen, au théâtre du Cirque, le , puis représenté au théâtre des Arts de Rouen, en , puis à nouveau au Théâtre-Lyrique de la Renaissance, à Paris, le ; Hermann et Dorothée (inspiré du célèbre roman de Goethe), opéra en trois actes et quatre tableaux, musique de Frédéric Le Rey, représenté au théâtre des Arts de Rouen en , avec pour principaux interprètes Degenne, ancien ténor de l'Opéra-Comique, et Mlles Mosca et Cholain) ; Marie Stuart (tiré de Friedrich von Schiller). Il travaille notamment avec les compositeurs Frédéric Le Rey et Rodolphe Lavello. Il a collaboré également à diverses revues : au Tam-Tam de Rouen, à Paris-Plaisir, et fonda Le Molière[13]. Il publia aussi un article sur Guy de Maupassant dans Le Pierre Corneille, éphémère revue mensuelle rouennaise, qui n’eut que quatre numéros, fondée par Alexandre Collignon, et dont il semble avoir été le rédacteur en chef. Sa bibliographie, dans laquelle alternent ouvrages juridiques, travaux parlementaires et œuvres littéraires, témoigne de cette foisonnante activité.
Cependant, atteint d’une « impitoyable maladie » de la moelle épinière qui l’oblige à marcher avec des béquilles, il meurt durant son mandat à Paris, le , au n°15 de la rue Gustave-Zédé, alors qu’il n’a pas encore 58 ans[14]. Il sera inhumé au cimetière monumental de Rouen. Il était veuf de Jeanne Isabelle Bessin.
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