Le Journal d'Anne Frank
livre composé d'extraits d'un journal intime tenu par Anne Frank De Wikipédia, l'encyclopédie libre
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Le Journal d'Anne Frank est le livre composé à partir du journal intime tenu par Anne Frank, une jeune fille juive allemande exilée aux Pays-Bas, lorsqu'elle se cache à Amsterdam pendant deux ans avec sa famille et quatre amis, au cours de l'occupation des Pays-Bas par l'Allemagne nazie.
Le Journal d'Anne Frank | |
Fac-similé du Journal d'Anne Frank exposé au Anne Frank Zentrum de Berlin en 2008. | |
Auteur | Anne Frank |
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Pays | Pays-Bas |
Préface | Daniel-Rops |
Genre | Journal autobiographique |
Version originale | |
Langue | Néerlandais |
Titre | Het Achterhuis. Dagboekbrieven 12 Juni 1942 - 1 Augustus 1944 |
Éditeur | Contact Publishing |
Lieu de parution | Amsterdam |
Date de parution | 25 juin 1947 |
Version française | |
Traducteur | Tylia Caren et Suzanne Lombard |
Éditeur | Calmann-Lévy |
Lieu de parution | Paris |
Date de parution | 1950 |
Nombre de pages | 368[1] |
ISBN | 2-253-00127-9 |
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Anne Frank a reçu son journal le et commence à l'écrire le jour même ; le journal s'arrête au mardi , quelques jours avant l'arrestation des huit personnes survenue le . Sept mois après son arrestation, Anne Frank meurt du typhus dans le camp de concentration de Bergen-Belsen, en . Son père, Otto Frank sera le seul survivant de la famille. Le journal d'Anne est récupéré par Miep Gies dans l'Annexe, dans les heures suivant l'arrestation des huit clandestins et de deux de leurs bienfaiteurs.
Quand Otto Frank, peu après son retour à Amsterdam en , apprend la mort d'Anne, Miep Gies lui remet le journal d'Anne qu'elle avait soigneusement conservé. Après avoir hésité, Otto Frank décide de le faire publier. Ce faisant, il réalise le vœu d’Anne : devenir un jour écrivain. La première édition en néerlandais paraît le [2],[3]
Le Journal d'Anne Frank a été traduit en plus de 70 langues[4]. Quelque 30 millions d'exemplaires ont été vendus[4] et il a donné lieu à des pièces de théâtre ainsi qu'à des films. Depuis 2009, il est inscrit au registre international de la « Mémoire du monde ». Dans le monde entier, des rues et des écoles ainsi que des parcs ont été baptisés Anne Frank.
Pour son treizième anniversaire le , Anne Frank reçoit un livre d'amitié et décide de l'utiliser comme journal intime. Elle commence à y écrire immédiatement. Lorsqu'elle écrit, elle s'adresse à « Kitty », une amie imaginaire. Trois semaines plus tard, la famille Frank va se cacher dans des pièces au-dessus et à l'arrière des bureaux de la société Opekta sur le Prinsengracht. Dans ces pièces (appelées l'Annexe), Anne passe beaucoup de son temps à écrire son journal. Jusqu'au printemps 1944, Anne écrit pour elle seule, jusqu'au moment où elle entend, à la radio de Londres, le ministre de l'Éducation du gouvernement néerlandais en exil dire qu'après la guerre il faudrait rassembler et publier tout ce qui avait trait aux souffrances du peuple néerlandais pendant l'occupation allemande. Frappée par ce discours, Anne décide de publier un livre après la guerre, son journal devant servir de base. Elle entame alors un travail de réécriture, corrigeant ou supprimant les passages qu'elle juge peu intéressants, et en ajoutant d'autres en puisant dans sa mémoire. Elle crée des pseudonymes pour les habitants de l'Annexe et les personnes qui les aident. La famille van Pels devient Hermann, Petronella, et Peter van Daan, et Fritz Pfeffer devient Albert Düssell. Anne retranscrit son journal sur de fines feuilles de papier qui viennent du bureau[3]. Parallèlement, elle continue à écrire régulièrement son journal original, jusqu'à sa dernière entrée qui date du . Son grand rêve est de devenir écrivain : « Deviendrai-je jamais une journaliste et un écrivain ? Je l’espère tant, car en écrivant je peux tout consigner, mes pensées, mes idéaux et les fruits de mon imagination. », écrit-elle le [3].
Otto Frank décide de publier le journal et cherche un éditeur. Ce faisant, Otto Frank réalise le vœu d’Anne : devenir un jour écrivain. Otto utilisa son journal original, connu sous le nom de « version A », et la version corrigée, connue sous le nom de « version B », pour produire la première publication du journal. Mais au lendemain de la guerre, personne ne veut s’y atteler. Otto donne le journal à l'historienne Annie Romein-Verschoor, qui essaye sans succès de le publier. Elle le donne alors à son mari Jan Romein, qui écrivit un article au sujet du journal intitulé « Kinderstem » (« La Voix d'un Enfant »), publié dans le quotidien Het Parool le 3 avril 1946[3]. L'article attire l'attention des éditeurs sur ce journal[5]. Publié la première fois sous le titre Het Achterhuis: Dagboekbrieven van 12 Juni 1942 – 1 Augustus 1944 (L'Annexe : Notes de journal du – ) par Contact Publishing à Amsterdam en 1947. Le titre Het Achterhuis avait été choisi par Anne comme intitulé d'un futur mémoire ou d'un roman basé sur ses expériences dans la cachette. Achterhuis est un terme architectural néerlandais se référant à une arrière-maison (utilisé par opposition à Voorhuis, qui signifie avant-maison), mais après la publication de la traduction anglaise, il est apparu que de nombreux lecteurs anglophones pourraient ne pas être familiers avec le terme et il a été décidé qu'un terme plus évocateur (« annexe secrète ») permettrait de mieux connaître la position cachée de l'immeuble.
Lors de sa traduction en anglais, l'ouvrage recueille un succès critique et populaire d'une ampleur mondiale sous le titre Anne Frank: The Diary of a Young Girl (Anne Frank : Le Journal d'une jeune fille) par Doubleday & Company (États-Unis) et Vallentine Mitchell (Royaume-Uni) en 1952. Sa popularité inspire en 1955 la pièce Le Journal d'Anne Frank, mise en scène par Frances Goodrich et Albert Hackett, et ultérieurement adaptée par les mêmes à l'écran pour une version filmée en 1959. Le livre est considéré comme l'un des piliers de la littérature de la Shoah et l'une des œuvres-clés du XXe siècle.
Otto Frank consacrera le restant de sa vie au journal de sa fille. En 1963, il crée le Fonds Anne Frank de Bâle, une association qui détient les droits d’auteur sur les écrits d’Anne Frank et administre l’héritage de la famille Frank. Les revenus sont consacrés à des œuvres caritatives dans le monde entier, par exemple la lutte contre les discriminations et l’injustice, les droits des femmes et des enfants[6]. Jusqu'à sa mort, survenue en août 1980, Otto Frank répond aux lettres de milliers de lecteurs du journal d'Anne[3].
Le Journal d'Anne Frank est classé à la 19e place des 100 meilleurs livres du XXe siècle. Plus de 25 millions d'exemplaires du livre ont été vendus et il est traduit dans plus de 70 langues[7].
Primo Levi, écrivain et survivant d'Auschwitz, a déclaré à son propos :
« Anne Frank nous émeut plus que les innombrables victimes restées anonymes et peut-être doit-il en être ainsi. Si l'on devait et pouvait montrer de la compassion pour chacune d'elles, la vie serait insoutenable. »
« Avec ses murs vides, notre petite chambre faisait très nue. Grâce à papa, qui avait emporté à l'avance toute ma collection de cartes postales et de photos de stars de cinéma, j'ai pu enduire tout le mur avec un pinceau et de la colle et faire de la chambre une gigantesque image. C'est beaucoup plus gai comme ça. »
— Anne Frank, Le Journal d'Anne Frank - 11 juillet 1942
« La radio anglaise parle d'asphyxie par le gaz. Je suis complètement bouleversée. »
— Anne Frank, Le Journal d'Anne Frank - 9 octobre 1942
Huit personnes vivront dans l'Annexe pendant deux ans et un mois, de à , jusqu'à ce qu'ils soient trahis.
Beaucoup de noms ont été modifiés afin de conserver l'anonymat des concernés. Ainsi, la famille Van Daan est en réalité la famille Van Pels (d'Osnabrück), composée de Augusta (Petronella), Hermann (Hans), et Peter (appelé « Alfred » par Anne). Albert Dussel est Fritz Pfeffer[15].
D'après l'édition Le Livre de poche :
Le journal d'Anne Frank relate essentiellement la vie dans l'entreprise avec les huit personnes et les visites de ceux qui les aident. Dans ce quotidien à la fois renfermé, en vase clos, le monde extérieur pénètre néanmoins dans cette cachette grâce à la radio Philips qui se trouve dans l'entreprise, et plus tard la petite radio "baby" dans l'annexe. Une autre source d'information provient des visites de ceux qui les aident avec des journaux ou leurs témoignages. Anne Frank mentionne dans son journal certains de ces évènements, des lieux, et des personnages qui vivent à l'extérieur.
Les passages entre-parenthèses sont des compléments d'informations qui ne figurent pas dans le journal d'Anne Frank.
La maison d'Anne Frank, située le long du canal Prinsengracht d'Amsterdam, capitale des Pays-Bas, est actuellement un musée consacré aux dernières années de la jeune fille.
Peu de temps après la publication du Journal, des visiteurs affluent et visitent la maison de façon informelle, grâce aux employés qui avaient caché les familles. En 1955, la société d'Otto Frank déménage dans de nouveaux locaux et l'ensemble du bâtiment est vendu à un agent immobilier qui dépose un permis de démolition, avec l'intention de construire une usine à la place. Pour sauver le bâtiment et le faire classer comme monument historique, une campagne est lancée par les Néerlandais du journal Het Vrije Volk, le . Les militants organisent une manifestation devant le bâtiment le jour prévu pour le début de la démolition et obtiennent un sursis à exécution.
Une Fondation Anne Frank est créée par un comité où siègent les représentants locaux, avec le soutien d'Otto Frank et de Johannes Kleiman, le , avec l'objectif principal de recueillir suffisamment de fonds pour acheter et restaurer le bâtiment[16]. En octobre de cette même année, la société qui en est propriétaire fait don du bâtiment à la Fondation, comme marque de bonne volonté. Les fonds recueillis par souscription publique sont ensuite utilisés pour acheter la maison voisine, au numéro 265, peu avant que le reste des bâtiments du bloc ne soit démoli.
Le bâtiment réhabilité est ouvert au public le .
Anne Frank étant morte durant l'année 1945, au , soit 70 ans après sa mort, le Journal entre dans le domaine public selon le droit de la propriété intellectuelle français.
Cependant, le Fonds Anne Frank, chargé de l'édition du Journal, considère qu'Otto Frank a aidé à l'élaboration du texte en 1947 ; donc, en tant qu’œuvre composite, il n'entrera dans le domaine public qu'en 2050[20]. La version non modifiée, publiée en 1986, entrerait, elle, dans le domaine public en 2030[21].
De nombreuses réactions s'opposent à ce point de vue[22],[23],[24]. Notamment, l'intervention d'Otto Frank ne serait pas suffisante pour revendiquer une création artistique, étant donné qu'elle s'est limitée à la coupure de certains passages et à de légères modifications. Pour la version non coupée, d'après la loi concernant une œuvre posthume, les droits patrimoniaux expirent au en France[25]. C'est également le cas en Belgique (Art. XI.166)[26],[27] et en Espagne[28]. Le , la Maison Anne Frank précise sur son site qu'Otto Frank n'est en aucun cas co-auteur[29].
La fondation Anne Frank se base sur l'ancien droit de la propriété intellectuelle, qui accorde 50 ans après la publication. Depuis une décision de la cour de cassation[30], en France, c'est le régime le plus récent qui est appliqué dans ce cas.
L'universitaire Olivier Ertzscheid met en ligne sans autorisation le journal en français par défi contre la fondation Anne Frank. Il le retire à la demande de l'éditeur français qui fait valoir le droit non prescrit de la traduction, ce qui n'empêche pas le Fonds Anne Frank de le menacer de poursuites judiciaires[31].
Isabelle Attard, députée française, publie en ligne l'ouvrage en néerlandais le , déclarant que « combattre la privatisation de la connaissance est entièrement d'actualité[32]. »
Le nom « Le Journal d'Anne Frank » est déposé comme marque communautaire en début de 2016[33].
Aux États-Unis, le journal sera dans le domaine public 95 ans après la première publication de 1952, soit en 2047[34]. La Fondation Wikimedia a par conséquent retiré le texte du livre de Wikisource en vertu du DMCA[35].
Les éditions Soleil décident de publier en une bande dessinée adaptant le journal, « en respectant scrupuleusement le texte d'origine de 1947 » afin d'éviter les poursuites judiciaires, devant l'incertitude de la situation[36].
Le , des chercheurs ont dévoilé l'existence de deux pages d'un des cahiers[37] portant sur la sexualité. Cachées par du papier kraft, elles ont été découvertes grâce aux techniques de traitement numérique de l'image.
Anne Frank note, le , qu'elle va « utiliser cette page pour écrire des blagues salaces ». Y figurent quatre blagues licencieuses et 33 lignes de réflexion sur l'éducation sexuelle[38].
Sorti en 2022, ce récit est fondé sur l'expérience de l'écrivaine Lola Lafon en 2021, lorsqu'elle obtient l'autorisation de passer une nuit à la Maison Anne Frank, dans l'annexe où la jeune fille a rédigé son Journal[39]. Le livre est publié dans la collection « Ma nuit au musée » des éditions Stock.
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