Le docteur Dolittle est le héros d'une série de treize romans pour la jeunesse écrits et illustrés par l'auteur anglais Hugh Lofting (1886-1947), et publiés à partir de 1920. Le premier roman rencontre un grand succès aux États-Unis et en Grande-Bretagne. Face à ce succès et à la demande des lecteurs, l'auteur écrira plusieurs suites. Le second tome, Les Voyages du docteur Dolittle, se verra récompensé de la prestigieuse Médaille Newbery en 1923 décernée au meilleur roman pour la jeunesse. En France, quelques titres sont édités dès les années 1930.
Faits en bref Nom original, Origine ...
Docteur Dolittle
Couverture de la 1re édition en anglais de L'Histoire du docteur Dolittle (Frederick A. Stokes, New York, 1920).
Durant la Première Guerre mondiale, alors qu'il est au front, Hugh Lofting écrit des lettres à ses enfants pour les divertir et adoucir son absence. Il invente pour eux le personnage du docteur Dolittle. C'est en voyant le comportement courageux, durant les combats sur les champs de bataille, des chevaux et des mules, que l'on achève s'ils sont blessés, que l'idée lui vient de créer le docteur Dolittle, défenseur des droits des animaux, «afin que ce personnage fictif puisse faire pour ces animaux ce qu'il n’était pas possible de faire pour eux dans la vie réelle», dira plus tard Hugh Lofting lors d'une conférence en 1923, alors qu'on lui remet un prix littéraire pour son second roman[1]. Hugh Lofting décide ensuite de compiler les lettres envoyées à ses enfants (et qui ont été conservées par son épouse) et d'en faire un livre.
Dans l'Angleterre de l'époque victorienne, John Dolittle, médecin de campagne rondouillard et un brin fantaisiste, toujours vêtu d'un frac et d'un gibus, se découvre une aptitude particulière: celle de pouvoir converser avec son perroquet. Le volatile lui enseigne alors le «langage» des autres animaux. Le docteur décide de ne plus s’occuper que des animaux; il finit par devenir naturaliste et utilise son don pour mieux comprendre la nature et l'histoire du monde[2]. Il a peu d'amis humains mais beaucoup d'amis animaux[3]:
le perroquet Polynesia
le chien Jip
le cochon Gob-Gob (Gub-Gub en VO)
le canard Dab-Dab
le hibou Hou-Hou (Too-Too en VO)
un cheval mal-voyant (Toggle en VO)
l'otarie Sophie
la gazelle Poussemoi-tiretoi[4] (Pushmi-pullyu en VO), qui possède deux têtes à chaque bout du corps et une seule corne, et qui affirme que son arrière grand-père était la dernière licorne
Avec eux, le docteur Dolittle voyage dans le monde, mène des recherches sur de nouveaux animaux et leurs langages, et démontre que le langage de la communication peut aider à créer un monde meilleur.
Bien que classé comme auteur pour enfants, les thèmes et les idées qui figurent dans les romans de Hugh Lofting (les ravages de la guerre, la complexité des écosystèmes, le danger de discriminer ceux qui sont différents) sont des sujets sérieux et universels. Hugh Lofting ne se considérait d’ailleurs pas comme un écrivain pour enfants. Interrogé sur le succès de ses romans, il dira: «Je ne prétends pas être une autorité en matière d'écriture ou d'illustration pour enfants (...). Il y a toujours eu une tendance à presque classer les enfants dans la catégorie «espèce différente». Longtemps ce fut pour moi un choc continuel de trouver mes romans dans la catégorie «jeunesse». Maintenant, cela ne me dérange plus, mais je continue quand même à penser qu'il faudrait une catégorie «vieillesse» pour contrebalancer ce terme[5].»
Après sa mort, il sera décerné à Hugh Lofting le Prix Lewis Carroll Shelf Award en 1958 pour le premier tome de la série: L'Histoire du docteur Dolittle: sa vie singulière dans son pays et ses étonnantes aventures dans les pays étrangers, écrit en 1920.
Les rééditions françaises et anglaises les plus récentes ne comportent plus les illustrations originales de Hugh Lofting, mais des dessins d'illustrateurs contemporains. Depuis la fin des années 1970, les éditions en anglais ont été purgées du vocabulaire «politiquement incorrect» de l'époque (références aux races, etc.)
Publications en France
1931: L'Histoire du docteur Dolittle: sa vie singulière dans son pays et ses étonnantes aventures dans les pays étrangers (The Story of Doctor Dolittle, being the history of his peculiar life at home and astonishing adventures in foreign parts, 1920)
Traduit par Sarah J. Silberstein et Claire Brugell; Éditions Albin Michel, collection Elfes et Lutins — Rééditions: 1968 sous le titre Le Docteur Dolittle, illustré par l'auteur, éditions Hachette, collection Idéal-Bibliothèque; 1979 sous le titre Histoire du docteur Dolittle, illustrations de l'auteur, traduit par Farid Chennoune, collection Bibliothèque du Chat perché, éditions Flammarion
1933: La Poste du docteur Dolittle (Doctor Dolittle's Post Office, 1923)
Illustrations de l'auteur, traduit par Sarah J. Silberstein et Claire Brugell; Éditions Albin Michel — Rééditions: 1980, collection Bibliothèque du chat perché, éd. Flammarion, illustrations de l'auteur; traduit par Marie-Agnès Jeanmaire
1935: Les Voyages du docteur Dolittle (The Voyages of Doctor Dolittle, 1922)
Illustrations de l'auteur, traduit par Sarah J. Silberstein et Claire Brugell, éditions Albin Michel — Rééditions: 1968, version abrégée retraduite, éditions Hachette, collection Idéal-Bibliothèque no339; 1979: illustrations de l'auteur; traduit par Jean-Michel Denis, coll. Bibliothèque du Chat perché, éd. Flammarion; 2012: nouvelle traduction d'Anne Struve-Debeaux, illustrations d'Alessandra Laneve, éditions Ipagine, (ISBN978-2-9533549-6-6).
Illustré par Leon Jason, traduit par Claude Voilier, collection Grands albums Hachette no24, éd. Hachette — Rééditions: 1967 dans la collection Idéal-Bibliothèque no332, Hachette, illustrations originales de l'auteur, traduction de Suzanne Pairault; 1968: collection Nouvelle Bibliothèque rose no276, Hachette, 186 p., traduit par Suzanne Pairault, illustré par l'auteur
1967: Le Cirque du docteur Dolittle (Doctor Dolittle's Circus, 1924)
Illustrations originales de l'auteur, traduction de Jean Muray; Éditions Hachette, collection Idéal-Bibliothèque no333 — Rééditions: 1967, collection Idéal-bibliothèque no332, traduction de Suzanne Pairault; 1968: collection Nouvelle Bibliothèque rose no279, Hachette, traduit par Jean Muray, illustré par l'auteur
1968: Le Docteur Dolittle chez les peaux-rouges
Illustré par l'auteur, traduit par Suzanne Pairault, collection Idéal-Bibliothèque no344, 188 p. (traduction de la 2epartie de l'ouvrage intitulé: The Voyages of Doctor Dolittle)
1968: Le Docteur Dolittle roi de la piste
Illustré par l'auteur, traduit par Jean Muray, collection Idéal-Bibliothèque no339, 188 p. (traduction de la 2epartie de l'édition originale intitulée Doctor Dolittle's circus)
Les diverses adaptations cinématographiques et télévisuelles sont très éloignées des romans. Le film de 1967 demeure l’adaptation la plus fidèle.
Cf. History of the Newbery and Caldecott Medals de Irene Smith: «[a]t the 1923 conference, after Hugh Lofting had accepted the second Newbery Medal [for his second Dr. Dolittle book], Mr. R.R. Bowker asked him how Doctor Dolittle had originated. Lofting said that at the front he had been so impressed by the behavior of horses and mules under fire that he invented the little doctor to do for them what was not and could not be done in real life...»
«There has always been a tendency to classify children almost as a distinct species. For years it was a constant source of shock to me to find my writings amongst 'Juveniles.' It does not bother me any more now, but I still feel there should be a category of 'Seniles' to offset the epithet.». Citations extraites de Stanley Jasspon Kunitz, The Junior Book of Authors, H. W. Wilson, Londres, 1934.
Paru à la suite du film L'Extravagant Docteur Dolittle sorti en France en 1967. Le dessin de couverture réalisé par Leon Jason a d'ailleurs dessiné le docteur Dolittle sous les traits de Rex Harisson, l'acteur du film.