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album de Frank Zappa De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Joe's Garage est un opéra-rock de Frank Zappa découpé en trois actes ; à sa sortie en 1979, en deux disques vinyles, l'acte I est dans le 1er vinyl et les actes II et III dans le second. Par contre, le double CD, sorti un peu plus tard, ne respecte pas ce découpage, puisque la dernière piste du premier CD est Sy Borg.
Sortie | 19 novembre 1979 |
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Durée | 115 min 21 s |
Genre | Rock |
Producteur | Frank Zappa |
Label | Rykodisc |
Critique |
Albums de Frank Zappa
Joe's Garage s'ouvre par la chanson le Central Scrutinizer, qui est un peu l'équivalent de Big Brother, et que l'on retrouvera au début de quasiment toutes les chansons, où il commente les événements passés. Il nous informe que cet album est un album de propagande, que la musique a été interdite, et qu'il suffit d'écouter cet album et de suivre l'histoire pour voir ce qui arrive à ceux qui veulent faire de la musique.
Le personnage principal apparaît dès la deuxième chanson : il s'agit de Joe (interprété par Ike Willis). Il a un groupe de musique, avec qui il répète dans son garage (Joe's Garage) ; mais les voisins alertent la police car ils font trop de bruit, et les policiers conseillent à Joe de plutôt se tourner vers autre chose, comme les activités religieuses par exemple.
S'ensuit alors Catholic Girls, où Joe rencontre Mary, une catholique nymphomane (le morceau est un peu l'équivalent du Jewish Princess de l'album Sheik Yerbouti), qui suit des groupes de rock uniquement pour coucher avec des musiciens : il s'agit des morceaux Crew Slut et Fembot in a Wet T-Shirt. Après un instrumental (On the Bus), nous retrouvons Joe, qui est tombé dans les bras de Lucille, qui lui a refilé une maladie vénérienne (Why Does it Hurt When I Pee?) avant de le quitter (Lucille has Messed my Mind Up). Le morceau suivant, Scrutinizer Postlude, est uniquement une intervention du Central Scrutinizer, qui explique à l'auditeur : « Vous voyez, les filles, la musique, la maladie, les peines de cœur... Tout cela va ensemble ! ».
Joe se rend ensuite à la Première Église d'Appliantology (ce mot a été inventé par Zappa pour ne pas citer la Scientologie, et est de ce fait intraduisible), dirigée par L. Ron Hoover (nom semblable à L. Ron Hubbard), pour essayer de voir ce qui ne va pas dans sa vie (A Token of my Extreme) ; Hoover lui dit qu'il est un Latent Appliance Fetishist, soit une personne qui refuse d'admettre qu'il ne peut avoir du plaisir sexuel qu'avec des machines ! Joe, sur les conseils d'Hoover, se rend ensuite dans une boîte de nuit, The Closet, où il danse avec des machines (Stick it Out) ; là, il rencontre Sy Borg, un robot (le fils de Mme Borg, qui avait appelé la police dans la deuxième chanson), qui l'emmène dans son appartement ; après des ébats un peu trop torrides, Joe casse le robot, et se fait arrêter par la police. En prison, il participe à des ébats homosexuels organisés par l'aumônier de la prison (Dong Work for Yuda, Keep it Greasey et Outside Now)
Le troisième acte s'ouvre sur la libération de Joe (He Used to Cut the Grass) ; mais celui-ci souffre de ne plus pouvoir jouer de musique. Il se met alors à imaginer dans sa tête des solos de guitare, et bascule un peu dans la folie : il compose une chanson pour répondre aux critiques dans sa tête (Packard Goose). Il lui semble alors entendre la voix de Mary, qui dit : « L'information n'est pas le savoir. Le savoir n'est pas la sagesse. La sagesse n'est pas la vérité. La vérité n'est pas la beauté. La beauté n'est pas l'amour. L'amour n'est pas la musique. La musique est la meilleure chose qui soit !! » (Information is not knowledge. Knowledge is not wisdom. Wisdom is not truth. Truth is not beauty. Beauty is not love. Love is not music. Music is The Best !!). Mais Joe se sent alors déprimé ; il a compris que sa musique était imaginaire. Alors il imagine un dernier solo de guitare (Watermelon in Easter Hay) ; puis il devient employé dans une fabrique de muffins. Le dernier morceau n'appartient pas à l'histoire ; c'est le Central Scrutinizer qui la chante ; il s'agit de A Little Green Rosetta, une rengaine-farce débile où tout le monde s'en donne à cœur joie.
Cet album est considéré par les critiques comme étant un des meilleurs albums de Frank Zappa, "un véritable chef-d'œuvre qui montre l'étendue de son génie musical".
Cet album fut enregistré en 1979. Dans cet album, Zappa a voulu faire une rétrospective des genres musicaux des années 1970, à la sauce Zappa évidemment. C'est ainsi que sur ce double album, on trouve une ballade rock sur trois accords (Joe's Garage), du reggae (Lucille has Messed my Mind Up et Sy Borg), du disco (Stick it Out), du gospel (Dong Work for Yuda), du funk (Keep It Greasy) et beaucoup de pop/rock/rythm'n blues (surtout dans le premier acte).
Mais l'on retrouve aussi ce qui fait la musique de Frank Zappa, la petite touche spécifique et un peu folle que l'on retrouve tout au long de son œuvre. Ainsi, Zappa écrit des paroles engagées (Packard Goose), humoristiques (tout au long de l'album) et assez portées sur la chose (Catholic Girls est un bon exemple), comme à son habitude ; on retrouve aussi sur cet album Watermelon in Easter Hay, considéré comme l'un des meilleurs solos de Zappa (la signature du morceau est 9/4); Zappa joue aussi sur les rythmes Keep it greasy qui alterne entre les signatures 4/4, 19/16, et 21/16, puis Catholic Girls qui varie soudainement en 9/8, et sur les ambiances et les nombreux arrangements pour créer quelque chose de beaucoup plus vivant.
L'album véhicule quelques messages, critiques et parodies, car Zappa était également un artiste engagé.
Tout d'abord, le personnage du Central Scrutinizer, et l'interdiction de la musique, dénonce une dictature à la 1984 et proclame que la musique est nécessaire : Music is the Best, comme dit Mary dans Packard Goose. Ce message prend une résonance dans le monde actuel, quand l'on sait que certains pays comme l'Iran ont interdit la musique. Zappa rappelle que la musique est un art subversif et indépendant en proclamant sa suprématie.
Ensuite, le personnage de L. Ron Hoover, directeur de l'Église d'"Appliantology", est une caricature de L. Ron. Hubbard et de son Église de Scientologie ; Zappa se moque aussi des sectes dans cet album ("Hoover" est notamment une marque d'aspirateurs !).
La chanson Packard Goose dénonce les critiques, les pseudo-artistes et la course à la célébrité qui règne dans le monde artistique ; Zappa s'exclame en substance : "[Pour faire ce disque], avec qui as-tu couché ?", et dit qu'il n'a rien à faire des critiques.
Mais surtout, dans cet album, Zappa égratigne l'american way of life et les mœurs en Amérique à cette époque (Crew Slut, Catholic Girls, Packard Goose, Fembot in a Wet T-Shirt), avec un humour sans cesse présent.
Dans la pochette de l'album se trouve un texte de Frank Zappa (traduction approximative) :
Un jour il fut découvert que Dieu ne nous avait pas voulu égaux. C'étaient de MAUVAISES NOUVELLES pour le Gouvernement du Monde, car cela semblait contraire à la doctrine du "Portion controlled servings". Les hommes devraient être faits de manière plus uniforme si l'on voulait que LE FUTUR fonctionne. Divers moyens furent cherchés pour nous lier tous ensemble mais, hélas, l'uniformité semblait impossible à imposer. C'est à peu près à ce moment-là que quelqu'un eut l'idée de la CRIMINALISATION TOTALE. Basée sur le principe que si nous étions tous des bandits nous pourrions enfin être tous pareils à un certain degré aux yeux de LA LOI. Astucieusement nos législateurs calculèrent que la plupart des personnes étaient trop fainéantes pour accomplir un VRAI CRIME. Donc beaucoup de lois furent fabriquées, rendant possible pour tout le monde de les violer à n'importe quel moment du jour ou de la nuit et une fois que nous aurions tous enfreint une loi quelconque, on serait tous dans le même grand club joyeux, là-bas avec notre Président, les industriels les plus exaltés et les plus grands pontes de vos religions favorites. La CRIMINALISATION TOTALE était la plus grande idée de son temps et était très populaire, excepté parmi ces gens qui ne voulaient pas être des bandits ou des hors-la-loi. Alors, bien sûr, on a dû les Y METTRE DEDANS aussi... Et c'est une des raisons pour lesquelles un jour la musique fut déclarée ILLÉGALE.
À noter que cet album sortit en deux temps en vinyle. D'abord la première partie en (album simple) et les parties 2 et 3 (album double) en . Aujourd'hui ces trois actes figurent sur un double CD. Pour des raisons de capacité de stockage des CD, le premier disque de l'album double a du être découpé en deux parties, réparties sur les 2 CD. Les trois derniers titres du premier CD correspondent donc au début de l'Acte II.
Tous les titres sont de Frank Zappa.
Avec aussi : "The Utility Muffin Research Kitchen Chorus" (chœurs dans A Little Green Rosetta) : Al Mankin, Warren Cuccurullo, Dale Bozzio, Geordie Hormel, Barbara Issak & most of the people who work at Village Recorders (circa 1979).
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