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artiste espagnol De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Joan Brossa [ʒuˈam ˈbɾɔsə] né le à Barcelone et mort dans cette même ville le est un poète, auteur dramatique, dessinateur graphique et artiste plastique espagnol d'expression catalane, pour lequel il n'existait pas de frontières entre les genres : à son avis, « tous sont des faces de la même pyramide[1] ». Il a été l'inspirateur et l'un des fondateurs de la revue Dau al Set et du groupe artistique du même nom (1948)[2].
Naissance | |
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Décès |
(à 79 ans) Barcelone |
Nom de naissance |
Joan Brossa i Cuervo |
Nationalité | |
Activités |
Mouvement | |
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Genre artistique |
Poésie lyrique, antipoésie, poésie concrète, théâtre, scénario, poésie visuelle, poésie typographique, poème-objet, affiche, poésie urbaine |
Distinction |
6 Prix de la critique Serra d'Or (1971, 1974 - en deux catégories -, 1978, 1979, 1996) Prix Lletra d'Or (1981) Médaille Picasso de l'UNESCO (1888) Médaille d'Or au Mérite en Beaux Arts (1995) Prix National de Théâtre (1998) Docteur Honoris Causa de l'Université autonome de Barcelone (1999) |
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Joan Brossa est considéré comme l'un des grands créateurs de poésie visuelle, ainsi que l'introducteur de ce genre en Espagne. Cependant il a été un important auteur de poésie littéraire (plus de 80 livres), de poésie scénique (il touchait à tous les champs : pièces de théâtre, scénarios de cinéma, livrets d'opéra, performances, cabaret, happenings, actions musicales, actions spectacles, cirque, strip-teases… jusqu'à plus de 350 œuvres)[3] et de proses (littéraires, programmatiques ou circonstancielles). Sa seule langue de création a été la langue catalane.
Âgé de 18 ans, il participe à la guerre civile espagnole recruté par l'armée républicaine, où il est blessé à l'œil. C'est pendant cette guerre qu'il fait ses débuts littéraires dans une revue de son bataillon. Après sa rentrée à Barcelone (1941), Joan Brossa se lie avec le poète J.V.Foix, le peintre Joan Miró et le dynamiste culturel Joan Prats, des sommets des avant-gardes catalanes qui restaient alors en exil intérieur, tus par le Franquisme. Il fait également la connaissance (1948) du poète brésilien João Cabral de Melo Neto, alors que celui-ci était vice-consul dans la capitale catalane. Cette rencontre fut déterminante et influença l'œuvre du poète, en lui donnant une forte connotation sociale.
Bien qu'à ses débuts il ait exploré l'hypnagogie, le surréalisme, le dadaïsme et tous les grands mouvements des avant-gardes européennes, il s'est plus tard consacré à la composition de centaines de sonnets, d'odes sapphiques[4] et de sextines d'une totale perfection formelle, autant que de milliers de poèmes libres et directs. Cabral de Melo édita et préfaça en 1950 le livre Em va fer Joan Brossa (Joan Brossa m'a fait), l'un des premiers exemples européens d'« antipoésie ». En 1970 l'apparition du volume Poesia rasa (Poésie rase), réunion de dix-sept livres écrits depuis 1943, ayant eu une mince diffusion lors de leur première publication ou tout à fait inédits, secoua fortement le panorama littéraire catalan qui était toujours sous contrôle politique. Depuis lors et jusqu'à sa mort, Brossa n'a pas cessé de publier. Aujourd'hui, son travail occupe una place prépondérante dans la littérature contemporaine catalane et il a été déjà traduit dans plus de quinze langues[5].
L'œuvre de Brossa est toujours imprégnée de visualité et d'esprit plastique — presque photographique — vers la réalité quotidienne reliée et ralliée par les lecteurs/spectateurs à leur regard. La fonction de l’artiste n'est donc qu'agir comme l'amadou du potentiel de chacun. À ce propos les armes brossiennes sont la satire, l'ironie, la critique et parfois l’irrévérence. À son avis, la forme est toujours prioritaire face au contenu, et en conséquence sa poésie a pris souvent l'aspect de jeu de mots, même de jeu de lettres, capable de toucher le lecteur au premier abord. Cela n’exclut pas le fort engagement patriotique catalan de son message, politique autant que social.
Au long de sa carrière, les paroles de Joan Brossa ont trouvé la complicité de nombreux artistes, dont les peintres Joan Miró, Antoni Tàpies, Alfons Borrell et Riera i Arago, le sculpteur Eduardo Chillida, les poètes Serge Pey et Bernard Manciet, les musiciens Josep Maria Mestres Quadreny et Carles Santos, les cinéastes Pere Portabella et Carlos Atanes, le photographe Chema Madoz.
Brossa n'a voulu être appelé que « poète », et pourtant c'est son œuvre plastique (poèmes visuels, poèmes-objet, affiches, installations, poèmes urbains…), en débordant évidemment les frontières idiomatiques, qui a fait de lui une référence mondiale, même dans certaines ambiances artistiques qui méconnaissent souvent son immense travail littéraire. Fidèle a des paramètres futuristes, en 1941 il esquisse les premiers « poèmes expérientaux », lorsque sa poésie déborde la stricte littérature avec une technique proche du calligramme. La première incursion de Brossa dans la plastique corporelle est un objet trouvé daté de 1943. Après cela, c'est en 1951 qu'il composa sa première association d'objets disparates et en 1956 sa première installation, dans la vitrine d'une boutique à Barcelone. C'est dans les années soixante que son expérimentation dans la poésie visuelle et « objectuelle » atteint sa plénitude, en nombre et en profondeur. Justement, c'est en 1960 que Brossa crée le poème-objet Cerilla (Allumette) et en 1965 le livre d'artiste Novel·la (Roman) — ce dernier en collaboration avec Antoni Tàpies —, des chefs-d'œuvre de l'art conceptuel international. Quant à ses poèmes visuels (presque mil cinq-cents, la plupart restant inédits), ils sont conçus en des séries bien réglées, à fin d'être présentés à l'instar d'un livre, bien que parfois, ils soient publiés individuellement en sérigraphie.
C'est après l'arrivée de la démocratie en Espagne (1978) que la poésie de Brossa se déploie dans les affiches, souvent liés avec des événements de culture populaire, en pleine liberté. Enfin ses livres peuvent être publiés sans censure, ni linguistique ni idéologique. Il reçoit bientôt des commandes des nouvelles autorités démocratiques, et en 1984 son œuvre parvient dans les espaces publics avec le monumental Poème visuel transitable en trois parties placé près du vélodrome de Barcelone : c'est le premier « poème urbain », genre que Brossa, en parallèle avec les genres littéraire, dramatique et visuel, ne quittera plus.
Après sa première retrospective à la Fundació Joan Miró de Barcelone en 1986, l'œuvre plastique de Brossa fut bientôt exposée individuellement au-dehors de son Pays : Munich (1988), New York, Amsterdam et Bâle (1989), Houston et Minneapolis (1990), Céret-Collioure (1991), etc. Cette dernière année, l'exposition au Museo Centro Nacional de Arte Reina Sofia à Madrid fit sa vraie consécration internationale, confirmée incessamment par la présence du poète aux pavillons officiels des Biennales de São Paulo (1993) et de Venise (1997) et des expositions singulières à Londres et Chicago (1992), Marseille et Malmö (1993), Paris (1995), Francfort (1997), Mexico, Monterrey, Cassel, Goppingen et Göteborg (1998). Il reçoit par ailleurs en 1995 la Médaille d'or du mérite des beaux-arts par le Ministère de l'Éducation, de la Culture et des Sports[6].
Après la mort du poète, une grande exposition anthologique, réalisée encore à la Fundació Joan Miró (2001), situa définitivement Joan Brossa parmi les grands noms de la création artistique de la seconde moitié du XXe siècle. À partir de 2005 de nouvelles rétrospectives ont voyagé dans plusieurs villes du Chili, du Brésil, d'Argentine, du Portugal, d'Espagne, de l'Autriche, de la Tchéquie, de la Suède, de la France, d'Allemagne, de la Pologne, du Mexique et encore de la France, tandis que son œuvre était déjà arrivée dans des musées et collections d'art contemporain du monde entier.
En 1988, Joan Brossa est décoré de la Médaille Picasso de l'UNESCO. Il reçoit en 1998 la Médaille d'Or du Círculo de Bellas Artes[7]. En 1999, à l'occasion de son 80e anniversaire, il devait recevoir le doctorat honoris causa de l'Université autonome de Barcelone. Mais vingt jours avant cette date, le poète meurt dans un accident domestique.
En 2012, le monumental legs de Joan Brossa — plus de 64 000 pièces — a été mis en dépôt auprès du MACBA de Barcelone[8].
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