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militaire et compositeur français De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Jean Cras est un officier de marine et compositeur français, né le à Brest où il est mort le .
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Nom de naissance |
Jean Emile Paul Cras |
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Compositeur, officier de marine |
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Distinction |
Professeur à l'École navale, il met au point une règle qui porte toujours son nom : la « règle Cras ». Elle permet de tracer la route ou de porter un point sur une carte marine ; il met aussi au point un appareil de transmission par signaux électriques. Le capitaine de vaisseau Cras commande notamment le cuirassé Provence. Promu contre-amiral en 1931, il achève sa carrière militaire au poste de major général du port de Brest, sa ville natale.
Conciliant sa carrière maritime avec sa passion musicale, Jean Cras a, tout au long de son existence, composé de nombreuses pièces. Son hyper sensibilité le conduit vers l'art de l'expressionnisme suggestif. Abordant tous les styles, il puise la matière nécessaire dans ses voyages et mélange les parfums d'ailleurs qui parfois sonnent comme des airs bretons.
Jean Émile Paul Cras est né à Brest le [1]. Son père, médecin en chef de marine, et sa mère partagent une même passion : la musique[2]. Baigné dans une atmosphère musicale, il hérite de leur sensibilité à cet art, compose sa première œuvre à l'âge de 13 ans et excelle en tant que pianiste[3].
Élève doué, il entre à l'École navale à 17 ans sur le ponton école Borda. En 1898, il sort quatrième d'une promotion de 70 élèves officiers (appelés « bordaches »)[4]. Il commence ses embarquements à la mer, où il consacre ses heures de loisir à composer. En 1899, il possède, déjà, dans ses tiroirs, une messe, des motets, un trio intitulé Voyage Symbolique[2].
En 1919, une profonde et étroite amitié s'établit avec le compositeur Henri Duparc qui le considère comme le « fils de son âme »[5]. Lors d'un nouvel embarquement, Henri Duparc lui remet un viatique : les quatuors de Beethoven pour qu'il s'en pénètre[4].
Jean Cras a concilié cette double existence de marin et de musicien, passionnément épris de ce double métier qu'évoque le monument élevé sur le cours Dajot à Brest[6]. Le piano qu'il installait dans son carré lors de ses différents embarquements était adapté, avec un nombre réduit de touches.[réf. nécessaire]
Le , il épouse Isaure Paul, une femme très compréhensive tant sur le plan musical que professionnel, qui lui donne quatre enfants : Isaure, Colette, Monique et Pierre[7].
Pendant deux années, il est professeur d'architecture navale à l'École navale[2] (à la « Baille », comme la surnomment les « Bordaches »[8]).
En 1913, il est fait chevalier dans l'ordre de la Légion d'honneur (et promu officier en 1920)[9].
Il invente, en février 1917, une règle qui porte son nom, la règle Cras[10]. Ce double rapporteur transparent, qui permet soit de tracer une route soit de porter un point par relèvements sur une carte marine (ou une carte d'aéronautique), est toujours en usage. Sur le contre-torpilleur Cassini, il met au point un appareil qui facilite la transmission de signaux électriques et qui sera rendu réglementaire sur tous les navires de guerre[4].
Jean Cras est qualifié d'officier de premier ordre par l'amiral Auguste Boué de Lapeyrère dont il devient l'aide de camp après avoir été breveté d'état-major[5]. Il se distingue tout au long du premier conflit mondial, lors des opérations en Adriatique[11]. Commandant le contre-torpilleur Commandant Bory, il sauve un matelot timonier de la noyade après un tir adverse. Sa conduite héroïque lui vaut une citation à l'ordre de l'armée[4] et il est promu capitaine de corvette en 1918[11]. Durant la guerre, et tandis qu'il prenait part au blocus des côtes dalmates, il achève la partition de son opéra Polyphème, drame d'Albert Samain représenté à l'Opéra-Comique le [12].
En 1921, il retrouve la mer et prend le commandement du torpilleur Amiral Sénès, à bord duquel il entame la composition de son Quintette pour piano et cordes[4].
Le plus jeune capitaine de vaisseau de la Royale commande de 1927 à 1929 la Provence, le plus puissant cuirassé en service alors dans la marine nationale française[7]. À bord, il écrit à André Himonet : « J'essaie de mettre à profit les années où je suis à la mer pour travailler le plus possible, les conditions étant d'ailleurs particulièrement favorables à une production avant tout sincère et non sollicitée, impressionnée par ce qui s'écrit. » Ces quelques lignes peuvent servir d'épigraphe au Journal de bord que Rhené-Baton dirige chez Pasdeloup le 3 mars 1928[13]. Cette suite symphonique se divise en trois parties :
Des pages louées par Paul Le Flem, dans lesquelles « se révèlent la nature rêveuse du musicien, son instinct de la nature, son sens de l'exotisme. »[14]
Il embarque toujours son piano droit sur chacun des navires à bord desquels il sert[15], car : « Composer, c'est pour moi obéir à une volonté supérieure, qui me dicte ses volontés et que je sers avec l'ivresse de l'humble disciple dont le seul but est d'exécuter le mieux possible les ordres de son maître. »[2]
Il accède aux étoiles en 1931[5]. Contre-amiral, il devient major général de l'arsenal militaire du port de Brest[15]. Ayant navigué sur toutes les mers du globe, c'est à Brest, sa ville natale qu'il meurt le , foudroyé en seulement trois jours par un cancer, tout juste quelques semaines après avoir composé ses Trois chansons bretonnes qu'il avait dédicacées à sa femme[2].
Le , Colette Cras, sa fille (future épouse du compositeur Alexandre Tansman), exécute le Concerto pour piano et orchestre aux concerts Pasdeloup sous la direction de Désiré-Émile Inghelbrecht[16]. Dans cette œuvre, le piano est considéré non dans un esprit de virtuosité, mais dans un dessein de musicalité pure.
On retrouve une même originalité dans les Trois Noëls (concerts Colonne, 1930) inspirés par le Pèlerin d'Assise de Léon Chancerel et dont le premier, la Plainte d'Adam, avec la réplique constante de l'Ange, est un chef-d'œuvre ; mais le deuxième, le Dialogue de Joseph avec le mauvais hôtelier ne vaut guère moins, si parfaitement expressif de toute la détresse humaine. Et le dernier, l'Adoration des Bergers, est marqué d'une sorte de gravité mystique.
Il a également composé un Quintette pour harpe, flûte et trio à cordes[17] ; un Quintette pour piano et cordes ; un Quatuor (« À ma Bretagne ») et un Trio à cordes ; diverses pièces pour flûte et harpe, violoncelle et piano, pour violon et piano, des mélodies (Fontaines sur des poèmes de Lucien Jacques, la Flûte de Pan sur un autre poème du même auteur, le Rubayiat d'Omar Khayyam, l'Offrande lyrique de Rabindranath Tagore) et puis un recueil de trois petites pièces pour six petites mains, Âmes d'enfants recueil pour piano. Certaines de ses partitions sont également révélatrices d'un réel intérêt pour le saxophone[18].
Si sa musique n'a pas fait école, il a su allier la rigueur de la Schola Cantorum à la mélodie libre, naturellement limpide à la manière d'un Debussy. C'est un mélodiste comme son maître Henri Duparc. Ses influences sont sa terre natale, la Bretagne, les contrées qu'il a visitées (notamment l'Afrique) qui lui valent le surnom de Pierre Loti de la musique et, bien entendu, son ami et professeur, Henri Duparc.
Son œuvre maîtresse est sans aucun doute Polyphème qui est, selon la légende, l'aîné des cyclopes, fils de Poséidon et de la nymphe Thoôsa. Albert Samain humanise son Polyphème en le faisant renoncer à faire rouler sur Galatée le quartier de roc destiné à broyer le couple (Acis et Galatée) et, en définitive, il s'aveugle et se jette dans la mer afin d'y trouver la mort car « leur bonheur m'épouvante »[19].
Jean Cras aborde tous les genres de la musique de chambre, de la sonate au quintette, mais aussi le genre symphonique. Il s'inspire de son univers maritime pour composer – par exemple son opéra Polyphème fait référence à l'univers légendaire de la mer[19] – et aussi des terres qu'il connait, la Bretagne et les pays qu'il a visités. Il est sensible aux sonorités orientales (arabes et africaines), parfois proches de la musique celtique (par sa gamme pentatonique notamment). Pour la touche d'originalité, il a eu recours à des instruments insolites, comme la flûte de pan dans sa pièce éponyme. Bretonnant de naissance, il mêle quelques traits bretons à sa musique, des citations dans la pièce En Islande, et il utilise subtilement des airs de danses dans certains de ses morceaux comme Trois chansons bretonnes ou Le roi Loudivic[20].
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