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compositeur français De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Jean Cartan (Nancy, – Briis-sous-Forges, ) est un compositeur français.
Naissance |
Nancy |
---|---|
Décès |
(à 25 ans) Briis-sous-Forges (Seine-et-Oise) |
Activité principale | compositeur |
Style | |
Lieux d'activité | Paris, Le Chesnay (Seine-et-Oise) |
Années d'activité | 1922—1932 |
Formation | Conservatoire de Paris |
Maîtres | Samuel-Rousseau, Noël Gallon, Widor et Dukas |
Ascendants | Élie Cartan, mathématicien |
Famille | Frère puîné d'Henri Cartan, frère aîné de Louis Cartan et Hélène Cartan |
Né à Nancy, le [1], Jean Cartan appartient à une famille de scientifiques français originaire du Dauphiné. Son père, Élie Cartan, est un brillant mathématicien ayant attaché son nom à la théorie des groupes et à celle de la relativité (théorie d'Einstein-Cartan). Il est le frère d'Henri Cartan, de Louis Cartan et d'Hélène Cartan[2].
La musique occupe une place importante dans la famille Cartan, et, comme ses frères et sœurs, Jean Cartan se met dès l'enfance à l'étude du piano. Sa vocation musicale se fait jour peu à peu et, à l'âge de quatorze ans, il décide de s'y consacrer entièrement. Ses parents acceptent sa décision et alors qu'il est encore lycéen, en 1924, Jean Cartan est admis au Conservatoire de Paris dans la classe d'harmonie de Marcel Samuel-Rousseau, avant de travailler le contrepoint et la fugue auprès de Noël Gallon. En 1927, il entre dans la classe de composition de Charles-Marie Widor, auquel succède Paul Dukas l'année suivante[3]. Cartan suit alors l'enseignement de ce dernier en même temps qu'Olivier Messiaen et Maurice Duruflé, acquérant auprès de l'auteur de La Péri, la solidité de son métier de compositeur. Pourtant, son véritable maître à penser est davantage Albert Roussel, qui suit sa carrière avec autant d’intérêt que de sollicitude et dont l'influence est perceptible dans sa musique[4],[2]. De l'année même de son entrée au Conservatoire, date le premier quatuor, « d'une si franche spontanéité »[5], créé en 1928.
Ses études sont brillantes, même s'il se trouve souvent en porte-à-faux avec l'esthétique prônée au Conservatoire, « petit cocktail de Gounod et du tout premier Debussy », comme la définit Henry Barraud, dans son autobiographie. Hélas, la santé de Jean Cartan est minée par une tuberculose, ce qui ne l'empêche pas de développer son activité créatrice. En 1931, il présente au concours de composition du Conservatoire un vaste ouvrage pour solistes, chœurs et orchestre achevé en 1929, Pater, que le jury, effarouché par ses audaces, s'abstient de récompenser[2]. Pourtant, selon Robert Bernard, il s'agit d'« une œuvre de foi, ardente et généreuse, mais dont l'élan mystique est toujours contrôlé par le goût le plus sûr »[5].
En , sa Sonatine pour flûte et clarinette, « toute grâce ailée et fantaisie spirituelle »[5], « le frère jumeau de la Sonate pour deux clarinettes de Poulenc »[6] (1918), est vivement applaudie au festival de la Société internationale de musique contemporaine à Oxford. Ce sera sa dernière joie artistique. Contraint de se retirer au sanatorium de Bligny, dans l'Essonne, il y meurt le [2].
Le second quatuor à cordes est créé quelques mois plus tard à Paris, par le Quatuor Pro Arte. L'œuvre « témoigne d'une invention rythmique, d'un sens des plans, d'une aisance dans le maniement de la polyphonie et d'une sûreté dans le dosage émotif qui sont le fait d'un artiste ayant atteint à la maturité de son talent »[5].
La lecture des lettres et textes laissés par Cartan, émeut par leur exceptionnelle maturité de pensée, fondée sur une conscience humaniste d’une remarquable précocité. Albert Roussel, dans la belle étude qu’il a consacrée au musicien (La Revue musicale, numéro de ), cite deux de ses réflexions qui méritent d’être reproduites ici[7] :
« Pour l’artiste, ce n’est pas une qualité que la force, c’est un devoir. Tant d’esclavages nous attendent : l’argent, le public, la tradition, la mode, il faut tout dominer. Il faut avoir cette conviction que les éléments seront ce que nous voudrons qu’ils soient. Partir avec un idéal et se dire que tout sera bon sur la route qu’il faut suivre. »
Puis, il écrit sans doute un peu avant sa mort :
« Je sais bien que je suis né pour aimer et pour souffrir beaucoup, je sais que nombreux seront les jours où j’aurai mal et je ne m’en plains pas. La saison est belle et ma part est bonne et puis c’est là seulement qu’est le bonheur : aimer tout ce qui valait d’être aimé et souffrir tout ce qui valait d’être souffert. »
Revendiquant comme pères spirituels Debussy, Roussel et Stravinsky[8], Jean Cartan s’inscrit dans un courant néo-classique, perceptible notamment dans ses œuvre de musique de chambre écrites à partir de formes traditionnelles. Cependant, si cette esthétique peut être signe d’une certaine sécheresse et d’un refus de toute expansion — il « prisait surtout la concision »[5] — il n’en est pas ainsi pour ce qui concerne Cartan. Cherchant au plus près l’authenticité de l’expression, il n’a de cesse que de trouver en lui-même sa vérité artistique, sans se soucier des modes et des innombrables courants de l’époque[9].
Composée en l'espace de six années, « ses œuvres […] sont étonnamment prometteuses » […]. « Sa mort à vingt-six ans, a été une grande perte pour la musique française »[3].
Rémy Stricker qualifie en une phrase son legs, retenant le Pater et les deux quatuors : « seules pages d'un musicien d'autant plus modeste que son idéal était élevé, et que la mort a trop tôt enlevée »[10].
Si la Sonatine a été jouée par Jean-Pierre Rampal[14] et est présente sur divers récitals au disque (Albany Records, 2010 et ATMA Classique, 2012[15]), il existe également deux monographies, publiées par les labels français Timpani en 2011 (intégrale des oeuvres de musique de chambre) et par le label français Hortus en 2020 (intégrale des mélodies et oeuvres pour piano) :
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