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historien et sociologue français De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Jean Baubérot-Vincent, (le nom de son épouse ayant été ajouté à son nom de naissance) né Jean-Ernest Baubérot le à Châteauponsac (Haute-Vienne), est un historien et sociologue français, professeur émérite spécialiste de la sociologie des religions et fondateur de la sociologie de la laïcité.
Président École pratique des hautes études | |
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Marie-Françoise Courel (d) | |
Directeur Groupe Sociétés, Religions, Laïcités | |
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René Baubérot (d) |
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Arnaud Baubérot (d) |
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Après avoir occupé la chaire d'Histoire et sociologie du protestantisme de 1978 à 1990, il devient titulaire de la chaire d'Histoire et sociologie de la laïcité de 1991 à 2007 à l’École pratique des hautes études dont il est actuellement le président d'honneur et professeur émérite. Il a écrit plus de trente ouvrages, dont un roman historique et une étude en trois tomes, intitulée La Loi de 1905 n'aura pas lieu. Histoire politique des Séparations des Eglises et de l'Etat (1902-1908), publié aux éditions Maison des Sciences de l'Homme, il a dirigé treize livres collectifs et a publié plus d'une centaine d'articles dans des revues à comité de lecture.
« Plume » de François Mitterrand pour les sujets concernant la laïcité, il a soutenu publiquement plusieurs candidats du Parti socialiste.
Jean Baubérot-Vincent est le fils du professeur d'histoire René Baubérot, fondateur du musée de Châteauponsac qui porte son nom et de Violette Souttre, professeur de philosophie..
Fils d'enseignants, il suit ses études secondaires au lycée Gay-Lussac à Limoges et obtient le premier prix d'histoire au concours général des lycées en 1959. Il est lauréat de la fondation Zellidja (3e prix) en 1960. À la Sorbonne, il obtient en 1966 un doctorat de 3e cycle en histoire (sous la direction de Jean-Marie Mayeur) en 1966, un doctorat des lettres et sciences humaines en 1984 à l'université Paris-IV. En 1967, il avait aussi obtenu un diplôme de l'École pratique des hautes études (EPHE)[1].
Débutant comme collaborateur technique à l'EPHE en 1967, il y devient assistant de recherches en 1971, puis directeur d'études à partir de 1978. Il préside la section des sciences religieuses entre 1986 et 1994 et sera nommé président de l'École en 1999, avant d'en devenir président honoraire en 2003.
Il est le fondateur en 1995 puis le directeur jusqu'en 2001 du Groupe de sociologie des religions et de la laïcité (CNRS-EPHE), devenu le groupe Sociétés, Religions, Laïcités. Il est également professeur émérite de la chaire Histoire et sociologie de la laïcité (EPHE-Sorbonne).
A un niveau international, il a été, notamment, co-directeur de l'Institut d'anthropologie historique de l'Université de Sciences humaines de Moscou, professeur invité de différentes universités (New-York University, Université de Tokyo, Roma III, ...). Il a dirigé plusieurs programmes de recherches franco-japonais et a été titulaire d'une bourse de recherche de la Fondation du Japon (Nichibunken Institute, Kyoto).
Les travaux ont été traduits en 16 langues[réf. nécessaire].
En 1971, il refuse de rejoindre le Parti socialiste qu'il juge « trop social-démocrate »[2]. Il est « la plume » de François Mitterrand pour les sujets concernant la laïcité[2].
En 1997 et 1998, il est conseiller technique au cabinet de Ségolène Royal, ministre délégué chargé de l'enseignement scolaire (Éducation à la citoyenneté). Il est membre de la commission consultative des cultes, ministère de l’Emploi et de la Solidarité de 1999 à 2004, membre de la mission d’évaluation, d’analyse et de propositions relatives aux représentations violentes à la télévision du ministère de la Culture de juin à , membre de la commission sur l’enseignement supérieur privé du ministère de l'Éducation nationale de 2003 à 2007. Il est membre de la commission « Sigma », commissariat général du Plan de 2004 à 2006.
De juillet-, il est membre de la commission indépendante sur l’application du principe de laïcité dans la République, dite « commission Stasi », et s'abstient lors du vote concernant l'interdiction du voile à l'école. Il dénonce, dans un essai publié en 2008, la laïcité de Nicolas Sarkozy[1].
Il soutient Ségolène Royal à la présidentielle de 2007 et à la primaire de 2011.
Il vote François Hollande à la présidentielle de 2012 par opposition à N. Sarkozy[2].
En 2017, il participe à l'ouvrage collectif dirigé par B. Hamon et Y. Jadot, La politique est à nous, et vote B. Hamon puis Emmanuel Macron par opposition à Marine Le Pen[3]..
En 2022, il vote Yannick Jadot, puis Emmanuel Macron.
Il est le coauteur d'une Déclaration internationale sur la laïcité signée par 250 universitaires de 30 pays[réf. nécessaire].
Il a un blog sur Médiapart où il publie régulièrement des notes[4]. Actuellement, il travaille sur l'impact de la guerre russo-japonaise de 1904-1905, première guerre perdue par une puissance "blanche" face à une nation "non blanche"[réf. nécessaire].
Jean Baubérot soutient l'idée que la France doit se dégager de ses « racines chrétiennes »[2]. Dans son ouvrage Histoire de la laïcité en France (2005), il précise que la notion de pacte laïque n'implique nullement que la séparation des Églises avec l'État soit le résultat d'une négociation de puissance à puissance, mais rend compte du passage d'une laïcité qui était le bien exclusif d'une des deux France en conflit (celle des tenants de la Révolution française et celle de « la fille aînée de l'Église »), à une laïcité qui peut inclure les membres des deux France lorsque, en 1946, la laïcité est devenue constitutionnelle avec la Quatrième République, de même en 1958 dans la constitution de la Ve République où il est indiqué : « La République est laïque […]. Elle respecte toutes les croyances. »
La laïcité n'est pas une « exception française » et la France, elle-même ne pratique pas une laïcité absolue[5] (Concordat en Alsace-Moselle, loi Debré subventionnant les écoles privées, dévolution gratuite et indéfinie d'édifices religieux propriété publique, aumôniers émargeant au budget public, fêtes catholiques chômées, etc.).
Quatre critères permettent d'évaluer le degré de laïcité dans différents pays (que le terme soit socialement utilisé ou non) :
Jean Baubérot est également l'auteur de la notion de seuils de laïcisation il distingue trois seuils, le premier est le résultat de la révolution française et du recentrage opéré par Napoléon Bonaparte, le second des lois laïcisant l'école publique (1882-1886) et séparant les Églises et l'État (1905, 1907, 1908), le troisième s'est élaboré de 1968 (contestation anti-institutionnelle de mai 68) à 1989 (chute du mur de Berlin, 1re affaire de foulards)[7].
Jean Baubérot estime que la société française en 2015 est traversée par sept laïcités au sens où laïcité veut dire « courant de penser la laïcité »[8] :
À ceux qui lui reprochent « d'adjectiver la laïcité », Jean Baubérot répond :
« La croyance qu'il n'existe qu'une (représentation de la) laïcité essentialise celle-ci. Le slogan de la "laïcité sans adjectif" a voilé qu'une transformation s'est produite dans l'usage social dominant du terme de "laïcité"[9]. »
La « nouvelle laïcité » est une expression popularisée par Jean Baubérot pour désigner une interprétation droitière voire extrême-droitière de la laïcité, qui se manifeste notamment par la création d'une inégalité entre les religions et entre les croyants (comme les lois sur le voile islamique), contrevenant ainsi directement à l'esprit originel de la loi[10][source insuffisante].
L'année 1989 et l'affaire des collégiennes de Creil marquent l'apparition d'un nouveau conflit. Si jusqu'à cette date le débat autour de la laïcité avait opposé les militants laïques à l'Église catholique, c'est l'Islam qui devient à partir de 1989 « l'objet de toutes les interrogations, voire de toutes les suspicions, à grand renfort médiatique »[11]. « Le développement de l'Islam dans l'Hexagone » se trouve ainsi pris dans « une mutation profonde de la laïcité en France »[12].
Ce débat s'est cristallisé en 2004 lors de la loi sur les signes religieux dans les écoles publiques françaises. Lors de la commission Stasi (juillet-), il est le seul à s'être abstenu. Il s'est à nouveau exprimé contre la loi interdisant la burqa en 2010 au nom de l'ordre public (et non de la laïcité)[13][source insuffisante].
Selon Baubérot[14] et le politologue Raphaël Liogier[15], l'année 2003 constitue un tournant dans la conception de la laïcité. C'est en effet en 2003 que François Baroin rend un rapport commandé par le premier ministre Jean-Pierre Raffarin et intitulé "Pour une nouvelle laïcité". Selon Jean Baubérot, le rapport se détourne de la conception libérale de la laïcité issue de la loi de 1905. Jean Baubérot constate que la « nouvelle laïcité », contrairement à celle issue de la loi de 1905, n'est pas anticléricale mais anti-communautariste ; elle est liée au passé colonial de la France plus qu'aux guerres de religion et à la Révolution; elle est liée au contexte géopolitique de la « mondialisation » et de la crainte d'un « Islam politique transnational », plus qu'à une survivance du « conflit des deux France » ; elle s'affirme comme une « exception française » opposée au « modèle anglo-saxon » jugé « trop accommodant envers les religions »; elle est moins une construction politique que médiatique: ainsi est-elle « focalisée sur des "affaires" médiatiquement construites »[16]. Par ailleurs, cette « nouvelle laïcité » signe une appropriation par la droite[17] (puis par l'extrême droite) de la lutte pour la laïcité, appropriation rendue possible par la division de la gauche sur ce sujet[18],[19].
La « nouvelle laïcité » opère un transfert du principe de laïcité et de l'exigence de neutralité, de l'État vers la société civile, et des agents du service public vers les usagers de l'espace public[20],[21]. Les partisans de la « nouvelle laïcité » associent la laïcité à la « sécularisation » de la société[22],[23].
Selon Jean Baubérot, pour appuyer cette « confusion », ce « glissement fallacieux », la rhétorique de la « nouvelle laïcité » se fonde sur « une lecture simpliste et fausse [du concept de laïcité] au regard de la loi de 1905 »[21], lecture qui repose sur l'équivocité du mot « public », qui se trouve en l'espèce mobilisé dans une logique spatiale. En effet, si la laïcité instaurée par la loi de 1905 et évoquée à l'article 1er de la Constitution de 1958 affirme la neutralité de l'État en la fondant sur une distinction entre le « privé » et le « public » (au sens de « République »[24], d'« affaires publiques »[25] et de « services publics »[26], i.e. les institutions politiques et administratives de l'État[27]), cette distinction ne recouvre cependant pas celle entre « espace privé » et « espace public »[27],[28],[29],[30], ni celle entre « sphère intime » (ou « domestique »[31]) et « sphère publique ». En effet, la loi de 1905 (et la jurisprudence y relative) n'interdit pas mais au contraire autorise (voire favorise[32]) les pratiques, manifestations, expressions religieuses dans ce qu'il semble aujourd'hui convenu d'appeler « l'espace public »[33].
Cette logique de spatialisation de la « nouvelle laïcité », et l'extension corrélative de l'exigence de neutralité aux membres de la société civile, s'illustre tout particulièrement dans le rapport de la Commission Stasi et dans les rapports parlementaires qui précèdent l'adoption en 2004 de la loi sur les signes religieux dans les écoles publiques françaises (la loi ayant vocation à préserver la « laïcité dans l'espace scolaire » et la « neutralité de l'espace scolaire »[34],[35],[36],[37]) et dans la loi interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public de 2010. La loi de 2010 est ainsi la première à intégrer la notion d'espace public dans le droit[32],[27].
La logique de cantonnement du religieux dans le domaine de « l'intime » (par opposition à « l'espace public »), prônée par les partisans de la « nouvelle laïcité », est reprise par le président François Hollande lors du discours d'installation de l'Observatoire de la laïcité. À cette occasion (et en pleine affaire de la crèche Baby Loup) il affirme :
« Les lignes de séparation entre secteur public et secteur privé ont évolué. Il y a donc une nécessité de clarification. En 1905 la laïcité était simplement la séparation de l’État et des cultes. Aujourd’hui, elle est une frontière entre ce qui relève de l’intime, qui doit être protégé, et ce qui appartient à la sphère publique qui doit être préservé. Et comme toute frontière, il n’est pas toujours aisé de la tracer. »
Le politologue Laurent Bouvet, membre du Printemps républicain, en désaccord avec la définition de la laïcité donnée par Jean Baubérot, en a débattu avec lui sur France Culture en 2018 dans l'émission Du grain à moudre[38].
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