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Jean-Paul Mazaroz, né le à Lons-le-Saunier et mort le à Paris, est un sculpteur ébéniste qui publia de nombreux ouvrages d'économie sociale le situant dans la mouvance du socialisme utopique. Amateur éclairé et grand collectionneur de tableaux, il fut l'un des mécènes de son ami Gustave Courbet.
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Comme il avait l'habitude de se désigner.
Après trois années d'apprentissage de la sculpture sur bois, il bénéficia d'une bourse du conseil général du Doubs qui lui permit de suivre les cours de l'école de sculpture des Beaux-Arts de Dijon, où il montra très vite de solides dispositions pour son art, comme le montre l’œuvre en plâtre, La Nymphe de l'Ain, réalisée en 1849 et dont il fit don au musée de Lons-le-Saunier. En 1849, il quitta Dijon pour Paris où il devint l'élève du sculpteur François Jouffroy, avant de s'installer fabricant de meubles sculptés boulevard Beaumarchais.
En 1852, il s'associa avec un autre fabricant de meubles sculptés, Pierre Ribaillier l'aîné, installé boulevard des Filles-du-Calvaire. Après avoir épousé, en 1853, la fille aînée de son associé, Mazaroz prit très vite une influence prépondérante dans l'entreprise et son esprit créateur fut reconnu lors de l'Exposition universelle de 1855 où il obtint une médaille de première classe pour un grand buffet sculpté, qualifié de « pièce d'ébénisterie la plus remarquée de l'Exposition »[Par qui ?][1], dont Napoléon III fit l'acquisition pour meubler son cabinet de travail au château de Saint-Cloud.
Il installa, à cette époque, de vastes ateliers rue Ternaux-Popincourt, consacrés à la fabrication de mobilier sculpté en bois massif et équipés de machines-outils après l'Exposition universelle de Londres en 1862 à laquelle participa la maison Mazaroz-Ribaillier.
En 1865, la fabrique de la rue Ternaux-Popincourt occupait 600 ouvriers dont 250 sculpteurs, ce qui situait l'entreprise parmi les plus importantes de la capitale[2].
Après la mort de Pierre Ribaillier en 1868, et la dissolution de la société, Mazaroz poursuivit son activité en nom personnel sous la dénomination « Mazaroz-Ribaillier »[3]. Une nombreuse et riche clientèle, allant des cours étrangères (notamment celles de Madrid, de Constantinople et de Saint Petersbourg), aux grands noms de l'aristocratie et de la bourgeoisie française et européenne ainsi que d'importantes commandes publiques, assura pendant longtemps l'exceptionnelle réussite de Mazaroz dont la notoriété ne faisait que croître à l'occasion des Expositions universelles (Londres 1862, Paris 1867, Vienne 1874, Philadelphie 1876, Paris 1878) auxquelles il fournissait toujours une participation remarquée.
Après la chute du Second Empire, la guerre et la Commune, Mazaroz dut faire des investissements importants pour développer son activité et construire de nouveaux ateliers situés 94 boulevard Richard-Lenoir, adresse où il établit également son domicile et conserva une importante collection de tableaux. Mais après avoir connu une situation florissante (un million de chiffre d'affaires annuel avant 1870), Mazaroz vit l'activité de son entreprise diminuer considérablement à partir du milieu des années 1880. Si bien que ses bénéfices ne pouvant plus assurer l'amortissement de ses investissements, il dû se résoudre à solliciter sa mise en liquidation judiciaire qui lui fut accordée par le tribunal de commerce de la Seine le 26 décembre 1889[4].
Le , le tribunal de commerce homologua le concordat conclu avec ses créanciers auxquels Mazaroz abandonna tous ses biens.Toutes ses collections furent dispersées à l'hôtel Drouot à l'occasion de 10 ventes de mai à décembre 1890[5].
De 1862 à 1887, il publia un nombre considérable d'ouvrages, parfois de simples brochures, qui permettent de le rapprocher des auteurs socialistes utopiques de sa génération, dont plusieurs étaient comme lui franc-comtois[6]. Il possédait d'ailleurs dans sa galerie de tableaux le portrait peint par Gustave Courbet en 1850 de l'apôtre Jean Journet, ce philosophe utopiste, disciple de Fourrier, qui séjourna un temps au Texas dans le phalanstère de Victor Considérant.
Il fut initié en 1863 dans une loge parisienne du Suprême Conseil "Justice 133"[7], au recrutement élitiste qui comprenait de nombreuses personnalités hostiles à l'Empire: des journalistes, hommes de lettre, avocats et hommes politiques radicaux, dont certains jouèrent un rôle notable pendant la Commune comme Charles Beslay ou Jules Vallès. Lors de leur initiation la plupart des membres, dans leur testament philosophique, ne se reconnaissaient aucun devoir envers Dieu. Par la suite, sous la Troisième République, plusieurs membres de la loge "Justice 133" entreprirent de brillantes carrières ministérielles : Charles Floquet, Henri Brisson ou encore Gustave Mesureur.
Mazaroz fut candidat malheureux à Paris à l'élection législative du 5 février 1871 sur une liste républicaine conduite par Edgar Quinet et Louis Blanc, où il figurait notamment en compagnie de Victor Hugo, Gambetta, Rochefort et Clemenceau.
Aux élections législatives de 1876, il présenta une candidature multiple dans trois arrondissements parisiens, les XIe, XIXe et XXe. où il fut battu par Gambetta, Charles Floquet et Allain-Targé[8].
Amateur éclairé, Mazaroz entreprit très jeune la constitution d'une collection d'objets d'art, tapisseries, sculptures, faïences anciennes, livres et surtout de tableaux. L'inventaire de sa galerie révéla un ensemble de 518 œuvres très diverses allant des maîtres flamands et italiens jusqu'à l'école espagnole et consacrée à 70 % à l'école française, tant ancienne que moderne. On y trouvait notamment des toiles de Philippe de Champaigne, Nattiers, Coypel, Le Lorrain, Boucher, Fragonard, Greuze, Mme Vigié-Lebrun, Vernet, Delacroix, Couture et Courbet.
Mazaroz, qui avait lié d'amitié avec Gustave Courbet en 1860, était devenu, au fil du temps, un des principaux acheteurs du peintre dont il possédait 59 toiles.
Il exerça aussi son mécénat au profit du musée de sa ville natale auquel il fit don de nombreux dessins, dont quatre toiles de Courbet.
De nombreux exemples de mobilier sculpté par Mazaroz sont encore visibles de nos jours :
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