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agent secret français De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Jean-Marie Régnier (1911 - 1990) fut, pendant la Seconde Guerre mondiale, un agent secret français du Special Operations Executive, qui dirigea le réseau action MASON dans le nord de la Saône-et-Loire et le sud de la Côte-d'Or.
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Parcours militaire : SOE, section F ; grade : captain ;
Jean-Marie Régnier naît le à Lyon (2e).
1939-1940. Mobilisé le au 81e bataillon d'artillerie de Forteresse, il connaît une « drôle de guerre » contre les Italiens, au-dessus de Modane. Il est démobilisé le à Bourg-en-Bresse et regagne son domicile à Lyon.
1941. Il rencontre Jean-Pierre Lévy et s'occupe de la diffusion des journaux clandestins de la Résistance[1], travail facilité par son emploi de représentant de commerce. Joseph Marchand, le propriétaire de l'une des firmes représentées (les laboratoires Récamia, produits de parfumerie, 107, rue Pierre-Corneille), qui est un ami dont il connaît bien les sentiments et les idées politiques, reçoit quelques exemplaires, et souhaite pouvoir ne pas s'en tenir à la propagande et jouer un rôle plus actif. Joseph Marchand fait voir à Régnier qu'il a également une quantité importante de journaux Coq Enchaîné à distribuer. Début juin, Joseph Marchand lui demande de trouver un lieu discret pour organiser une réunion de dix à douze personnes, à laquelle participeraient deux officiers britanniques. Régnier accepte, en pensant à une pension de famille située rue Puits-Gaillot, au quatrième étage, avec pour enseigne Pension Trianon, dont le propriétaire, d'origine basque, se nomme Pierre Lairé. La réunion a donc lieu là au jour indiqué par Joseph Marchand. Le rassemblement pour la réunion a lieu au café-bar de la rue Puits-Gaillot fréquenté par les soyeux lyonnais du secteur. Sont présents : les deux officiers Alain (dont le vrai nom est Georges Duboudin) et Nicolas (dont le vrai nom est Robert Boiteux), Joseph Marchand, Louis Pradel, futur maire de Lyon, Séran, grand mutilé de 1914-1918 et ex-chef de service à la préfecture du Rhône, Hotton, originaire de Lille et représentant sur Lyon et la région de firmes de textiles du Nord, un jeune préparateur en pharmacie du quartier des Brotteaux, Jean-Marie Régnier, et peut-être une ou deux autres personnes. À la réunion, il est question de s'organiser pour réceptionner des parachutages d'armes. La séance est levée à l'heure du passage du dernier tramway (car à cette époque il n'est pas question de circuler en voiture). Plusieurs terminent la soirée chez Louis Pradel, dans son appartement du cours Vitton, notamment Alain et Nicolas, le jeune préparateur en pharmacie, et Régnier qui, apprenant que Nicolas est l'un des parachutistes parachutés peu auparavant à Anse, lui propose de l'accompagner jusqu'à la rue Burdeau. Au moment de se séparer au bas de la rue Burdeau, côté rue de l'Annonciade (Nicolas ne tient pas à ce que Régnier connaisse l'immeuble où il loge), Nicolas fixe rendez-vous pour le lendemain, en fin de matinée, place des Terreaux. À l'heure dite, Régnier conduit Nicolas chez Joseph Marchand, au 2, quai Perrache, où ils sont invités à déjeuner. La conversation leur donne des indications sur la mission de Nicolas : d'abord, prendre la succession d'Alain, qui doit rejoindre Londres dès que possible ; ensuite, prendre contact avec les organisations de résistance pour leur faire parachuter des armes et leur faire l'instruction ; enfin, faire exécuter les ordres de Londres pour des missions spéciales et des sabotages. Nicolas devient un habitué de l'appartement des Marchand et un ami de la famille et de Régnier. La relève d'Alain se présente de façon difficile. Alain n'est pas d'accord pour quitter Lyon et ses amis de la résistance lyonnaise. Un jour, Nicolas demande à Régnier de l'accompagner à un rendez-vous avec Alain dans le bureau de Louis Pradel, aux Établissements Bouvard situés rue Dugas-Montbel. Très rapidement, Régnier et Pradel se retirent du bureau, car la conversation entre Alain et Nicolas prend un caractère confidentiel et animé, Alain acceptant mal les instructions transmises par Nicolas… Régnier commence à collaborer étroitement avec Nicolas pour des actions de résistance : réceptions de parachutages d'armes, transports de ces armes dans les caches de groupes clandestins (en majorité pour le mouvement Coq Enchaîné, et plus tard, pour Franc-Tireur).
1943. L'activité du réseau Nicolas sur la région Rhône-Alpes provoque des remous et malheureusement des arrestations de membres actifs des organisations et groupements de ce grand secteur. Des amis de la police lyonnaise leur font savoir que la Gestapo a établi une circulaire avec signalements (heureusement erronés) pour Robert Boiteux (« Nicolas »), Joseph Marchand (« Ange ») et Jean-Marie Régnier, avec promesse d'une importante récompense à toute personne fournissant des renseignements permettant d'effectuer leur arrestation. Aussitôt Nicolas communique par radio ce renseignement à Londres. La réponse, par retour : arrêter toute activité en attendant des instructions pour organiser le départ et le voyage en Angleterre. Les instructions annoncées ne tardent pas à arriver. Nicolas et Joseph Marchand doivent prendre contact à Paris avec un certain « Gilbert » (il s'agit d'Henri Déricourt), pour qu'il les fasse partir par avion. Régnier doit rejoindre Londres par l'Espagne, via Gibraltar. Nicolas espère pouvoir faire partir Régnier par avion, mais le rendez-vous avec Gilbert est manqué. Donc retour à Lyon.
Jean-Marie Régnier rentre à Londres via les Pyrénées et Gibraltar.
[C'est Jean-Marie Régnier lui-même qui s'exprime. Ses propos ont été rapportés par Marcel Ruby[2].]
Nicolas m'organisa un rendez-vous avec Lucien, chef du service Évasions. Il fut convenu que je rencontrerais le dimanche 1er août, si ma mémoire est bonne, au parc de la Tête d'Or, entrée face rue Tête d'Or, une dame dont il me donna le signalement avec les moyens de reconnaissance conventionnels. De part et d'autre nous fûmes très ponctuels au rendez-vous. Et tout naturellement nous avons amorcé une promenade dans les allées du parc. Comme il était 9-10 heures du matin, en toute tranquillité cette dame me transmit les dernières instructions pour mon départ. Je devais, le lendemain, lundi, prendre un train partant à 7 h 07 de la gare de Perrache, direction Perpignan, avec deux correspondances, l'une à Nîmes et l'autre à Narbonne. Elle me remit mon billet de parcours et ma place réservée, en deuxième classe, me disant : « Regardez-moi bien ; je serai habillée comme aujourd'hui et vous attendrai devant la gare de Perpignan à l'arrivée de votre train ; et, sans rien me dire, vous me suivrez jusqu'à la rencontre avec le chef des guides du passage des Pyrénées. Je vous signale que vous aurez la responsabilité du passage en Espagne jusqu'à Barcelone de deux hommes de moins de vingt ans et d'un homme de moins de trente ans, officier d'aviation de réserve. D'ailleurs ces trois personnes feront le voyage Lyon-Perpignan dans le même train que vous. Pendant que vous recevrez les instructions du chef des guides, dans le parc où je vous aurai conduit, moi je retournerai à la gare chercher ces trois compagnons que vous aurez charge de conduire jusqu'au consulat britannique de Barcelone. »
Je ne relaterai pas les détails, les péripéties de la sévère épreuve physique et morale du parcours Perpignan-Barcelone. Mes trois compagnons et moi-même pûmes pénétrer, avec cinq minutes d'intervalle pour respecter les instructions reçues, au consulat britannique, gardé par la police espagnole. Et ceci le dimanche matin qui suivit notre départ de Lyon. Il était environ 10 h 30.
Deux vice-consuls nous attendaient, qui avaient été avisés de notre passage à Barcelone par les services de l'ambassade britannique à Berne (Suisse). Après quelques minutes d'attente dans un salon, je fus reçu le premier par un jeune vice-consul fort sympathique, qui me questionna pendant quinze à vingt minutes. Mon nom de passage était John Rampard, fils d'O'Flagherty (fils d'O'Flagherty était le code secret de reconnaissance me concernant).
Mon séjour d'une semaine environ dans un hôtel de luxe fut très agréable. Mais il ne fallait pas se faire prendre par la police espagnole, n'étant muni d'aucune pièce d'identité.
L'accueil à l'ambassade britannique à Madrid fut plus réservé. J'étais logé dans un hôtel où se trouvaient des Français de passage. J'ai appris, après la guerre, que le patron de cet hôtel était un agent double et qu'il travaillait également pour les services allemands, très importants en Espagne. Les trois ou quatre jours de formalités nécessaires pour se faire établir un passeport avec visa dans la capitale de l'Espagne furent très agréables. Pour les services espagnols, j'étais un aviateur canadien abattu en France, âgé de dix-neuf ans et six mois seulement ; pour aller en Angleterre, il fallait avoir moins de vingt ans, âge de la circonscription ; c'était le règlement pour obtenir un passeport (faux établi en bonne et due forme). Ce document me permit de me présenter aux services de police et de douane d'Algésiras et de passer à Gibraltar sans inconvénient.
L'accueil à l'état-major britannique de Gibraltar fut d'une grande courtoisie, que je garde en bonne mémoire.
Après quarante-huit heures d'attente à Gibraltar avec le compagnon Marcel Jaurant-Singer qui me suivait depuis Perpignan, notre départ par avion militaire s'effectua le soir à 9 h 30, le , pour Bristol. Cet avion assurait une ligne régulière et journalière Le Caire-Gibraltar-Bristol à l'usage des officiers permissionnaires de sa Gracieuse Majesté de l'armée d'Égypte et du Moyen-Orient.
Notre arrivée à Bristol le matin, au lever du jour du , se situait exactement trois semaines après notre départ de Lyon. Nous fûmes surpris par la fraîcheur, le paysage vert et fertile de cette belle région après le climat chaud et sec de l'Espagne…
À Londres, Régnier est d'abord retenu quelque temps à Patriotic School.
[C'est Jean-Marie Régnier lui-même qui s'exprime. Ses propos ont été rapportés par Marcel Ruby[3].]
À l'arrivée à Londres, j'ai connu la plus belle surprise de ma vie : un fourgon cellulaire de police nous attendait sur le quai même de l'arrivée. Il m'a fallu faire le voyage Lyon-Londres pour connaître, une fois dans ma vie, un transport en fourgon cellulaire de police.
Au cours du trajet de la gare à Patriotic School, je fus très impressionné, en regardant par less ouvertures de visibilité grillagées, de voir le nombre d'immeubles écroulés, complètement démolis par les bombardements de l'aviation allemande. Nous traversons de nombreux quartiers de Londres et nous arrivons à destination.
Patriotic School était une grande bâtisse de style austère, de deux étages, située à peu près au centre d'un important parc d'arbres et de verdure, près de Wandsworth Common, à Londres. J'ai appris par la suite que cette grande demeure avait été construite pour servir d'institution pour jeunes-filles orphelines d'officiers de marine et s'appelait avant la guerre Royal Patriotic School.
Après les formalités de réception, nous fûmes conduits au réfectoire pour un petit-déjeuner tardif (10 h - 10 h 30) typiquement anglais : porridge - melons frits - pommes de terre frites avec thé et lait. Puis on nous installa dans une chambrée d'un style très militaire, avec des lits superposés.
En circulant dans les couloirs, les salles de loisirs et le parc, je compris que nous étions dans un camp de rassemblement où se trouvaient des hommes de nationalités différentes, mais avec une forte majorité de Français.
Au début de l'après-midi, je fus conduit dans un bureau où se trouvait un officier britannique. Il m'accueillit très courtoisement et me présenta une dame comme étant une secrétaire de service. Alors commença un interrogatoire qui se termina à l'heure du thé, 16 h 30 environ. Au cours de ce premier interrogatoire, je dus préciser mon identité exacte, celle de mes parents, la composition de ma famille et, si possible, l'identité de mes deux frères. On me demanda où je me trouvais depuis ma naissance jusqu'à l'âge de cinq ans, puis de cinq ans à dix ans, de dix ans à quinze ans, d'indiquer les noms et le signalement des proches de ma vie d'enfant et d'adolescent, des instituteurs et professeurs, et quand ma mémoire le permettait, l'état signalétique des personnes citées. La secrétaire sténo-dactylo enregistrait tout.
Le repas du soir, au réfectoire, me donna l'occasion de discuter avec des Français de différentes régions de France, ayant rejoint l'Angleterre selon des moyens variés. Certains séjournaient à Patriotic School depuis quelques jours, d'autres depuis quelques semaines et même un chauffeur de taxi de Paris depuis trois mois ; il avait dû bluffer dans ses interrogatoires et, n'ayant pas dit la vérité, s'était « coupé » dans ses déclarations successives. Il était furieux…
Après une nuit de chambrée sans incident, toilette du matin et petit-déjeuner.
À 8 h 30-9 heures, je fus conduit dans le même bureau que la veille ; mais changement d'officier et de secrétaire sténo-dactyle. J'étais âgé de trente-deux ans et je dus expliquer, avec le maximum de précisions et de détails, le déroulement de ma vie jusqu'à l'arrivée à Patriotic School.
Les archives des services anglais doivent posséder un nombre impressionnant de fiches sur les Français soumis à ces interrogatoires. Je ne sais pas si tel était leur but.
Le lendemain matin, je dus recommencer à expliquer ma vie depuis ma naissance jusqu'à l'âge de quinze ans. L'officier interrogateur était le troisième et la secrétaire était la même que pour le premier interrogatoire. L'après-midi de ce même jour, comme la veille, jusqu'à l'heure du thé, 16 h 30 - 17 heures, encore interrogatoire : il me fallait à nouveau expliquer ma vie, toujours avec le maximum de détails, de l'âge de quinze ans jusqu'à mon arrivée à Patriotic School, et ceci devant un quatrième officier, mais toujours l'une des deux sténo-dactylos.
Mon séjour en ce camp militaire d'un certain standing fut prolongé de quarante-huit heures en raison d'une forte fièvre provoquée par une méchante angine. L'infirmerie était située dans des baraquements construits dans la périphérie de l'immense parc. Je m'y rendais deux fois par jour, matin et soir, pour y recevoir des soins appropriés. À mon quatrième retour à la chambrée (j'étais d'ailleurs presue guéri), ayant eu la curiosité de voir ce qui se passait dans un grand parc entouré de barbelés électrifiés et gardé militairement, j'eus la désagréable surprise d'être soudainement encadré par deux sentinelles, baïonnette au canon, qui, très sévèrement, me firent comprebdre que j'avais dépassé les limites autorisées et qui, manu militari, me conduisirent au poste de garde. Là je me trouvais en présence d'un officier très digne et calme, qui me fit raccompagner par un soldat sans arme jusqu'où je devais me rendre. J'avais ainsi constaté que je me trouvais en situation de prisonnier comme, évidemment, les Français et autres personnes rassemblés à Patriotic School.
Le lendemain après-midi, je fus conduit dans un autre bureau pour être présenté à un colonel de l'armée britannique.
Bien installé dans un confortable fauteuil, face au colonel assis derrière un bureau luxueux, la conversation s'engagea sur des échanges de vues à propos des événements de guerre, de la situation de la Résistance française et ses possibilités, d'après ce que je pouvais connaître.
Arriva le moment des questions très importan,tes. Il me dit que j'étais "dédouané" et accueilli sur le territoire britannique avec entière liberté d'action, que je pouvais, si je le désirais, poursuivre des études ou me chercher une situation dans le commerce ou l'industrie, ou même vivre de mes revenus au ca où j'en disposerais en Angleterre.
Ma réponse fut catégorique : je dis que j'étais venu en Angleterre pour réaliser mon désir le plus cher qui était de servir dans l'armée du général de Gaulle et si possible dans une unité de parachutistes. Il me répondit en disant que j'étais réclamé par les services du colonel Buckmaster…
Jean-Marie Régnier est recruté par le SOE, section F.
[C'est Jean-Marie Régnier lui-même qui s'exprime. Ses propos ont été rapportés par Marcel Ruby[4].]
Ma réponse fut catégorique : je dis que j'étais venu en Angleterre pour réaliser mon désir le plus cher qui était de servir dans l'armée du général de Gaulle et si possible dans une unité de parachutistes. Il me répondit en disant que j'étais réclamé par les services du colonel Buckmaster…
Je lui dis que je ne connaissais pas les services du colonel Buckmaster (les officiers anglais que j'avais rencontrés en France avec lesquels j'avais travaillé en action de résistance ne m'avaient, comme il se doit, jamais parlé de leur patron), mais que je supposais que ces services étaient britanniques ; en tant que Français, je n'avais rien à faire ailleurs que dans l'armée du général de gaulle.
Il m'indiqua qu'il connaissait mon activité pour la Résistance et mon habitude de circuler sous l'occupation militaire allemande et qu'il considérait que le rôle que je pouvais avoir dans les services spéciaux serait plus effiocace pour la cause commune interalliée. Je défendis ma position pour l'armée française et il me demanda si je connaissais le BCRA. Je lui répondis par la négative. Il m'expliqua que le premier ministre britannique sir Winston Churchill avait accordé (le mot accordé m'avait déplu et je le fis comprendre) au général de Gaulle l'autorisation de fonder et d'organiser un service semblable au SOE du colonel Buckmaster, que je pouvais, et toujours dans l'intérêt de la cause commune, demander mon incorporation dans le BCRA. Il fut donc convenu que le lendemain, à l'heure du thé, je rencontrerais dans ce même bureau l'officier français recruteur du BCRA, qu'il ferait le nécessaire pour organiser cette rencontre.
Le lendemain après-midi, je fus conduit au bureau où m'attendait un commandant en uniforme de l'armée française ; accueil courtois et cordial : commandant Carpentier, officier recruteur du BCRA. La conversation débuta d'une façon très agréable sur la Résistance lyonnaise, dont il connaissait les grandes lignes de l'organisation et les noms de certains fondateurs de mouvements, d'associations et chefs de groupements. Il était intéressé par l'esprit et le moral de cette Résistance lyonnaise dans son ensemble.
À cette époque les orientations politiques étaient discrètes. L'idéal et le but étaient de bouter hors de France l'occupant nazi et d'éliminer le régime de Vichy pour instaurer une nouvelle République. Le commandant arrêta la conversation pour me dire : « Savez-vous que vous êtes un grand chanceux en étant réclamé par les services anglais ; et je vais vous dire pourquoi. Nous avons pu créer le BCRA avec des moyens limités. Parfois les Anglais acceptent qu'un de nos officiers en formation des services spéciaux suive, pendant une semaine, des cours dans une de leurs écoles. Quand nous considérons que des officiers ont une formation suffisante pour partir en mission en France, leurs services "parachutages" font le nécessaire, sur nos indications. Nos officiers sont parachutés dans les régions que nous avons indiquées pour accomplir leurs missions, dans le cadre de nos instructions, avec promesse de parachutage d'armes. Malheureusement les parachutages d'armes ne sont que très peu réalisés. Les Anglais font surtout confiance aux gens qu'ils forment eux-mêmes. Je vous conseille donc d'accepter l'incorporation au SOE du colonel Buckmaster. »
J'avoue que ce conseil allait à l'encontre de mes désirs et de mes projets. Je m'empresse de le lui dire, sans pouvoir désapprouver ce qui cachait un ordre élégamment présenté.
« Mais voilà, poursuit-il, il n'est pas tout simple d'être incorporé au SOE du colonel Buckmaster. Il vous faudra subir une semaine assez désagréable à l'école des tests, désignée souvent comme l'école des fous. Vous aurez une compensation en séjournant dans un château avec un très grand et joli parc. je vous demande de faire le maximum pour réussir aux épreuves de tests, parfois pénibles. Les officiers, médecins psychiatres, ne vous diront jamais si vous avez réussi dans les épreuves d'observation, d'organisation, intellectuelles et physiques. Si vous ne réussissez pas, il vous faudra revenir dans nos services ou dans l'armée du général de Gaulle, discrètement accompagné d'officiers britanniques qui, peut-être, nous donneront des indications sur ce qu'ils pensent de vos capacités pour la lutte contre l'armée allemande. Par contre, si vous réussissez, ce que je vous souhaite, vous ne le saurez que lorsque vous ferez partie d'un groupe de douze aspirants-officiers en préparation d edépart pour un entraînement intensif, très intéressant, dans des écoles situées au nord de l'Angleterre, probablement en Écosse. À nouveau, je vous demande de faire le maximum d'efforts pour réussir à toutes les épreuves de cet entraînement. Si vous réussissez avec de bonnes notes, il est possible qu'après le stage de parachutisme, cinq sauts seulement étalés sur une semaine avec séjour agréable dans la région de Manchester, il est possible donc que vous soyez désigné pour l'école des chefs de réseaux, située dans la région de Londres. Après des cours de formation très intéressants qui dureront environ deux mois, vous serez parachuté en France avec un radio pour une mission importante. Les parachutages d'armes et autres que vous demanderez seront effectués. Et pensez bien que les armes qui auront été utilisées par les Résistants français pour la libération de la France seront récupérées par l'armée française qui en aura un grand besoin pour l'équipement des unités prévues pour reconstituer une importante armée française… »
Après le départ du commandant du BCRA, je me retrouvais dans le même bureau en présence du colonel anglais qui me félicita pour avoir donné mon accord à l'officier du BCRA d'aller avec le colonel Buckmaster.
Il est alors envoyé à l'entraînement.
1944.
1990. Il meurt le à Villeurbanne (Rhône).
Jean-Marie Régnier a reçu les distinctions suivantes :
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