La famille Hatt est une famille de la bourgeoisie protestante strasbourgeoise depuis 1527, année où s’installe à Strasbourg l’humaniste alsacien Matterne Hatten[2]. Son père Jacques Hatt, docteur en droit et en lettres, est un passionné d’histoire, auteur de plusieurs ouvrages sur Strasbourg aux XVeetXVIIesiècles. Il fait rencontrer à son fils encore adolescent Robert Forrer, conservateur du musée préhistorique et gallo-romain de Strasbourg. Dès 1927, Jean-Jacques Hatt travaille sous sa direction et participe à de premières fouilles à Dachstein et à Heiligenberg[3].
En 1934, Jean-Jacques Hatt passe sa licence de lettres à la Sorbonne.
En 1935, il obtient son diplôme d’études supérieures sous la direction de Charles Picard, sur «Les rites funéraires chez Homère»; et en 1937, une agrégation de grammaire. Il commence alors à enseigner au lycée Kléber de Strasbourg tout en initiant des recherches sur la tombe gallo-romaine.
Appelé pour son service militaire en 1938 au 309erégiment d'artillerie, il reste sous les drapeaux à la suite du déclenchement de la guerre et n'est démobilisé qu'en juillet 1940 après la défaite.
Malgré l’interruption des années de guerre pendant lesquelles il enseigne au lycée Blaise Pascal de Clermont-Ferrand, il soutient en Sorbonne sa thèse sur la tombe gallo-romaine, qu'il obtient en 1948 avec les félicitations du jury[3].
En 1953, Jean-Jacques Hatt est nommé maître de conférences à l’université de Strasbourg, puis professeur titulaire en 1958, prenant la suite d’Albert Grenier.
En 1963, il assume la présidence de l’UER des sciences historiques. Il vit difficilement les événements de mai 1968 et l’occupation de l’université par les étudiants protestataires.
Ayant pris la fonction de conservateur du Musée archéologique de Strasbourg bénévolement à partir de 1945, il assure la réorganisation et la rénovation complète du musée. Les fouilles qu’il dirige en Alsace (Strasbourg, Ehl, Sarre-Union, Seltz, Mackwiller, Saverne, Brumath…) lui permettent également d'enrichir ses collections. Une salle, celle consacrée à la Gaule celtique, lui a été dédiée en 1999[3].
Directeur régional des Antiquités
Jean-Jacques Hatt fut pendant de nombreuses années directeur de la Circonscription des Antiquités Historiques d’Alsace et de Moselle. À ce titre, il reconstitua l’histoire ancienne de Strasbourg en appliquant la méthode stratigraphique aux nombreuses fouilles urbaines qu’il eut à superviser (place de la Cathédrale, église Saint-Nicolas, église Saint-Étienne, rue du Sanglier, rue de l’Ail…)[3].
Fouilles du Pègue (1958-1976, 18 campagnes de fouilles)
Activités scientifiques
Fondation du Groupe d’études sur la céramique antique en Gaule (actuelle SFECAG) en 1962, dont il assure la présidence jusqu'en 1978[8]
Recherches sur la sculpture romaine en Gaule (publications en 1964 et 1966)
Chronologie de l'Âge du bronze (publications de 1954 à 1961)
Religion gauloise, thème récurrent dans ses recherches, depuis sa thèse sur la tombe gauloise commencée dès 1937 jusqu’à son ouvrage de référence Mythes et dieux de la Gaule, dont le tome 1 est paru chez Picard en 1989 et dont le tome 2 est paru de manière posthume sur le site jeanjacqueshatt.free.fr[3].
Jean-Jacques Hatt est à l'origine de la subdivision de l’Âge du bronze français, qu’il propose en 1954 et confirme en 1958 dans le Bulletin de la Société préhistorique française. Sa tripartition de l’Âge du bronze en France, Bronze ancien (1800 à 1400 av. J.-C. environ), Bronze moyen (1500 à 1100 av. J.-C. environ) et Bronze final (1200 à 700 av. J.-C. environ) a longtemps fait référence, avant que les techniques modernes de datation la rendent quelque peu obsolète[9].
Comité des travaux historiques et scientifiques
Société archéologique du Midi de la France (membre correspondant (1941), membre associé (1989-1997))
Féru de scoutisme et amateur de grand air, il entraine en 1937 ses étudiants du lycée Kléber dans des excursions à vélo pour visiter les fouilles archéologiques de Dachstein et de Heiligenberg[3].
En 1956, il découvre à Mackwiller un important sanctuaire de Mithra. En 1966, il revient à Mackwiller à l'occasion de la mise au jour d'un important mausolée non loin des thermes. Faute de crédits, il se porte lui-même acquéreur de la parcelle concernée afin de préserver les vestiges fraichement exhumés[10]!
En 1969, il apporte une précieuse contribution à l'aménagement d'une section archéologique au musée de Saverne en proposant spontanément d'assurer la datation de tout le mobilier exposé[10].
La Tombe gallo-romaine, recherches sur les inscriptions et les monuments funéraires gallo-romains des trois premiers siècles de notre ère, Presses universitaires de France, 1951
Strasbourg au temps des Romains, Petite collection alsacienne, 1953
Histoire de la Gaule romaine, 120 avant J.-C. - 451 après J.-C., colonisation ou colonialisme? (préface de Jérôme Carcopino), Payot (Poitiers, Impr. S.F.I.L. et M. Texier réunies), 1959, 2e éd. 1966
Sculptures antiques régionales, Musée archéologique de Strasbourg, Éditions des Musées nationaux, 1964
Sculptures gauloises: esquisse d'une évolution de la sculpture en Gaule depuis le VIesiècleav. J.-C. jusqu'au IVesiècle après J.-C., Les Éditions du Temps, 1966
Les Celtes et les Gallo-Romains, Nagel, 1970
La Tombe gallo-romaine: recherches sur les inscriptions et les monuments funéraires gallo-romains des trois premiers siècles de notre ère (suivi de) Les Croyances funéraires des Gallo-romains d'après la décoration des tombes, Picard, 1986
Mythes et dieux de la Gaule. 1, Les Grandes divinités masculines, Picard, 1989
Argentorate-Strasbourg, Presses Universitaires de Lyon, 1993
Mythes et dieux de la Gaule. 2, (inachevé, complété après son décès, consultable en ligne )
Contributions à des ouvrages collectifs
Histoire de l'Alsace. Publiée sous la direction de Philippe Dollinger (articles de Jean-Jacques Hatt, Philippe Dollinger, Francis Rapp, Georges Livet, ...), 1970
Documents de l'histoire de l'Alsace, par André Thévenin, Jean-Jacques Hatt, Philippe Dollinger, Roland Recht, etc., publiés sous la direction de Philippe Dollinger, Privat, 1972
L'Alsace celtique et romaine: 2200 av. J.-C. à 450 ap. J.-C., sous la direction de Francis Rapp, Éditions Mars et Mercure, 1978
Histoire de Strasbourg des origines à nos jours. 1, Strasbourg des origines à l'invasion des Huns, sous la direction de Georges Livet et Francis Rapp, Éditions des Dernières nouvelles de Strasbourg, 1980
Articles
Une visite aux fouilles de Gergovie, dans Gergovie, haut-lieu de France. Géographie, archéologie, histoire, tourisme, 1943
Les Céramiques protohistoriques et gallo-romaines du Puy-de-Dôme, Bulletin historique et scientifique de l'Auvergne, T. 63, 1943
Étude d'un lot de poteries gallo-romaines découvert à Clermont, à l'emplacement des nouvelles facultés, Impr. de J. de Bussac, 1945
Tombes à incinération découvertes à Issoire (Pierre-François Fournier et J.-J. Hatt), Impr. de J. de Bussac, 1945
Essai d'une comparaison entre la céramique celtique d'Aulnat-Sud et la céramique gallo-romaine précoce de Gergovie, Impr. de J. de Bussac, 1946
Résultats des dernières fouilles romaines en Alsace, 1956-1957, Extrait de la Revue d'Alsace, T. 96, 1957
Les Influences hellénistiques sur la sculpture gallo-romaine dans le Nord-Est de la Gaule, depuis le premier siècle jusqu'au milieu du deuxième, Université de Dijon, Fasc. XVI, Actes du Colloque sur les influences helléniques en Gaule, impr. Bernigaud et Privat, 1958
Nouvelles recherches sur les origines de Clermont-Ferrand, Institut d'études du Massif central, 1970
«Découvertes archéologiques à Strasbourg, rue du Puits», Cahiers alsaciens d'archéologie, art et histoire, t. XIV, 1970, p.91-100
Divinités orientales et dieux gaulois, 1978
L'humanisme chez les Celtes, Bulletin de l'Association Guillaume Budé, no1, mars 1986, p.2-7
La Montagne sacrée du Donon (avec Francis Mantz), Ed. des Dernières Nouvelles d'Alsace, 1988
articles de Bernadette Schnitzler et Jacques-Pierre Millotte, Bulletin de la Société préhistorique française, année 1997, Volume 94, Numéro 2, p.132-133
«Droit de réponse de M. Alain de Benoist, concernant Nouvelle École», Courrier hebdomadaire du CRISP, vol.9, no715, , p.1-44 (DOI10.3917/cris.715.0001).
Lucien Rivet et Sylvie Saulnier, La Société Française d’Étude de la Céramique Antique en Gaule (SFECAG) à l'aube de 50 ans d'activités, Actes du congrès 2011 de la SFECAG à Cadix, paru dans Monografías ex officina hispana, tome 1/2013, Éditeur: Université de Cadix, 2013, p.91 à 114
Georges Lévy, In Memoriam JJ Hatt, Pays d'Alsace, bulletin de la Société d'Histoire de Saverne et environs, no178, 1ertrimestre 1997
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Biographie de Jean-Jacques Hatt, par Bernadette Schnizler, in Mythes et dieux de la Gaule, tome 2
In Memoriam JJ Hatt, Pays d'Alsace, bulletin de la Société d'Histoire de Saverne et environs, no178, 1ertrimestre 1997
Études offertes à Jean-Jacques Hatt, Revue archéologique de l'Est, no125-126, juillet-décembre 1981
Jean-Jacques Hatt, à l'occasion de son quatre-vingtième anniversaire, in Cahiers Alsaciens d'Archéologie et d'Histoire - Mélanges offerts à Jean-Jacques Hatt, 1993, lire en ligne sur Gallica