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peintre espagnol De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Jaume Huguet (ou Jaime Huguet), né à Valls vers 1415 et mort à Barcelone en 1492, est un peintre catalan. D'après Salvador Sampere i Miquel, spécialiste de la peinture catalane au début du XXe siècle, « les influences flamandes se fondent chez lui dans la technique de la vieille école catalane », ce qui fait de Jaume Huguet le représentant d'une « tendance traditionnelle » de la peinture catalane au milieu du XVe siècle, par opposition à Lluís Dalmau, plus marqué par l'influence flamande, et en particulier Jan van Eyck[1].
Jaume Huguet naît dans une famille de cardeurs de laine de Valls ; en 1419, à la mort de son père, il part à Tarragone, où il vit chez son oncle, le peintre Pere Huguet, qui devient son tuteur. En 1434, celui-ci l'emmène avec lui à Barcelone, où Jaume entre en contact avec les courants les plus récents de la peinture européenne de l'époque, notamment par le biais de Bernat Martorell. Il semble que Jaume Huguet ait travaillé à Saragosse entre 1440 et 1445, puis à Tarragone, où il est influencé par le style flamand de Lluís Dalmau, tout en gardant les motifs typiques du gothique international. C'est de ce séjour à Tarragone que date probablement le retable de Vallmoll (Barcelone, Musée national d'art de Catalogne et musée de Tarragone).
Jaume Huguet retourne à Barcelone, où il s'installe définitivement en 1448 ; il s'y marie en 1454 avec Joana Baruta. En 1450, il réalise le retable de l'Épiphanie pour un oratoire privé. La période la plus importante de sa production artistique commence, avec un dessein clair et très expressif sur un fond doré (qui tient avant tout des exigences de sa clientèle artisanale et marchande) et des reliefs de stuc qui donnent à ses œuvre un aspect archaïque. Huguet se détache de Martorell et Dalmau par l'expression dans ses œuvres d'une certaine émotion, et d'un sens singulier du mysticisme et de la grandeur[2]. Il s'intéresse aussi à l'aménagement de l'espace, aux effets de lumière et étudie les paysages naturels pour pouvoir les insérer dans le fond de ses compositions. Entre 1455 et 1460, il peint une Mise au tombeau et une Flagellation (toutes deux conservées au musée du Louvre[3]), des devants d'autel pour la confrérie des cordonniers de Barcelone.
Les œuvres de sa maturité sont réalisées avec une plus grande variété de style. On peut noter le Retable de saint Vincent de Sarrià (Barcelone, Musée national d'art de Catalogne), dont cinq panneaux ont été exécutés entre 1458 et 1460, le Retable de saint Antoine abbé (1455-1458) détruit lors des émeutes de 1909, le Retable des revendeurs (1455-1460) dont seuls subsistent la Vierge à l'enfant avec quatre saints et cinq des panneaux latéraux, conservés au MNAC de Barcelone, le Retable des saints Abdon et Senen (1459-1460) conservé à l'église Sainte-Marie de Terrassa, et le Retable du connétable de Portugal ou de l'Épiphanie (Musée d'histoire de Barcelone). Il est président de la corporation des peintres de la confrérie de saint Étienne de 1454 à 1460 et de 1470 à 1480. Son atelier détient un quasi-monopole sur la production de retables dans la région de Barcelone de 1454 à 1492.
Il achève vers 1465 le retable de saint Augustin, commandé le par la confrérie des tanneurs pour leur chapelle de l'église des Augustins, et considéré par certains critiques comme son œuvre la plus importante[4]. Ce retable avait été commandé en 1452 à Lluís Dalmau, mais celui-ci était mort en 1460 s'en s'être exécuté. Jaume Huguet reçoit pour son travail 1 100 livres, somme remarquable pour l'époque. Aucun de ses autres retables n'avait atteint la moitié de ce prix.
À la fin de sa vie, son atelier livre des œuvres plus novatrices que les siennes propres, en raison de l'évolution des goûts de sa clientèle ; sa production semble s'industrialiser (retable de Sainte Thècle, 1486, Cathédrale de Barcelone) notamment grâce à la collaboration de différents membres de la famille Vergós ; cet atelier ne disparaît d'ailleurs pas à sa mort, exécutant les œuvres commandées, et en acceptant même de nouvelles.
Il est généralement considéré comme le peintre le plus représentatif de l'école catalane du XVe siècle, avec pour spécificité « l'élégance et la mélancolie qu'il imprime à ses figures, dans lesquelles on peut déceler l'influence italienne[5] ». Figure dominante de la peinture gothique de la fin du XVe siècle, il représente l'ultime stade de l'âge d'or barcelonais[2]. Parmi les caractéristiques de son style, d'autres critiques relèvent « l'élégance des figures jeunes », l'emploi de couronnes de feuilles en relief pour le nimbe des saints, et la représentation des oreilles, « anatomiquement mal conformées et mal placées »[6].
Les documents écrits permettent d'établir l'existence d'au moins douze retables de Jaume Huguet. On en connaît trois autres pour lesquels aucune trace écrite n'a été conservée[1].
Le retable de Valmoll, réalisé pour l'ancienne église paroissiale Sainte-Marie de Valmoll, remonte au séjour de Jaume Huguet à Tarragone ; il est donc antérieur à 1448. Trois panneaux subsistent :
Retable de saint Vincent
Le retable de saint Vincent (1455-1462) était destiné à l'autel majeur de la nouvelle église de Sarrià. Il représente plusieurs scènes de la vie de Vincent de Saragosse (martyrisé au début du IVe siècle) ; cinq panneaux sont aujourd'hui exposés au MNAC :
Retable de saint Michel
Six panneaux du retable de saint Michel (1455-1460), destiné à une chapelle de l'église Santa Maria del Pi, à Barcelone, sont aujourd'hui exposés au MNAC :
Retable de saint Augustin
Trois panneaux du retable de saint Augustin (1465-1475), commandé par la corporation des mégissiers de Barcelone, réalisé avec par Jaume Huguet avec son atelier, sont aujourd'hui exposés au MNAC :
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