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industriel et mafieux italien De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Ignazio Salvo (prononcé : [iɲˈɲattsjo ˈsalvo], né à Salemi en et mort à Palerme le ) et son cousin « Nino » Salvo (Antonino Salvo prononcé : [antoˈniːno ˈsalvo]) né à Salemi le et mort à Bellinzone le ) sont deux riches hommes d'affaires et mafieux siciliens.
Ils avaient des relations politiques avec le parti démocrate-chrétien (DC - Democrazia Cristiana), en particulier avec l'ancien maire de Palerme, Salvo Lima et l'ancien premier ministre italien Giulio Andreotti. Ils avaient notamment la charge de la perception des impôts en Sicile.
Lors du Maxi-Procès de Palerme contre la mafia au milieu des années 1980, ils ont été reconnus coupables d'association avec des membres de la mafia.
L'histoire des cousins Antonino et Ignazio Salvo, « hommes d'honneur » de la famille de Salemi a débuté au début des années 1950. La fortune des deux cousins commence grâce à Antonino Salvo qui épouse Francesca Corleo, fille du financier Luigi Corleo. C'est son beau-père qui décide de lancer Antonino Salvo et son cousin Ignazio, dans l'activité de « collecteur d'impôts ». Luigi Corleo a en effet créé en 1946 la SATRIS (Società per Azioni per Azioni Tributaria Siciliana), dans le but de proposer des services de collecte d'impôts sur le territoire sicilien[1].
Par la suite, les Salvo étendent leur activité économique à de nombreux autres domaines comme l'agro-industrie largement subventionnée par l'Union européenne et le gouvernement italien et le tourisme. Ils possédaient le complexe hôtelier Zagarella à Santa Flavia, près de Palerme[1].
En 1958, les cousins Salvo ainsi que les anciennes familles mafieuses Greco et Bontade soutiennent le gouvernement régional sicilien de Silvio Milazzo, un gouvernement de coalition atypique soutenu par les communistes, les monarchistes, les néo-fascistes et des démocrates-chrétiens dissidents. Ce gouvernement est formé pour empêcher l'État italien de mettre l'autonomie sicilienne sous contrôle. Les Salvo « achètent » la concession privée pour la perception des impôts en Sicile à des conditions très favorables. Ils sont autorisés à mettre en place un système lucratif de collecte d'impôts en Sicile en échange de l'apport de votes lors des élections pour Lima et la faction de la DC d'Andreotti. Les Salvo ont obtenu 10 % de commission, soit trois fois plus que la moyenne nationale de 3,3 %[1]. Pour consolider ce privilège, les Salvo retirent sans scrupule leur soutien clientéliste à Milazzo pour s'allier aux démocrates-chrétiens traditionnels qui tentent de reprendre le contrôle de la région[2],[3],[4].
Depuis lors et jusqu'au milieu des années 1980, les Salvo figurent parmi les hommes d'affaires les plus puissants de la vie économique, politique et sociale de la Sicile, jusqu'au moment où ils sont poursuivis par le groupe Antimafia de Palerme, composé de Giovanni Falcone et Paolo Borsellino[1].
Les deux cousins contrôlent la branche du parti démocrate-chrétien de la province de Trapani et ont une grande influence sur la prise de décision régionale de la DC. Le patron de la mafia Francesco Paolo Bontade, puis son fils Stefano Bontate entretiennent une relation étroite avec les cousins Salvo, ce qui leur permet d'influencer les plus importants politiciens régionaux[3],[4].
Les cousins Salvo servent d'intermédiaire entre la mafia et les hommes politiques. En octobre 2004, la plus haute juridiction italienne, la Cour de cassation, statue que jusqu'au début des années 1980, l'ancien Premier ministre Giulio Andreotti a « des liens amicaux directs » avec des hommes de premier plan dans l'aile dite modérée de Cosa Nostra, Gaetano Badalamenti et Stefano Bontate, favorisé par les frères Salvo, servant intermédiaires entre eux et Salvatore Lima. Les juges ont estimé qu'Andreotti a « sous-estimé » les dangers de ces contacts avérés avec les cousins de Salvo et le patron de la mafia, Stefano Bontade[1].
Les Salvo sont le principal contact pour «ajuster» les procès contre les mafieux. Selon le pentito Gaspare Mutolo, le circuit normal pour tous les problèmes qui nécessitent une attention à Rome passe par Ignazio Salvo, l'honorable Salvo Lima et le sénateur Giulio Andreotti. Andreotti nie d'avoir connu les Salvo. Cependant, de vieilles photographies de presse montrent en 1979 Andreotti avec Nino Salvo lors d'un rassemblement démocrate-chrétien tenu dans le complexe hôtelier des Salvo à Zagarella[1].
C'est le pentito Tommaso Buscetta qui révèle au juge Giovanni Falcone l'affiliation des Salvo à Cosa Nostra. Dans un rapport de police confidentiel de 1972 sur la mafia de Trapani, les frères Ignazio Salvo (né en 1887 et père d'Antonino Salvo) et Luigi Salvo (né en 1888 et père d'Ignazio Salvo) sont désignés comme les chefs de la mafia de cette zone et de fait, l'adhésion à Cosa Nostra a été transmise à leurs fils[1].
Antonino et Ignazio Salvo sont arrêtés le [5] et reconnus coupables d'association mafieuse. Le procès montre que lorsque Lima était en Sicile, ses déplacements se font dans la voiture blindée des Salvo[1].
Selon le repenti Francesco Marino Mannoia, son patron Stefano Bontate lui a dit que l'affiliation des cousins Salvo devait rester confidentielle en raison de leur position dans les affaires et la politique. Les contacts avec les Salvo sont maintenus par un groupe restreint de chefs de la mafia, comme Gaetano Badalamenti, Salvatore Inzerillo et Bontade. Après le meurtre de Bontade et la défaite de l'aile modérée de Cosa Nostra dans la guerre de Mafia menée par les Corleonesi au début des années 1980, la relation avec les Salvo est reprise par Salvatore Riina et bien que les Salvo fassent partie du camp des perdants, leurs relations politiques étaient trop importantes pour les supprimer[1].
Les cousins Salvo sont également impliqués dans le meurtre de Mino Pecorelli le . Le , le repenti Tommaso Buscetta déclare aux procureurs de Palerme qu'il a appris par son patron Badalamenti que le meurtre de Pecorelli a été commis dans l'intérêt de Giulio Andreotti. Buscetta déclare que Gaetano Badalamenti lui avait dit que le meurtre avait été commandité par les cousins Salvo pour protéger Andreotti car Pecorelli était sur le point de publier des informations qui auraient pu détruire la carrière politique de l'ancien ministre. Parmi ces informations figure le mémorial complet d'Aldo Moro, qui sera publié en 1990 et que Pecorelli avait montré au général Carlo Alberto dalla Chiesa avant sa mort[6]. Dalla Chiesa a également été assassiné par la mafia en septembre 1982[7].
Selon le pentito Francesco Marino Mannoia, les Salvo étaient présents lors d'une réunion avec Giulio Andreotti et le patron de la mafia Stefano Bontade pour tenter d'empêcher l'assassinat de Piersanti Mattarella, président de la région autonome de Sicile. Mattarella voulait éradiquer le racket des marchés publics qui a profité à Cosa Nostra, pour cela il a été tué le [8].
Antonino Salvo est mort d'un cancer le dans une clinique de Bellinzone en Suisse à l'âge de 56 ans. Ignazio Salvo quant à lui, a été condamné à sept ans de prison pour « complot criminel » le , lors du Maxi-Procès de Palerme contre la mafia. Il a été décrit comme un médiateur clé entre la mafia et l'élite politique et commerciale de la Sicile[9].
Ignazio Salvo est mort le , assassiné par la Mafia devant son domicile de Santa Flavia[10]. Il est une victime d'une série de meurtres organisés par la mafia en représailles à la confirmation de la condamnation du Maxi-Procès de Palerme par la Cour suprême italienne en janvier 1992. En 1996, Giovanni Brusca été condamné par contumace à la perpétuité pour le meurtre d'Ignazio Salvo[11].
L'allié des Salvo, Salvatore Lima a été tué en ainsi les juges Giovanni Falcone et Paolo Borsellino en mai et [12].
En 1993, la police a retrouvé dans les archives de la photo-journaliste Letizia Battaglia deux photographies de Giulio Andreotti avec Nino Salvo de 1979 alors qu'Andreotti avait nié le connaître. Mis à part les témoignages, ces photos sont la seule preuve physique des liens de cet important politicien avec la mafia sicilienne. Battaglia elle-même avait oublié avoir pris ces photos devenues des preuves essentielles 15 ans après leur prise[13],[14].
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