Dans un manuscrit de la Bibliothèque nationale de France[7], il est écrit que: «[Rambaud] estoit noir de poil, de l'âge environ de cinquante ans».
Vers 1550[note 1], il travaille à ce qui va devenir La Déclaration des abus que l’on commet en écrivant et le moyen de les éviter, et de représenter naïvement les paroles: ce que jamais homme n’a fait[8].
Honorat Rambaud se marie vers 1555 avec Catherine Fabre (1530-1590), fille de Jean Iscardon Fabre, patron de barque de Marseille[note 2]. Ils ont au moins un fils, Pierre Rambaud (v. 1555-1626), marchand à Marseille.
Honorat Rambaud s'installe à Marseille vers 1546. Il y tient une école et enseigne aux enfants des consuls de la ville[5]. Pour Adolphe Rochas, qui écrit sa biographie, il est un homme zélé pour l'initiation à la lecture des enfants. Il sert de modèle à d'autres enseignants.
Guillaume Farel en traduisant la Bible veut la rendre compréhensible au peuple. Mais les personnes sachant lire sont les personnes privilégiées. Honorat Rambaud invente donc un alphabet nouveau qu'il considère comme facile à apprendre, afin que tous puissent apprendre à lire. Sa préoccupation est sociale et pour arriver à ses fins, il préconise une réforme révolutionnaire pour permettre au peuple d’accéder à la culture[9]. Selon lui, l’alphabet est corrompu. Il invente donc un alphabet et préconise l'abandon radical de l'alphabet latin, inapte à noter 34 des 52 sons repérables dans l'usage du temps, ce qui représente une révolution pour la grammaire.[réf.nécessaire]
Pour Jacques Leclerc[10], «Rambaud proposa une orthographe calquée sur la prononciation. Il considéra qu'il fallait augmenter le nombre des lettres latines si l'on voulait transcrire fidèlement les sons du français. Le traité de 351 pages de Rambaud proposait 24 nouvelles lettres de plus et atteignait les 52 lettres. Le système de Rambaud fut perçu comme l'œuvre d'un fou par les érudits de son époque. Une orthographe étymologique permet de garder la langue fixe, alors qu'une orthographe calquée sur la prononciation est soumise au changement périodique.»
«Rambaud avoit la conscience de son entreprise et qu’il savoit apprécier à leur juste valeur les tentatives de ses prédécesseurs et de ses émules. Aussi n'hésiterai-je pas à le regarder comme l'homme de génie de la bande, et le seul qui offre, dans son fatras quelques vues ingénieuses et fortes[11].»
Honorat Rambaud a été cependant considéré comme un original dans un passé relativement récent[12] ou, selon René Merle, comme un facteur Cheval de l'orthographe[5].
La confusion sur son lieu de naissance vient que dans la permission d'imprimer son livre, accordée par la ville de Lyon, il est dit que Honorat Rambaud est natif d'Esparron (Var), diocèse d'Aix en Provence. Pour le spécialiste des archives des Hautes-Alpes, Joseph Roman (1840-1924), il est né à Gap. Adolphe Rochas écrit aussi né à Gap dans les premières années du XVIesiècle.
Adolphe Rochas, Biographie du Dauphiné: contenant l'histoire des hommes nés dans cette province qui se sont fait remarquer dans les lettres, les sciences, les arts, etc. Avec le catalogue de leurs ouvrages et la description de leurs portraits, Adolphe Rochas, Charavay, 1860, v.2, p.328]. Lire sur Google Books.
Willy van Hoeke, «La déclaration des abus (1578) d’Honorat Rambaud, la pratique de l’enseignement de l’écriture et la nécessité d’un système universel de transcription phonétique», The History of Linguistic and Grammatical Praxis, Proceedings of the international colloquium of the Studienkreis "Geschichte der Sprachwissenschaft", Studienkreis Geschichte der Sprachwissenschaft, Piet Desmet, Peeters Publishers, 2000, p.43-61. Lire sur Google Books.
Cette notice a été signalée et publiée par Gautier (1838) qui suggère que l'annotation serait faite par un certain monsieur Bleyn de Lyon. Le texte n'est accessible que par le biais de Guillaume, Histoire de la ville de Gap et du Gapençais, Gap: Imprimerie et Librairie Alpines.
Charles Nodier, Description raisonnée d'une jolie collection de livres: (nouveaux mélanges tirés d'une petite bibliothèque), Francis Wey, Le Roux de Lincy, J. Techener, 1844, p.82.
Antónia Szabari parle, elle, de fantaisie évangélique de l’écriture, dans Lyon et l’illustration de la langue française à la Renaissance, ENS, 2003.
Bibliographie
Clérico Geneviève, «L'Ignorance de cent mille millions d'hommes et le moyen d'y remédier: Honorat Rambaud et l'alphabet (1578)», Nouvelle revue du seizième siècle, Paris Genève, Tomaison, no17 (1999), p.107-145.
Précis de l'histoire de la ville de Gap, suivi de notices biographiques sur les évêques de cette ville, Théodore Gautier, 1844, p.152. Article Honorat Rambaud
Recherches sur les articulations de la langue française: suivies d'une méthode nationale élémentaire de lecture du français et du latin, basée sur le rapport rythmique des voyelles et des consonnes... Alphonse Ernaux, 1846, p.43 et suivantes, Étude sur Honorat Rambaud.