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Jean Jacques Henri Boudet mieux connu sous le nom de l’abbé Henri Boudet, est un homme d'Église, hermétiste et écrivain français né le à Quillan et mort le à Axat.
Nom de naissance | Jean Jacques Henri Boudet |
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Naissance |
Quillan, Aude (royaume de France) |
Décès |
(à 77 ans) Axat, Aude (Troisième République) |
Diplôme | |
Activité principale | |
Formation |
Langue d’écriture | Français |
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Genres |
Étude pseudo-scientifique |
Œuvres principales
La Vraie Langue celtique et le cromleck de Rennes-les-Bains (1886)
Il fut pendant 42 ans le curé de Rennes-les-Bains, station thermale située dans le département de l'Aude.
Il est surtout connu comme l'auteur de La Vraie Langue celtique[1] et le cromleck de Rennes-les-Bains, livre énigmatique en huit chapitres qui parut en 1886, ouvrage dans lequel l'auteur tente d'associer celtisme amalgamé avec le mégalithisme et christianisme et cherche à démontrer par l'étude étymologique (chapitres 1 à 6) de mots languedociens, hébreux, puniques, kabyles, basques et celtes par l'anglais de l'existence d'une langue primitive commune à toute l'humanité, « une sorte de vieux celte » confondu avec l'anglais moderne[2] qu'il nomme La Vraie Langue celtique. La langue adamique aurait été conservée selon lui par la descendance postdiluvienne du patriarche biblique Gomère : le peuple celte des Volques Tectosages qui seraient aussi les ancêtres des Francs.
Les Anglo-Saxons, descendants supposés d'une colonie de Volques Tectosages (que l'abbé Boudet nomme Tectosages[3], dont dériverait le nom propre Saxon[4]) perdue quelque part dans la forêt hercynienne et qui finiront par réapparaître et s'installer dans une partie de l'Île de Bretagne mieux connue sous le nom d'Angleterre[5].
Le septième chapitre du livre est quant à lui consacré à de prétendus mégalithes que l'abbé Boudet fait figurer à tort comme faisant partie d'un immense Cromleck[6] de seize ou[7] dix-huit kilomètres[8] de pourtour mais qui ne sont en réalité que des blocs de pierres restées en place, résultat de l'érosion naturelle. Les toponymes des environs de Rennes-les-Bains quant à eux porteraient la marque linguistique des Tectosages, liant intimement le cromlech à la résurrection, ou, si l'on veut, au réveil inattendu de la langue celtique[9].
Enfin, le livre s'achève sur le village celtique de Rennes-les-Bains.
Jean Jacques Henri Boudet[10] est né à Quillan, à l'instar de ses aînés, dans la maison de la veuve Pinet-Laval (née Angélique-Zoé-Caroline Saurel, une voisine[11]), le [12]. Issu d'une famille de la petite-bourgeoisie originaire du Tarn, il est le quatrième enfant et troisième fils (second des enfants survivants) de Pierre Auguste Boudet, régisseur de la fonderie de Quillan et fondé de pouvoir[13] du comte François Denis Henry Albert de La Rochefoucauld-Bayers (1799 – 1854), un des actionnaires de la société des forges et fonderies d'Axat, et de Jeanne Françoise Adélaide Elizabeth Huillet née à Montfort-sur-Boulzane, fille de Jean Huillet, régisseur de forges. De cette union naitra un dernier enfant, un fils : Jean Baptiste Edmond Boudet (1840-1907), le futur notaire d'Axat et l'auteur des gravures et de la carte géographique de la région de Rennes-les-Bains (l'énigme dans l'énigme) faite à main levée et en trois couleurs qui illustrent La Vraie Langue celtique et le cromleck de Rennes-les-Bains.
Pierre Auguste Boudet décède à Quillan le . Sa veuve, Jeanne Boudet dite Adélaide Boudet décède en 1895, sa mort sera suivie par celle de son aînée restée célibataire, Jeanne Marie Antoinette Adèle Boudet en 1896[14], toutes deux inhumées dans le cimetière de Rennes-les-Bains. La tombe[15] des deux femmes est située juste à côté de celle de Jean Vié[16], ancien curé de Rennes-les-Bains et prédécesseur de l'abbé Boudet. Le nom des Boudet s'éteindra avec Edmond Boudet, mort sans enfant.
Si l'on peut aisément expliquer pourquoi Edmond Boudet devint notaire, c'est parce que maître Jean Chrysostome Casteilla qui fut d'abord notaire à Montfort-sur-Boulzane puis à Axat est un des témoins[17] mentionnés sur l'acte de mariage du couple Boudet-Huillet qui fut célébré le à la mairie de Montfort-sur-Boulzane. Jean Chrysostome Casteilla assurément un proche de Pierre Auguste Boudet, fut certainement à l'origine de la vocation d'Edmond Boudet, ce dernier reprendra l'étude notariale de Jean Chrysostome Casteilla à Axat en 1869. A contrario, on ne sait malheureusement pas ce qui suscita l'engagement religieux du jeune Henri Boudet.
Après des études au séminaire de Carcassonne où il obtient une licence d'anglais, il entre peu de temps après au lycée catholique Saint-Stanislas de Carcassonne en qualité de professeur. Henri Boudet est ordonné prêtre le [18], il est nommé vicaire de Durban le puis de Caunes en Minervois le . Il est ensuite nommé curé desservant de Festes et Saint André le , et enfin de Rennes-les-Bains le [19], en remplacement de Jean Vié, mort le .
Henri Boudet était devenu un homme accompli, il possédait un laboratoire photographique, une machine de Wimshurst, un appareillage de galvanoplastie et des densimètres[20], polymathe, il s'intéressait à l'archéologie, à la philologie et aussi à la paléographie.
Il était aussi membre de plusieurs sociétés savantes, en 1888, il est admis comme membre correspondant de la Société des Arts et des Sciences de Carcassonne qui est alors présidée par son ami Louis Fédié (1815-1899) de Couiza, historien, auteur et ancien conseiller général de l'Aude et en 1897, membre par cooptation de la Société de linguistique de Paris. Ses études étymologiques portèrent sur plusieurs villages audois comme Axat, Narbonne, Gincla, Counozouls, Bessède-de-Sault, Cailla, Puylaurens, Le Bousquet, Roquefort-de-Sault, Salvezines, Artigues, Le Clat, Sainte-Colombe, Montfort[21] et Greffeil[22]. Il rédigea également une brève notice généalogique sur les Dax d'Axat, une vieille famille de Carcassonne et membre de la noblesse française[20], on peut citer deux membres de cette famille, Ange Jean Michel Bonaventure de Dax d'Axat et son fils, Barthélémy-Léon-François-Xavîer de Dax d'Axat (1802-1875), propriétaires des forges d'Axat.
L'abbé Boudet était rentier, il recevait des revenus substantiels de biens immobiliers qu'il possédait en copropriété avec sa sœur[19].
Après 42 ans de sacerdoce ministériel à Rennes-les-Bains, l'abbé Boudet démissionne le . Le , le périodique catholique La Semaine Religieuse de Carcassonne annonce la nomination de l'abbé Joseph Rescanières[23], missionnaire diocésain à Rennes-les-Bains en remplacement de l'abbé Henri Boudet autorisé à prendre sa retraite pour raison de santé.
Henri Boudet décède le à Axat des suites d'une longue maladie[24]. Il est inhumé trois jours plus tard, le à dix heures du matin[25], jour du Vendredi saint, au cimetière d'Axat auprès de son frère. La tombe des frères Boudet est toujours visible, le corps de Henri Boudet repose dans le caveau voisin.
On peut noter toutefois que si la tombe de l'abbé Boudet date le décès au à l'âge de 78 ans, l'acte de décès établi par la mairie d'Axat le à 11 heures du matin date la mort au , survenue à sept heures du soir à son domicile.
À sa mort, ses archives passent dans la famille Saurel[26], la belle-famille de son frère Edmond.
Quatorze ans après son arrivée à Rennes-les-Bains, Henri Boudet publie à compte d'auteur chez l'imprimeur Victor Bonnafous de Carcassonne, La Vraie Langue celtique et le cromleck de Rennes-les-Bains, il existerait d'autre part, une édition princeps du livre[27] qui parut en 1885. Étant donné que La Vraie Langue celtique et le cromleck de Rennes-les-Bains n'est pas un livre d'église, il était inutile pour l'abbé Boudet de demander l'imprimatur à l'évêché de Carcassonne. Le livre était disponible à l'achat auprès de l'imprimerie François Pomiès située au 50, rue de la Mairie à Carcassonne, au prix de 3 fr.50 ou franco de port au prix de 3 fr.90[28].
À sa sortie, le livre reçut des critiques mitigées de la part de la presse écrite régionale. Le Courrier de l'Aude[29] daté du publia un article flatteur et enthousiaste, titré Rennes-les-Bains-Une importante découverte historique qui sera suivi d'une critique acerbe publiée dans Le Radical du Midi daté du et signé du félibre Gaston Jourdanne (1858 – 1905), avocat et membre de la Société d'études scientifiques de l'Aude[30].
La même année, La Vraie Langue celtique et le cromleck de Rennes-les-Bains figure parmi les dix travaux historiques[31] sélectionnés pour le Prix Gobert de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Le Prix Gobert est décerné au «travail le plus savant et le plus profond sur l'histoire de la France et les études qui s'y rattachent et à celui qui s'en rapproche le plus» mais c'est l'historien et essayiste Alphonse de Ruble[32] qui obtiendra le Prix Gobert pour ses livres intitulés respectivement Le Mariage de Jeanne d'Albret et Antoine de Bourbon et Jeanne d'Albret. Toujours en 1887, Henri Boudet tentera en vain de voir son livre récompensé par le prix de la Médaille d'Or de l'Académie des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse[33].
En 1892, le préhistorien, archéologue et spécialiste du mégalithisme, Émile Cartailhac émit lui aussi des réserves à l'encontre de La Vraie Langue celtique et le cromleck de Rennes-les-Bains[34]. En 1893, Gaston Jourdanne réitéra ses critiques lors d'une présentation du livre d'Henri Boudet aux membres de la Société d'études scientifiques de l'Aude[35].
On peut citer l'auteur de l'Histoire du pèlerinage de Notre-Dame de Marceille près de Limoux sur Aude (1891), l'abbé Joseph Théodore Lasserre (1833-1897), un des rares à saluer le travail de l'abbé Boudet.
Malgré des tentatives infructueuses de voir le fruit de ses recherches honoré par ses contemporains, Henri Boudet prit l'initiative de préserver pour la postérité son livre, il fit don d'un exemplaire à l'Université de Cambridge (lettre écrite en français[36] à l'attention du recteur de la très prestigieuse université britannique datée du ) . En 1887, il déposa le manuscrit original aux Archives départementales, communales et hospitalières de l'Aude et en 1894, il fit don d'un autre exemplaire à la Bibliothèque de la Société des Arts et des Sciences de Carcassonne[37], il gratifia aussi bien certains membres de son entourage proche que certaines de ces connaissances d'exemplaire dédicacé. La Bibliothèque nationale de France possédait, elle aussi, une édition originale de La Vraie Langue celtique et le cromleck de Rennes-les-Bains, mais le livre fut découvert manquant lors d'un inventaire.
Sous l'apparence d'un traité de linguistique comparée et d'une étude archéologique sur un monument mégalithique, l'auteur invite en omettant[38] et en substituant certaines lettres de l'alphabet, le lecteur à s'interroger sur le sens caché de ses écrits.
Objet de tous les fantasmes[39], les curieux s’épuisent encore à en comprendre le sens. La Vraie Langue celtique et le Cromleck de Rennes-les-Bains contiendrait pour les uns, un secret d'Église séculaire jalousement gardé par des hauts initiés, tel que le lieu de la sépulture du Christ et peut-être aussi celle de Marie-Madeleine, l'Arche d'Alliance, ainsi qu'un important dépôt trésoraire, celui des Wisigoths caché dans le Haut-Razés à la suite du sac de Rome.
Extrait de La Vraie Langue Celtique, l'abbé Boudet citant le Deutéronome 31:7. Peu de temps avant de mourir, Moïse dit en s'adressant à Josué :
« Soyez ferme et courageux, car c'est vous qui ferez entrer ce peuple dans la terre que Dieu a juré à leurs pères de leur donner, et c'est vous aussi qui la partagerez au sort[40]. »
Le mystère demeure entier, l'abbé Boudet est parti dans la tombe avec son secret[41], la méthode d'interprétation de son livre.
La Vraie langue celtique et le cromleck de Rennes-les-Bains a fait l'objet de diverses rééditions et de préfaces successives à la suite de la publication en 1967 du livre de Gérard de Sède: L'Or de Rennes. Il est à noter qu'aucune des deux premières rééditions ne respecte le format et la pagination de l'original.
Le Serpent Rouge est une évocation ésoterique sous la forme d'un poème zodiacale et onirique de La Vraie Langue celtique et le cromleck de Rennes-les-Bains et de l'église de Rennes-le-Château.
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