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auteur dramatique et metteur en scène de théâtre De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Heiner Müller, né le à Eppendorf, mort le à Berlin, est un poète, dramaturge et directeur de théâtre allemand.
Nom de naissance | Reimund Heiner Müller |
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Naissance |
Eppendorf |
Décès |
(à 66 ans) Berlin |
Langue d’écriture | Allemand |
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Genres |
écrivain, dramaturge |
Œuvres principales
Après la Seconde Guerre mondiale, il choisit de rester dans la République démocratique allemande (RDA) naissante, pour des raisons politiques et personnelles. Néanmoins, dès le début des années 1960, son œuvre est soumise à la censure, censure qui sera ensuite levée, en partie parce qu'il obtient une reconnaissance en Europe de l'ouest.
Il consacre son écriture principalement au théâtre, avec en particulier des réécritures d'anciens mythes ou d'anciennes pièces, par exemple Hamlet-machine, Philoctète, Horace, Anatomie Titus Fall of Rome, Médée-matériau. Considérée comme post-moderne, son œuvre est souvent vue comme pessimiste, voire cynique, et comme faisant une analyse du déclin de l'Occident et de ses échecs, notamment politiques.
Heiner Müller nait en 1929 en Saxe. Son père, militant du Parti social-démocrate allemand (SPD), est arrêté en 1933 par le régime nazi, ce qui le marque fortement : il raconte plus tard cet épisode dans la nouvelle Le Père. Après cette arrestation, Heiner Müller ressent l'exclusion que lui font subir les autres enfants. Avec sa mère, il est autorisé à aller voir son père dans le camp où il est interné. Pendant cette période, sa mère cherche du travail, avec peine, et devient couturière dans une usine. Son père est autorisé à rentrer chez lui en 1934.
De 1939 à 1947, il vit avec ses parents à Waren. Il y travaille à la bibliothèque. En 1947, il adhère au Parti socialiste unifié d'Allemagne (SED). Néanmoins, il semble vite déçu, et sera jusqu'à la fin des années 1980 surveillé par la Stasi. À partir de 1950, il publie des critiques littéraires pour les magazines Sonntag et Aufbau. À partir de 1958, il travaille au Théâtre Maxime Gorki et ses premières pièces commencent à être représentées. Après la construction du Mur de Berlin en 1961, sa pièce La Déplacée est interdite et il est exclu de l'Union des Écrivains[1]. Sa pièce Mauser, écrite en 1970, est censurée en RDA et sera créée aux États-Unis.
Il fait partie des intellectuels ayant appelé au soulèvement du peuple en RDA et il prononce notamment un discours devant la foule à Berlin-Est le , quelques jours avant l'ouverture du Mur.
À partir de la fin des années 1980, il devient metteur en scène et met lui-même en scène ses pièces au Deutsches Theater de Berlin. Durant les dernières années de sa vie, il met en scène sa pièce Quartett, La Résistible Ascension d'Arturo Ui de Bertolt Brecht et le Tristan und Isolde de Wagner à Bayreuth.
En 1994, il a reçu le IVème Prix Europe pour le théâtre[2].
Il meurt le [3] des suites d'un cancer de la gorge. Il est enterré au cimetière de Dorotheenstadt à Berlin-Mitte.
Hamlet-machine de Müller s'ouvre sur une phrase devenue fameuse : « J'étais Hamlet. Je me tenais sur le rivage et je parlais avec le ressac BLABLA, dans le dos les ruines de l'Europe », évoquant la fin de la culture européenne.
Le théâtre de Müller est principalement constitué de réécritures d'anciens mythes. Le dramaturge établit ce qu'il appelle un "dialogue avec les morts". Sophocle, Euripide, Shakespeare (Hamlet machine) ou encore Laclos (Quartett) sont successivement invoqués.
Interrogé sur ce qui constitue pour lui le véritable théâtre post-moderne, Müller répond sur le ton de la dérision : « Le seul postmoderniste que je connaisse est August Stramm qui était un moderniste et travaillait dans une poste ».
Quand on lui demande pourquoi il écrit, Heiner Müller répond que c'est une question très noble à laquelle il a une réponse très primitive : s'il n'écrit pas, il ne peut pas dormir. L'écriture est pour lui quelque chose de thérapeutique. Il déclare également chercher à briser les illusions des spectateurs, à les déranger, il ne veut pas que les personnes sortent heureuses de ses pièces, mais se sentent très seules[4].
Le positionnement politique de Heiner Müller est complexe, ce qui a entraîné des erreurs d'interprétation à l'Est comme à l'Ouest[Où ?]. Le dramaturge étant censuré en RDA depuis le début des années 1960, ses pièces ne sont plus jouées dans son pays ; elles sont publiées en version papier, mais ne sont alors lues que par un petit nombre de personnes, car leur publication n'est relayée par quasiment aucune organe de presse. Ainsi, quand elles sont jouées en RFA, où elles sont acclamées à partir des années 1970, elles sont souvent présentées comme les œuvres d'un opposant au régime de la RDA, ce qu'il a pourtant toujours récusé[5].
Heiner Müller voulait, aux débuts de son travail dramaturgique, montrer réellement la RDA, sans être critique ni louangeur. En 1957, sa pièce Der Lohndrücker (Le Briseur de salaires) est bien accueillie par la presse communiste qui y voit un exemple d'oeuvre contribuant à l'édification du socialisme ; mais la mise en scène qu'il en fera en 1991 montre qu'une seconde lecture est possible, on peut y voir selon lui « la naissance d'un État malade dès sa naissance »[6]. La polémique éclate lors de la création de Die Umsiedlerin oder das Leben auf dem Lande (La Déplacée ou La vie à la campagne) (1961), qui a pour sujet les réformes agraires en cours en RDA. Heiner Müller est alors traité par la presse communiste de « Beckett de l'Est » ou de « réactionnaire »[6].
Sa volonté de montrer réellement la construction de la RDA l'amène à entrer en conflit avec les discours officiels. Mais Heiner Müller continue de monter certaines pièces, tandis que d'autres restent censurées. La pièce Œdipe-Tyran est jouée au Deutsches Theater en 1967, et semble entrer dans la perspective de l'intérêt pour la relecture des textes anciens, encouragée par le pouvoir politique qui voulait engager les intellectuels à relire la tradition littéraire en regard de la nouvelle humanité en train de se construire[7]. Dans les années 1970, le pouvoir politique desserre l'étau sur la culture. Ses pièces subissent différents traitements : Ciment est jouée par le Berliner Ensemble en 1973 ; Macbeth, très critiquée, est interdite de mise en scène mais est publiée en revue ; Mauser reste interdite jusqu'à la fin de la RDA. Le positionnement critique de Müller sert surtout au pouvoir à créer un alibi démocratique, tout relatif étant donné que les censures persistent[8].
À partir des années 80, avec son succès grandissant à l'Ouest, les autorités ne peuvent plus l'ignorer. En 1980, il peut monter la pièce La Construction. Ses mises en scène ont un certain succès, qui s'explique en partie par le fait que le théâtre permettait un ersatz de débat politique, impossible ailleurs ; le public est alors en quête d'allusions politiques, ce qui entraîne un attrait pour les auteurs précédemment censurés. Müller est élu en 1984 à l'Académie des arts de la RDA et exerce la présidence de cette institution de 1990 à 1993[9]. Il reçoit l'année suivante le Prix national de la République démocratique allemande, plus grande récompense attribuée à un écrivain. Il réintègre en 1988 l'Union des écrivains[10]. En 1988 et 1989, ses pièces Mauser, Hamlet-machine, Germania Mort à Berlin, Quartett, Vie de Gundling paraissent et sont mises en scène pour la première fois[11].
En 1994, il a reçu le Prix Europe pour le théâtre, à Taormine, avec cette motivation :
En donnant à Heiner Müller, le quatrième Prix Europe pour le Théâtre, le jury n'a pas seulement voulu reconnaître en lui l'un des meilleurs dramaturges vivants, il a aussi honoré son style qui, en quarante ans d'activité, a remodelé le concept d'acteur théâtral. Ce n'est pas un jeu de miroir qui a permis à I'artiste d'écrire du théâtre en faisant de la poésie et vice et versa, de même ce sont les responsabilités publiques, son infatigable savoir, son intelligence polémique qui en ont fait un maître à penser pour plusieurs générations. C'est pour cela que son pays, en proie à tant d'amour conflictuel, lui a permis des vers difficiles à traduire pour ses multiples possibilités de lectures qui ont aussi remodelé une langue. Cohérent dans sa pratique des contradictions, Müller s'est affirmé comme un classique ante litteram qui aime les expériences et a su cultiver une utopie, en restant fidèle aux règles. Son œuvre théâtrale oscille entre le didactisme des textes sur la production, les adaptations des auteurs classiques, capturés par la fascination de lointains systèmes de pensée, l'hermétisme de fragments fulgurants et les limpides synthèses de dernière date, mais il n'a jamais cessé de mêler l'Histoire et les sentiers de I'art. Pour lui, l'élégance nette de la page a toujours été liée à la familiarité avec les planches, avec la médiation des relations interdisciplinaires. Comme metteur en scène, pour lui-même, il multipliait les articulations de ses propres textes, revus et renouvelés grâce à la technique combinatoire des associations. Ainsi, avec l'arme transgressive qui est l'ironie, ce poète est arrivé à la direction du théâtre qui avait été celui de Brecht, l'inspirateur de sa jeunesse et contre lequel il a dû lutter plus tard, pour s'en éloigner, afin d'en devenir l’hérétique disciple et d'en rééquilibrer la leçon, au moyen de ses propres clés[12].
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