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manufacture française de porcelaine De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Haviland[1] est une entreprise française du secteur des arts de la table de luxe, fondée en 1842 par l'Américain David Haviland. Établie à Limoges dans le Limousin, cité reconnue pour sa production porcelainière depuis le XVIIIe siècle, elle s'illustre dans le domaine de la porcelaine (la verrerie et l'orfèvrerie sont des domaines qui peuvent être apportés à la porcelaine via les filiales de la FSG que sont Daum et Felix).
Haviland | |
Création | 1842 |
---|---|
Dates clés | 14 septembre 1988 (immatriculation de la société actuelle) |
Personnages clés | David Haviland, fondateur |
Forme juridique | Société par actions simplifiée |
Siège social | Paris France |
Direction | Myriam Pariente, Présidente, Benjamin Brami, Directeur Général |
Activité | Fabrication d'articles céramiques à usage domestique ou ornemental |
Produits | Arts de la table |
Société mère | Financière Saint-Germain |
Effectif | 110 au 31 décembre 2017 |
SIREN | 414975003 (Haviland Parlon)
347994337(Haviland) actuel |
Site web | www.haviland.fr |
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La porcelaine Haviland est réalisée dans son intégralité à Limoges, de la fabrication à la décoration de ses services. Chaque décor est toujours réalisé à la main.
À Limoges, outre l'usine contemporaine, plusieurs bâtiments continuent de témoigner de l'implication des Haviland dans la vie de la cité depuis le XIXe siècle.
Les Haviland sont issus d'une famille normande ayant émigré à Guernesey, puis en Angleterre avant de gagner l'Amérique au XVIIe siècle pour fuir les persécutions religieuses du roi Charles Ier. William Haviland (1777-1842) est le père de huit fils, dont sept s'engagent dans le négoce de vaisselle[2]. Parmi eux, David s'associe très jeune à son frère Edmond dans la reprise d'une boutique de New York, située Fulton Street, au sud de Manhattan.
En 1838, David rejoint un autre frère, Daniel, une entreprise d'import, nommée D.G. & D. Haviland. En 1852, la société reprend la dénomination Haviland Brothers and Company. D'autres membres de la famille font fonctionner leurs propres succursales et sociétés dans le reste des États-Unis[3]. En parallèle, pendant plusieurs années, David Haviland se lie à Thomas Rees pour promouvoir les exportations. Il s'approvisionne initialement en Grande-Bretagne, dans le Staffordshire, où Stoke-on-Trent est déjà un important centre de production.
Un voyage en France à Limoges au début des années 1840, après un contact établi à Foëcy et l'établissement d'une maison d'exportation à Paris, décide David Haviland à développer un nouveau créneau à partir de cette localité, dès 1842[4]. David, son épouse Mary et leur fils Charles s'installent cours Jourdan, à Limoges, en avril 1842[5]. Des pièces sont alors spécifiquement produites à Limoges pour plaire à la clientèle nord-américaine[6]. Il arrive dans certains cas que certaines tâches de décoration soient effectuées dans des ateliers à New York. Les productions de Limoges sont exposées dans le showroom de Rees, situé 47 John Street (en) à Manhattan[7].
Si David Haviland agit au départ en tant que commissionnaire, traitant notamment avec une coopérative de production limougeaude (l'Association fraternelle des ouvriers porcelainiers[8]), il s'oriente rapidement vers une production propre, à partir d'un atelier de modelage, peinture et décoration qui lui appartient[9]. En 1853, la première usine intégrée, située sur l'actuelle avenue Garibaldi, est opérationnelle[10] ; elle remplace les premiers ateliers provisoires du cours Gay-Lussac[11]. L'action de David Haviland, très tournée vers le commerce et la rentabilité, sans négliger les décors, est décisive dans l'avantage définitif que prend la porcelaine de Limoges sur la porcelaine britannique aux États-Unis, dans le sens où à sa suite, les autres fabricants s'engagent massivement vers l'exportation[10],[9].
La Guerre de Sécession, qui fait rage de 1861 à 1865, porte un rude coup aux affaires des Haviland. La société Haviland Brothers & Co. est contrainte de fermer. David décide de se recentrer sur la France pour y déployer ses forces. Une nouvelle société, Haviland & Co., est formellement créée en 1864[12]. Le second fils de David, Theodore, est envoyé aux États-Unis pour relancer la publicité en faveur de la société. Charles s'impose à la tête de l'entreprise avant même le retrait volontaire de son père. Après 1865, date à laquelle 165 peintres sont effectivement employés, il poursuit la modernisation et l'expansion de l'usine de Limoges[13]. Le succès est tel que la société est encore contrainte de sous-traiter une partie de sa fabrication. Dans les décennies qui suivent, la conception de services spécifiquement dédiés aux Américains continue d'assurer la réussite de l'affaire. Plusieurs services sont réalisés pour la Maison-Blanche. En 1880, un immense service de plus de 1 000 pièces est produit pour le président des États-Unis Rutherford B. Hayes ; chaque pièce est ornée d'un élément de faune ou de flore typique des différents États inspiré des aquarelles de Theodore R. Davis (en)[14]. En même temps, Haviland participe aux expositions universelles ; il est primé à celle de 1867 à Paris.
Les Haviland s'intègrent progressivement dans la société limougeaude ; Charles Edward fréquente le Cercle de l'Union, où il côtoie le banquier Tarneaud, son confrère Alluaud, les imprimeurs de Limoges[15].
En 1872, Charles Haviland nomme Félix Bracquemond à la tête de la création et fonde avec lui les Ateliers d'Auteuil[16],[17]. Il en résulte un important renouvellement des méthodes et styles de décoration. Le mariage de Charles Haviland avec la fille du critique d'art Philippe Burty introduit également les porcelainiers dans le milieu de l'art. Les collaborations se développement avec Albert Dammouse, Ernest Chaplet. Le retrait de Bracquemond en 1881 ne nuit pas à la qualité des productions, Charles Haviland ayant renforcé ses compétences et sa sensibilité artistique[18].
La réussite de l'entreprise permet de renoncer à la sous-traitance, et Théodore Haviland quitte les États-Unis pour revenir en France. Les relations entre les deux frères se dégradent toutefois, jusqu'à leur rupture. Le , la société Haviland & Co est dissoute, remplacée par une nouvelle société dirigée par Charles et son fils aîné Georges, qu'il a eu avec Marie Guillet, descendante d'Étienne Baignol, pionnier de la porcelaine à Limoges, tandis que Théodore entame la construction de son usine propre[19]. Celle-ci est inaugurée le [20]. Théodore fait à nouveau appel aux artistes qu'il connaît, comme Dammouse, Bracquemond, ou Antoine Bourdelle et poursuit la fabrication de services pour les cours européennes. Il rencontre le succès à l'Exposition universelle de 1900[21], et recourt à la sous-traitance[22].
En 1907, les deux usines Haviland assurent un tiers de la production de porcelaine de Limoges[23]. Preuve de la persistance de liens étroits entre Limoges et les États-Unis, un consulat américain demeure jusqu'en 1927[24].
En 1919, la mort de Théodore Haviland place son fils, William, à la tête de la société[25]. Ce dernier entreprend une modernisation des styles, détruit une grande partie des moules jusqu'alors utilisés, promeut des décors très épurés, en s'adjoignant le concours de Suzanne Lalique notamment[26].
La société Ch. Haviland ne résiste pas à la crise des années 1930, et l'usine de l'avenue Garibaldi ferme en 1931[27],[28],[29]. En 1936, celle du Mas-Loubier est vendue à l'administration postale[30]. La période éprouve durement l'entreprise Th. Haviland également. En 1941, les deux sociétés sont réunies : William Haviland rachète les modèles, marques et droits de la maison initiale[31]. L'activité se recentre donc sur le site de Théodore, avenue Émile Labussière.
Après le conflit, l'usine demeure l'une des plus importantes, toujours très exportatrice. Dans les années 1960, on y compte encore 500 salariés[32]. En 1957, William Haviland et ses beaux-frères laissent la place au fils de William, Harold. Le bureau de New York est conservé[33].
L'arrivée du gaz naturel, en 1959, précipite l'obsolescence des fours verticaux ronds, tous remplacés par des fours tunnels[34]. L'usine demeure exploitée par les Haviland jusqu'en 1972, avant de passer aux mains d'autres propriétaires, tout en conservant son nom. L'activité est transférée dans la zone industrielle Nord de Limoges en 1990, et l'usine historique est démolie en 1991[20].
La société Manufacture de Porcelaine Haviland Parlon est placée en redressement judiciaire le [35]. Le , elle est cédée à la société Haviland.
La production Haviland bénéficie de l'indication géographique mise en place en 2017 par l'État pour protéger la porcelaine de Limoges.
En 2023, l'entreprise ouvre un magasin de porcelaine déclassée[36].
Centrée sur son usine de la banlieue nord de Limoges, située dans une zone industrielle, la société Haviland a délaissé ses implantation historiques du centre-ville, mais il y demeure un patrimoine bâti notable, bien que fortement altéré par des démolitions et remaniements.
La première usine, avenue Garibaldi, qui après le départ du porcelainier a été occupée plusieurs années par l'entreprise de chaussures Heyraud, est démolie en 1988 pour accueillir le centre commercial Saint-Martial[37],[38]. Seules les écuries et la demeure patronale ont été conservées[29].
L'usine de Charles Haviland, au Mas-Loubier, accueille des logements, des locaux artisanaux et les services de la Poste[30].
L'usine de Théodore Haviland, avenue Émile-Labussière, est détruite en plusieurs temps, jusqu'en 1991, pour accueillir des logements et le commissariat de police de Limoges. Seul subsiste un four à porcelaine, préservé et faisant l'objet d'un chantier de sécurisation avant ouverture au public[39],[40].
D'autres demeures patronales sont encore visibles : rue de Solignac à Limoges, et les châteaux de Montméry à Ambazac, construit par l'architecte américain Richard Morris Hunt[41], et du Reynou au Vigen. Les parcs de ces deux derniers sont l'œuvre du paysagiste André Laurent[42].
Les produits Haviland sont manufacturés[43] dans l'usine de Limoges située au no 25 de la rue Philippe-Lebon.
Plus de 5 000 décors ont été réalisés par la Manufacture depuis sa création[43].
Les collections Art de la Table restent au cœur de la gamme de produits[44], mais depuis 2016 de nouveaux univers sont proposés tels que les luminaires[45], du mobilier en porcelaine avec l'intervention de designers, tel Emilio Robba dont les œuvres communes ont été exposées au salon du meuble de Milan en 2017[46].
Haviland fabrique encore aujourd'hui sur son site de Limoges l'ensemble des articles[47]. L'usine comprend trois parties :
Le bureau de création est réparti entre Limoges et Paris et produit chaque année de nouvelles collections. Après une dernière grande série, « Clair de lune arcade », les collections sont désormais produites sur des quantités bien moins importantes. Haviland permet surtout à des clients importants de créer des articles sur mesure (forme et décoration) pour des décorateurs, des monarchies…
Haviland a aussi marié sa porcelaine avec le cuir dans des collections de plateaux[48] ou de cadeaux, comme les fameux chevaux de porcelaine et cuir, créés en hommage à Napoléon Ier[49].
C'est à partir de 1880 que la Manufacture va produire des commandes originales, comme celles pour les présidents américains, le premier étant Rutherford B. Hayes, pour lequel il est créé un ensemble de porcelaine spécial[50]. La Maison-Blanche est un client régulier de la société Haviland.
En 1934, l'écrivain Jacques Chardonne, petit-fils de David Haviland, s'inspire de sa famille pour écrire sa fresque Les Destinées sentimentales (adaptée en film par Olivier Assayas en 2000), qui dépeint la bourgeoisie industrielle du cognac et de la porcelaine[51],[52].
Le romancier natif de Limoges Georges-Emmanuel Clancier évoque longuement son souvenir des Haviland, de leurs usines, de leurs maisons et de leur empreinte sur la ville dans ses mémoires (L'Écolier des Rêves puis Le Temps d'apprendre à vivre[53]).
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