Harimella(Dea Harimella) est une déesse germanique de la guerre[1],[2]. Ce nom a été retrouvé sur une stèle votive découverte dans les ruines d'un fort romain près de la ville écossaise de Birrens.
Une stèle trouvée dans la ville écossaise de Birrens (Blatobulgium) dans le Dumfriesshire et datée du IIesiècle ap. J.-C. est à ce jour la seule preuve archéologique matérielle de l'existence d'un culte de cette divinité en Bretagne insulaire.
Blatobulgium ou encore Baltobulgio était un fort sur le mur d'Hadrien. Le nom provient de racines étymologiques britonniquesblāto- signifiant « farine » et bolgo- signifiant « sac »: il y avait en effet trois greniers dans l'enceinte du fort, comme l'attestent les vestiges archéologiques [3],[note 1].
La pierre consacrée a été retrouvée dans la zone du temple de la forteresse et a été offerte par Gamidiahus un des responsables militaires d'origine germanique (architectus) de la garnison. La pierre y fut associé à d'autres, la majorité dédiées à des divinités romaines et à une déesse celtique (Mars, Minerve, Viradesthis). La déesse Harimella a probablement été adorée par d'autres militaires germaniques en garnison locale tels que Cohors II Tungrorum et Cohors I Nervana Germauorum . En plus de stèle dédiée à Harimella, une autre pierre qui est aussi d'origine germanique consacrée à la déesse Ricagambeda a également pu être localisée.
Parlant des cultes dans la région de Tongres à l'époque gallo-romaine, Isabelle Tassignon, chercheuse universitaire, note dans son Iconographie et religion dionysiaques en Gaule Belgique et dans les deux Germanies[5]: « Les cultes qui y sont attestés sont militaires, bien qu'on y ressente un goût pour l'orientalisme, ce qui contraste avec l'attachement aux cultes traditionnels, celtiques et germaniques, qu'on perçoit dans les campagnes environnantes ( note: J. LOICQ, les cultes de la Civitas Tungrorum, carrefour ethno-culturel entre Escaut et Rhin, dans BAL 15 (1984), P. 155-158. Ces cultes sont ceux des matres, groupées en triades, tutélaires de communautés locales; mais il y a aussi des déesses guerrières aux noms tout germaniques: Vihansa, Harimella.). »[6].
Toponymies associées à Harimella en Belgique
Deux théories ont été avancées par les chercheurs quant à l'interprétation du nom et la fonction de cette divinité:
Le nom serait dérivé, sous l'influence de la culture celtique, d'un nom de lieu dérivant du nom d'une déesse locale de « Tungerer »,
Le nom de la déesse, dédicataire de la stèle, serait lié à la profession militaire et à l'origine de ses donataires.
Étymologie
Le nom d' Harimella[7]apparaissant sur une stèle latine d'origine germanique peut être mis en parallèle avec le nom de Flemidella[8],[9]et est à rapprocher de prénoms ou patronymes médiévaux tels que Mellarid, Baromellus, Mello Baudes ou Baudomalla[10]. C'est un exemple typique de construction modulaire de mots ou de noms dans la langue allemande, basée sur des mots/termes de base.
Si le sens du préfixe Hari fait consensus chez les chercheurs, -mella fait par contre l'objet de diverses interprétations.
Le préfixe Hari est dérivé du germain xarjaz (harjaz) [note 2] qui signifie armée et que l'on retrouve dans le terme gothiqueharjis qui peut se traduire par horde[note 3].
Il existe par contre différentes interprétations du suffixe -mella qui tendent cependant toutes à donner une portée ou un sens abstrait au nom d' Harimella:
Bibliographie en français
Isabelle Tassignon: Iconographie et religion dionysiaques en Gaule Belgique et dans les deux Germanies, Bibliothèque de la Faculté de Philosophie et Lettres de l'Université de Liège, Volume 265 (1996), ISSN 0768-5475.
Auguste Vincent: L'origine des noms de lieux de la Belgique, Librairie générale, 1927.
Helmut Birkhan: Germanen und Kelten bis zum Ausgang der Römerzeit. Der Aussagewert von Wörtern und Sachen für die frühsten germanisch-keltischen Kulturbeziehungen. Österreichische Akademie der Wissenschaften, Sitzungsberichte Bd. 272, Böhlau, Cologne/Vienne, 1970.
Siegfried Gutenbrunner: Die germanische Götternamen der antiken Inschriften. Niemeyer, Halle/S. 1936.
Karl Helm: Altgermanische Religionsgeschichte. Universitätsverlag Winter, Heidelberg 1913.
Johann Baptist Keune: Harimella. In: Paulys Realencyclopädie der classischen Altertumswissenschaft. Tome VII, 2, Stuttgart 1912, p. 2365–2366.
Rudolf Much: Dea Harimella. In: Zeitschrift für deutsches Altertum und deutsche Literatur (ZfdA), 36 (1892), p. 44–47.
Rudolf Much: Harimalla – Harimella. In: Zeitschrift für deutsches Altertum und deutsche Literatur, 63 (1926), p. 19–22.
Vladimir Orel: A Handbook of Germanic Etymology. Brill, Leyde/Boston 2003, (ISBN90-04-12875-1).
Hermann Reichert: Lexikon der altgermanischen Namen, t. 1: Text, t. 2: Register. Böhlau, Vienne 1987, 1990.
Edward Schröder: Dea Harimella. In: Zeitschrift für deutsches Altertum und deutsche Literatur, 61 (1924), p. 59–60.
Rudolf Simek: Lexikon der germanischen Mythologie. Kröner, Stuttgart (3. Aufl.) 2006, (ISBN978-3-520-36803-4).
B. H. Stolte: Die religiösen Verhältnisse in Niedergermanien. In: Wolfgang Haase (Hrsg.): Aufstieg und Niedergang der römischen Welt II. T. 18, 1 Religion (Heidentum: Die religiösen Verhältnisse in den Provinzen), de Gruyter, Berlin/New York 1986. (ISBN3-11-010050-9). P. 591–671.
Jan de Vries: Altgermanische Religionsgeschichte. Bd. 2, de Gruyter, Berlin/New York 3. unveränd. Aufl. 1970, (ISBN978-3-11-002807-2). (Reprint 2010)
Norbert Wagner: Fledimella*, Harimella* und Baudihilla. In: Historische Sprachforschung 115 (2002), p. 93–98.
La figure originelle « Wodhenaz » (Odin (NdA) ) était un donneur de savoir, un tuteur, un guide chamanique, un mentor pour les jeunes hommes de la tribu qui subissaient une période soutenue d’initiation en vivant à la dure dans les bois, dans un groupe connu sous le nom de « koryos ». Quelque part entre le IIeet leIersiècleav. J.-C., cette institution se transforma et, d’un rite d’intégration sociale, devint une institution purement ou principalement militaire; de même, son chef passa du statut de «fontaine de sagesse» à celui de «chef des guerriers», et la déité principale conserva son rôle de dieu de la magie mais ajouta de nouveaux talents importants dans l’attribution des victoires militaires. Le « koryos » originel, «groupement social de jeunes hommes attendant l’initiation», devint le « xarjaz » germanique, «groupe de jeunes guerriers» - Stephen Pollington: De donneur de savoir à donneur de lois l’histoire de Woden.