La famille Bacon, dont la branche ainée est aussi dénommée par les historiens Bacon du Molay, est une ancienne famille noble de Normandie. Son fief originel s’étendait entre les rivières Esque et Tortonne, territoires correspondant aux communes actuelles du Molay-Littry, du Breuil-en-Bessin, de Cerisy-la-Forêt, de Planquery, de Blay, de Saint-Martin-de-Blagny, dans le Bessin en Normandie. De par les multiples alliances et héritages, les possessions de la branche ainée s'étendaient au XVesiècle jusqu'à Colombières, Villers-Bocage, Jurques et même Caen. Tout comme les Bertran de Bricquebec, cette famille normande ne portait dans les actes que son nom patronymique, à savoir Bacon. Autre point en commun avec les Bertran, la majorité des garçons portaient comme patronyme Guillaume ou Roger entrainant un suivi de la lignée difficile.
C'est sous les Bacon que s'est développée l'industrie potière du Molay. Véritables protecteurs de la confrérie, les seigneurs octroyaient des largesses aux artisans et notamment la gratuité du bois de chauffage pour leurs fours. Ils construisirent même à l'intention des potiers la chapelle Saint-Jean dans le canton de la Boulaye, près du Breuil-en-Bessin. Cette chapelle, encore visible au XVIIIesiècle, servait aussi de lieu de célébration de la fête patronale des potiers à la Saint Jean[1].
Anchetil est l'un des premiers de la lignée à être nommé dans les sources. Il aumônea dès le premier établissement du prieuré de Sainte-Barbe en Auge, en 1058, une seigneurie qui porte son nom selon les chartes du prieuré[2],[3].
GuillaumeIer, est un baron normand, seigneur du fief du Molay[4],[5].
Dans son Roman de Rou, Wace écrit: «Cil de Combrai et cil d'Alnée et les sires de Fontenei de Rebercil et del Molei vant demandant heraut li rei as Engleiz dient: çà entez: a est li reis ke vos serviez, ki a Guillaume est le perjurez morz est s'il est trovez»[6]. Traduit en français actuel en: «Le seigneur de Combray; celui d'Aulnay, les sires de Fontenay, de Rubercy et du Molay couraient vers le héraut de Harold, le questionnant: «Où est donc le roi que vous servez? Le parjure qui a manqué de foi à Guillaume! Si nous pouvons le trouver sa mort est certaine»[4].
Néanmoins, l'œuvre de Wace en tant que source a été depuis longtemps discréditée[5]. Si les travaux récents du DrElisabeth Van Houts ont montré que les critiques faites à Wace étaient pour la plupart infondées, il reste de nombreux doutes sur son contenu[7].
GuillaumeIII est un seigneur normand. Il épouse, en 1126, Mathilde de Chester descendante des ducs de Normandie, fille de Ranulph le Meschin, vicomte du Bessin et comte de Chester[9],[10],[11].
Mathilde apporte à Guillaume par une charte datée de Rouen: «les terres de la Fresnaye-Martinèze, Couvains et Plein-Forêts, qui consistaient en hommes, hommages, revenus, églises, bois, moulins, fours, viviers, soldats, vassaux, vilains, bordages et autres dépendances, le fief de Blagny la Quièze accru du fief de Baynes, Bernesq, Mestry, Pleines-Œuvres, Saint Martin de Caumont, Sallen, Livry, Fresnay sur Mer et Martragny»[4],[12].
Richard qui fonda le prieuré de Roncester (Roucestre) dans le Staffordshire[14].
RogerIII (mort vers 1190), est désigné comme «chevalier, sire et châtelain du Molay, seigneur du Breuil, Saon, Blay, Couvains, Planquery, Blagny la Quieze, Matragny, Vaussieu, Sévans et Saint-Contest»[4].
Il est cité dans le rôle de l'échiquier anglais de la quatrième année d'HenriII. Son nom se rencontre au bas de nombreuses chartes de ce roi, notamment d'une datée de Barfleur[réf.à confirmer][16] et d'une autre datée de Bur[17].[réf.à confirmer] Roger et Emma ont deux fils connus[18]:
GuillaumeIV, qui succède à son père;
Simon, seigneur de Formigny et de Bavent, épousa en premières noces N. Tesson, dame de Formigny, puis Mathilde de Vassy, et eut deux fils connus, Guillaume, seigneur de Formigny, et Richard, seigneur de Bavent[4]; il est l'auteur de la branche de Formigny;
Marie? épousa Ranulph de Matan, qui apporta comme dot la seigneurie de Jurques[réf.à confirmer][19].
GuillaumeIV (mort vers 1212), cité en 1200, il concéda leur part de patronage de l'église de Saint-Martin-de-Blagny à l'abbaye Notre Dame de Longues en la présence Guillaume Bacon de Formigny notamment[20]. Il est cité en 1201 comme témoin d'une charte du comte de Chester[21]. Le , le roi Jean lui inféoda les landes de Baynes à charge de rendre chaque année une paire d'éperons d'or[21]. Il pourrait être le Guillaume Bacon, seigneur du Molay, plusieurs fois mentionné dans le Roman de Renart. D'ailleurs, c'est bien sur ses terres que gîte le renard de Pierre de Saint Cloud[22], l'auteur présumé du roman. Marié à Clemence, il a trois enfants connus[4]:
GuillaumeV, qui lui succéda;
Eustachie ou Austachie qui épousa Pierre de Meulan, prêtre en Angleterre (diacre de Wimborne) puis seigneur de Beaumont-le-Roger et de Brionne, fondateur de la lignée des seigneurs de Courseulles-sur-Mer et de Bricqueville, branche appelée de Courcelle-de-Saint-Paer;
Roger, seigneur de Planquery.
GuillaumeV, cité en 1224 et en 1271, qui a pour fils RogerIV, sa tombe a été retrouvée et décrite par Paul de Farcy en 1867 dans une des chambres de l'abbaye Sainte-Marie de Longues représentant un chevalier vêtu de sa cotte de mailles et de son casque avec de chaque côté placés des petits écus aux six roses. L'inscription sur la tombe portait Ci-gist Monsegnor Guille Bacon, Chevalier Segnor du Molay[23].
RogerIV (mort vers 1300), est enterré dans le sanctuaire de l'abbaye Sainte-Marie de Longues où son épitaphe était encore visible à la fin du XVIesiècle[24]. Il a trois enfants connus:
son fils et successeur RogerV;
Guillaume[note 1] (†), sire du Molay[25] qui finira exécuté à Paris, avec Richard de Percy et Jean de la Roche Tesson, pour acte de rébellion contre le roi (il prit le parti des Tancarville contre les Bertran, favoris du roi de France, pour la main de sa nièce Jeanne, héritière de la maison Bacon)[note 2], et accusé notamment d'avoir participé à un complot visant à placer Geoffroy d'Harcourt à la tête du duché de Normandie par une alliance secrète avec ÉdouardIII d'Angleterre[28];
RogerV Bacon, son autorité s'étendait sur un territoire recouvrant les communes actuelles du Molay Littry, du Breuil, de Blay, de Castillon, de Planquery, de Saon, de Colombières, de la Bazoque. À sa mort vers 1340, n'ayant point d'héritier mâle (ses deux fils étant décédés en bas âge), se déclencha une véritable guerre civile dans l'ouest de la Normandie afin de récupérer la main de son unique fille Jeanne Bacon et son riche héritage.
Jeanne Bacon est la fille de RogerV, est née du second mariage entre RogerV Bacon et Éléonore de Villiers (ou de Villers-Bocage). Elle eut un demi-frère Robert, mort en bas âge, né du premier mariage de Roger avec Aelis d'Asnières, son autre frère Guillaume né du second mariage de Roger, est lui aussi mort en bas âge[4] (la plaque funéraire des deux fils de Roger Bacon est d'ailleurs visible sur l'un des murs extérieurs de l'église du Breuil-en-Bessin)[29]. Elle est l'unique héritière du fief de la famille Molay Bacon. Deux grandes familles se disputent alors la main de Jeanne, les Bertran(d) de Bricquebec et les d'Harcourt.
Jeanne fonde de son propre chef le , le prieuré hospitalier de Sainte-Élisabeth à Villers-Bocage. Dans cet endroit seront reçus et soignés les pauvres, les passants, les femmes enceintes et les orphelins jusqu’à l’âge de sept ans[32]. Pour commémorer cet acte de bienfaisance, une rue de la ville de Villers-Bocage porte encore son nom aujourd'hui.
Jeanne décède en 1376 et est inhumée dans l'abbaye de Saint-Évroult dans l'actuel département de l'Orne. N'ayant point d'enfant, la branche ainée des Bacon s'éteint et l'héritage familial est dispersé entre les descendants indirects de la famille[33][réf.à confirmer][34],[12].
Richard Bacon, fils de GuillaumeIII Bacon et de Mathilde fille illégitime de Ranulf le Meschin, fonda un prieuré à Rocester dans le Staffordshire en 1140[35]. Il est désigné sous le titre de Earl of Chester[36], ce qui est fortement remis en cause dans d'autres ouvrages. Bien qu'il ait pu faire souche en Angleterre, la parenté avec Francis Bacon, par exemple, ne peut être prouvée.
Après avoir été décapités au pilori des Halles de Paris[26], ils furent pendus au gibet de Paris, «la corde sous les bras», et par ordre du roi, leurs têtes furent aussitôt portées à Saint-Lô, lieu de leur conjuration, «pour espoventement des aultres». À la suite de la prise de la ville lors de la chevauchée d'ÉdouardIII, le roi d'Angleterre, fit décrocher les trois crânes, des chevaliers décapités vingt-sept mois plutôt, qui avaient été fichés sur les murailles de la ville (probablement la porte Dollée), et après avoir été mis dans une châsse de luxe, furent enterrés solennellement dans l'église des chanoines réguliers de Saint-Lô, où ils furent retrouvés quatre siècles plus tard, en 1746, à l'occasion de fouilles faites sous le pavé de l'église abbatiale[27].
Potiers et poteries du Bessin: histoire et archéologie d'un artisanat rural du XIeauXXesiècle en Normandie, Caen, Publication du CRAHM, (lire en ligne), p.200.
C. P. Lewis, «Companions of the Conqueror (act. 1066–1071)», Oxford Dictionary of National Biography, Oxford University Press, édition en ligne, octobre 2008
E. M. C. Van Houts, «Wace as Historian and Genealogist», dans Family Trees and the Roots of Politics, The Prosopography of Britain and France from the Tenth to the Twelfth Century, Éd. K. S. B. Keats-Rohan, Woodbridge, 1997.
André Davy, La véritable histoire des ducs de Normandie, Saint Malo, Pascal Galodé, , Liste des nobles Normands qui accompagnèrent Robert de Normandie à la Première Croisade en 1096.
Abbé Gervais de La Rue, Essais historiques sur les bardes, les jongleurs et les trouvères normands et anglo-normands, suivis de pièces de Malherbe, qu’on ne trouve dans aucune édition de ses œuvres, Caen, Mancel, (OCLC312094414), p.376.
Robert Lerouvillois, Cherbourg n'est point à conquerre: La légendaire forteresse océane, Lassy, Association pour une cité navale à Cherbourg, Éditions Paoland. Connaissance, coll.«Chroniques de l'Astrolabe», , 205p. (ISBN2-910-967-20-4), p.15.