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compositeur, compose de la musique vocale sous toutes les formes de son temps De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Claude Goudimel [Godimel, Godymel, Guduymel], né dans le Comté de Bourgogne, à Besançon[1] ou Saint-Hyppolyte[2] vers 1505 selon certaines sources, vers 1520 pour d'autres[3], et assassiné à Lyon à la fin d’août 1572, est un compositeur franc-comtois. Son œuvre, assez prolifique, est très inspirée par la Réforme calviniste.
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La famille de Claude Goudimel est originaire de Saint-Hyppolyte dans l'actuel département du Doubs[4] mais les sources divergent sur le lieu et la date de sa naissance. On ne dispose pas d’éléments concrets pour estimer correctement sa date de naissance. Compte tenu qu’en 1549 il était déjà un professionnel établi à Paris, on peut risquer la fourchette 1515-1525. Sa mort prématurée en 1572 le placerait alors dans la cinquantaine.
Sur sa jeunesse comtoise[5] on ne sait rien mais beaucoup de légendes ont couru (maître de musique de Palestrina[6], maître de chapelle à Besançon...). Rien de tout cela n’est attesté et les premières traces qu’on a de lui sont parisiennes[7].
Arrivé à Paris, il fait paraître ses premières chansons chez Nicolas Du Chemin en 1549. Elles paraissent régulièrement chez cet imprimeur, jusqu’en 1557. La rapidité avec laquelle il se fait connaître - outre les chansons, il publie chez le même imprimeur des motets entre 1551 et 1554, le premier livre de psaumes en forme de motets en 1551 et une messe en 1552 - montre qu’il a déjà un métier certain ; ceci laisse supposer qu’il a pu exercer la musique avant la fin des années 1540 mais rien n’a transparu sur d'éventuels emplois jusqu’ici.
La dédicace de son premier livre de psaumes[8] faite à Jean II Brinon, un riche humaniste parisien qui soutenait et rassemblait autour de lui les membres de la Pléiade, montre qu’il était déjà en relation avec les poètes et les musiciens parisiens les plus novateurs[9] ; et c’est sans doute par son intermédiaire qu’il pénètre dans le milieu ronsardien. Avec Pierre Certon, Clément Janequin et Marc Antoine Muret il fait ainsi partie des quatre artistes qui constituent le supplément musical de l’édition des Amours de Ronsard, sortie en 1552 chez la veuve de Maurice de La Porte[10].
Mais la dédicace qu’il offre à Jean Brinon montre également qu’il est déjà sensibilisé aux idées de la Réforme, déclarant vouloir composer de la musique spirituelle sans se limiter aux œuvres profanes, souvent taxées d’impudicité - la suite de cette collection de psaumes en forme de motets montrera son attachement fort à cette mouvance[11].
En fait, c’est un acte notarié passé avec son imprimeur Nicolas Du Chemin le [12] qui donne des éléments concrets sur sa situation parisienne. Cet acte rompt une association passée avec Nicolas Du Chemin à une date non précise (antérieure à 1553, remontant peut-être à 1549 ou 1551 ?). Goudimel y est dit musicien, correcteur, et étudiant en l’Université de Paris. L’acte précise qu’il était correcteur chez Du Chemin, depuis une date non précisée (sans doute a-t-il succédé en cela au musicien Nicole Règnes, qui signe un contrat avec Du Chemin en 1548). Ce contrat semble s’être doublé de la possibilité, pour Goudimel, de coéditer certaines éditions de Du Chemin, car leurs noms accolés ne se trouvent côte à côte que dans l’adresse de trois éditions :
Outre ceci, Goudimel insère un poème latin dans un recueil latin de 1554 (Moduli undecim festorum (RISM 15547, Lesure 1953 n° 37) dans lequel il souligne la bonne correction de l’ouvrage. Le contrat prévoit que Du Chemin paiera 50 lt à Goudimel pour racheter les exemplaires encore en sa possession et vaut solde de tout compte.
Ce métier de correcteur chez Du Chemin l’a mis naturellement en contact avec nombre de compositeurs du temps[13]. Comme François Lesure le remarque, la collaboration Goudimel - Du Chemin pourrait correspondre à la période 1549-1555, durant laquelle parait la collection des onze livres de chansons nouvelles, qui contiennent tous des chansons de Goudimel. Après 1555, on observe que Goudimel « passe » chez Le Roy & Ballard, et qu’en 1556-1557 Du Chemin édite surtout des monographies. Les 12e et 13e livres de chansons nouvelles ne paraissent qu’en 1557. Tout cela pourrait révéler sinon une mésentente, tout au moins les préparatifs d’un départ pour Metz. Peut-être la mort de Brinon en 1555 l'a-t-elle aussi privé de quelques soutiens. Cette année 1555, qui marque la fin de son travail avec Du Chemin, fut toutefois fort active, car Goudimel publie deux monographies : sa musique sur les Odes d’Horace et ses chansons spirituelles sur les vers de Muret.
À la fin de cette période parisienne, on connait deux documents du 2 et du qui montrent que Goudimel est allé s’acquitter d’une requête à lui faite par François Bonvalot, administrateur de l’évêché de Besançon : il s’agissait de retrouver des antécédents judiciaires sur un musicien dénommé Claude Boni, datant de 1549, avec qui Bonvalot était en procès. Ces actes montrent à tout le moins que Goudimel avait gardé le contact avec des Bisontins influents[14].
Commence alors une seconde période de sa vie, qui dure de 1557 à 1567, où il réside à Metz. La première trace qu’il laisse là date du ; c’est la dédicace de son Tiers livre de psaumes en forme de motets, offerte à Claude Belot, avocat au Parlement de Paris. Comme la dédicace à Brinon de 1551, elle exprime un regret de s’être consacré à la musique profane (les Odes d’Horace en l’occurrence) et le désir de « quitter la prophane lyre du prophane poëte Horace, pour me mettre en main, et hardiment entreprendre de toucher et manier la harpe sacrée de nostre grand David ».
Il y est encore en 1562, quand il dédie la première version de ses psaumes homophoniques au maréchal de Vieilleville[15], gouverneur de Metz, et toujours en 1564, quand il adresse la seconde version homophonique de ses psaumes à Jacques de Montberon, commandeur de Metz en l’absence dudit maréchal.
Son intégration dans la communauté protestante se traduit par deux parrainages[16]. Depuis le début des années 1560 cette ville était assez acquise à la foi réformée, pour qui d’Ausances et Senneton étaient bienveillants. L’évolution des Guerres de religion fit que la réaction catholique s’y fit sentir de plus en plus durement, au point que nombre de protestants quittèrent la ville à partir de 1567. Le , un édit royal bannit les protestants de Metz.
Cette période messine est celle où Goudimel termine la collection des psaumes en forme de motets (livres III à VIII) ; il travaille aussi d’arrache-pied aux trois versions de son psautier (83 psaumes de 1562 en style homophonique, 150 psaumes de 1564 en style homophonique, 150 psaumes de 1568 en contrepoint fleuri). Ses premières éditions paraissent toutes chez Le Roy & Ballard, de qui Goudimel est alors un des compositeurs le plus publié, comme Orlande de Lassus. C’est de cette période aussi que daterait la composition de la musique adaptée aux Vingt-six cantiques de Louis Des Masures (1564), qui est restée anonyme. Des Masures habitait également à Metz à cette époque.
Goudimel quitte Metz vers 1567. Un passage d'un des Poemata de Louis Des Masures[17] suggère que celui-ci aurait pu confier à Goudimel l'éducation de son fils en 1569, à Metz[18]. Quoi qu'il en soit, cette époque coïncide avec la fin de la composition de ses psaumes en forme de motet.
La dernière période de sa vie est plus floue. Il rencontre le poète Paul Schede dit Melissus, probablement à Besançon, lors du premier voyage de ce dernier en France. Il s’ensuit une correspondance en latin entre le musicien et le poète, dont on connait deux lettres, publiées par ce dernier dans son recueil poétique Melissi Schediasmatum reliquiæ (Francfort, 1575), à quoi s’ajoute une pièce néo-latine offerte à Goudimel en lui donnant un anneau (même source)[19]. Une première lettre, écrite le , sans lieu, évoque une pièce composée sur les vers de Melissus, pour laquelle il regrette de n’avoir pu passer plus de temps. Le seconde, écrite de Lyon le - quelques jours seulement avant sa mort - évoque à nouveau la mise en musique d’une œuvre de Melissus, un voyage fait à Besançon pour soutenir un procès durant deux mois (à propos d’un prêt d’argent non remboursé), enfin une mauvaise fièvre contractée durant un mois juste après son retour à Lyon.
En 1572 paraissent les Opuscules poétiques de Pierre Enoc de La Meschinière (Genève : Jacques Stoer, 1572, in-8°), un poète genevois résidant à Lyon à cette époque. Ce recueil de pièces poétiques ne contient pas moins de six pièces dédiées à Goudimel (sans faire référence à sa mort) : deux sonnets (Lorsque tu viens dessiller tes deux yeux, et Va t'en gentil cousteau, le second écrit à l'occasion du don d'un couteau au musicien par le poète), une épigramme (Or qu'à bon droit je veux bien accuser), une pièce J'ai toujours estimé que sous meme planette, une ode spirituelle longue de 39 strophes mise en musique par Goudimel Voyant tous les faits, les torts, les mesfaits..., enfin une pièce en dialogue intitulée Le portrait de la vraie justice : Mais di-moy qui tu es, et quel beau nom tu portes. Ce recueil contient aussi des pièces destinées à Melissus, Jean Antoine Sarrazin, Théodore de Bèze ou de Simon Goulart. C'est dire la force des amitiés littéraires nouées par Goudimel à la fin de sa vie et son intégration dans un cénacle humaniste et protestant où circulent lettres, pièces néolatines, poésie française et musique.
De la seconde lettre de Goudimel à Melissus il ressort que Goudimel semble s’être à l’époque établi à Lyon ; c’est là qu’il travaille à des contrafacta spirituels sur des chansons d’Arcadelt, publiés par Jean II de Tournes en 1572. La ville, qui avait été gouvernée par les protestants en 1562 et 1563, était encore accueillante pour la foi réformée depuis l’édit de pacification d’. Peut-être a-t-il retrouvé là des membres de la famille Senneton (qui étaient ici imprimeurs et consul).
Le Discours du massacre de ceux de la religion reformée, fait à Lyon, par les catholiques romains, le vingthuictieme du mois d'aoust et jours ensuyvans, de l'an 1572, publié par le pasteur Jean Rigaud (Lyon, 1574) précise que Goudimel fait partie des protestants massacrés dont les corps ont ensuite été jetés dans le Rhône[20] :
Le massacre de Goudimel a suscité de nombreuses pièces funèbres et épitaphes dans les publications musicales ou poétiques parues peu après, dues à Jean Antoine Sarrazin, Simon Goulart, A. Du Cros, Johannes Posthius ou autres[21]. Notamment, quatre pièces en son honneur figurent au début de la Fleur des chansons des deux plus grands musiciens de notre temps, à sçavoir O. de Lassus et C. Goudimel... publiée par Jean II de Tournes sous la fausse adresse de Jean Bavent, en 1574. Elles émanent du même cénacle que celui qui apparaît dans les Opuscules poétiques de Pierre Enoch : lui-même, Jean Antoine Sarrazin, Joseph Du Chesne, seigneur de la Violette.
De la fréquentation de l'Université, que Goudimel exerçait encore en 1555, des liens qu'il a eus à Paris avec Brinon, Ronsard et Muret, de son intérêt pour les Odes d'Horace, des échanges qu'il a eus avec Enoch, Melissus et leurs amis, de ses pièces liminaires développées, il ressort[22] que Goudimel a reçu une éducation humaniste poussée.
On possède de Goudimel un portrait gravé, anonyme, conservé à New York PL et dont l'attribution à Goudimel ne provient que d'une mention au crayon. En hommage à ce compositeur, la ville de Besançon a baptisé une rue de son nom.
L’œuvre de Goudimel a été entièrement publié : Claude Goudimel, Oeuvres complètes, éd. P. Pidoux et autres. Brooklyn : Institute of Medieval Music, 1967–1983, 14 vol.
Les 5 messes de Goudimel sont publiés dans le vol. XII des Œuvres complètes.
Les 10 motets connus (de 3 à 5 v.) de Goudimel et ses 3 Magnificat sont publiés dans le vol. XI des Œuvres complètes.
Hormis un motet publié à Anvers chez Tielman Susato (15548) et un autre à Nuremberg chez Montanus et Neuber (15592), les autres paraissent à Genève dans la collection de tout petit format (16° oblong) commencée par Simon Du Bosc et Guillaume Guéroult (155412, 155514, [1559] 4).
Cette collection se partage en huit livres et totalise 67 psaumes. Dans ces motets, la mélodie officielle de Genève est utilisée soit comme un cantus firmus, soit comme un motif donnant lieu à des imitations. Le nombre de voix change de verset en verset.
Un Ps. CXXIII apparaît tardivement, dans les Cinquante pseaumes de David, avec la musique à cinq parties d’Orlande de Lassus. Vingt autres pseaumes à cinq et six parties, par divers excellents musiciens. - [Heidelberg], Jérôme Commelin, 1597. RISM 15976.
N.B. : la section G3202 à G 3206 du RISM est confuse et ne permet pas de bien distinguer les trois œuvres suivantes.
Ce psautier homophonique est réédité plusieurs fois :
De plus, les traductions allemande d'Ambrosius Lobwasser (1573), néerlandaise de Peter Dathen (1620), néolatine de Andrea Spethe (1596), et romanches de Johann Grass (1683), de Jacob et Barthélemy Gonzenbach (1737) ou Valentin de Nicolai (1762), toutes faites sur le rythme des vers de Marot et Bèze, sont adaptées à la musique de Goudimel. Voir la liste dans Noailly 1988/2.
Cette œuvre a été longtemps mise en concurrence avec les psaumes homophoniques de Claude Le Jeune ; on constate que les rééditions de l'une et de l'autre se succèdent et s'entrecroisent. Voir Noailly 1988/2.
En 1572, Goudimel publie des contrafacta protestants sur des chansons de Jacques Arcadelt : L'Excellence des chansons musicales composées par M. Jacques Arcadet, recueillies & revues par Claude Goudimel natif de Besançon. - Lyon : Jean II de Tournes, 1572. Guillo 191 n° 84. Édition perdue. Une réédition est données en 1586 à Genève par le même imprimeur, sous une adresse lyonnaise : Guillo 1991 n° 95, RISM AA 1390a. Numérisée par München BSB. On peut souligner que ce travail d'adaptation est en droite ligne du travail d'éditeur/correcteur que Goudimel avait exercé chez Du Chemin.
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