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Kiyoshi Nagai (永井 潔, Nagai Kiyoshi ), plus connu sous son nom de plume Gō Nagai (永井 豪, Nagai Gō ), né le à Wajima (輪島 ), est un mangaka célèbre au Japon.
Nom de naissance | Kiyoshi Nagai (永井 潔 ) |
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Alias |
Gō Nagai (永井 豪 ) |
Naissance | |
Nationalité | japonaise |
Langue d’écriture | japonaise |
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Œuvres principales
Auteur de plus de 360 titres de ces bandes dessinées japonaises, il a participé, avec son studio Dynamic Planning, pour le compte de Toei Animation, à la 1re œuvre à grand succès en France de ce studio, Goldorak (1975). Pourvoyeur de nombreuses esquisses de machines et personnages servant, quand elles étaient validées par Tôei, de bases de travail pour les charadesigners, il a longtemps été confondu avec le créateur de la série. Il est en réalité l'auteur du 1er Manga UFO Robo Grendizer conçu pour accompagner la diffusion de la série originale dans le cadre du système dit Media Mix[1] que décrit le sociologue italien des medias Marco Pellitteri.
Ses trois œuvres les plus importantes sont, selon l'opinion japonaise : Devilman (1972), Mazinger Z (1972), et Cutie Honey (1973). Mais il est également l'auteur de Mao Dante (en) (1971), Violence Jack (1973), Kekkō Kamen (1974), Shutendōji (1976), Susano-Ō (en) (1979), de l'œuvre qui l'a rendu célèbre, L'École impudique (1968), ou, dans le même registre érotico-comique, de La Famille Abashiri (en) (1969)[2].
Il fonde en , presque dès le début de sa carrière, sa propre société, Dynamic Productions, qu'il associe avec Toei Animation pour produire ses séries en manga et en dessin-animé en même temps. Ce type de développement parallèle, inauguré en 1972 avec Devilman, provoque cependant au début de considérables écarts esthétiques et scénaristiques. Une autre société, Popy, aujourd'hui absorbée par Bandai, est mise à contribution pour produire des jouets à l'effigie des personnages de ses histoires[2].
Ayant considérablement influencé les genres mecha et ecchi, entre autres, Gō Nagai fait partie de ces mangakas qui s'efforçaient de s'essayer à tous les styles possibles (humour, fantastique, science-fiction, policier, horreur, érotique, romance, dessin de presse), tout comme Osamu Tezuka et Shōtarō Ishinomori (auprès duquel il a appris le métier), à la différence des auteurs d'aujourd'hui préférant se consacrer à une unique série-fleuve[2].
Il est le quatrième d'une fratrie de cinq garçons. Un mois avant sa naissance, la bombe atomique américaine est lâchée sur Hiroshima. Inconsciemment, cet événement aura une résonance dans certains de ses scénarios. Tout jeune, Gō rêve de créatures et monstres médiévaux qui influencent sa vie et ses jeux avec ses frères. Des êtres velus et griffus qui, selon lui, sont la base de Devilman ou Oni. Le déclic du manga se produit à 4 ans quand son aîné, Baku, lui lit le Lost World (ロスト・ワールド, Zenseiki ) d'Osamu Tezuka (手塚 治, Tezuka Osamu ). Son esprit s'emplit d'une foule d'images qui ne le quittent pas, même lors de son entrée à l'école primaire en 1952. Son univers intérieur lui suffit et il ne se mêle pas forcément aux autres enfants. La lecture des illustrés entretient son goût du dessin et celui grandissant des personnages féminins forts.
Les Nagai déménagent au nord de Tokyo, dans le quartier de Toshima, et Gō poursuit ses études élémentaires à Otsukagai. Sa passion du crayon finit par insupporter sa famille. Tout support de papier blanc y passe, même les cahiers de ses frères. Il imite les mangas de l'époque, notamment ceux basés sur Godzilla. Ce n'est pas pour rien qu'il en dessinera un pastiche, Enoshima Dozilla, en 1971. Ses dessins s'affirment mais ses idées et pensées sont trop confuses pour donner un scénario. Il profite de sa nouvelle vie dans la capitale pour lire un maximum de romans et de BD. Et sa fréquentation des salles de cinéma fait de lui un cinéphile. Les films l'inspirent pour ses histoires et, surtout, l'aident à les structurer. Ses goûts vont des longs métrages de SF, Uchû senso (La Guerre de l'Espace) à ceux en costumes, Shichinin no samurai (Les 7 samouraïs), chanbara de 1954 d'Akira Kurosawa. Lorsqu'il atteint l'adolescence, Gō Nagai voit environ 150 films par an. Ses parents souvent occupés, le jeune garçon est livré à lui-même. Quand il n'est pas dans les salles obscures, il lit le Kinema Junpō, le Studio Ciné Live local. Il est insatiable de livres de science-fiction, de détectives et d'aventures, japonais ou étrangers. Gō souligne qu'il était devenu un otaku. Limité par l'argent, il consulte sur place bouquins et revues sous le regard désapprobateur des libraires. Mais la radio NHK diffuse des feuilletons de SF qui nourrissent son imaginaire…
Gō Nagai entre au collège. Son père meurt. Cela l'affecte jusqu'au mutisme, se réfugiant dans son monde illusoire. Il revient à la réalité grâce à la sagesse et la patience de son deuxième frère mais les choses ne seront plus comme avant. À l'école, Gō n'obtient de bonnes notes que quand il le veut. Au grand désespoir de sa mère et de ses professeurs, conscients de ses possibilités. Le manga reste sa priorité et il continue de perfectionner ses scénarios.
Fan d'Osamu Tezuka et Shotaro Ishinomori, il découvre un autre dessinateur, Mitsuteru Yokoyama, notamment ses robots comme Tetsujin 28 Go. Au même moment, Ishinomori sort Dynamic Trois (1959-60) qui marque Nagai au point de baptiser son studio Dynamic Productions. La BD japonaise connaît alors une mutation avec Sampei Shirato qui s'adresse à un public moins enfantin. Il a du succès avec ses histoires violentes et sexy comme Ninja Bugeisho (Le Livre des Techniciens de Combat Ninja), stimulant de plus belle l'imagination de Gō. Il fait ainsi le rêve étrange d'une ballerine irréelle au milieu des flammes, retranscrit au début de Susano Oh en 1979.
Nagai a 16 ans, il est au lycée d'Itabashi et prend 2 résolutions, se faire des amis et être assidu aux cours. Il s'entend bien avec son professeur d'art. Celui-ci sera d'autant plus déçu des envies de manga de son élève. Dessiner est assez physique et Gō s'inscrit à des cours de Tai chi qu'il pratiquera quelques années. Cette gymnastique lui évitera de gros problèmes de santé. Pendant l'été, par un de ses amis, il rencontre un responsable d'une importante maison d'édition, Shōgakukan. Le contact n'est pas concluant. Sa famille commence à s'inquiéter pour son avenir. Mais Gō Nagai ne baisse pas les bras facilement.
Pas vraiment passionné par les études, Il échoue à tous les concours d'entrée à l'université. Avec ses amis, il suit donc les cours de rattrapage. Contrairement aux autres, Gō crayonne et finit par abandonner ces séances. Comble de malheur, il contracte une colite ulcéreuse, une maladie intestinale, qui fait craindre le pire à sa famille. Passagère, cette affection le motive pour réaliser son souhait : devenir mangaka. Pour rassurer sa mère et ses frères, peu enthousiastes, il occupe des petits boulots, comme serveur de restaurant.
Durant sa convalescence, il esquisse une histoire de samouraï indestructible venu du futur, 19 ans avant Terminator, et le publie sous le nom de Kuro no shishi (Le Lion Noir). Il est remarqué à 20 ans par le Shonen Sunday, revue de prépublication de Shōgakukan, qui lui propose un poste d'assistant. Il est présenté au staff de Mushi Productions, malheureusement, son président Tezuka est absent. Son autre idole, par contre, Shotaro Ishinomori, est là. Impressionné par ses qualités d'auteur, il le choisit pour le suppléer. Travailler pour un maître du manga n'est pas une sinécure. Ni vacances ni week-end, dessinant jusqu'à vingt heures par jour, il est chez lui une semaine par mois. Les planches s'accumulent qu'il en oublie de manger ou d'aller aux toilettes. Un rythme qui, en trois mois, décourage plus d'un employé ; Nagai se retrouve seul. De nouveaux assistants sont embauchés mais abandonnent vite. Gō effectue le « gros » de la production pendant presque 2 ans. Amaigri et les traits tirés, Il a du mal à se reconnaître dans le miroir. Il s'impose un jour de repos par semaine. Ce qui lui permet de développer ses projets, essentiellement de courtes histoires comiques. Collégien, lycéen ou assistant, son dessin est influencé par Tezuka et Ishinomori, les vedettes du moment. Il reprendra certains de ses travaux pour en faire des œuvres complètes (Kuro no shishi, Super Saiyuki, Oni).
Après deux ans comme assistant de Shotaro Ishinomori, et avoir formé lui-même quatre employés fiables, Gō Nagai obtient un mois de vacances. Il en profite pour lancer une histoire humoristique pour le magazine Bokura des éditions Kōdansha, les péripéties d'un petit policier à l'époque d'Edo, Meakashi Polikichi (1967). Il devient mangaka à part entière et les lecteurs suivent. Il enchaîne, pour les mêmes employeurs, avec Chibikko kaijû Yadamon, fantaisie autour d'un jeune garçon, Tarō, et son petit dragon, Yadamon.
Ses BD ont du succès et Gō peut mettre en images des scénarios plus à son goût dans le Shônen Magazine toujours chez Kōdansha. Le semblant d'humour noir de Jintaro Sandogasa est très critiqué. Le dessinateur comique de l'époque, Fujio Akatsuka, ne se prive pas pour fustiger ce style trop libre. Nagai apprécie peu le formatage. Sexe et violence sont interdits, il pratique donc un rire amer. Les éditeurs publient déjà des mangas plutôt rudes comme Muyo no Suke de Takaho Saito, auteur de Golgo 13 mais ils sont sérieux. Gō Nagai produira d'ailleurs des parodies de ce dernier, Golgo Heighteen, et des œuvres de Sampei Shirato.
Fin des années 60, le western spaghetti est à son apogée avec notamment Il était une fois dans l'ouest. Gō s'en inspire pour développer ce qu'il aime. L'esprit du mythe revisité l'intéresse et l'applique à la période médiévale avec Yubi no Kenman dans Shônen Magazine. L'héroïne porte une sorte de maillot de bain. Ce qui attire l’œil d'autres maisons d'édition... dont Shûeisha qui crée, en 1968, Shônen Jump. Elle recherche de nombreux talents et les laissent pratiquement libres dans leurs sujets. Nagai en profite pour essayer ses concepts comiques. Il ne sait pas comment nommer sa nouvelle histoire. L'affiche d'un film vaguement pornographique, Sei no Harenchi(Le sexe impudique), lui fournit en partie le titre. Il trouve normal de baptiser son école perverse Harenchi Gakuen et devient vite une vedette. Caricaturaux au possible, ces personnages sont un régal pour Gō Nagai. Il atteint 80 % de lecteurs favorables. Sauf que son audace ne plait pas à tout le monde et la PTA (Parental and Teacher Association), commission de censure et de vertu s'en prendra régulièrement à Gō. Plus tard, Masakazu Katsura, avec Video Girl Ai connaîtra le même traitement. Comme un paradoxe, le manga du jeune dessinateur est plébiscité par les enfants. La série sauvée, il devait assurer la cadence. De plus, les médias le sollicitent fréquemment. Avec son équipe, il s'isole alors dans un hôtel de Tokyo pour travailler.
Devant le succès de Harenchi, Shûeisha oblige Nagai à toujours faire la même chose. La seule issue est de fonder sa société, Dynamic Productions, en avril 1969. Sous ce label, Il publie en 1970, entre autres, Abashiri Family, puis, Getter Robo (1974). L'entreprise compte 7 à 8 employés et en salarie 25 à la fin des années 1990. Actuellement, elle gère les productions du patron sous tout support (papier, films, CD...) pour le monde. Gō Nagai jouit d'une certaine liberté face aux grands éditeurs ; opiniâtre, il impose les histoires qu'il porte en lui depuis longtemps. Sa compagnie lui permet d'endiguer sereinement la concurrence des nouveaux dessinateurs. Et au sein de Shônen Jump, elle est vive avec George Akiyama ou Hiroshi Motomiya (Ginga Kin). Gō admet que cette période lui fut stimulante et y rencontre, sur Gakuen Bangaichi (1969)[4], son collaborateur Ken Ishikawa (石川 賢一, Ishikawa Kenichi )[5]. Ils co-scénariseront la saga Getter Robo ; Ishikawa sera aussi au crayon. Pour l'éditeur Akita Shoten, Nagai crée Abashiri Ikka (La famille Abashiri) qui paraît dans Shônen Champion. Malgré l'avis du milieu du manga, il fait d'une femme, Kikunosuke, son personnage principal. Jubehei Yanagiyu avait un rôle important dans Harenchi Gakuen mais pas central. L'idée d'une femme héroïne de shōnen fait son chemin face aux pontes des grandes maisons. La BD évolue plus vite qu'ils ne le croient. C'est encore un triomphe pour Gō Nagai qui emprunte le chemin de la science-fiction en 1970. C'est un nouveau défi qu'il relève avec un titre évocateur des démons du folklore japonais, Oni-2889 nen no henran,
Strictement délimité, le manga des années 70 ne prend pas de risques. Kōdansha préfère que Gō réalise un récit complet d'une centaine de pages plutôt qu'une série ; ce qui convient à son sujet. Il devient une sorte de vedette invitée, libre de ses choix, un privilège à ne surtout pas gâcher. Dans une société futuriste en 2889, la race Oni est considérée comme une classe inférieure par les êtres humains et finit par se retourner contre eux, jusqu'à déclencher une guerre. Plancher sur cette histoire n'est pas de tout repos, le jeune dessinateur est atteint de fortes fièvres qui l’empêchent de rendre ses autres BD dans les temps, Kikkai-kun entre autres, à ses différents employeurs. Depuis ses débuts, le mot d'ordre de Nagai est de rendre son travail à temps, mais cette fois-ci, il revoit ses ambitions à la baisse. Malgré sa méforme, il achève son manga qui s'avère un succès. Il obtient le respect du milieu de la BD japonaise et celui de la SF. Après ça, en 71, débarque l'œuvre d'horreur, Susumu-chan Dai Shock,.sur l'effondrement violent des relations parent-enfant. Suivent plusieurs récits du même style dans une collection appelée Gensou Kyofu e Hanashi, qui comprend Africa no Chi (une histoire originale de Yasutaka Tsutsui), Schalken Gahaku (basé sur le célèbre Schalken le peintre par Joseph Feridan Le Chanu) et Kuzureru. Gō évite de s'enfermer dans un genre et revient au comique. Échaudé par ses ennuis de santé, il se fait plus rigoureux avant de retourner dans la science-fiction.
S'occuper de plusieurs récits n’empêche pas Gō Nagai de concocter un nouveau scénario. Lorgnant plus vers le fantastique, c'est une lutte entre forces du bien et forces du mal. Pour se distinguer de Oni, il fait de son héros un véritable démon, Maō Dante (魔王ダンテ, Maō Dante ), beaucoup inspiré par la Divine Comédie de Dante, publié de janvier à mai 1971 dans Bokura chez Kōdansha. Il sera inachevé car Nagai a une autre idée du même style. Le pilote d'une série pour un public plus mature.
Le , Devilman (デビルマン, Debiruman ) déferle dans Shônen Magazine. Succès assez rapide, comme l'adaptation animée, moins violente et moins psychologique. Gō s'étonne du battage médiatique. Certains relèvent des similitudes entre l'homme-diable et l’Évangile selon Saint-Jean. D'autant que Nagai ne l'a pas lue. Si ce manga n'a pas en France une énorme notoriété, il est l'un des plus lus et réédités dans l'archipel. Cette série exige de la concentration jusqu'à la tension nerveuse. Généralement, la page terminée, Gō s'effondre. Il l'indique dans plusieurs entrevues : « Dessiner des petites histoires humoristiques était très relaxant, mais dès lors que j'ai dessiné des histoires plus sombres ou alors avec des démons, cela a changé du tout au tout. Dessiner des histoires sombres me demandait énormément d'énergie et d'efforts. J'avais l'impression à chaque fois de pousser une porte donnant sur une autre dimension. J'étais littéralement crevé, vidé de toute énergie ».
Il oublie ces univers obscurs en se risquant à un genre qui achèvera sa réputation d'auteur de SF, le mecha. Il explique que c'est en observant une file de voitures lors d'un embouteillage qu'il a l'idée de Mazinger Z (マジンガー Z, Majingā Z ). Il esquisse un robot qui se meut grâce à un véhicule inséré dans sa tête. Son projet est soumis aux dirigeants de Toei Animation, tellement enthousiastes que la production du programme est très vite lancée. Le premier épisode est même diffusé avant la publication de la BD… une de plus pour Nagai. Il révolutionne les robots géants en introduisant ces éléments : selon son pilote, le robot est un outil bienveillant ou belliqueux et tel un catcheur japonais criant son attaque, le déclenchement des armes par commande vocale qui deviendra une règle pour toutes les autres séries à venir.
1973, Gō Nagai ne chôme pas, Devilman se termine et déjà un autre personnage est en germe. Adolescent, il suit les héros marginaux de Sampei Shirato. Il en reprend l'esprit dans un monde contemporain alternatif dévasté par un tremblement de terre. Le titre est accrocheur, Violence Jack (バイオレンス ジャック, Baiorensu Jakku ), et s'ajoute aux deux précédentes œuvres majeures. Jack est le précurseur du justicier « post-apocalyptique », bien avant Mad Max (1979) ou Hokuto no Ken (北斗の拳 ) (1982) qui s'en inspire largement. Sans dévoiler l'intrigue, cette série fait suite à Devilman. Son héros est un monstre sadique mais prenant toujours parti pour les plus faibles. Dès les premières pages, outrancières, les éditeurs de Nagai s'inquiètent des foudres des ligues de vertu, la PTA en particulier. Gō réplique que la loi du plus fort est naturelle dans un monde où les règles ont disparu. Ironiquement, ce manga est l'un des plus longs du sensei, environ 7000 pages. Le plus abouti aussi, le scénario est une réunion de personnages d’histoires antécédentes et le final vaut le détour tant il répond à de nombreuses questions soulevées tout au long de la série. Elle n'est connue que de quelques initiés dans l'Hexagone, mais est populaire en Italie. Là, elle est publiée une première fois en 2001, puis, une seconde fois, fin 2005, bénéficiant d'une superbe édition inachevée chez d/books, filiale de d/visual. Elle sort à nouveau chez J-POP depuis fin 2014.
Toujours à innover, Nagai crée la même année, Cutey Honey (キューティーハニー, Kyūtī Hanī), (Cherry Miel en France), belle gynoïde aux pouvoirs transmorphiques. L'expérience est courte et Gō se tourne vers un nouveau terrain de recherches. Le merveilleux héroïque, genre plutôt occidental, lui offre un large champ de possibilités. Shutendoji (手天童子, Shuten dōji ) est donc un jeune homme mi-humain mi-démon, qui fait face à des créatures, plus étranges les unes que les autres, venant d'autres dimensions. Après validation de Kōdansha, Gō Nagai s'y attelle immédiatement mais la malédiction continue. Comme sur Devilman et Oni, sans raison, il ne se sent pas bien. De plus, sur une photo prise à l'époque, il voit une sorte d'ectoplasme à la place de ses pieds et derrière lui, une brume rappelant une " tête de mort ". Le plus étrange est l'apparition, au domicile de sa mère, de feux follets au-dessus du lit. Gō n'a pas vraiment d'avis sur le sujet. Depuis l'âge de 3 ans, Il n'a pas fait de rêves paranormaux mais à l'instar d'un médium, il est sensible à ce type de manifestations. Malgré lui, elles occupent une place importante dans son existence.
La contribution de Nagai à la SF n'est plus à faire et il intègre le cercle japonais restreint des auteurs de science-fiction, le SFWJ[6], science fiction and fantasy writers of Japan (Les écrivains de SF et merveilleux du Japon). Après Osamu Tezuka, il est le deuxième dessinateur à y accéder; il en sera le président de 1996 à 1999. Cette distinction l'incite à se replonger dans ses crayonnés et il donne naissance à Susano-O, toujours avec des démons. Bien entendu, ça marche du tonnerre et la série se voit décerner un grand prix des lecteurs. Cela, en dépit des autres mangakas en lice, notamment Shotarō Ishinomori (Cyborg 009), Itsuki Kajiwara (Kyojin no hoshi) ou Fujio Akatsuka (Osomatsu Kun). C'est la gloire pour ce bourreau de travail. Succès de librairie, des millions d'exemplaires, l'univers de l'artiste se décline en animation, forcément un carton d'audimat sur l'archipel; Devilman et Mazinger en sont les fers de lance.
L'Europe n'est pas en reste avec la diffusion à partir de 1978, sur Antenne 2, de UFO Robo Grendizer (UFOロボ グレンダイザー ), connu sous le nom de Goldorak en France et Goldrake dans la patrie de Dante, série à laquelle le studio Dynamic Planning a largement collaboré par des dessins préparatoires divers et notamment par le redesign complet de la machine éponyme à partir du concept original de Tōei : Gattiger, l'assemblage robot+soucoupe porteuse extraterrestres du film-prototype Uchuu enban daisensō ("La grande guerre des soucoupes de l'espace"). Cette série profitera d'autres versions celluloïd du maître comme Great Mazinger (グレートマジンガー, Gureito Majinga ) ou Kotetsu Jeeg (鋼鉄ジーグ, Kōtetsu Jīgu). Bien que l'ORTF ait programmé la deuxième série du Roi Léo en 1972 et Prince Saphir en 1974, le robot géant cornu (on parle de mecha après Gundam) lance véritablement ce qui n'est pas encore nommé la japanimation sur notre territoire… et devient le mythe de toute une génération « bercée » au son des attaques d'Actarus / Duke Fried (prince d'Euphor). Au Japon, 1/3 des BD de Gō se meut sur le petit écran : Cutey Honey, Magic Tickle, Jushin Ryger...
Ajouter des cordes à son arc est une constante chez Gō Nagai, que ce soit en bande dessinée, cinéma ou écriture. Il est un des précurseurs du style « Super-Déformé » (SD). Hyakko en est un bon exemple. C'est son alter-ego, une sorte de « mini-moi », devenu mascotte de Dynamic Productions, une estampille qui se confond avec Gō. Dans ses histoires légères, il a un rôle didactique ou souligne une situation grotesque.
Déjà évoqué, le 7e Art est une passion pour Nagai. À l'occasion, il se fait critique de films et devient membre du jury du Festival du Film Fantastique d'Avoriaz en 1988. Couronnement pour un auteur de SF. Fidèle à sa ligne, en 1980, il est concepteur de personnages sur le feuilleton de marionnettes, Bomber X et compose même en 1978 le générique d'ouverture de Magic Tickle. Il réalise des programmes vidéo tel Nagai Gō no komai zone (La zone de terreur de Gō nagai) en 1989, plus horrifique qu'une Quatrième Dimension. Cette année-là, il imagine le catcheur extra-terrestre, Jushin Ryger, qui renvoie Tiger Mask au jardin d'enfants. Sa grande popularité inspire un " lutteur libre " nippon qui s'habille comme lui et se baptise le Jushin Thunder Lager.
Depuis 25 ans, Gō a considérablement ralenti sa production. Ses mangas sortent au compte-gouttes, on peut citer The Bird, Mazin Saga, Lady Devilman pour les plus fameux. Malgré tout, son aura créatrice et graphique reste encore perceptible dans l'art séquentiel international. Sa patte est une référence pour les apprentis auteurs et son œuvre est si abondante que le sensei en personne ne pourrait la détailler.
Gō Nagai reprendra le fil de ses robots quelques années après les Mazinger : God Mazinger (ゴッドマジンガー, Goddo majinga ), qui sera adapté en anime en 1984 par la TMS pour 23 épisodes, et plus tard Mazinkaiser, en 2001, pour une courte série de 7 OAV, avec un 8e opus réalisé en 2003. Toujours dans le genre mecha, il a cosigné le scénario, avec Ken Ishikawa, de la saga Getter Robot (ゲッターロボ, Gettā Robo ).
Le mangaka puise largement dans la mythologie grecque pour ses principales œuvres. L'illustrateur Gustave Doré influença beaucoup ses dessins, notamment Mao Dante et surtout ceux de Devilman.
Il a aussi été fortement inspiré par une grande période dans les années 1960 et 70 du cinéma rose (érotique) dit pinku eiga au Japon[7]. Ces œuvres, sensuelles à érotiques, à représentation plus vaginale que phallique, vont de la comédie d'aventure tel que Kekko Kamen, burlesque comme Harenshi Gakuen, jusqu'au fantasme sexuel dans Barabanda et lovely angel, avec un contexte social dans Hanappe bazooka. Ce sont la plupart de ces œuvres qui sont adaptées en live.
Les autres sources, entre autres, sont la science-fiction, les récits d'horreur, la mythologie et l'Histoire japonaises.
Go Nagai est connu principalement en France pour ses séries de robots géants comme Goldorak qui n'a pas servi de base à la série mais qui accompagne la série, oeuvre originale de Tôei (seul un passage du manga de son collaborateur Gosaku Ôta sera adapté par Tôei pour devenir l'épisode 25 de l'Anime). On s'aperçoit très vite que ce n'est pas son thème privilégié. Il laisse souvent la main à un de ses collaborateurs comme Ken Ishikawa et Gosaku Ota pour les dessins et parfois le scénario. Les mangas sont assez courts, cinq volumes au maximum, ou sont laissés inachevés comme Garla.
Il faut ainsi voir cette saga comme un tronc commun et suite logique entre Mazinger Z, Great Mazinger puis Mazinkaizer, en incluant même Kotetsu Jeeg d'après un scénario de Nagai. Une histoire semblable peut subir différents remakes par des auteurs différents ou Nagai en personne sur le papier. Goldorak, conçu par Tôei comme un univers spécifique, a été intégré "au forceps" dans cet univers de bandes dessinées où Nagai met en avant les crossover.
Listes qui se veut-être en ordres chronologique suivant les évènements de l'histoire, bien qu'il y ait rétrospectives et parfois incohérences.
On y trouvera parmi le monde des samouraïs, manga sur des personnages historiques, tous les autres mangas qui se passent en tout temps reculés comme dans "Sharaku" au début du XXe avec ou non un mélange de science-fiction comme dans "Lion noir" et/ou de mythologie comme dans "Zuba, le barbare".
Ce sont des histoires courtes de tout ordre d'une à quelques dizaines de pages seulement. On les trouve généralement à la fin d'un tome de manga, dans des magazines ou des compilations.
Yutai Tantei you & you
Le jeu vidéo Legend of Dynamic: Gōshōden - Hōkai no Rondo met en scène deux héros évoluant dans un monde peuplé des personnages de Gō Nagai (Devilman, Cutey Honey, Mazinger Z, etc.). Il est sorti en 2003 sur Game Boy Advance. Il a été développé par Will et a été édité par Banpresto.
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