Frank James Marshall (, New York – , Jersey City) est un joueur d'échecs américain. Champion des États-Unis de 1909 à 1936, il fut l'un des plus forts joueurs du début du XXe siècle et remporta quatre médailles d'or par équipe et une médaille d'or individuelle lors des olympiades d'échecs de 1931 à 1937.
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Frank James Marshall |
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Biographie et carrière échiquéenne
Jeunesse
Marshall est né à New York et a vécu à Montréal entre l'âge de 8 et de 19 ans. Il commence à jouer aux échecs à 10 ans et en 1890 il est déjà l'un des plus forts joueurs de Montréal. En 1900, il finit troisième-quatrième, ex æquo avec Geza Maroczy, du tournoi de Paris, remporté par le champion du monde Emanuel Lasker devant le champion américain Harry Nelson Pillsbury.
Victoires aux tournois de Cambridge Springs 1904 et Nuremberg 1906
En 1904, Marshall remporta le tournoi de Cambridge Springs avec 13 points sur 15, sans défaite, devant le champion du monde Emanuel Lasker. La même année, il remporta le septième congrès américain en 1904, mais ce tournoi ne comptait pas pour le championnat des États-Unis parce que le champion sortant, Harry Pillsbury, ne participait pas au tournoi. En 1906, Pillsbury mourut et Showalter fut considéré comme le nouveau champion. Marshall ne reçut le titre que lorsqu'il battit Showalter lors d'un match disputé en 1909.
En 1905, au tournoi de Barmen en Allemagne, Marshall finit troisième, derrière Maroczy et Janowski. La même année, il battit Janowski 10 à 7 (+9 -5 =4)
En 1906, Marsall remporta le tournoi de Nuremberg, quinzième Congrès allemand d'échecs, avec 1,5 point d'avance sur Duras, Forgacs, Schlechter et Tchigorine.
Match pour le championnat du monde (1907)
En 1907, il est défait par Emanuel Lasker dans un match pour le championnat du monde 4,5 à 11,5 (-8 =7 +1). Le match s'est déroulé à New York, Philadelphie, Washington DC, Baltimore, Chicago et Memphis du au .
Victoire au tournoi de Düsseldorf 1908
En janvier-, Marshall perdit un match contre Janowski à Suresnes : 3,5 à 6,5 (+2 -5 =5). En mars-, il termina dixième du tournoi de Vienne remporté par Maroczy, Schlechter et Duras. En mai-, lors du tournoi de Prague, Marshall ne finit que 7e-8e.
En , Marshall remporta le seizième congrès allemand à Düsseldorf avec 11,5 points sur 15 (+8 =7) et 1,5 point d'avance sur Salwe et Spielmann. En septembre-octobre de la même année, il finit deuxième d'un tournoi-match à six tours disputé à Lodz. Marshall, Rubinstein et Salwe s'affrontaient huit fois. Marshall perdit son match avec Rubinstein +2 -3 =3 et battit Salwe +2 -1 =5. À la fin de l'année, en novembre-décembre, Marshall battit Jacques Mieses en match à Berlin (+5 -4 =1).
Match contre Capablanca (1909)
En , Marshall revint aux États-Unis pour Noël. En 1909, il remporta le championnat du Manhattan Chess Club de New York et finit deuxième, derrière Rosenfeld, du championnat d'été de la New York State Chess Association (NYSCA) disputé à Bath Beach (Brooklyn). Entre deux tournois, Marshall gagnait sa vie en organisant une tournée de parties simultanées. En février, il battit Charles Jaffe à New York (5,5 à 3,5).
Au début de l'année 1909, Marshall accepta de jouer un match contre le jeune Cubain José Raúl Capablanca. Le match eut lieu au printemps (d'avril à juin) dans plusieurs villes américaines et Marshall fut sèchement battu, à la surprise générale 8 à 15 (+1 -8 =14).
En , Marshall affronta Jackson Showalter à Lexington (Kentucky) pour le titre de champion des États-Unis. Il remporta le match sur le score de +7 -2 =3.
Super-tournois en Europe (1910-1912)
En juillet-, Marshall finit cinquième-sixième du congrès allemand de Hambourg remporté par Schlechter.
Après sa cuisante défaite contre Capablanca, Marshall ne nourrit pas de ressentiment à l'égard du Cubain. Au contraire, il réalisa que le jeune homme avait un talent immense et méritait la reconnaissance du monde des échecs. En janvier-, le champion américain remporta le tournoi de New York avec un demi-point d'avance sur Capablanca. Marshall consacra de nombreux efforts à assurer à Capablanca une chance de jouer au plus haut niveau de la compétition. Le tournoi de Saint-Sébastien en 1911 était un tournoi exclusif qui s'annonçait comme le plus fort de l'histoire. Le tournoi était en principe réservé aux joueurs qui avaient fini au moins quatrième dans deux tournois majeurs et Marshall dut insister pour que Capablanca fût admis. En dépit des protestations qui suivirent son admission, le jeune Cubain remporta le tournoi et Marshall finit quatrième derrière Rubinstein et Vidmar.
La même année (1911) Marshall également termina quatrième du tournoi de Karlsbad, remporté par Richard Teichmann devant Schlechter et Rubinstein.
En février-, Marshall finit sixième du tournoi de Saint-Sébastien (en l'absence de Capablanca), puis il finit troisième du tournoi de Pistyan (mai-). En juin, fut organisé un tournoi thématique à Budapest qui dura une semaine. Marshall finit premier ex æquo avec Schlechter, devant Duras, Maroczy, Teichmann et Vidmar. Les mois suivants, il termina sixième du congrès allemand de Breslau (juillet-).
Cinquième du tournoi de Saint-Pétersbourg 1914
À Saint-Pétersbourg en 1914, Marshall fut l'un des cinq joueurs à participer à la finale, les autres étant Lasker, Capablanca, Alekhine et Tarrasch. Marshall finit cinquième du tournoi préliminaire (+3 -1 =6) et dernier de la finale (+1 -5 =2).
Lorsque la Première Guerre mondiale éclata, Marshall disputait le tournoi de Manheim qui fut interrompu six rondes avant la fin. Marshall quitta l'Europe et resta en Amérique pendant dix ans.
Création du Marshall Chess Club (1915)
En 1915, Marshall ouvrit le célèbre Marshall Chess Club à New York. La même année, il finit deuxième du tournoi de New York, un point derrière Capablanca. Lors du tournoi de New York 1918, il termina troisième. Ce tournoi est resté célèbre car Marshall surprit Capablanca avec le « gambit Marshall ». Si Marshall perdit cette partie, son « gambit », est toujours joué aujourd'hui. Avant de rencontrer Capablanca, Marshall avait déjà essayé son gambit en 1917, contre Walter Frere mais il ne publia la partie qu'en 1932 (sans indiquer la date). Le coup n'était pas nouveau : il avait déjà été joué dans deux parties entre des joueurs cubains et Carl Walbrodt disputées en 1893. Les parties furent publiées la même année[1].
Quatrième des tournois de New York 1924 et Moscou 1925
En 1923, Marshall remporta le tournoi de Lake Hopatcong, ex æquo avec Abraham Kupchik.
Le Tournoi organisé à New York en 1924 fut le plus fort tournoi organisé dans cette ville avec la participation du champion du monde en titre (depuis 1921), José Raul Capablanca, du précédent champion Emanuel Lasker et du futur champion (en 1927), Alexandre Alekhine. Marshall finit quatrième derrière les trois champions du monde (+6 -4 =10).
En 1925, Marshall revint en Europe pour la première fois depuis 1914. Il finit cinquième-sixième à Baden-Baden 1925, troisième-quatrième à Marienbad 1925 et quatrième du tournoi d'échecs de Moscou 1925, derrière Bogoljubov, Lakser et Capablanca.
Derniers tournois parmi l'élite (1926-1929)
En 1926, il remporta le tournoi de Chicago et finit quatrième du tournoi de Lake Hopatcong remporté par Capablanca. En , à 49 ans, il finit sixième et dernier (+1 -9 =10) du tournoi de New York 1927 remporté par Capablanca devant Alekhine. Les expériences de Marshall dans les ouvertures furent critiquées par Nimzowitsch comme des « extravagances ». Néanmoins, il parvint à établir l'égalité avec les Noirs contre Capablanca grâce à une ouverture qui devint populaire trente ans plus tard sous le nom de défense Benoni moderne.
En 1927, à cinquante ans, Marshall revint en Europe et finit troisième sans défaite (+4 =7) du tournoi de Londres 1927 remporté par Nimzowitsch et Tartakover. En 1928, il termina septième du tournoi de Bad Kissingen avec moins de la moitié des points, puis quatrième du tournoi de Brno (+2 -1 =6).
À Budapest 1928, Marshall finit deuxième (+4 -1 =4) derrière Capablanca. Marshall dut renoncer à la première place après sa défaite dans l'avant-dernière ronde. Après Budapest, Marshall finit septième et dernier du tournoi de Berlin 1928.
En 1929, Marshall remporta le tournoi de Hastings 1928-1929 (+4 -1 =4), ex æquo avec Colle et Takacs, puis il finit sixième avec la moitié des points lors du tournoi international de Bradley Beach remporté par le champion du monde Alekhine. À Karlsbad 1929, Marshall finit dix-huitième sur vingt-deux joueurs, mais deux de ses parties reçurent des prix de beauté.
Années 1930 : quadruple vainqueur des olympiades
Dans les années 1930, Marshall participa à cinq olympiades d'échecs[2]. Lors des olympiades, l'équipe des États-Unis finit sixième en 1930 puis remporta quatre médailles d'or par équipe : en 1931 à Prague ; en 1933 à Folkestone ; en 1935 à Varsovie ; en 1937 à Stockholm. Ces succès ne furent plus répétés par l'équipe américaine avant plusieurs décennies : les États-Unis ne remportèrent la compétition à nouveau qu'en 1976 (en l'absence de l'équipe soviétique) et en 2016.
Lors de l'olympiade de Hambourg, en 1930, il n'y avait pas d'ordre établi dans les équipes et Marshall joua alternativement au premier et au deuxième échiquier avec Isaac Kashdan. Marshall finit quatrième du classement individuel (nombre de points marqués), tous joueurs confondus, avec 12,5 points sur 17, derrière Rubinstein (15 / 17), Flohr (14,5 / 17) et son coéquipier Kashdan (14 / 17). L'équipe américaine, avec Herman Steiner et deux autres joueurs plus modestes (en l'absence de Al Horowitz, Abraham Kupchik et Edward Lasker), finit sixième de la compétition.
Après 1930, Frank Marshall, qui était le joueur américain le plus âgé, fut le capitaine de l'équipe américaine. En 1935, à Varsovie, lors du match contre l'Autriche, il s'aperçut que ses coéquipiers avaient tous conclu une nulle de salon[3]. Après avoir gagné sa partie contre Ernst Grünfeld (en 60 coups), Marshall s'entretint avec chacun d'eux individuellement pour leur rappeler que les nulles ne font pas gagner de tournoi (les équipes étaient classées en fonction des résultats individuels sur chaque échiquier et pas selon les résultats des matchs entre nations).
Lors des olympiades de 1931 à 1935, Marshall jouait au deuxième échiquier et remporta une médaille d'or individuelle en 1933 à Folkestone (7/10, +4 =6). En 1937, à Stockholm, il joua au quatrième échiquier et termina quatrième et invaincu (+3 =7).
Dernières années
En 1936, après avoir été le champion national pendant 29 ans, il remet son titre en jeu dans un tournoi sponsorisé par la fédération américaine à New York. Le trophée était fourni par le Marshall Chess Club, et Samuel Reshevsky sortit vainqueur du tournoi.
Style de jeu
Marshall est connu pour sa grande force tactique. Il est également réputé pour ses pièges, par lesquels il parvient à retourner une position perdante. Il était également connu pour sa force en finale à l'époque.
Exemples de parties
Levitski - Marshall, 1912
Janowski - Marshall, 1912
Dans une partie jouée la même année (1912) à Biarritz contre David Markelovitch Janowski, Frank Marshall opéra (avec les Noirs) un sacrifice de Dame tout aussi spectaculaire[4] :
1. e4 e5 2. Cf3 Cf6 3. Cxe5 d6 4. Cf3 Cxe4 5. d4 d5 6. Fd3 Fd6 7. c4 0-0 8. cxd5 Fb4+ 9. Rf1 Dxd5 10. Dc2 Te8 11. Cc3 Cxc3 12. bxc3 Dxf3!! 13. cxb4 Cc6 14. Fb2 Cxb4!! 15. Fxh7+ Rh8 16. gxf3 Cxc2 17. Fxc2 Fh3+ 18. Rg1 Te2 19. Tc1 Tae8 20. Fc3 T8e3!! 21. Fb4 Txf3 22. Fd1 Tf6!! 0-1
La victoire sur Capablanca avec les Noirs
Bien que Marshall ait un score négatif contre Capablanca (+2 =28 -20), il est l'un des rares joueurs à l'avoir vaincu avec les Noirs. La partie s'est déroulée à La Havane en 1913[5] :
1. e4 e5 2. Cf3 Cf6 3. Cxe5 d6 4. Cf3 Cxe4 5. d4 d5 6. Fd3 Fg4 7. O-O Cc6 8. c3 Fe7 9. Cbd2 Cxd2 10. Fxd2 O-O 11. h3 Fh5 12. Te1 Dd7 13. Fb5 Fd6 14. Ce5 Fxe5 15. Dxh5 Ff6 16. Ff4 Tae8 17. Te3 Txe3 18. fxe3 a6 19. Fa4 b5 20. Fc2 g6 21. Df3 Fg7 22. Fb3 Ce7 23. e4 dxe4 24. Dxe4 c6 25. Te1 Cd5 26. Fxd5 cxd5 27. De7 Dc8 28. Fd6 h6 29. Tf1 f6 30. Te1 Td8 31. Fc5 Rh7 32. Df7 Df5 33. Fe7 Dd7 34. Rf1 Tf8 35. De6 Dxe6 36. Txe6 Te8 37. Te2 Rg8 38. b3 Rf7 39. Fc5 Txe2 40. Rxe2 f5 41. Rd3 Re6 42. c4 bxc4+ 43. bxc4 g5 44. g4 f4 45. Fb4 Ff6 46. Ff8 dxc4+ 47. Rxc4 f3 48. d5+ Re5 49. Rd3 Rf4 50. Fd6+ Fe5 51. Fc5 Rg3 52. Re4 Ff4 53. d6 f2 0-1.
Les défaites de Capablanca en finale sont rares.
Théorie des ouvertures
Le gambit Marshall de la partie espagnole
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8 | 8 | ||||||||
7 | 7 | ||||||||
6 | 6 | ||||||||
5 | 5 | ||||||||
4 | 4 | ||||||||
3 | 3 | ||||||||
2 | 2 | ||||||||
1 | 1 | ||||||||
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Il existe un certain nombre d'ouvertures qui portent le nom de Marshall. De façon assez étonnante pour un joueur qui est mort il y a plus de 60 ans, deux variantes de gambit ont encore une importance théorique. La première est le gambit Marshall dans la partie espagnole : 1.e4 e5 2.Cf3 Cc6 3.Fb5 a6 4.Fa4 Cf6 5.O-O Fe7 6.Te1 b5 7.Fb3 O-O 8.c3 d5. La première partie connue avec ce gambit est celle contre Capablanca en 1918, bien que Marshall l'avait déjà joué dans d'autres parties qui n'éveillèrent pas l'attention. Bien que Capablanca finisse par gagner cette partie, que l'on considère comme une illustration de son génie défensif, le gambit Marshall devient très populaire[6]. Les Noirs obtiennent de bonnes chances d'attaque et leur score est d'environ 50 %, un excellent résultat pour les Noirs. Le gambit Marshall est redouté, de sorte que de nombreux joueurs de haut niveau, comme Garry Kasparov, choisissent des variantes anti-Marshall comme 8.a4. Le gambit Marshall a encore été employé lors du championnat du monde d'échecs classique 2004 entre Vladimir Kramnik et Péter Lékó.
Gambit Marshall de la défense semi-slave
Un autre gambit de la défense semi-slave porte son nom. Cet autre gambit Marshall commence par les coups 1.d4 d5 2.c4 c6 3.Cc3 e6 4.e4!? à présent, la variante principale est 4...dxe4 5.Cxe4 Fb4+ 6.Fd2 (6.Cc3 sauve le pion mais n'est pas considéré comme dangereux) Dxd4 7.Fxb4 Dxe4+ 8.Fe2 avec un jeu aigu et peu clair.
Variantes Marshall
Il a fait d'autres contributions notables :
- Défense scandinave : 1.e4 d5 2.exd5 Cf6
- Variante Marshall de la défense française : 1.e4 e6 2.d4 d5 3.Cc3 c5 ;
- Variante Marshall de la défense sicilienne : 1.e4 c5 2.Cf3 e6 3.d4 d5 ;
- Défense Marshall dans le gambit de la dame : 1.d4 d5 2.c4 Cf6 ;
- Gambit Marshall dans la défense Tarrasch (gambit dame refusé) : 1.d4 d5 2.c4 e6 3.Cc3 c5 4.cxd5 exd5 5.e4.
Publication
- (en) Frank Marshall, My Fifty Years of Chess, Chess Review (David Mc Kay), New York, 1942, réédition 2002, (ISBN 1-84382-053-6).
Bibliographie
- (en) Andrew Soltis, Frank Marshall, United States Chess Champion: A Biography With 220 Games, 1994, (ISBN 0-89950-887-1).
- (de) Tim Hagemann, Frank James Marshall, Kleine Schachbücherei Bd 23, Joachim Beyer Verlag, Hollfeld, 1987 (ISBN 3-88805-073-1)
- (en) John S. Hilbert, Young Marshall, Moravian Chess, Olomouc, 2002, (ISBN 80-7189-438-9).
Notes
Liens externes
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