«Cette Maison est une des plus anciennes & des plus distinguées la Province. Son origine, ainsi que celle des plus grandes Maisons, se perd dans la nuit des temps. Elle a toujours existé dans l'Évêché de Vannes, où est située la Baronnie de Sérent, qu'elle possédait il y a plus de huit cens ans, comme il est prouvé par différends actes.»
Il est fait mention du bourg de Sérent dans les chartes du IXesiècle[2]. Son plus ancien possesseur connu est Marquier, seigneur de Sérent vers l'an 1050, lequel eut trois fils[2]:
Maingui,
Judicaël et Pierre de Sérent, chevaliers, vivants vers l'an 1100.
Maingui, seigneur de Sérent, chevalier, fit «une fondation» à Saint-Sauveur de Redon en 1110[5]. Se sentant sur le point de mourir, il voulut, «suivant l'usage de ces temps reculés[2]», se consacrer à Dieu et prendre l'habit religieux, dans le «monastère[2]» de Redon. Ses deux frères, Judicaël et Pierre de Sérent, firent le même vœu, et, par charte donnée vers l'an 1100, et transcrite au cartulaire de Redon, ils donnèrent à cette église les dîmes de leur terre. Maingui y fut inhumé peu de temps après[8].
La filiation, d'après une production faite en 1752, au cabinet des ordres du Roi, est littéralement établie depuis Jean, seigneur Sérent, fils d'Alain (vivant en 1328) et de Gillette de Malestroit[5], qui, l'an 1351 fut l'un des 30 champions choisis par Jean IV de Beaumanoir pour combattre contre un pareil nombre de chevaliers et écuyers anglais[2], fait d'armes célèbre dans les annales bretonnes sous le nom de combat des Trente[10]. En 1356, Jean, seigneur de Sérent, commandait une compagnie d'écuyers, servant sous les ordres de Thibault IIIsire de Rochefort[10], capitaine de 1 000 hommes d'armes et de 500 archers, comme on le voit par une quittance de 80 écus d'or que Jean de Sérent donna, le 26 novembre de cette année, au trésorier des guerres, sous son sceau, représentant un écu chargé de 3 quintefeuilles[11]. Il était marié à Jeanne de Saint-Gilles[5].
À la montre de Vannes du , parmi les 19 nobles de Sérent et Quily, Geoffroy de Sérent, seigneur de La Rivière (100 livres de revenu) est porteur d'une brigandine et d'une salade (casque). À celle du 4 septembre 1481 (toujours à Vannes), où on comptabilise la présence de 25 nobles de Sérent, il comparaît armé d'une vouge (il déclare alors 5 livres de revenu)[12].
Lors de la réformation de 1669, cette maison fut maintenue dans sa noblesse d'ancienne extraction (un procès-verbal daté du a été conservé concernant l'enquête sur les preuves de noblesse de Pierre de Sérent[13]): elle existait en trois branches connues sous les dénominations de[2]:
Seigneurs de Sérent et de La Rivière,
Seigneurs de Brambrac et de Kerlevenan,
Seigneurs de Kerfily.
La branche aînée s'est fondue au XIVesiècle dans la famille de La Chapelle, d’où la terre de Sérent, est passée par alliance aux Rosmadec, puis aux Sénéchal, et par acquêt en 1787 aux Castel[5].
La branche du Tromeur s'est fondue dans la famille de Montauban, puis dans celle d'Avaugour[5] par le mariage d'Orfraise de Sérent ( † 11 janvier 1452), dame de Tromeur, demoiselle de la duchesse Yolande d'Anjou (1412-1440). Elle avait signé, en 1440, à son testament avec Isabeau de Beaumanoir, Yolande de Laval, Matheline de Malestroit et Julienne de Taillefer, autres demoiselles de la duchesse. Elle n'eut point d'enfants du premier mariage, mais des deux autres. Il est fait mention d'elle et de son second mari dans deux séances du Parlement de Bretagne, tenues à Vannes, en 1451, pour deux procès qu'elle avait, ainsi que dans un autre Parlement, en 1457. Elle eut aussi «une contestation» avec le seigneur de Trégarantec[14].
La branche de Kerfily qui a produit un conseiller au parlement, chevalier de l'ordre du Roi en 1635, a fini[5] avec Armand-Louis de Sérent, marquis de Kerfily, lieutenant-général des armées du Roi, nommé en 1788 gouverneur des ducs d'Angoulême et de Berry. Devenu grand d'Espagne de 1re classe, il prit le titre de duc de Sérent[15], sous lequel il fut appelé à la pairie le .
Guillaume Ier de Sérent (vivait en 1274[18]), seigneur de Tromeur, marié avec Ansgarde, dont:
Geoffroy de Sérent, marié (1°) ∞ Jeanne de La Chapelle, dont deux fils (2°) ∞ Raoulette de Dinan (2°) ∞ Sibylle de Rochefort.
(1°) Alain de Sérent (vivant en 1328[17]), seigneur de Tromeur, servit dans les «guerres de Flandres[17]», marié avec Gillette de Malestroit, fille de Geoffroy, seigneur de Malestroit ( † 1344), dont:
Jean Ier de Sérent, seigneur de Tromeur et l'un des 32 champions blésistes du Combat des trente; marié avec Péronelle de Sérent, dont:
Josselin de Sérent ( † tué devant Saint-Jean d'Acre en 1191[12]), signe, avec un grand nombre d'autres nobles, l'Assise du comte Geoffroy[17], marié (1°) ∞ Amice de La Marche (2°) ∞ Orscande de Sciz, dont:
Isabelle Nobilis de Sérent porta la seigneurie de Sérent à Olivier Ier de La Chapelle, qui la transmit à ses descendants[12];
Mainguy de Sérent ( † vers 1110 à Sainte-Croix de Josselin[12]), marié, dont:
Conan de Sérent, se trouvant à Redon et blessé d'un coup de lance, y prit l'habit religieux vers 1120[12];
Jean Ier de Sérent[19] (Jehannot), seigneur de Tromeur, un des «Trente» (1351), fauconnier et garde des oiseaux du Roi[17], chevalier et gouverneur des château et forteresse de Batz[17], marié avec Péronelle de Sérent, dont:
Guillaume de Sérent (vivant en 1413), seigneur de Tromeur et de La Rivière, fondateur (23 août 1382) de la chapellenie du prieuré de Notre-Dame-au-Martret de Sérent[17], marié avec Alice de Châteaubriant-Dinan, dont:
Jean II de Sérent, marié (1°) ∞ Jeanne de Saint-Gilles (2°) ∞ Blanche de Poher, dame de Braine (3°) ∞ Margot de Cadoudal. Il eut de son premier mariage:
(1°) Jean III de Sérent ( † 1413 ou 1414, inhumé dans le chancel de l'église paroissiale de Sérent[14]), seigneur de Tromeur, marié avec Jeanne ( † 11 janvier 1452), fille de Raoul de Comenan, juveigneur de la maison de Rieux[14], dont:
Orfraise de Sérent ( † 11 janvier 1452), dame de Tromeur, demoiselle de la duchesse Yolande d'Anjou (1412-1440). Elle signa, en 1440, à son testament avec Isabeau de Beaumanoir, Yolande de Laval, Matheline de Malestroit et Julienne de Taillefer, autres demoiselles de la duchesse[14], mariée (1°) ∞ Simon d'Elhoye (ou Delhoye), conseiller-chambellan du duc de Bretagne, capitaine de Hennebont, sans postérité; (2°) ∞ (vers 1436) Henri Hingant ( † siège de Fougères (1449)), seigneur de Floville, dont postérité; (3°) ∞ (avant 1445) avec Guillaume IIde Montauban (vers 1425-1486), chancelier de Bretagne, Sgr du Bois-de-La-Roche, de Sens, de Grenonville, dont postérité:
Philippine de Sérent, demoiselle de la duchesse, mariée (contrat de mariage du 12 août 1401, dotée de 2 000 écus d'or[14]), avec Noble Hervé de Ville, seigneur de La Varenne[14].
Perrot de Sérent, seigneur de La Rivière, marié avec Jeanne Gouyon, dont:
Geoffroy de Sérent, seigneur de La Rivière, marié avec Françoise de Guémadeuc, dont:
Guillaume de Sérent, marié avec Jeanne Guillemot, dont:
Regnaud de Sérent ( † après 1513), seigneur de La Rivière (présent à la réformation de 1513, la paroisse de Sérent), marié le 1ernovembre1494 avec Guillemette ( † après le 22 mars 1534), fille d'Alain de La Cour ( † après le 22 mars 1534), dont:
Guillaume de Serent ( † après le 8 mars 1575), écuyer, seigneur de La Rivière;
François de Sérent ( † avant le 15 février 1607), écuyer, seigneur de La Rivière, de La Ville-Guériff et d'Aguénéac (1589), marié (1°) ∞ (4 novembre 1529 à Ploërmel) Yvonne ( † avant le 6 avril 1545), fille de Robert de Bellouan ( † avant le 12 juillet 1535), seigneur de La Minière (2°) ∞ (8 mars 1575 à Rennes) Simone ( † après le 25 février 1607), fille de Jean du Hallay, dame douairière desdits lieux de La Rivière de Sérent, la Villeguérif et Aguénéac. De ses deux unions, il eut:
(1°) Marc de Sérent, écuyer;
(2°) François de Sérent, seigneur de La Prévostaye, marié, vers 1610 à Saint-Martin-sur-Oust, avec Péronnelle Desgrées, dame de la Prévostaye, fille de Julien des Grées (vers 1533/1544-1611), sieur de La Touraille, dont:
(2°) Pierre de Sérent ( † après le 11 mai 1611), seigneur de La Rivière, de Kervarzy et d'Aguénéac, marié, le 25 février 1607 (contrat de mariage), avec Catherine Bernard, dame des Greffins, dont
Olivier de Sérent (baptisé le 7 novembre 1611 - Sérent);
Pierre de Sérent ( † 1663), seigneur de La Rivière, de Kervazy et d'Aguénéac, la Villecaro, etc. conseiller du roi et président au présidial de Vannes, rend aveu pour sa femme de la maison de La Villecaro aux seigneurs de Rieux, marié, le 23 juin 1633, avec Gillonne Mancel, dame héritière de La Ville-Caro 1620 (contrat de mariage), dont
René de Sérent, sieur de La Rivière, président au présidial de Vannes (1665), sénéchal à la sénéchaussée royale de Ploërmel (1695), marié avec Guillemette du Bollan, dont:
Charlotte Gillone de Sérent (née avant le 12 avril 1665);
Louise Jeanne de Sérent (née le 22 décembre 1667);
François Joseph de Sérent (né le 10 juillet 1672);
Françoise Agnès de Sérent (née avant le 14 janvier 1649);
Suzanne de Sérent (1616-1671), «fille seconde et septième enfant», vivante dame douairière de Silz, Corollet, mariée avec René de La Haye (1604-1683), dont postérité;
Claude de Sérent, seigneur de Kerfily, marié en premières noces avec Sylvie Le Moine ( † le 3 mars 1703 à Rennes), dame héritière de Kergoët, sans postérité, puis, en secondes noces avec Louise Joisel de Sully dont Louis de Sérent qui suit;
Renée de Sérent, mariée, le 11 décembre 1663 (contrat de mariage), avec François de Chanlezy, seigneur de Pluvaut;
Claude-Françoise de Sérent, mariée avec Jérôme Botherel, seigneur de Saint-Dénac, dont postérité;
Louis de Sérent (Elven, 25 août 1711 - Paris, 10 novembre 1741), marquis de Kerfily épousa, le 14 août 1733 à Montbert, Marie-Madelaine-Gabrielle (Nantes, 15 mars 1706 - Paris, 8 janvier 1778), fille de Gilles Charette (1671-1734), sieur de Mont(e)bert. Ensemble, ils eurent:
Le château de La Rivière (Sérent): siège de l'ancienne seigneurie de La Rivière ayant appartenu à une branche cadette de la famille, il possédait autrefois une chapelle privée [12]
Le manoir de La Ville-Quélo (Sérent)[12]. Siège d'une ancienne seigneurie ayant un droit de haute justice et appartenant à la cette famille en 1770. On mentionne Guillaume de Lanvaux et Hervé Vaillant en 1427, et le sieur de Brignac en 1536. Il possédait autrefois une chapelle privée.
Le château de La Houletière (Sérent)[12]. Siège de l'ancienne seigneurie de La Ville-Raix ou Ville-Rée qui possédait un droit de haute, moyenne et basse justice (XIVesiècle).
On pouvait voir encore au XVIIIesiècle, dans le chancel de l'église paroissiale de Sérent le tombeau de ceux de ce nom, chargé de trois quintefeuilles, qui sont les mêmes armes qu'ils ont toujours portées[7].
Ici repose la dépouille mortelle d'Armandine-Marie-Georgine de Sérent, princesse de Léon, enlevée par les flammes à deux familles, dont elle était le lien et le charme, par la perfection de son caractère; à la société, dont elle était l'ornement et l'exemple par son esprit et ses vertus; à la religion qu'elle faisait aimer par sa charité, sa douceur et sa bonté; aux malheureux, dont elle était l'appui et plus encore la consolation. Elle expira. après quinze heures de souffrances supportées avec une héroïque et chrétienne résignation, le , âgée de vingt-quatre ans. Dernière de son nom, ayant perdu son père et son oncle victimes de leur dévouement à leur patrie et à leur roi. Priez pour son âme!
«De Sérent, (Armand-Louis, marquis, puis duc)», dans Jean-Baptiste-Pierre Jullien de Courcelles, Histoire généalogique et héraldique des pairs de France: des grands dignitaires de la couronne, des principales familles nobles du royaume et des maisons princières de l'Europe, précédée de la généalogie de la maison de France, vol.VIII, , 378p. [détail de l’édition] (lire en ligne), p.250-252;
Encyclopédie méthodique: ou par ordre de matières: par une société de gens de lettres, de savans et d'artistes..., vol.6, Panckoucke, , 768p. (lire en ligne), p.322;
François Alexandre Aubert de La Chenaye Desbois, Dictionnaire généalogique, héraldique, chronologique et historique: contenant l'origine et l'état actuel des premières Maisons de France, de l'Europe, les familles nobles du royaume..., chez Duchesne, , 740/1548 (lire en ligne), p.653-658;