Assassinat par la Milice française de sept Juifs au cimetière de Rillieux
massacre antisémite durant la Seconde Guerre mondiale en France De Wikipédia, l'encyclopédie libre
massacre antisémite durant la Seconde Guerre mondiale en France De Wikipédia, l'encyclopédie libre
L'assassinat de sept Juifs au cimetière de Rillieux est l’exécution de sept otages juifs, le , par la Milice française sous la responsabilité de Paul Touvier, au cimetière de Rillieux, alors commune de l'Ain[Note 1] en représailles[1] à l'assassinat du secrétaire d'État à l'Information de Vichy Philippe Henriot, exécuté par des résistants (s'étant fait passer pour des miliciens), à Paris, le [2].
Ce crime est celui qui a valu à Paul Touvier une condamnation pour complicité de crimes contre l’humanité.
Au cours de la journée du , les miliciens lyonnais arrêtent[3] plusieurs Juifs, dont cinq qui seront incarcérés[3] dans une même cellule de l'impasse Catelin, dans les locaux de la milice, à Lyon : Léo Glaeser (56 ans, avocat[Note 2]), Émile Zeizig (57 ans, commerçant de Sainte-Foy-lès-Lyon arrêté par le milicien Jean Reynaudon), Claude Ben Zimra (24 ans, décorateur), Maurice Schlisselmann (64 ans, maroquinier) et Louis Krzyzkowski, 46 ans.
Dans cette cellule, se trouvent déjà un certain nombre de détenus, parmi eux[3] : Siegfried Prock (42 ans, réfugié d'Autriche), Maurice Abelard (24 ans, résistant), Louis Goudard (24 ans, résistant arrêté le ) et « L'inconnu paraissant 25 ans ».
Le au matin, Henri Gonnet un milicien aux ordres de Paul Touvier, fait sortir[3] de la cellule Léo Glaeser, Émile Zeizig, Claude Ben Zimra, Maurice Schlisselman, Louis Krzyzkowski, Siegfried Prock et « l'inconnu paraissant 25 ans »[3], mais également Louis Goudard.
Les huit hommes sont alignés dans le couloir[3] ; après une rapide discussion entre Touvier et Gonnet, Louis Goudard, seul non-Juif parmi les huit hommes, est remis dans la cellule[3].
Les sept hommes restants sont emmenés dans une camionnette au cimetière de Rillieux[3] où ils sont alignés contre un des murs d'enceinte (Chemin du cimetière) puis fusillés à la mitraillette, vers 5 h 30 du matin[3]. Jean Reynaudon se charge ensuite de tirer une balle dans la nuque de chacun d'eux[a 1].
Le rapport no 814 de la gendarmerie de Sathonay du 4 novembre 1944 indique qu'« aucune pièce d'identité n'est trouvée sur les cadavres, mais la poche de certains contenait un morceau de papier sur lequel un nom était inscrit. C'est ainsi que l'identification a été faite[4] ».
Louis Goudard, chef de réseau FTP, spécialisé dans le renseignement, a la certitude qu'aucun des sept fusillés n'était résistant[5]. De plus, les sept fusillés, y compris l'« inconnu » — il s'en était ouvert auprès de Louis Goudard — étaient Juifs.
À ce propos Louis Goudard dira :
Cette dernière appréciation peut sans doute être modulée quant à Léo Glaeser qui fut l'un des fondateurs du Comité Amelot.
Quoi qu'il en soit, bien que résistant revendiqué, Louis Goudard a été épargné parce qu'il était le seul non-juif parmi les 8 prisonniers.
L'exécution des sept Juifs au cimetière de Rillieux peut donc être vue non seulement comme un acte de représailles à l'assassinat de Philippe Henriot mais également comme un crime antisémite participant à la Shoah.
En 1994, au cours du procès Paul Touvier, cette qualification en crime raciste participant à la Shoah est la seule[6] affaire reprochée à Touvier pouvant relever du crime contre l'humanité.
En prévision du procès de Klaus Barbie, la Cour de cassation craignant[7] que Klaus Barbie et ses avocats n'utilisent la définition en cours du crime contre l'humanité, en évoquant certains crimes commis par la France durant la guerre d'Algérie, a précisé[7] sa définition en lui ajoutant un critère :
« Le crime doit être commis au nom d'un État pratiquant une politique d'hégémonie idéologique. »
Cette précision a sans doute placé les parties civiles du procès Touvier devant un dilemme :
A contrario, la défense a, elle aussi, dû composer avec cette évolution de la définition de crime contre l'humanité ; néanmoins, la posture de la défense de Paul Touvier a été de défendre la thèse d'une demande allemande de représailles sur des otages Juifs. À titre d'exemple, Jacques Trémolet de Villers, l'avocat de Paul Touvier prétend que « Knab décide de faire fusiller cent israélites »[8] en représailles à l'assassinat d'Henriot.
En l'occurrence, il n'y a aucune preuve[7] faisant état d'une demande allemande explicite ; a minima des témoignages contradictoires.
Une plaque fixée sur le mur du cimetière de Rillieux-la-Pape — celui dit de Rillieux-Village, chemin de Feuillantines[9] ou encore chemin du Cimetière rebaptisé rue du Souvenir-Français — commémore les sept Juifs assassinés le .
Dans la nuit du 17 au , elle est vandalisée. Depuis une autre plaque a été installée ; à proximité immédiate, un monument commémoratif (érigé sur le lieu précis de l'assassinat) est composée de sept stèles : chacune représentant une des victimes du . La plaque brisée en mai 1994 est finalement apposée sur la façade du centre d'histoire de la résistance et de la déportation.
Les corps de Louis Krzyzkowski et de « l'inconnu paraissant 25 ans » ont été transférés au mémorial des maquis de l'Ain et de la Résistance, accentuant ainsi l'ambiguïté existant parfois, entre la figure du Résistant et celle de victime de la Shoah. En l'occurrence, ni Louis Krzyzkowski ni l'inconnu paraissant 25 ans ne semblent avoir eu d'activité résistante.
Claude Ben Zimra et Siegfried Prock ont été enterrés dans le cimetière jouxtant le lieu de l'assassinat[b 1].
Il y a une rue Émile-Zeizig, à Sainte-Foy-lès-Lyon.
Seamless Wikipedia browsing. On steroids.
Every time you click a link to Wikipedia, Wiktionary or Wikiquote in your browser's search results, it will show the modern Wikiwand interface.
Wikiwand extension is a five stars, simple, with minimum permission required to keep your browsing private, safe and transparent.