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archéologue et historienne des mathématiques britannique De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Eleanor Robson (née en 1969) est une assyriologue et historienne des mathématiques britannique. Elle est professeure d'histoire du Moyen-Orient ancien au département d'histoire de l'University College de Londres, département qu'elle dirige depuis 2018. Elle a été présidente de la British Institute for the Study of Iraq et Quondam fellow du All Souls College.
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En 1990, Robson obtient un baccalauréat universitaire en mathématiques de l'université de Warwick[1]. Elle soutient son doctorat à l'université d'Oxford en 1995, avec une thèse intitulée Old Babylonian coefficient lists and the wider context of mathematics in ancient Mesopotamia 2100-1600 BC[2].
Elle est ensuite chercheuse postdoctorale à la British Academy de 1997 à 2000, puis chercheuse postdoctorale au All Souls College à Oxford de 2000 à 2003, associée à la faculté d'études orientales[3]. En 2004, elle intègre le département d'histoire et de philosophie des sciences de l'université de Cambridge en tant que lecturer, spécialisée en mathématiques babyloniennes[4]. Elle quitte le département neuf plus tard, en 2013, et rejoint l'University College de Londres[5]. Elle y est professeure d'histoire du Moyen-Orient ancien au département d'histoire de l'UCL, département qu'elle dirige depuis 2018[6].
Elle a été présidente du conseil de la British Institute for the Study of Iraq de 2012 à 2017.
Assyriologue polyvalente, avec une première formation en mathématiques, Eleanor Robson est spécialiste de l'histoire des sciences dans le Proche-Orient ancien et médiéval. Ses ouvrages portent sur l'apport des civilisations du Proche-Orient ancien et médiéval à l'histoire des sciences et elle est l'auteure ou la co-auteure de plusieurs livres sur la culture mésopotamienne et l'histoire des mathématiques, particulièrement les mathématiques mésopotamiennes.
Bien que plusieurs médias présentent Eleanor Robson comme une archéologue[n 1], cette appellation est abusive, étant donné qu'elle n'a jamais dirigé de chantier de fouilles, et dans les fouilles auxquelles elle a participé, comme celles conduites à Tell Khaiber, elle a la fonction d'épigraphiste.
Ses recherches récentes se focalisent sur trois points principaux : le contexte social et politique de la production de connaissance dans la culture cunéiforme de l'Irak antique, d'il y a 5000 à 2000 ans ; la construction de la connaissance au sujet de l'Irak antique en Europe, dans les Amériques et au Moyen Orient durant les deux derniers siècles ; et l'utilisation de ressources en ligne libres et standardisées pour démocratiser l'accès à la connaissance sur le Moyen Orient antique[10].
En 2003, elle remporte le prix Lester R. Ford de la Mathematical Association of America pour son travail sur Plimpton 322, une tablette d'argile de mathématiques babyloniennes ; contrairement aux théories antérieures selon lesquelles cette tablette était de caractère théorique ou une table trigonométrique, Robson a montré qu'il aurait pu s'agir d'une collection d'exercices scolaires permettant de résoudre les problèmes du triangle rectangle[11],[12],[13].
Elle a consacré un article à l'apsamikku, une figure géométrique récurrente dans les tablettes d'argile mésopotamiennes : il s'agit d'un « carré concave », une figure formée de quatre quarts de cercles deux à deux tangents extérieurement en leurs extrémités, et du cercle passant par ces quatre extrémités[14].
« Ce livre ne prétend pas être une étude exhaustive du domaine. Il ne vise pas à remplacer les œuvres existantes, comme The exact sciences in antiquity de Neugebauer, ou des études plus récentes comme Lengths, widths, surfaces de Jens Høyrup ou encore mes propres travaux Mesopotamian mathematics. Pour tenter de compenser cela, chaque chapitre commence par une étude du contexte historique et des sources pertinentes publiées traitant des mathématiques[n 2] »
— Mathematics in Ancient Iraq: A Social History
Après les travaux pionniers de Neugebauer et Thureau-Dangin, plusieurs études ont permis de mieux connaître les mathématiques pratiquées en Mésopotamie mais ces connaissances sont restées cloisonnées à la communauté d'experts et les travaux de vulgarisation se référaient encore aux publications du milieu du XXe siècle[16]. L'ouvrage, paru en 2008, fait la synthèse et rend accessible les dernières découvertes avec notamment en annexe les 957 tablettes connues et publiées avant 2007. Retraçant les pratiques mathématiques sur près de trois millénaires, elle met en avant le contexte sociologique dans lequel les mathématiques ont été utilisées. L'auteure cherche à montrer le « comment et pourquoi », dans quel cadre, par qui les mathématiques étaient pratiquées[17]. Ainsi, bien que la plupart des tablettes mathématiques connues se concentrent sur quelques siècles, Eleonor Robson envisage d'une manière plus large la pratique et la pensée mathématiques et cherche donc dans toutes sortes de tablettes des traces de contenus mathématiques[18],[19]. L'histoire est présentée chronologiquement par période de cinq siècles correspondant chacune à un chapitre[16]. Ces périodes ont chacune leur spécificité, culturellement et dans leurs pratiques des mathématiques et l'auteure montre que l'utilisation des mathématiques au cours de ces trois millénaires s'est faite aussi bien dans un but de formation des scribes que pour de simples calculs de tenue de comptes au sein d'une famille.
L'écriture cunéiforme est considérée comme l'une des écritures les plus complexes de l'antiquité. Eleanor Robson s'est attachée à montrer qu'elle n'était pas si difficile à apprendre, ce qui expliquerait la longévité de sa survivance durant plus de 3000 ans dans son berceau du sud de l'Irak[20]. Ses recherches l'ont menée à chercher qui était capable de lire, d'écrire et de calculer en cunéiforme au début du deuxième millénaire avant notre ère. Les historiens des précédentes décennies soutenaient l'hypothèse selon laquelle cette écriture était réservée aux hommes et à un contexte professionnel. Néanmoins, quelques certitudes persistent : il s'agit d'un phénomène en premier lieu urbain, l'instruction se faisait à domicile, et les communautés des marécages du sud de l'Irak sont restées essentiellement non-lettrées durant plusieurs centaines d'années depuis la fin du XVIIIe siècle av. J.-C. Toujours est-il que « de nouvelles fouilles à Tell Khaiber dans le sud de l'Irak ont produit des preuves sans précédent et archéologiquement contextualisées d'une utilisation non-professionnelle et rurale du cunéiforme dans ce soi-disant « âge sombre ». Ce qui encourage à ré-évaluer la sociologie de l'écriture à travers le monde cunéiforme[n 3]. »
Elle s'est également intéressée à la pédagogie du cunéiforme durant les deux derniers siècles. Le déchiffrement moderne de cette écriture était un exercice pan-européen fameux au milieu du XIXe siècle. Le premier ouvrage de cunéiforme était le Assyrische Lesestücke de Friedrich Delitzsch en 1876, qui a connu cinq éditions jusqu'en 1912. Les mêmes méthodes d'apprentissage du cunéiforme, via l'étude systématique de la grammaire avant de lire des ensembles de textes standards, sont toujours répandues dans les universités de nos jours. Robson a cherché ce que cela pouvait apporter aux développements de la recherche en pédagogie effective, en présentiel ou à distance, et ce que les dernières découvertes historiques sur la manière antique d'apprendre cette écriture pouvaient apporter aux enseignants modernes dans les universités[21].
Elle s'est intéressée à l'hymne au temple de Kesh (en), tablette d'argile sumérienne qui date de 2600 av. J.C et plus vieux texte religieux connu[22].
Elle a également été largement citée pour ses critiques sur l'incapacité du gouvernement américain à empêcher le pillage au Musée national d'Irak pendant la guerre d'Irak en 2003[23],[24],[25],[26].
Robson a reçu un financement de l'organisation Arts and Humanities Research Council (en) (AHRC) pour le réseau Nahrein[27]. Elle dirige avec les docteurs Anwar Anaid (Université du Kurdistan Hewler) et Paul Collins (Ashmolean Museum, université d'Oxford) ce réseau Nahrein, acronyme pour New Ancient History Research for Education in Iraq and its Neighbours. Son objectif est de développer significativement la capacité des universités du Moyen Orient, ainsi que celle des musées, des archives et des sites culturels du patrimoine à promouvoir et soutenir la croissance culturelle et économique dans la région, avec l'aide de partenaires universitaires et non-universitaires[28]. « Le problème fondamental est que pour nombre de décideurs, le “patrimoine” sert au mieux à attirer les chercheurs et les touristes étrangers (…). Notre but principal est d’aider les Irakiens à reprendre le contrôle de leur patrimoine[28]. »
Parmi les autres projets financés par l'AHRC, Robson travaille avec Steve Tinney (Université de Pennsylvanie) sur « The Geography of Knowledge in Assyria and Babylonia »[29], avec Stephen Tinney et Niek Veldhuis (Université de Californie à Berkeley) depuis 2010 sur « The Open Richly Annotated Cuneiform Corpus », et avec Jonathan Taylor (British Museum) sur « Nimrud: Materialities of Assyrian Knowledge Production » de 2013 à 2015[30].
En 2003, elle remporte le prix Lester R. Ford de la Mathematical Association of America[42]. En 2011, Robson est lauréate du prix Pfizer de l’History of Science Society pour sa monographie intitulée Mathematics in Ancient Iraq: A Social History[1].
Robson est conférencière invitée au Collège de France en juin 2017[3] avec deux conférences intitulées « Le cunéiforme, de la tablette d'argile au téléphone portable : une histoire des technologies de l'enseignement de l'Antiquité à nos jours »[21] et « L'état actuel des sites d'Irak du nord (Ninive et Nimrud) »[43].
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