Remove ads
De Wikipédia, l'encyclopédie libre
La Deûle à Lille, au cœur de la ville depuis le Moyen-Âge avec ses ports et son réseau de canaux, s’est progressivement éloignée à la périphérie sud-ouest avec la création en 1751, à l'ouest du réseau de canaux intérieurs, de la Moyenne Deûle puis sa fermeture à la navigation lors de l’ouverture du canal à grand gabarit derrière la Citadelle en 1977. L’eau a disparu du centre depuis la couverture ou le comblement, du milieu du XIXe siècle au début XXe siècle, des canaux intérieurs devenus insalubres. L’activité économique fluviale s’est progressivement déplacée dans la même direction avec la disparition dès le Moyen Âge du port intérieur ouvert en 1271 entre la place Rihour et la rue de Paris, puis la création dans les années 1860, en remplacement des ports du Wault et de la Basse Deûle, du port Vauban auquel a succédé, après sa fermeture en 1983, le port fluvial, troisième de France par son importance après ceux de Strasbourg et de Paris, dans le quartier des Bois-Blancs.
La ville s’est développée au Moyen-Âge à une altitude d’environ 20 mètres sur le fond de la large vallée de la Deûle aux dimensions disproportionnées par rapport à son faible débit. La vallée ancienne (niveau de la mer) est recouverte sur une épaisseur de 20 mètres d’alluvions anciennes et de dépôts loessiques. Les versants en pentes très douces rejoignent des reliefs culminant à 40 mètres, le dôme du Mélantois au sud et faibles reliefs du Weppes à l’ouest et du Baroeul au nord-est.
La ville se situe sur un axe de traversée de la vallée dans un lacis de zones humides, les « riez », ponctuées de zones limoneuses un peu plus hautes. Cet axe de traversée entre une avancée du dôme du Mélantois dans le quartier Saint-Sauveur et les dépôts loessiques légèrement surélevés du Vieux Lille correspond aux voies urbaines primitives, rue Pierre-Mauroy (anciennement rue de Paris)-rue Grande-Chaussée-rue de la Monnaie, parallèlement rue de Tournai-rue de la Quenette-rue des Arts.
La Deûle se divisait en 2 bras en aval de la planche à Quesnoy, confluent situé à l'emplacement du quai de l'Ouest au bord de l'actuelle gare d'eau entre le canal de la Haute-Deûle et le port de Lille, au sud du quartier des Bois-blancs.
Ces bras se jetaient dans la Basse-Deûle, cours aval de la rivière qui enserrait l'ilot du Gard disparu lors du redressement du port fluvial dans la deuxième moitié du XVIIe siècle. Cet îlot, dont les actuels place et rue du Gard gardent le souvenir, était situé au nord de l'actuel conservatoire.
Les parcours originels de ces bras de la Deûle, de ses affluents et des premiers canaux intérieurs sont précisément connus partir du milieu XVIe siècle par la carte de Jacob Van Deventer des années 1550, mais sont, au contraire, très incertains avant la fin du XIIIe siècle et font l'objet de diverses hypothèses.
Après l’an 1000, la Deûle et ses deux affluents se déversent dans les fossés des enceintes successives, la première autour du castrum datant probablement du XIe siècle puis celles créées lors des agrandissements successifs de la ville jusqu'à celui de 1670.
Ces fossés, la cunette, alimentaient eux-mêmes les canaux intérieurs. Cette ceinture aquatique continue (dont le plan Deventer levé vers 1550 exagère la largeur) rend difficile l'identification des parcours originels de la Deûle à l'emplacement de l'actuel centre historique avant l'émergence de la ville au XIe siècle.
Les fouilles archéologiques effectuées en 1990 place Rihour montrent une enceinte du Moyen-Âge du début du XIVe siècle constituée d'une levée de terre de 16 à 20 mètres de large sur une hauteur de 6 à 8 mètres surmonté d'un mur longée par un fossé alimenté par une dérivation de la Deûle. Ce rempart aurait créé une retenue d'eau en amont de la ville ce qui a permis le développement économique de l'agglomération primitive auparavant soumise aux crues. Cette constatation confirme les conclusions de fouilles réalisées en 1988 sous la Grand'Place ayant révélé les inondations périodiques jusqu'à cette époque d'où l'impossibilité d'un marché permanent à cet emplacement[2]. Les fossés sont élargis au cours du XIVe siècle avec création en leur milieu de quatre éminences émergées, les « dodanes » ayant donné son nom à l'actuel parc des dondaines, afin de régulariser le débit des eaux au confluent avec les rivières alimentant le fossé[3].
De 1751, année de l'ouverture du canal de la Citadelle ou canal de la Moyenne Deûle à 1860, date de l'extension de l'enceinte de 1670 au sud de Wazemmes, Esquermes et Moulins-Lille, les entrées de la Deûle dans la ville par des portes d'eau percées dans le rempart, précisément représentées par un plan figurant dans l'histoire de Lille et de la Flandre flamande de Victor Derode de 1848 étaient les suivantes ;
L'ouverture du canal Vauban en 1669 alimentant les fossés de la Citadelle tarit le Fourchon et celle du canal de la Moyenne Deûle en 1750 détourne une grande partie des eaux vers l'ouest. Ces créations diminuent le volume d'eau des fossés des remparts au nord-ouest, de la grille de la Baignerie à la grille des Hibernois ce qui supprime le nettoyage périodique des canaux par effet de chasse. Faute de courant, l'eau devient stagnante ce qui rend insalubres ces voies d'eau étroites.
Par ailleurs, les eaux du Becquerel pénétraient dans la ville par un aqueduc enjambant la cunette près de la porte de Tournai.
La cunette continue autour des remparts jusqu'à la Citadelle, était un fossé relativement large au nord-ouest, plus étroit, mais en eau en continuité du périmètre, à l'est (autour du quartier Saint-Sauveur) et au nord-est (de la porte de Tournai à la porte d'Ypres). La cunette était alimentée au sud-ouest et à l'est, entre l'emplacement approximatif de la rue de la Piquerie et celui de la porte de Tournai, par le canal des Stations, au nord-est, de la porte de Tournai jusqu'à la Basse-Deûle près de la porte Saint-André, par le Becquerel.
Le canal des Vieux Hommes était alimenté par la cunette, antérieurement par un aqueduc ruiné et à l'origine par un petit ruisseau représenté par le plan Guichardin.
La Basse Deûle sortait des remparts par une porte d'eau où elle rejoignait, à gauche le canal de la Moyenne Deûle qui longeait les fortifications, à droite la cunette. Une deuxième porte d'eau est établie en 1825 en aval au franchissement de la partie extérieure des fortifications à suite de la modication du tracé de la Basse Deûle à cet emplacement.
Les canaux à l'intérieur de l'enceinte de 1670 ont été comblés ou recouverts du milieu XIXe siècle aux années 1930. Les fossés de l'enceinte et les voies d'eau créées par Vauban pour la zone d'inondation ont été comblés dans les années 1860. Le canal des Stations et le canal Vauban ont disparu dans les années 1880, le Fourchon à Wazemmes vers 1910, les multiples bras de l'Arbonnoise, à Esquermes dans les années 1930, enfin dans le quartier des Bois Blancs au début des années 1950 lors de l'aménagement du port de Lille. Cet effacement n'a laissé subsister que le canal de la Haute-Deûle et la Moyenne-Deûle.
Le transport fluvial sur la Deûle ne serait pas antérieur à sa canalisation au cours du XIIIe siècle en deux parties distinctes de part et d’autre de la ville[c].
À partir de 1370, le rivage du Wault, partie des fossés de l’enceinte étendue à cette date au sud du castrum pour englober le faubourg de Weppes (paroisse Sainte-Catherine) devient le port amont principal d'où le transport était effectué jusqu’au port de la Basse-Deûle par la rue de la Barre et la rue Basse.
Le canal de la Haute Deûle est réaménagé par Vauban dans les années suivant la conquête de la ville par Louis XIV en 1667 avec d'importants travaux connexes, notamment ;
Le canal de la Haute Deûle détournant les eaux de la Scarpe est ouvert en 1692 sur un projet de Vauban. Son cours correspond approximativement à celui du bras de Canteleu de la Haute Deûle (tronçon subsistant du canal à gabarit Freycinet après la création du port de Lille) dans le quartier des Bois Blancs. Ce canal rejoignait le Fourchon derrière l’actuel jardin Vauban, approximativement à la jonction du boulevard Vauban et de la rue Desmazières et pénétrait dans le port du Wault à l'intérieur de la ville.
En 1751, le canal de la Moyenne Deûle, dénommé également Canal de l'Esplanade, est creusé presque à l'emplacement d'une ancienne « rigole » reliant autrefois le quai du Wault à l'ancien ruisseau du Bucquet et aux fortifications de la porte d'Ypres, détournant une grande partie de la rivière hors de la ville. Le canal reliait le quai du Wault (dit Haut Rivage) à la Basse Deûle (dite Bas Rivage) en longeant l'esplanade puis le nord de l'enceinte de Vauban à l'intérieur de la zone fortifiée en passant à proximité de la porte d'Ypres jusqu'à la porte d'eau, sortie de la Basse Deûle des fortifications, à l'emplacement entre l'avenue du Peuple belge et l'avenue Winston Churchill [6]. Ce canal supprime la rupture de charge entre la Haute Deûle et la Basse Deûle.
Le cours du canal de la Haute-Deûle à son entrée dans la ville du Grand tournant à l’écluse de la Barre est modifié en 1866 pour longer la Citadelle directement sans passer par le port du Wault qui devient une impasse.
Le port Vauban succède vers 1870 au port du Wault dont l'activité décline et disparait lors de la fermeture de son accès avec la Moyenne-Deûle vers 1960.
Le canal de la Deûle est mis au gabarit Freycinet et le parcours de la Moyenne Deûle le long des fortifications est abandonné en 1881 pour un tracé direct plus au nord rejoignant la Basse Deûle à la limite communale de Lille, La Madeleine et Saint-André, le nouveau confluent se situant au pont Sainte-Hélène et non plus en aval de la porte d'eau (passage de la Basse Deûle dans le rempart).
Le développement du port Vauban sur lequel une deuxième darse est créée en 1880 marginalise le port de la Basse Deûle dont le bassin est comblé dans les années 1930 jusqu'en 1953.
La montée en puissance du port fluvial de Lille à partir des années 1950 entraine la fermeture en 1983 du port Vauban. Des immeubles de bureaux et de logements sont construits à son emplacement.
La Deûle à Lille comprend les éléments suivants formant un grand 8 délimitant deux îles autour du quartier des Bois blancs en amont, de la Citadelle en aval.
La diminution de la pollution depuis le départ à la fin du XXe siècle de la plupart des industries installées sur les rives et les travaux d’assainissement a rendu ses berges plus attrayantes.
La Deûle est le lien de plusieurs aménagements réalisés, en cours ou en projet et de propositions[8].
Seamless Wikipedia browsing. On steroids.
Every time you click a link to Wikipedia, Wiktionary or Wikiquote in your browser's search results, it will show the modern Wikiwand interface.
Wikiwand extension is a five stars, simple, with minimum permission required to keep your browsing private, safe and transparent.