Déodat Gratet de Dolomieu
géologue et minéralogiste français De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Déodat Gratet de Dolomieu, né le au château des Gratet à Dolomieu (Isère), mort le au château de Châteauneuf (Saône-et-Loire), est un géologue, minéralogiste et volcanologue français, chevalier, puis commandeur, de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem.
Déodat Gratet de Dolomieu | ||
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Biographie | ||
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Naissance | Dolomieu (royaume de France) |
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Décès | (à 51 ans) Châteauneuf (République française) |
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Ordre religieux | Ordre de Saint-Jean de Jérusalem | |
Reçu de minorité | ||
Vœux | 1778 | |
Gouverneur de La Valette | ||
1783 –1785 | ||
Lieutenant général de l'Ordre | ||
1783 –1785 | ||
Commandeur de Sainte-Anne | ||
1780 –1792 | ||
Chevalier de l'Ordre | ||
Depuis le 1778 | ||
Autres fonctions | ||
Fonction laïque | ||
Géologue Minéralogiste Volcanologue Membre de l'Institut de France Membre de l'Académie des sciences de Göttingen |
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Biographie
Résumé
Contexte
Dieudonné Guy Sylvain Tancrède, dit Déodat Gratet de Dolomieu[n 1], naît au château des Gratet le 23 juin 1750[1],[n 2]. Il est le quatrième enfant du marquis de Dolomieu[2]. Son frère aîné Adolphe de Gratet, fut le dernier à porter le titre de marquis de Dolomieu[3].
Son père le présente à l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem dès son baptême[4], ou, selon une autre source[2], à l'âge de deux ans. La famille est peu fortunée et Déodat n'a pas de précepteur[5]. Il devient page de l'Ordre en 1761 ou 1762[4] et fait son noviciat en 1766[2].
Formation
À 22 ans, après avoir suivi les cours de chimie de Jean-Baptiste Thyrion[n 3], apothicaire major[n 4] à l'hôpital militaire de Metz (il y est en garnison dans un régiment de carabiniers), il fait la connaissance du duc Alexandre de La Rochefoucauld, colonel au régiment de La Sarre, membre de l'Académie des sciences, qui l'initie à la minéralogie et à la géologie[2],[n 5]. En 1775, en Bretagne et en Anjou, il commence à travailler sur la formation du salpêtre dans les mines de Bretagne. De retour à Paris, il fait la connaissance de Louis Jean-Marie Daubenton, dont il sera nommé, en , correspondant à l'Académie des sciences.
Chevalier de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem
Pendant sa formation de chevalier de l'ordre de saint-Jean de Jérusalem, faisant ses caravanes en 1768, Dolomieu tue en duel un de ses camarades novices[n 6] lors d'une escale à Gaète. Il est condamné par l'Ordre à la réclusion à perpétuité. Mais grâce à l'intervention du cardinal Luigi Maria Torregiani (au nom du pape Clément XIII) et du duc de Choiseul (représentant Louis XV), il ne fait que neuf mois de forteresse. Il est réintégré en [2]. En 1776, réformé du régiment de carabiniers, il retourne à Malte. Il devient secrétaire de Camille de Rohan, nommé ambassadeur de l'ordre au Portugal.
Ce n'est qu'en 1778 qu'il prononce ses vœux de chevalier de Malte[n 7]. Il reçoit la charge, en 1780, de la commanderie de Sainte-Anne, près d'Eymoutiers (dans la Haute-Vienne d'aujourd'hui) ; cela lui procure des revenus substantiels[2].
En 1783, il est nommé lieutenant général de l'Ordre et gouverneur de La Valette. Rapidement, il entre en conflit avec le grand maître Emmanuel de Rohan-Polduc ainsi qu'avec le roi de Naples. Il démissionne rapidement et part pour l'Italie. En 1786, il se porte candidat au conseil de l'Ordre, mais échoue : il s'est fait trop d'ennemis[2].
En 1792, la confiscation de tous les biens de l'Ordre par la Révolution le prive des revenus de sa commanderie. Pendant la Terreur[n 8], il séjourne à La Roche-Guyon, auprès de la duchesse de La Rochefoucauld et de la duchesse d'Enville[2].
Travaux
Pendant son séjour à Lisbonne, Dolomieu fait ses premières observations sur le basalte, un « produit du feu », juge-t-il. Il pose la question de la relation possible entre volcans et tremblements de terre. Il écrit à Faujas de Saint-Fond plusieurs lettres sur ce sujet ; Saint-Fond les publiera dans ses Recherches sur les volcans éteints du Vivarais et du Velais[6],[2]. En 1781, il se rend en Italie, où il étudie l’Etna, le Stromboli et Vulcano. Il publie en 1783 Voyage aux îles de Lipari, et en 1784, Mémoire sur les volcans éteints du Val di Noto en Sicile[2].
Il est aidé dans ses travaux de géologie par Nicolas de Saussure, qui analyse les échantillons prélevés au cours des recherches. Dolomieu décrit plusieurs minéraux, comme l’analcime, le psilomélane, le béryl, l’émeraude, la célestine et l’anthracite.
En 1791, Dolomieu publie dans le Journal de Physique : « Sur un genre de pierres calcaires très peu effervescentes avec les acides et phosphorescentes par la collision ». Il a découvert cette roche dans les Alpes et en envoie quelques échantillons à Saussure à Genève pour analyse. Le savant suisse lui donnera le nom de « dolomie », en hommage à son découvreur, en , dans un courrier qu’il adresse à Dolomieu. Le nom de « Dolomites » sera ensuite donné vers 1876 à la région des Alpes italiennes où on la trouve.
En 1795, il est élu membre de l'Académie des sciences et enseigne à l'École des mines, donnant un cours sur la géographie physique et les gisements minéraux.
Campagne d’Égypte
Lorsque Bonaparte, en route vers l'Égypte, s'empare de Malte, c'est Dolomieu qui est chargé d'en négocier la reddition ; ses anciens ennemis reconnaissent sa grandeur d'âme[7]. Il participe ensuite à la campagne d'Égypte[8]. Après quelques travaux scientifiques sur le Nil, il demande son retour en France pour mésentente avec Bonaparte au côté du général Dumas. Menacés de naufrage lors de leur retour en Europe, ils relâchent à Tarente, où le royaume de Naples les retient 21 mois prisonniers pour d’obscures raisons politiques. Ils ne recouvrent la liberté (à l'insistance de Napoléon) qu'après le et la victoire des armées françaises à Marengo (ils font partie des prisonniers libérés par le traité de Florence en 1801).
De retour à Paris il s'associe en 1801 à un libraire de la rue Serpente[9],[10], mais, très affecté par son incarcération, meurt le (7 frimaire an X), à Châteauneuf[11] (Saône-et-Loire), chez sa sœur la marquise de Drée.
Il était membre de l'Institut de France et de plusieurs académies, dont celle de Göttingen.
Publications
Ouvrages et articles
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- Voyage aux îles de Lipari fait en 1781 sur Google Livres, 1783 — L'île italienne de Lipari se trouve dans la mer Tyrrhénienne. — Sous-titre : Notices sur les îles Éoliennes pour servir à l'histoire des volcans.
- Comprend des mémoires sur :
- (it) Viaggio alle isole Lipari, présentation de Paolo Mauri, introd., trad. et notes de Roberto Cincotta, Lipari, Centro studi Lipari, [1991]
- Mémoire sur les tremblements de terre de la Calabre pendant l'année 1783, 1784
- (it) Memoria sopra i terremoti della Calabria Ulteriore nell'anno 1783, Rome, L. Perego Salvioni, 1784
- Mémoire sur les îles Ponces, et catalogue raisonné des produits de l'Etna ; pour servir à l'histoire des volcans, suivis de la Description de l'éruption de l'Etna, du mois de juillet 1787, 1788
- Mémoire sur les pierres composées et sur les roches, 1791
- Notes à communiquer à messieurs les naturalistes, qui font le voyage de la mer du Sud et des contrées voisines du pôle austral, lues à la Société d'histoire naturelle de Paris, le [n 9]
- Mémoire sur la constitution physique de l’Égypte, 1793
- « Sur un genre de pierres calcaires très peu effervescentes avec les acides et phosphorescentes par la collision », dans Journal de physique, t. XXXIX, 1791[12] — Lettre du à Picot de Lapeyrouse.
- « Sur la chaleur des laves et sur des concrétions quartzeuses », dans Annales des mines, vol. 4, 1795, p. 53-72
- Dans Alfred Lacroix et Georges Daressy, Dolomieu en Égypte : 30 juin 1798-10 mars 1799, Le Caire, Impr. de l’Institut français d'archéologie orientale, coll. « Mémoires présentés à l’Institut d’Égypte » (no 3), , VIII-140 p., in-4°Cinq études de Dolomieu, retrouvées tardivement, replacées dans leur contexte et commentées :
- « Recueil de notes sur Alexandrie et sa région »
- « Étude sur la constitution du sol d’Alexandrie »
- « Recherches sur la cause de la destruction naturelle des monuments d’Alexandrie »
- « Notice sur l’agriculture de la Basse-Égypte »
- « Rapport sur le nilomètre de l’île de Rodah »
- Philosophie minéralogique, 1801 — Écrit en prison.
Autres articles dans les Annales des mines
Collaboration
- Jean-Claude Richard de Saint-Non, Voyage pittoresque ou Description des royaumes de Naples et de Sicile, 5 vol., Paris, 1781-1786Dolomieu a écrit des textes pour cette publication, connue pour la splendeur de son illustration[13].
Notes de cours
Postérité
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Iconographie
- Louis-Firmin Le Camus, Portrait de Déodat de Gratet de Dolomieu, huile sur toile, coll. musée de Grenoble (MG 357).
- Portrait par Nicolas Gosse, réalisé en 1843[14].
- Portrait par Cordier, gravé par Ambroise Tardieu[15].
- La ville de Cortina d'Ampezzo lui a élevé une stèle le , avec un portrait réalisé par Georges Guiraud[16].
- Dans le parc du château (où il est mort) de la marquise de Drée (sa sœur, femme d'Étienne-Gilbert de Drée), un cénotaphe en granit local rappelle sa mémoire.
Mémoire
- Dolomieu a eu notamment pour élèves Louis Depuch, Louis Cordier et Jean-Baptiste Bory de Saint-Vincent. Depuch allait être membre de l'expédition Baudin en Nouvelle-Hollande (Australie). Cordier a publié ses notes de cours. Bory de Saint-Vincent a donné son nom à un cratère du Piton de la Fournaise sur l'île de la Réunion, le «cratère Dolomieu».
- Fortunée Briquet a écrit une Ode sur la mort de Dolomieu précédée d'une notice sur ce naturaliste, Paris, Pougens, 1802.
- Étienne de Drée, son beau-frère, recueillit ses collections et les céda à l'École des mines[17] ; il entreprit aussi la publication de ses œuvres complètes[18].
- Un colloque sur son œuvre s'est tenu en 2001 à l'occasion du bicentenaire de sa mort.
Éponymie
- La dolomie (une roche), la dolomite (un minéral) et les Dolomites (un massif montagneux) ont été nommés en l'honneur de Déodat Gratet de Dolomieu.
- Le cratère Dolomieu est le principal cratère du piton de la Fournaise[n 10].
- Le prix Dolomieu est une récompense attribuée chaque année par le Bureau de recherches géologiques et minières[19].
- Le colloque Dolomieu (Dolomieu conference on carbonate platforms and dolomitization) s'est tenu en 1991 à Ortisei, en Italie[20].
- L'institut Dolomieu est l'institut de géologie de l'université Joseph-Fourier, à Grenoble.
- Micropterus dolomieu est une espèce de poissons, nommée en 1802 par Bernard-Germain de Lacépède[21].
- le chemin Dolomieu, dans les Alpes, a été nommé ainsi à l'occasion de la Dolomieu-Feier de 1989.
- On trouve une rue Dolomieu à Paris ainsi qu'à Grenoble[22] et à Québec[23].
Référencement
Annexes
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