Croix de Ruthwell
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La croix de Ruthwell est un monument d’art insulaire élevé par les Anglo-Saxons à Ruthwell, ville écossaise faisant alors partie du royaume de Northumbrie.
Croix de Ruthwell | ||
La croix de Ruthwell | ||
Présentation | ||
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Culte | Christianisme | |
Type | Croix | |
Début de la construction | VIIIe siècle | |
Géographie | ||
Pays | Royaume-Uni | |
Nation | Écosse | |
District | Dumfries and Galloway | |
Ville | Ruthwell | |
Coordonnées | 55° 00′ 01″ nord, 3° 24′ 27″ ouest | |
Géolocalisation sur la carte : Écosse
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L’érection du monument date vraisemblablement du VIIIe siècle[Note 1]. Présenté aujourd’hui comme une haute croix, il pourrait s’être agi en fait d’une colonne[pas clair], avant sa restauration en 1818 par Henry Duncan. Elle se dresse depuis 1887 dans l’abside de l’église de Ruthwell.
La croix mesure 5,5 mètres de haut, et possède l’un des plus grands bas-reliefs anglo-saxons préservés. Elle présente, outre des textes latins, des inscriptions en alphabet runique proches de vers extraits du poème The Dream of the Rood (vers 29–64), parfois décrit comme l’un des plus vieux poèmes en vieil anglais[Note 2] ; il s’agit peut-être d’un ajout postérieur à la réalisation du monument.
La croix de Ruthwell est dressée dans l’église de Ruthwell, qui a été bâtie autour d’elle. On ne sait si elle se dressait dans un cimetière ou de manière indépendante auparavant. Elle échappe à la destruction lors de la Réforme écossaise au XVIe siècle, mais l’Assemblée générale de l’Église d’Écosse (en) ordonne en 1662 que de nombreux monuments d’adoration religieuse soient « abattus, démolis et détruits ». Il faut deux années cependant après la promulgation de la loi pour que le « monument d’idolâtrie de Ruthwell[Trad. 1] » soit abattu[Note 3]. La croix a été brisée, et certaines des figures gravées ont presque été effacées, et la croix est laissée là où elle est tombée, dans l’église sans autel, et utilisée semble-t-il comme banc. Plus tard, elle est déplacée dans le cimetière.
En 1818, Henry Duncan récupère les pièces présentes, et les rassemble, ajoutant deux traverses (les originales étant perdues) et bouchant les trous avec de petites pierres. Il est convaincu de reconstruire un monument « papiste » (Popish, donc catholique romain), et a basé son travail sur « des dessins de reliques papistes similaires[Trad. 2] » ; il laisse de côté le motif vieux-médiéval de Paul et Antoine rompant le pain dans le désert, qu’il considère « fondé sur une tradition papiste »[Trad. 3].
Les deux principales faces de la croix (nord et sud) présentent des bas-reliefs chrétiens, accompagnés d’inscriptions latines ; il s’agit probablement d’une composition unique. Les interprétations de certaines figures restent débattues.
La face principale (au nord) représente soit un Christ marchant sur les bêtes, sujet populaire de l’iconographie anglo-saxonne, soit une de ses rares variantes pacifiques : un Christ reconnu par les bêtes dans le désert, comme suggéré par l’inscription latine qui flanque la figure : IHS XPS iudex aequitatis; bestiae et dracones cognoverunt in deserto salvatorem mundi (« Jésus-Christ : le juge de l’équité ; les bêtes et les dragons reconnaissent dans le désert le sauveur du monde »). La représentation est en tout cas proche de celle de la face principale de la croix de Bewcastle, possiblement réalisée par les mêmes artistes. Plus bas se trouve en premier lieu : un Saints Paul et Antoine tous deux ermites rompant le pain dans le désert, comme l’indique l’inscription qui l’accompagne « Sanctus Paulus et Antonius duo eremitae fregerunt panem in deserto » ; puis, soit une Fuite en Égypte, soit un Retour en Égypte ; puis enfin en bas une scène trop usée pour être identifiée avec certitude, probablement une Naissance du Christ[2],[3].
Sur la face sud, la plus grande scène représente Marie-Madeleine essuyant les pieds du Christ avec l’inscription « Attulit alabastrum unguenti et stans retro secus pedes eius lacrimis coepit rigare pedes eius et capillis capitas sui tergebat »(voir Luc 7:37-38 et Jean 12:3)[2],[4].
En dessous, une Guérison de l’homme né aveugle avec l’inscription « Et praeteriens vidit hominem caecum a natibitate et sanavit eum ab infirmitate » (Jean 9:1), une Annonciation marquée « Et ingressus angelus ad eam dixit ave gratia plena dominus tecum benedicta tu in mulieribus » (Luc 1:28) et enfin une Crucifixion qui semble d’après son style largement postérieure.
Le monument a été brisé au-dessus des plus grandes scènes. Deux sections ne sont peut-être pas restaurées dans le bon sens. Restauré au-dessus de la grande scène du côté nord, se trouve soit Jean le Baptiste tenant un agneau, soit Dieu le père tenant l’agneau de Dieu et ouvrant un livre (Apocalypse 5:1-10)[2].
Au-dessus (et après une autre pause), se trouvent deux nouvelles figures des quatre Évangélistes (que l’on repère par leurs symboles), qui étaient à l’origine sur les quatre bras de la tête de la croix[Quoi ?] : Matthieu sur la partie basse, et Jean sur le bras haut ; les côtés et la cocarde centrale sont des remplacements, et leur dessin original est inconnu[2].
Sur le côté sud, Marthe et Marie (avec l’inscription) est suivi d’un archer, sujet à controverses[Note 4], sur le petit bras de la croix, et d’un aigle sur son bras supérieur[2].
Dans un essai de 1998 intitulé Rethinking the Ruthwell Monument: Fragments and Critique; Tradition and History; Tongues and Sockets, Fred Orton étudie une note écrite par Reginald Bainbrigg à William Camden en 1600 dans le cadre de sa nouvelle édition de 1586 de la Britannia : « Bainbrigg a vu une “colonne” à laquelle il fait référence comme “une croix” »[Trad. 4],[5]. Orton est également convaincu que la pièce est faite de deux types de pierre : « … on dirait qu’il fait plus sens de voir le monument de Ruthwell comme originellement une colonne […] transformée avec l’addition d’une scène de la Crucifixion, puis […] transformée en une croix de différents types de pierre[Trad. 5],[5]. » Dans un article de journal en 2007, Patrick W. Conner a approuvé[réf. nécessaire] cette idée : « Fred Orton a affirmé de façon convaincante que la partie basse de la pierre sur laquelle se trouve le poème runique peut, effectivement, ne jamais avoir appartenu à une croix dressée, ou si ce fut le cas, que cela ne peut être affirmé avec confiance maintenant. Pour cette raison, je préfère faire référence au monument de Ruthwell plutôt qu’à la croix de Ruthwell[Trad. 6]. »
Des inscriptions runiques sont gravées de chaque côté des entrelacs de vigne. Elles sont décrites pour la première fois à la fin du XVIe siècle par Reginald Bainbrigg, un antiquaire spécialiste des inscriptions anciennes du nord de l'Angleterre. Il en réalise une copie pour une réédition de l'ouvrage Britannia, de William Camden, parue en 1607. Un siècle plus tard, le Thesaurus de George Hickes (1703) comprend une nouvelle copie des runes de la croix de Ruthwell, réalisée par William Nicolson. Le texte runique apparaît encore dans l'Itinerarium septentrionale d'Alexander Gordon en 1726 et dans le Vetusta Monumenta de Richard Gough en 1789[6].
Au début des années 1830, l'Islandais Thorleif Repp identifie les runes de la croix de Ruthwell comme appartenant à un système distinct du futhark germanique. Il ne parvient cependant pas à découper correctement les mots de l'inscription et propose une reconstitution confuse qui mentionne deux lieux inexistants, la « vallée d'Ashfardr » (Ashlafardhal) et le monastère de Therfuse. Ses découvertes sont publiées en 1833 par le révérend Henry Duncan, le curé de Ruthwell. Quelques années plus tard, en 1837, l'Islandais Finn Magnussen tente à son tour de reconstituer le sens de l'inscription, pour un résultat tout aussi éloigné de la vérité qui mélange allègrement plusieurs langues germaniques distinctes[7].
Le premier à comprendre la nature chrétienne du texte de la croix est John Mitchell Kemble, qui avance en 1840 une lecture faisant référence à Marie-Madeleine. Il réalise la transcription la plus connue de Dream of the Rood en 1842.
Sa lecture revisitée se base sur le poème présent dans le Livre de Verceil, où il va puiser les mots manquants. O'Neill critique cependant en 2005[réf. nécessaire] cette révision, en se basant sur le fait que Kemble avait une « aversion presque pathologique de l’interférence scandinave dans ce qu’il considérait reveler du domaine britannique[Trad. 7]. »
Beaucoup de chercheurs[réf. nécessaire] considèrent que les runes, à l’inverse de l’inscription latine, sont des ajouts postérieurs, possiblement après le Xe siècle. Paul Meyvaert conclut que[réf. souhaitée] les runes ont été sculptées alors que la croix avait déjà été dressée. Patrick W. Conner[9] se dit d’accord avec cette interprétation, et ajoute que l’inscription runique n’est pas une formule commémorative habituelle ; au contraire, il assimile le contenu de l’ajout runique en relation avec les prières utilisées dans l’adoration de la croix au Xe siècle, et date en conséquence le poème de cette période, largement postérieure à la création du monument[10].
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