Croisière des rois

événement mondain De Wikipédia, l'encyclopédie libre

Croisière des rois

La croisière des rois (en grec moderne : Η κρουαζιέρα των γαλαζοαίματων) est un événement mondain qui fut organisé en Méditerranée par la reine Frederika de Grèce et son époux le roi Paul Ier, durant les étés 1954 et 1956.

Thumb
La reine Frederika et le roi Paul Ier de Grèce, initiateurs de la croisière des rois.

Officiellement mise en place pour promouvoir le tourisme grec, la première croisière dure du au . Elle se déroule à bord du yacht Agamemnon, propriété de l'armateur grec Eugenides (en), et transporte près de cent personnalités du gotha européen, issues de vingt-cinq familles souveraines ou anciennement souveraines différentes.

La seconde édition de la croisière des rois est prévue au mois d'août 1956. Cependant, la nationalisation du canal de Suez par Nasser et sa fermeture par les autorités britanniques empêchent le bon déroulement de la croisière, qui est finalement transformée en séjour au palais de Mon Repos, à Corfou.

Objectifs des deux croisières

Imaginée par la reine Frederika, petite-fille du Kaiser Guillaume II d'Allemagne, la croisière des rois a pour but officiel de promouvoir le tourisme grec au sortir de la guerre civile. Cependant, dans l'esprit de la souveraine, la croisière doit également permettre aux personnalités du gotha européen de retisser les liens familiaux après les affres des deux guerres mondiales[N 1].

Rassemblant les principaux princes et princesses célibataires de l'époque, la « croisière des rois » a par ailleurs souvent été décrite comme une tentative à peine voilée de la reine Frederika de jouer les entremetteuses pour ses enfants et les autres jeunes gens à marier du gotha. Cependant, la croisière n'a réellement abouti qu'à un seul mariage princier : celui du prince Alexandre de Yougoslavie et de la princesse Maria-Pia d'Italie, en 1955.

Programmes des deux croisières

Résumé
Contexte

Édition de 1954

Thumb
Carte de la Grèce.

Parti du port de Marseille, où ont notamment embarqué la grande-duchesse Charlotte de Luxembourg et sa famille, le yacht grec Agamemnon arrive à Naples, le , à onze heures du matin. Dans la ville italienne, le navire accueille l'essentiel de ses passagers, dont la famille royale de Grèce, arrivée à bord du destroyer Navarin, à 8h20. Une fois les convives du roi et de la reine des Hellènes rassemblés, l’Agamemnon quitte Naples à 13h45 et prend la direction des îles Ioniennes[2].

À l'intérieur du navire comme lors des excursions prévues tout au long de l'itinéraire, les règles du protocole sont abolies, ce qui permet aux invités princiers d'être libérés de tout ordre de préséance. Les repas et les visites sont ainsi bien moins formels et les convives peuvent se mélanger plus facilement, quel que soit leur rang[2].

La première escale de l’Agamemnon se déroule à Corfou, où les passagers retrouvent l'ancien roi Humbert II d'Italie et sa famille, interdits de séjour dans leur pays depuis la proclamation de la République en 1946. Une fois ces nouveaux voyageurs embarqués, le navire gagne Olympie, Héraklion (en Crète), Rhodes, Santorin, Mykonos, Skiathos, le Cap Sounion puis Athènes, via le port de Phalère. Le , l’Agamemnon est à Épidaure, où les convives assistent à une représentation de l’Hippolyte d'Euripide. Le voyage se termine le , à Delphes, où la famille royale de Grèce prend congé de ses invités[2].

Finalement, l’Agamemnon libère ses passagers à Corfou le et à Naples le [2].

Édition de 1956

La première édition de la croisière des rois ayant connu un franc succès, la reine Frederika décide de renouveler l'expérience en 1956. Cette fois, c'est le yacht Achilles qui doit accueillir les voyageurs princiers. Cependant, la nationalisation du canal de Suez par Nasser et sa fermeture subséquente par les autorités britanniques à l'été 1956 empêchent le bon déroulement de la croisière. Dans ces conditions, les souverains grecs décident de transformer le voyage en séjour au palais de Mon Repos, à Corfou[3],[4].

Participants à la première édition

Allemagne

Maison de Bade
Maison de Hanovre
Maison de Hesse
Maison de Hohenlohe
Maison de Mecklembourg
Maison de Schaumbourg-Lippe
Maison de Schleswig-Holstein
Maisons de Tour et Taxis et Radziwill
Maisons de Wittelsbach et Toerring-Jettenbach
Maison de Wurtemberg

Autriche

  • Marie-Ileana de Habsbourg-Toscane (1933-1959), archiduchesse d'Autriche

Balkans

Maison d'Oldenbourg (Grèce)
Maison Karadjordjevitch (Yougoslavie)
Maison de Hohenzollern-Sigmaringen (Roumanie)
Maison de Saxe-Cobourg (Bulgarie)

Benelux

Maison d'Orange-Nassau (Pays-Bas)
Maison de Parme (Luxembourg)

Espagne

Maison de Bourbon

France

Maison d'Orléans

Italie

Maison de Bourbon-Parme
  • René de Bourbon-Parme (1894-1962), prince de Bourbon-Parme
  • Marguerite de Danemark (1895-1992), princesse de Bourbon-Parme
  • Jacques de Bourbon-Parme (1922-1964), prince de Bourbon-Parme
  • André de Bourbon-Parme (1928-1991), prince de Bourbon-Parme
Maison de Bourbon-Siciles
Maison de Savoie
Branche de Savoie-Aoste

Russie

Scandinavie

Maison d'Oldenbourg (Danemark)
Maison d'Oldenbourg (Norvège)
Maison Bernadotte

Dans la littérature

La croisière des rois est évoquée de manière ironique par l'écrivain Roland Barthes dans son recueil Mythologies (1957), dans un texte intitulé « La croisière du Sang bleu »[5].

Bibliographie

Sur les croisières

  • (fr) Jean des Cars, « Croisière des rois », dans Dictionnaire amoureux des Monarchies, Plon-Perrin, , 446 p. (ISBN 2259251625), p. 94-100.
  • (es) Darío Silva D'Andrea, « Introducción : Un crucero de reyes », dans La Tragedia griega de una dinastía extranjera, Narrativa, (lire en ligne), p. 2-14.

Sur la famille royale de Grèce

  • (es) Ricardo Mateos Sáinz de Medrano, La Familia de la Reina Sofía : La Dinastía griega, la Casa de Hannover y los reales primos de Europa, Madrid, La Esfera de los Libros, , 573 p. (ISBN 84-9734-195-3). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

Articles de presse

  • (en) « Weddind bells the aim, paper claims », The Courier-Mail, , p. 5 (lire en ligne).
  • (es) Julián Cortes Cavanillas, « Los saludos de corte, único detalle protocolario del "Crucero de los Reyes" », ABC (Séville), no 15917, , p. 11 (lire en ligne).
  • (fr) « La "croisière des rois" », Le Monde, (lire en ligne).
  • (en) Chian Lee Kong, « 'Austerity' — On 200 cases of Champagne », The Straits Times, , p. 2 (lire en ligne).

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

Loading related searches...

Wikiwand - on

Seamless Wikipedia browsing. On steroids.