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peintre française De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Cristine Guinamand, née en 1974 à Yssingeaux (Haute-Loire), est une peintre française qui pratique également le dessin, la sculpture, l'estampe (lithographie).
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Elle vit et travaille en Auvergne.
La biographie artistique de Cristine Guinamand pourrait commencer en 2001, année où, après qu'un incendie a détruit son atelier et tout son travail des années antérieures, et l'a, également, sérieusement blessée, elle repart en quelque sorte de zéro[1]. Auparavant, après des études à l'école régionale des beaux-arts de Saint-Étienne, où elle a obtenu un diplôme national supérieur d’expression plastique ainsi qu'un diplôme national d’arts plastiques, elle a séjourné, en 1997, à l’école des beaux-arts de Porto, dans le cadre d'un échange Erasmus.
D'abord connue pour sa peinture, Cristine Guinamand a toujours travaillé toutes sortes de matériaux : elle pratique le dessin et, à l’occasion, la gravure, fait de la broderie, réalise des installations, des « reliquaires », des sculptures, voire des « machines »… Mais « ses recherches débordent le cadre technique et elle aime être libre d’aller et venir entre les matériaux[1] » : « La coupe et le débitage des surfaces sont pour [elle] un moyen de contrarier la virtuosité du geste et l’épanchement facile[2]. »
« C’est […] à la ferme que Cristine fit ses premières armes de peintre » écrit Louis Bernard[3]. Il poursuit : « […] à la ferme, les mains travaillent – la tête aussi ! On s’endurcit et s’assouplit à la fois, en passant d’une tâche à l’autre ; les doigts s’agitent, on affûte, "daille", "chapuse" […]. C’est peut-être de cette diversité que lui vint sa propension à enfreindre les règles contraignantes de la peinture, à transgresser les usages. Peut-être aussi de ces outils en rondes bosses que lui vint son goût pour les "Reliefs". Car Cristine ne se sent liée par aucune des contraintes de son art, ni par le support, ni par l’obligation de planéité, ni par la forme même des contours ou des châssis. »
Participant d'un renouveau en France de la peinture — et notamment figurative — avec une génération d'artistes qui ont commencé leur carrière au tournant des XXe et XXIe siècles, Cristine Guinamand a exposé dans plusieurs manifestations mettant en valeur ces peintres et dessinateurs. Ce fut le cas en 2010-2012 avec « La belle peinture est derrière nous », présentée en France et en Turquie, ainsi que, en 2023, avec « Immortelle. La vitalité de la jeune peinture figurative française ». À propos de cette dernière exposition au MO.CO. de Montpellier, Numa Hambursin[4] déclare dans Art Press : « La distinction entre abstraction et figuration est artificielle. Les œuvres de Cristine Guinamand sont figuratives mais des morceaux entiers de tableaux ne sont pas de la figuration[5]. » Et, à la question « Comment la peinture est-elle devenue votre médium de prédilection ? », l'artiste répond :
« […] L'application des couleurs à l'huile sur la toile, parfois sur des supports hétéroclites, est une fête solitaire qui se transforme en partages, échappées ou cauchemars dans lesquels le temps semble arrêté[6]. »
Dans son œuvre, que ce soient des peintures, avec ou sans collages, des dessins, des sculptures ou des constructions diverses (série des « Théâtres » en 2012[7] ou des « Hangars » en 2012-2013[8]), Cristine Guinamand ne cesse de mettre en scène « les thèmes de la vie et de la mort, et des actes qui s’y rattachent symboliquement : le sexe et ses pulsions, la défécation, le voyage…[1] » Cette imagerie mélange à la fois les figures classiques du fantastique — squelettes, apparitions, monstres divers, feux follets, pendus, revenants lubriques… — et des ébauches de paysages, le plus souvent déserts et menaçants — bord de l’eau, coins perdus de montagne ou de forêt, taillis d'arbres désolés. Ces lieux ne sont pas sans rapport avec ceux de son enfance dans la campagne de Haute-Loire, et plusieurs de ses œuvres y font plus ou moins explicitement référence (par exemple, À Échabrac[9], 2007).
Pour décrire ce travail et le lien entre la thématique des œuvres et la technique de l'artiste, Anne Malherbe écrit, dans sa présentation[10] de l’exposition « Sortilège » à la fondation d'art contemporain Salomon : « Cristine Guinamand déverse sur la toile, dans une peinture fluide, posée avec urgence, un univers obscur de sorciers et d’ombres infernales. Visions nocturnes dans lesquelles on devine l’homme, redevenu bête, accomplissant des actes primitifs. L’artiste délivre dans une secousse des obsessions qui sont le fond inavouable de l’humanité. »
« On est face à ce qui semble être au premier abord […] de la peinture de chevalet raffinée (Gustave Moreau ?) ; mais en s'approchant, on se retrouve devant de l'expressionnisme presque abstrait, du Wols transfiguré. Le surréalisme et la peinture automatique ne sont pas loin, mais "aidés". C'est cette spontanéité formelle qui garantit la force et l'émotion de ces œuvres.
Dernier point : ces tableaux sont très beaux, et cela n'aurait aucun intérêt s'ils ne racontaient pas des horreurs. »
— Stéphane Pencréac'h, texte de présentation de « La mort qui tue »[12]
« Dans ses tableaux au lyrisme flamboyant, Cristine Guinamand arrache aux limbes des fragments épars, pour tenter de reconstituer cette harmonie. Ses images hallucinées deviennent exutoire universel, exprimé par des couleurs sensuelles et juteuses. »
— Gérard Gamand, « L'âme de ombres ! », Azart, n° 38, mai-juin 2009
« La violence est […] plus formelle chez Cristine Guinamand, Ronan Barrot et Youcef Korichi, qui composent tous trois des scènes indéterminées, non manifestes, dont on ne peut affirmer avec précision ce qui s'y passe en raison d'un brouillage de l'image par le travail pictural (adjonction d'objets qui attaquent le support chez Guinamand, […]). »
— Richard Leydier, « La belle peinture est derrière nous », Art Press, n° 374, janvier 2011
« Labyrinthe est un mot qui revient souvent dans le vocabulaire de Cristine Guinamand. Il s’agit de labyrinthes de matières et de récits qui foisonnent dans l’univers de cette peintre […]. Car même si son univers est éloigné d’un Jackson Pollock, représentant encore des années plus tard l’exemple de l’artiste se jetant sur sa toile comme dans une arène, Cristine Guinamand s’attaque, avec ses outils, à l’huile. Elle l’empoigne, la découpe, la griffe, la gratte, la perce et y ajoute même des objets pour en accroître la tautologie. Ainsi dans son récit, la reproduction d’une porte est accentuée par l’ajout d’un encadrement, quand la matérialisation de la complexité de la pensée s’enrichit d’un puzzle collé sur la toile. »
— Marie Maertens, journaliste et critique d’art[13], 2012
« Dans l’univers de Guinamand, nous sommes loin de la condition paysanne de Millet. Son territoire, un socle rural peu complaisant s’organise, s’ouvre, se fissure. Subrepticement, un visage immobile nous regarde, frontal. La campagne dessine des silhouettes d’arbres morts, des ombres furtives, souvenirs évanescents, et l’agonie crépusculaire expulse des couleurs incandescentes, d’acides et de feux. […]
L’énergie, la foi dans l’œuvre de Cristine Guinamand forgent le caractère trempé d’une peintre des plus croquantes[14] du XXIe siècle. »
— Jean-Michel Marchais[15], 2014
Sélection issue des expositions personnelles[49]
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