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La crise timoraise de 1999 désigne la période de violence et de destruction menée par les forces indonésiennes sur la population du Timor oriental en prévision du vote annoncé par cette dernière de l'indépendance du pays, puis en réaction à celui-ci.
Date | avril 1999 - 2005[1],[2] |
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Lieu | Timor oriental |
Issue |
Victoire tactique timoraise • Défaite des milices pro-indonésiennes • Stabilisation du Timor oriental • Référendum sur l'autodétermination timoraise • Embargo américain sur vente d'armes à l'Indonésie (sept. 1999-nov. 2005)[3],[4],[5] • Embargo britannique sur vente d'armes à l'Indonésie (sept. 1999-avr. 2012)[6] • Embargo australien sur vente d'armes à l'Indonésie (sept. 1999)[3] • Embargo Européen sur vente d'armes à l'Indonésie (sept. 1999-janv. 2000)[7],[8] Victoire stratégique des milices pro-indonésiennes[9],[10] • 80% des infrastructures timoraises sont détruites (opération terre brûlée) • Maintien de l'influence indonésienne au Timor |
Timor oriental INTERFET UNTAET Liste complète : Australie (env. 5 000)
Nouvelle-Zélande (env. 1 250) Thaïlande (env. 1 600) Argentine[11] Autriche[12] Bangladesh Bénin Bolivie Bosnie-Herzégovine Brésil Bulgarie Canada Chili[13] Chine Corée du Sud Croatie Danemark[13] Égypte[13] Espagne États-Unis[14] Fidji France Gambie Allemagne Ghana Israel Irlande Italie Japon Jordanie Kenya Malaisie Mexique Mozambique[13] Namibie Népal Niger Nigeria Norvège Pakistan Pérou Philippines Portugal Royaume-Uni Russie Samoa Sénégal Serbie-et-Monténégro Singapour Slovaquie[13] |
Milice pro-indonésienne (en) • Aitarak (en) • Besi Merah Putih (en) • Laksaur (en) • Mahidi (en) Support de: • Kopassus (allégué) • BIN[15] • Lobbyiste de Jakarta[16],[17],[18] |
John Howard Peter Cosgrove Jenny Shipley Helen Clark Carey Adamson (en) Sérgio Vieira de Mello Brig. Gen. Paulo Pereira Guerreiro † |
Wiranto Eurico Guterres (en) |
11 000 militaires et policiers[19] | 13 000 miliciens[20] |
- 16 tués (employés de l'ONU)[21],[22] - 2 tués[23] - 5 tués (4 par accident)[24] - 2 tués[25],[22] - 1 tué[22] - 1 tué + 1 blessé[26] - 3 tués et 11 blessés[27],[25],[22] - 1 tué[28] - 1 tué[22] - 1 mort par maladie[25] - 2 tués (employés de l'ONU) - 2 tués[29],[22] - 3 tués[30],[25],[22] - 1 tué et 3 blessés[31] - 4 tués et 3 blessés[32],[33],[22] - 4 tués et 9 blessés[34],[26],[28],[22] - 5 tués et 1 disparu[35] - 4 tués et 1 disparu[36] - 1 tué[22] - 1 blessé[37] • Total : 65 tués • 49 employés de l'ONU et d'ONG[38] |
15-19 tués[39],[40],[41] 301+ capturés[40],[42],[43] |
Coordonnées | 8° 58′ 00″ sud, 125° 45′ 00″ est |
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La crise débute par une série d'attaques des milices pro-indonésiennes sur des civils dans la capitale Dili, et se répend par la suite à travers l'ensemble du territoire du Timor oriental. La violence s'intensifie lorsque la majorité des électeurs éligibles choisissent l'option de l'indépendance lors du référendum d'autodétermination du .
Une estimation porte à 1 400 le nombre de civils timorais qui auraient perdu la vie durant la crise. En réaction, les Nations unies mettent en place l'INTERFET[nb 2] qui consiste essentiellement en des militaires de la Force de défense australienne afin d'établir et maintenir la paix au Timor oriental.
L'indépendance du Timor oriental, ou même l'obtention d'une autonomie partielle pour le Timor Timur (en), n'était absolument pas envisageable sous le régime Orde Baru (en)[nb 3] de Suharto. Malgré l'opinion publique indonésienne qui affichait timidement une appréciation de la résolution de la question timoraise, le pouvoir craignait qu'un nouvel État indépendant issu de ses provinces puisse déstabiliser l'unité indonésienne[49]. Étant donné que la souveraineté indonésienne sur le Timor n'a jamais été reconnue à l'international, le Portugal, puissance qui dirigeait le Timor portugais jusqu'en 1975, conservait la souveraineté sur le territoire. Sous l'égide des Nations-Unies, des pourparlers s'engagent entre les Portugais et les Indonésiens dès 1997. Simultanément, éclate la crise économique asiatique qui provoque des soulèvements à travers la population indonésienne et poussant Suharto à la démission en mai 1998. Prabowo Subianto, qui commandait la puissante Réserve stratégique indonésienne et engageait des opérations militaires au Timor, s'exile en Jordanie en raison des coûts exorbitants de la question timoraise, s'élevant à un million de dollars par jour et conduisant à la faillite l'économie indonésienne[50]. La période suivante, la reformasi (en), voit une relative ouverture politique et inclut un débat, jusqu'alors impensable, sur les relations entre l'Indonésie et le Timor. Au courant de l'année 1998, des forums et des discussions se déroulent à Dili sur la question d'organiser un référendum[51]. Le ministre des Affaires étrangères indonésien Ali Alatas (en) décrit ensuite le plan d'une autonomie en vue d'une indépendance comme « tout en douleur, aucun gain » pour l'Indonésie[52]. Le , trois semaines après l'entrée en fonction de B. J. Habibie, le nouveau président mentionne que le gouvernement présentera sous peu un plan spécial d'autonomie pour le Timor oriental[50].
Vers la fin 1998, le gouvernement australien de John Howard rédige une lettre à son homologue indonésien afin de lui signifier un changement dans la politique australienne préconisant désormais la tenue d'un référendum sur l'indépendance du Timor au courant de la prochaine décennie. Considérant que le projet d'autonomie pourrait s'apparenter à du néo-colonialisme indonésien sur le Timor, Habibie décide donc d'organiser un référendum anticipé sur cette question[53].
L'Indonésie et le Portugal annoncent le , qu'un vote va avoir lieu où les Timorais auront le choix entre l'indépendance ou l'autonomie proposée. Le référendum est administré par la Mission des Nations unies au Timor oriental (MINUTO)[nb 4], initialement prévu au , mais reporté au . L'Indonésie prend également en charge la sécurité lors de l'opération, causant un malaise auprès des Timorais[50].
La campagne entre le groupe autonomiste et indépendantiste commence et débute également une série d'acte de violence causée par des groupes paramilitaires pro-intégration à travers l'ensemble du pays. Alléguant un biais pro-indépendance du MINUTO[nb 4], ses groupes sont observés en train d'être formés par des soldats indonésiens. Une attaque à Liquiçá fait entre autres une douzaine de victimes. Le , un gang accompagné de troupes indonésiennes attaquent des activistes suspectés d'être indépendantiste dans la village d'Atara. En juin, un autre groupe attaque un bureau du MINUTO à Maliana. Bien que les autorités indonésiennes affirment être impuissantes afin de contenir ses violences, José Ramos-Horta et plusieurs autres se moquent de ses allégations[50]. En février 1999, il avait déclaré : « Avant que [l'Indonésie] ne se retire, elle veut provoquer des ravages et une déstabilisation majeurs, comme elle l'a toujours promis. Nous avons constamment entendu cela au fil des années de la part de l'armée indonésienne au Timor. »[50].
Alors que des chefs miliciens mettent en garde contre l'éventualité d'un bain de sang, l'ambassadeur itinérant indonésien Francisco Lopes da Cruz (de) déclare : « Si les gens rejettent l'autonomie, il est possible que le sang coule à flots au Timor oriental. »[50]. Un autre chef militaire annonce : « un océan de feu serait entraîné à la suite d'un vote en faveur de l'indépendance. »[50]. À l'approche du vote, plusieurs évènements de violence contre les indépendantistes sont répertoriées[54].
Le jour du vote, le , est relativement calme et ordonné. Conforté d'un taux de participation de 98,6 % des électeurs éligibles, le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, annonce le que 78,5 % des votants ont opté pour l'indépendance[55]. Après des années d'endoctrinementde la période Orbe Baru qui insistait sur le sentiment d'appartenance des Timorais à l'Indonésie, la population se retrouve soit choqué ou incrédule face au résultat du vote. Beaucoup, après des articles parus dans la presse, soutienne que Habibie aurait subi de la pression par l'ONU et les Australiens.
Alors que le personnel du MINUTO retourne vers Dili après les résultats, de groupes para-militaires pro-indonésiens commencent à saccager les villes et attaquer la population. Les journalistes et observateurs étrangers fuient vers les montagnes avec des dizaines de milliers de Timorais. Des groupes religieux musulmans se mettent à attaquer les bâtiments de l'archidiocèse de Dili, tuant une douzaine de personnes au passage. Le jour suivant, ce sont les bureaux du CICR[nb 5] qui sont réduit en poussière. Près de mille personnes sont liquidés à Suai et des rapports sur des massacres similaires proviennent de partout à travers le Timor[50]. La majorité des travailleurs de l'ONU étaient enfermés dans leurs complexes de Dili, déjà inondés de réfugiés, mais ils refusent d'être évacués si les réfugiés ne le sont pas également. Au même moment, des troupes indonésiennes et paramilitaires poussent environ 200 000 personnes dans des camps décrit par Human Rights Watch comme de conditions déplorables[56]. Après plusieurs semaines, le gouvernement australien autorise les réfugiés basés dans des camps de l'ONU, ainsi que le personnel onusien, à être évacués vers Darwin.
Lorsqu'une délégation de l'ONU arrive à Jakarta le , Habibie leur dit que les rapports indiquant les effusions de sang au Timor étaient des fantaisies et des mensonges[50]. Le général Wiranto insiste sur le fait que ses soldats ont la situation sous contrôle et exprime ensuite son émotion pour le Timor en entonnant la chanson Feelings lors d'un évènement pour les épouses des militaires[50],[57].
Ces violences occasionnent de la colère dans la communauté internationale et plusieurs militants, australiens, portugais et américains font pression sur leurs gouvernements pour qu'ils agissent. Le premier ministre australien John Howard consulte le secrétaire-général de l'ONU, Kofi Annan, et le président américain, Bill Clinton, afin de s'assurer de leur soutien quant à l'entrée d'une force internationale de maintien de la paix au Timor oriental sous contrôle australien. Les Américains offrent alors des ressources logistiques et en matière de renseignement, ainsi qu'une force dissuasive au-delà de l'horizon, mais sans engager de forces directes dans l'opération. Le , Clinton déclare :
« J'ai clairement indiqué que ma volonté de soutenir l'aide économique future de la communauté internationale dépendra de la manière dont l'Indonésie gérera la situation à partir d'aujourd'hui. »[58]
L'Indonésie de Habibie, alors aux prises avec une situation économique chancelante, annonce le le retrait des troupes et l'autorisation des forces de maintien de la paix sous contrôle de l'Australie de faire leur entrée au Timor[50]. Malgré l'annonce du retrait, une compagnie du Bataillon 745 suit la route longeant la côte nord de Dili jusqu'à la frontière indonésienne semant mort et destruction. La compagnie est responsable de la mort de douzaines de villageois innocents et du journaliste néerlandais Sander Thoenes (en).
Le , le Conseil de sécurité des Nations unies exprime son inquiétude quant à la dégradation de la situation au Timor oriental et adopte la résolution 1264 qui appelle à l'établissement d'une force de maintien de la paix et de la sécurité, ainsi que de protéger la mission onusienne en place[59].
L'INTERFET[nb 6], sous commandement du major-général australien Peter Cosgrove, entre à Dili le [50]. Le , l'ensemble des troupes indonésiennes ont quitté le Timor. L'arrivée de la force d'un millier d'hommes entraîne la fuite des milices pro-indonésiennes vers la frontière avec l'Indonésie, d'où ils lancent des escarmouches occasionnelles contre les forces de l'INTERFET.
L'ATNUTO[nb 7] se met en place en octobre afin d'administrer la région pendant deux ans. Passé cet échéance, le pouvoir est remis au gouvernement du Timor oriental et l'indépendance est déclarée le [60]. Le de la même année, le Timor oriental devient le 191e État membre des Nations unies[61].
La vaste majorité des forces militaires de l'INTERFET était composé de forces australiennes. À son apogée, les forces internationales comportaient 5 500 soldats australiens, dont une brigade d'infanterie avec un soutien blindé et aérien. Au total, 22 pays ont contribué aux effectifs composant l'INTERFET, amenant celui-ci a compter 11 000 soldats[62]. Les États-Unis ont offert un soutien logistique et diplomatique, ainsi que le croiseur USS Mobile Bay (en) qui opérait en mer. Simultanément, les navires australiens, canadiens et britanniques entrent à Dili. Un bataillon d'infanterie des Marines américains composé de 1 000 hommes était également stationné au large dans le USS Belleau Wood afin de représenté une réserve stratégique[63].
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