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au sens premier, personne, souvent de haut-rang, attachée à la cour d’un souverain De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Un courtisan ou une courtisane est étymologiquement une personne, souvent de haut-rang, attachée à la cour du souverain et dont il partage parfois l'entourage. La signification de ces deux termes a cependant évolué de façon bien différente : « courtisan » désigne généralement un homme de cour soucieux de plaire jusqu'à l'obséquiosité, alors que « courtisane » désigne en général une prostituée de luxe ou une demi-mondaine.
Au contraire de la courtisane, le courtisan n'a aucun rapport avec la prostitution.
Un courtisan est un homme souvent haut placé, par sa fortune ou sa naissance, et qui fréquente la cour, ou est attaché à la cour au service d'un souverain (prince, roi, empereur, voire président ou encore pape). Pour garder son influence et les bonnes grâces de son souverain, il le courtise et cherche à lui plaire, notamment par des manières obséquieuses et flatteuses. Soucieux avant tout de complaire à celui auquel il s'attache, le courtisan lui dit souvent « oui » sans se soucier du bien-fondé de ce qu'il peut dire. Le comportement idéal et l'ethos du courtisan est présenté avec soin dans le manuel de savoir vivre, Le Livre du courtisan que l'on doit à Baldassare Castiglione (1528).
Le terme de courtisan ou de courtisane a évolué pour prendre plusieurs sens, pouvant désigner, au féminin, une prostituée ou simplement une concubine, ou encore, par exemple dans le Discours de la servitude volontaire d'Étienne de La Boétie celui (ou celle) qui s'asservit au souverain, devenant ses yeux et ses oreilles, devançant ses désirs (voir citation ci-dessous).
« Le laboureur ou l'artisan, pour tant asservis qu'ils soient, en sont quittes en obéissant ; mais le tyran voit ceux qui l'entourent, coquinant et mendiant sa faveur. Il ne faut pas seulement qu'ils fassent ce qu'il ordonne, mais aussi qu'ils pensent ce qu'il veut, et souvent même, pour le satisfaire, qu'ils préviennent aussi ses propres désirs. Ce n'est pas tout de lui obéir, il faut lui complaire, il faut qu'ils se rompent, se tourmentent, se tuent à traiter ses affaires et puisqu'ils ne se plaisent que de son plaisir, qu'ils sacrifient leur goût au sien, forcent leur tempérament et le dépouillent de leur naturel. Il faut qu'ils soient continuellement attentifs à ses paroles, à sa voix, à ses regards, à ses moindres gestes : que leurs yeux, leurs pieds, leurs mains soient continuellement occupés à suivre ou imiter tous ses mouvements, épier et deviner ses volontés et découvrir ses plus secrètes pensées. Est-ce là vivre heureusement ? Est-ce même vivre ? Est-il rien au monde de plus insupportable que cet état, je ne dis pas pour tout homme bien né, mais encore pour celui qui n'a que le gros bon sens, ou même figure d'homme ? Quelle condition est plus misérable que celle de vivre ainsi n'ayant rien à soi et tenant d'un autre son aise, sa liberté, son corps et sa vie ! »
— Étienne de La Boétie, Discours de la servitude volontaire ou Contr'Un (traduction française moderne Payot 1976)
Le mot « courtisane » peut être employé comme un euphémisme pour désigner une prostituée de luxe. Il a notamment été employé dans ce sens du XVIIIe siècle jusqu'au milieu du XXe siècle, de même que celui de cocotte, particulièrement en vogue sous le Second Empire, ou le terme plus élégant de demi-mondaine.
Cet emploi semble venir du fait que les femmes haut placées à la cour des rois de France ont souvent été les maîtresses du souverain, d'où un glissement de sens de « courtisane » à « maîtresse intéressée », puis prostituée.
« Courtisane » conserve cependant une connotation luxueuse qui en fait une catégorie à part dans le monde de la prostitution. Ainsi, Cora Pearl (1835-1886) entretenait une liaison avec le duc de Morny et Laure Hayman (1851-1932), avec le roi de Grèce ou l'écrivain Paul Bourget.
La différence entre une prostituée et une courtisane tient à ce que celles-ci acquièrent souvent une « couverture » mondaine ou artistique plus en vue (écrivain, sculpteur, poétesse, actrice, chanteuse...), à l'instar des oiran du Japon. Elles vivaient avec des hommes célèbres (écrivains, artistes...), politiques, riches hommes d'affaires, nobles (prince, comte, roi, empereur), hommes d'Église, etc. Certaines courtisanes ont eu une influence bien supérieure à leur statut, auprès des hommes qui les entretenaient.
L'argent, la célébrité, les titres de noblesse et une reconnaissance sociale restent l'objectif premier de la courtisane qui veut faire oublier ce passé érotique, elles représenteraient pour certains le côté romantique et idéalisé de la prostitution, alors que les autres « prostituées » vont avec le peuple, les soldats... et meurent souvent sans argent et de maladies sexuellement transmissibles. C'est pourquoi elles ne sont pas considérées comme courtisanes.
Certains nobles aux XVIIIe et XIXe siècles racontent avoir été ruinés par des courtisanes[réf. nécessaire].
Dans l'art, les courtisanes sont représentées sous les traits d'une muse, d'un ange, d'une Ève, d'une Vénus, Aphrodite, d'une vierge ou encore dans les trois âges, souvent sans citer leur véritable nom.
Dans l’empire byzantin, l’histrion et la comédienne devaient obligatoirement accomplir ce métier réputé infâme jusqu’à la fin de leur vie, sans pouvoir le quitter, malgré leur honte ou leur remords. Saint Jean Chrysostome[1] raconte ainsi la conversion d’une courtisane fameuse qui se fit religieuse dans un couvent : « Je me souviens que lorsque j’étais jeune, une célèbre courtisane de Phénicie paraissait sur le théâtre avec grand éclat et qu’on ne parlait que d’elle, non seulement en ce pays, mais dans toute la Cilicie et la Cappadoce. On sait combien de familles elle a ruinées, et combien de jeunes hommes elle a surpris. On dit même qu’elle usait de la magie, et que, comme si sa beauté naturelle n’eût pas suffi pour corrompre assez de personnes, elle y ajoutait ces détestables artifices pour enchanter les hommes de son amour. Le frère de l’impératrice même s’y laissa surprendre, tant il était difficile de se défendre de ce piège du démon. Sa conversion fut si sincère qu’elle ne revint jamais plus à son passé. Le préfet de la ville envoya des gens armés pour se saisir de sa personne ; mais ils ne purent jamais la retirer du milieu d’une troupe de pieuses vierges qui l’avaient reçue[2]. »
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