Remove ads
De Wikipédia, l'encyclopédie libre
En finance, un corner (du verbe anglais to corner, « acculer dans un coin », c'est-à-dire « coincer ») est une manipulation de marché, organisée pour leur profit économique par un ou plusieurs intervenants agissant de concert, et dont le but est d'amener les vendeurs à découvert à liquider leurs positions en catastrophe et à n'importe quel prix.
Le corner est aujourd'hui considéré dans la plupart des législations comme un abus de marché, un délit passible de sanctions[1].
Des acteurs du marché, les acteurs « A », spéculent à la baisse sur un produit, par exemple les actions de l'entreprise « X ». Ils vendent donc aujourd'hui des actions « X » qu'ils ne possèdent pas encore : ils les ont achetées fictivement, en signant un contrat selon lequel ils ne devront payer effectivement ces actions qu'à une date donnée, par exemple dans un mois, et ce au prix qu'elles auront alors atteint.
Le but des « A » est donc que cette action baisse, pour que la vente qu'ils réalisent aujourd'hui soit supérieure au prix qui devra être payé dans un mois. Ils peuvent essayer de contribuer à cette baisse par plusieurs moyens, légaux ou non (lancement de rumeurs sur la compagnie « X », mise sur le marché d'un grand nombre d'actions « X », etc.)
Mais d'autres acteurs, les acteurs « B », peuvent essayer de mettre en échec cette stratégie. Eux, au contraire, vont essayer d'acheter le plus possible d'actions « X », et de les stocker. Cela contribue à soutenir le cours de l'action « X », qui ne baisse donc pas, comme les acteurs « A » l'espéraient. Quand le jour de l'échéance arrive, les « A » doivent à tout prix acheter les actions qu'ils avaient vendues fictivement au début du mois. Les « B » sont donc en position de force, et vendent leurs actions « X » aux « A » à un prix qui dégage un profit pour eux.
Les « A » ont donc échoué dans leur spéculation à la baisse, tandis que les « B » ont réussi leur corner.
Une opération de ce type, conduite plus ou moins volontairement, a amené en octobre 2008 à une flambée du titre Volkswagen, qui a atteint alors près de 1 000 euros, soit plus de trois fois son cours habituel.
On emploie aussi le mot squeeze, du verbe anglais qui signifie « presser », mais qui a une signification plus large. Une situation de squeeze n'est pas nécessairement attribuable à l'action volontaire de quelqu'un ou de quelques-uns, elle peut parfaitement résulter d'un déséquilibre structurel ou réglementaire.
Plus généralement, on parle d'« accaparement » pour toute tentative de stocker des biens dans le but de créer artificiellement une pénurie et pour les revendre ensuite par petites fractions à prix élevés.
Les tentatives de corner sont des spéculations très hasardeuses, qui dans certains cas font effet boomerang sur leurs auteurs lorsque la situation de marché se retourne.
Le philosophe et mathématicien grec Thalès de Milet (625-547 av. J.-C.) passe pour avoir réalisé l'un des premiers corners, sur l'huile d'olive. Ayant prévu une météorologie favorable et une bonne récolte, il aurait réservé, moyennant un faible dépôt de garantie unitaire, tous les moulins à huile de la région de Milet.
Entre 1868 et 1921, le professeur de finances Craig Pirrong a recensé quelque 121 corners sur les différentes céréales et marchés de la viande, et 28 sur le coton[2]. Les sommets atteints par les prix du blé, en dollars par boisseau, lors des corners entre 1866 et 1922[3]:
Année | 1867 | 1871 | 1872 | 1881 | 1887 | 1888 | 1898 | 1902 | 1909 | 1915 | 1921 | 1922 |
Prix du blé au sommet du corner, en dollars par boisseau | 2,85 | 1,30 | 1,61 | 1,38 | 0,80 | 2 | 1,85 | 0,95 | 1,34 | 1,15 | 1,87 | 1,47 |
Seamless Wikipedia browsing. On steroids.
Every time you click a link to Wikipedia, Wiktionary or Wikiquote in your browser's search results, it will show the modern Wikiwand interface.
Wikiwand extension is a five stars, simple, with minimum permission required to keep your browsing private, safe and transparent.